Johan Hegg d’Amon Amarth est un colosse. Avec sa taille imposante et sa barbe qui défie toutes les conventions, il attaque la scène tel un Viking tentant de te briser le crâne à grands coups de hache! Malgré son air de brute, il esquisse toujours un léger sourire lorsqu’il prend le temps de s’adresser à la foule. Sa bonne tête est bien appréciée au Québec et lors du dernier passage du groupe à Montréal, j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec lui, question de parler de bien des choses ! Étant donné qu’Amon Amarth n’était pas vraiment en promotion pour leur dernier album, j’ai pu en profiter pour virevolter sur de nombreux sujets comme sa présence devant la caméra pour un film, pour un clip et pendant une partie du Canadien ! En guise de cadeau de noël, je t’offre cet entretien avec Johan Hegg d’Amon Amarth qui a été réalisé dans sa loge, au Metropolis. Le tout, comme de raison, est agrémenté de photographies prises par Mihaela Petrescu !
Pour le nouvel album, vous avez travaillé avec Andy Sneap. La production n’a pas eu lieu en Suède comme vous le faites d’habitude. L’album a été enregistré au Royaume-Uni. Est-ce que le fait d’aller enregistrer là-bas était la condition à respecter pour pouvoir travailler avec Andy Sneap ?
Non, c’est plutôt nous qui voulions le faire. Nous voulions sortir du pays. C’est évident que nous aurions pu louer un studio en Suède et demander à Andy de venir faire le travail avec nous ici. Cette façon de faire aurait été la plus facile mais nous voulions essayer autre chose, sortir de notre zone de confort. En s’exilant, nous sentions que nous pouvions vraiment mettre toute notre concentration sur l’album. Au Royaume-Uni, nous n’avions pas à nous préoccuper de ce qui se passe dans nos vies régulières. L’attention était vraiment dirigée vers l’enregistrement de l’album. Le problème, lorsque tu enregistres dans la ville dans laquelle tu habites, survient lorsque tu retournes à la maison, dans ta routine. Il est facile de perdre sa concentration face à l’enregistrement car il n’y a pas de véritable cassure entre le travail et la maison. En allant là-bas, c’était donc une façon de garder le focus sur l’album.
Garder le focus, donc pas de visite au pub pour aller prendre un pot ?
Beaucoup de pubs. Beaucoup de currys aussi.
Et un thé le matin ou pendant les pauses?
Non, nous sommes des buveurs de café. Nous avons essayé de convaincre Andy Sneap et son assistant à boire du vrai café. Au Royaume-Uni et même en Amérique du Nord, vous ne savez pas ce qu’est le vrai café.
Pour bien des gens d’ici, la référence demeure Starbucks.
C’est ce que je disais ! Hahhaha ! C’est en Suède que l’on retrouve le meilleur café. En Finlande aussi. Partout ailleurs, c’est merdique ! Hahhaha !
Sur le nouvel album, nous retrouvons Messiah Marcolin, l’ancien chanteur de Candlemass. Il chante avec toi sur la chanson Hel. Ce n’est pas un chanteur de type guttural, ce qui vient faire un contraste avec ta voix étant donné qu’il est plutôt du registre aigu. Auparavant, vous avez eu Lars-Goran Petrov d’Entombed, une voix qui s’accorde bien avec la tienne. Donc, pourquoi y aller avec un type comme Messiah Marcolin cette fois-ci ?
C’était le genre de collaboration que nous avions en tête depuis un bout de temps. Nous avons connu Messiah Marcolin il y a de cela quelques années déjà. C’est un bon gars avec qui tu peux passer du bon temps et à un moment donné, nous en avons parlé, tout bonnement. Nous avons lancé le sujet d’une collaboration éventuelle sur une chanson d’Amon Amarth. Tout ce qui manquait, c’était la chanson idéale qui allait nous permettre de combiner nos deux types de voix. Avec le processus de composition bien entamé pour Deceiver of the Gods, nous nous sommes aperçus que sa présence pouvait être possible sur la chanson Hel. Nous sentions que nous devions avoir quelque chose de différent, une approche plus particulière sur cette chanson qui a tout de même une certaine facture beaucoup plus classique. Nous lui avons donc offert de venir nous rejoindre au studio. C’est un excellent chanteur.
Il est l’une des figures emblématiques en ce qui concerne l’historique métallique de la Suède.
Sans aucun doute !
Avec l’édition spéciale de l’album, nous retrouvons un mini-album très particulier. Ce sont des chansons d’Amon Amarth mais interprétées d’une façon plutôt précise. Au lieu de lancer un mini-album avec des reprises faites par Amon Amarth, vous avez décidé de faire vos propres chansons mais en laissant paraitre l’influence d’artistes qui vous ont marqués. On retrouve une chanson dans le style de Black Sabbath ou une autre, comme si vous étiez Judas Priest. C’est plutôt inusité qu’un groupe propose ce genre de concept, non ?
Encore une fois, c’est une idée que nous avions en tête depuis un certain temps. Comme chaque groupe, nous avons nos artistes favoris. Nous chérissons des artistes qui nous ont influencés, des artistes qui nous ont aidés à modeler notre groupe et nous voulions les saluer avec respect. La façon la plus simple serait de faire des versions des chansons que nous aimons mais nous ne sommes pas très friands face à ce genre de pratique. Nous en avons déjà enregistrées par le passé et nous croyons que c’est suffisant. En toute franchise, il est difficile aussi de faire une version qui serait aussi intéressante et bonne que l’originale. Nous en sommes donc venus avec cette idée, question de rendre hommage à nos groupes préférés. Nous devions faire un effort en composant de la musique qui se devait de ressembler aux groupes choisis à la base. Nous voulions donc rendre un hommage à Sabbath, Priest, AC/DC et Motörhead non seulement en jouant quelque chose mais plutôt en créant quelque chose de nouveau au niveau musical. Il fallait donc écrire de la musique et des paroles qui se fondaient bien avec les groupes que nous avions sélectionnés.
Passons de la musique au cinéma. Un fait plutôt intéressant t’est arrivé. Tu joues dans un film du nom de Northmen : A Viking Saga. Tu es un acteur dans le film et tu joues le rôle d’un Viking du nom de Valli. Tu n’es pas un personnage principal, tu as un petit rôle mais que peux-tu nous dire face à cette expérience ?
C’est un film d’action avec un récit d’aventure. L’histoire commence avec le naufrage de notre bateau. Nous sommes une horde de Vikings qui ne savent pas où ils se trouvent et nous allons devoir affronter une bande de vilains qui ne seront pas de tout repos avec nous. Nous devons combattre pour sauver notre peau. Un de nos buts est de nous rendre jusqu’au monastère, question de capturer quelques gens pour pouvoir obtenir une rançon. C’est intense, il y a de nombreux combats et le film est rempli de poursuites.
Le film a reçu de bonnes critiques. Sur IMDB, il est à 7 étoiles sur 10, ce qui veut dire que les gens et les critiques l’ont aimé.
Il a été lancé lors d’un festival du film en Suisse et les réactions ont été positives. Je l’ai vu il y a quelques semaines et j’ai vraiment aimé le regarder. Pas seulement pour les moments où l’on me voit mais tout le film. C’est un film intense.
Comment as-tu obtenu le rôle ? L’équipe de production t’a remarqué dans des clips d’Amon Amarth ?
C’est à peu près ça ! Un des scénaristes, Bastian Zach, est un fan du groupe. Quand il écrivait le scénario, il m’avait en tête pour jouer le rôle de Valli. Bastian a présenté des clips aux producteurs en disant que c’était moi qu’il voulait avoir pour jouer le rôle de Valli. Quand ils m’ont fait venir pour le casting, ils m’ont expliqué que c’était pour un petit rôle. J’avais reçu le script et j’avais bien aimé ce que j’avais pu y lire. J’ai tenté ma chance et j’ai eu le rôle.
Est-ce que tu as suivi des cours sur le maniement des armes ?
Oui. En plus, j’ai eu un entrainement pour exécuter des cascades. C’était bien amusant. J’ai sué mais c’était amusant !
Tu es aussi dans le clip d’Audrey Horne pour la chanson Out of the City. On te voit beaucoup devant la caméra pour autre chose que ton propre groupe ! Est-ce en relation avec ton amitié avec Ice Dale, qui est guitariste pour Audrey Horne et Enslaved, que tu te retrouves dans ce clip ?
Oui, mais je connais les autres gars du groupe aussi. Ma femme est une fanatique finie du groupe Audrey Horne. J’aime le groupe aussi, c’est du bon rock. Ils m’ont demandé si j’étais intéressé de jouer dans le clip. J’ai dit oui, tout simplement.
J’aimerais te parler aussi de Paul Biedermann, le nageur allemand et champion olympique. Il est un fan d’Amon Amarth et de métal en général. C’est lui qui vous avait remis votre prix lors des Metal Hammer Awards. Comment décrirais-tu votre relation avec Biedermann?
C’est un ami. Je te mentirais si je te disais que nous gardons contact à chaque semaine. C’est plutôt qu’à chaque fois où je remarque qu’il y a une compétition de nage, je vérifie ses performances. Et c’est la même chose pour lui, il vérifie si nous jouons dans la ville dans laquelle il se trouve et il vient voir le concert, il vient nous rencontrer après. C’est un bon gars.
En ce moment, on remarque que de nombreux joueurs de hockey s’affichent comme amateurs de métal. Robin Lehner, gardien des Sénateurs d’Ottawa, a présenté son nouveau masque sur lequel nous pouvons voir le logo de son groupe favori, In Flames. Et nous vous avons vu lors d’un match des Bruins !
Oui ! Le patron de Metal Blade, Brian Slagel, nous a toujours dit que si nous voulions avoir des billets pour n’importe laquelle partie de la Ligue Nationale de Hockey, nous n’avions qu’à lui faire une demande et qu’il allait nous arranger ça. Partout dans la Ligue, sauf à Toronto ! Il est un amateur maladif de hockey. Moi et Ted, nous aimons le hockey. Les membres d’Enslaved aussi. L’autre Johan s’est ramassé avec nous aussi lors de cette rencontre dont tu me parles. Nous étions à Boston cette journée-là et nous savions qu’il y avait une rencontre en séries contre les Canadiens de Montréal. Nous avions un concert le soir et la partie se jouait en après-midi. C’était parfait pour demander à Brian de nous trouver des billets pour cet événement. Il nous a donc déniché des billets et nous y sommes allés. Et nous nous sommes même retrouvés à la télé !
Justement, comment le tout est arrivé ?
Pour être franc, je ne le sais pas. J’imagine que le fait que nous sommes de grands hommes aux cheveux longs doit aider ! Hahhahha ! Ça devait être étrange à voir pour eux, ils ont décidé de mettre une caméra sur nous. Nous avons attiré des regards, c’est certain et il y avait un peu d’attention sur nous aussi. Le gars devant nous s’est retourné pour nous demander si nous étions dans Amon Amarth. Il nous a raconté qu’il allait être à notre concert après la partie de hockey.
Et qu’il souhaitait qu’il n’y ait pas de prolongation ! Hahhaha !
Hahhha ! Nous étions facilement identifiables aussi, nous portions nos chandails d’Amon Amarth de hockey ! Hahhaha ! La rencontre avec ce gars a fait un effet boule de neige. Nous nous sommes mis à signer des trucs ici et là, à prendre des photos avec des fans. Nous avons attiré l’attention, c’est probablement pour ça que nous nous sommes retrouvés sur les grands écrans des réseaux de télé. C’était rapide, tout ça est arrivé pendant l’interprétation des deux hymnes nationaux. Pour en revenir à ce que tu disais, c’est vrai qu’il y a de nombreux joueurs de hockey qui aiment le hockey. Il y a George Parros, Tuukka Raask des Bruins de Boston et Ben Scrivens des Oilers d’Edmonton. Nous l’avons rencontré après notre concert à Edmonton. Il est venu au concert, c’est un bon gars !
Et pour 2015 ? À quoi peut-on s’attendre de la part d’Amon Amarth pour la prochaine année ?
Pas grand-chose ! Hahhahaha ! Une tournée européenne qui se limite uniquement au Royaume-Uni, la France, l’Espagne et le Portugal. Les gens croient que ce sont de petits pays mais il faut aller un peu partout. Au Royaume-Uni, tu ne peux plus te contenter de jouer à Londres uniquement en te disant que tout le monde va se déplacer. Il faut aller partout.
L’Amérique du Nord, non ?
Non, c’est notre troisième tournée pour cet album. Vous allez devoir attendre la tournée pour le prochain disque !