Nous pouvons souligner ce concert comme étant le premier de l’année 2015. Celui-ci ainsi que celui qui mettait en vedette Black Label Society avec Hatebreed et Butcher Babies, quelques portes plus loin. Les métalloïdes étaient nombreux aux Foufounes pour la visite de deux formations qui possèdent un succès indéniable au Québec. En plus d’être présenté un vendredi soir, l’engouement est palpable car après une période festive qui s’est terminée la semaine dernière en plus d’une série d’événements plutôt violents en France, on sentait que les gens avaient besoin de se changer les idées.
Le cocktail météo n’était pas évident lui aussi. Avec l’amalgame météorologique des derniers jours, le simple fait de se déplacer jusqu’aux Foufounes Électriques avait des allures de slalom étant donné que nous devions éviter les plaques de glace en plus de la gadoue. Mon épouse, qui m’accompagnait pour son premier concert métal depuis 2008, s’est ramassée étendue de tout son long sur le trottoir, victime de l’une des nombreuses patinoires montréalaises, bien cachées sous une neige timide.
Vendredi soir, les Fêtes loin derrière, nous avons donc envoyé les deux enfants chez la marraine du plus jeune, question de pouvoir profiter d’une soirée métalloïde en amoureux. Grrrrr et Brrr! Ma conjointe n’est pas friande de métal comme son vieux pic mais elle apprécie grandement la musique de Dark Tranquillity, sur laquelle elle court bien souvent. Il faut comprendre que les mélodies du groupe peuvent être très attendrissantes mais c’est surtout le charme indéniable du charismatique chanteur Mikael Stanne qui fait la différence. Mesdames, vous me comprenez sur ce point. Et même vous, messieurs.
Après un repas et les consommations d’usage au St-Bock, nous avions tout notre temps pour nous diriger vers les Foufounes. Sur la carte de la soirée, l’annonce fait état de 5 formations car la tournée originale présente Insomnium et Dark Tranquillity mais le promoteur montréalais a ajouté trois groupes d’ici pour ouvrir la soirée.
Selon le plan original, le concert devait commencer vers 19h30 et se terminer aux alentours de 23h30 car les Foufounes redeviennent un bar à cette heure-là. Il faut donc que la horde métallique laisse place aux participants de la soirée dansante. En se présentant vers 21h00, je savais que j’allais probablement manquer les deux premiers groupes. Mon plan était de pouvoir assister à la prestation de HolloW (Mon deuxième choix en 2014 dans mon Top Albums Québécois) mais en voyant la longue file indienne qui prend de l’ampleur tout le long du bar, je sais qu’un pépin est bel et bien en place.
Pour une raison qui demeure vaporeuse, il semblerait qu’un ou des groupes se soient présentés en retard. C’est donc avec une heure et demie de retard que la soirée commence. Nous venions tout juste de manger, nous étions bien rassasiés et rafraichis, et en plus c’est vendredi !
À l’étage, nous arrivons pour les trois dernières chansons de Valfreya. Dans un style folk métal mélodique, le sextuor essayait tant bien que mal d’avoir l’air aisé sur le peu de place disponible sur la menue scène des Foufs. Même quand tu joues en tant qu’artiste principal, l’espace est excessivement restreint donc lorsque tu ouvres et que la grande majorité de l’équipement du groupe principal s’y trouve, il est difficile de pouvoir occuper la scène de façon agréable.
Sur disque, j’apprécie cette formation qu’est Valfreya mais hier, je suis resté sur mon appétit. J’avais l’impression qu’il me manquait le facteur « Oomph » avec le groupe. Les costumes sont affriolants certes (un point en extra au batteur habillée en soldat romain) mais au niveau de l’interprétation, je me suis demandé si le groupe pouvait profiter vraiment d’un environnement aussi restreint. Est-ce que la prestation d’hier rend justice à leur matériel? J’en doute… J’imagine que lorsque l’espace le permet, l’expérience doit être beaucoup plus agréable. Malgré ce point technique, il faut souligner l’agilité de Crook en tant que figure centrale de ce groupe. Elle possède un talent indéniable et mène le public avec adresse. Une bonne partie de la foule connaissait très bien le groupe car lors de la dernière chanson, les épées de styromousse se sont dégainées pour un combat sans merci !
Crook nous annonce que son groupe a dû couper une chanson de sa liste, question de permettre à la soirée de se dérouler sans retard, sauf que le retard était bien installé et il continuait de s’étendre.
HolloW se pointe avec l’allure d’outre-tombe qui fait sa marque de commerce. En plus d’avoir offert un album fabuleux l’année dernière, HolloW peut se vanter d’avoir les parties anatomiques les mieux peintes de toute la colonie métallique ! Que ce soit le torse décharné du guitariste ou les lacérations du chanteur, le visuel pèse lourdement dans la balance pour le groupe en plus d’être apte de présenter une prestation musicale lourde, précise et baraquée. Les chansons tirées de l’album Mordrake prenaient une toute nouvelle dimension sur scène. Habiles, les musiciens semblent expérimentés étant donné que les notes se suivaient sous la cadence de la moulinette incessante des têtes.
Les séances de jasette entre les groupes nous permettent d’oublier que le temps file, et qu’il se fait tard. L’épouse s’inquiète face à l’heure car à l’origine, l’heure à laquelle le concert devait se terminer est l’heure à laquelle Insomnium monte sur scène… Après quelques textos à la marraine qui nous confirme que tout va bien avec la progéniture (qui combat le sommeil) ce qui nous permet de pouvoir profiter de la prestation d’Insomnium sans avoir de tracas. Attendu de pied ferme, le groupe se présente sur scène comme s’il était la tête d’affiche de la soirée. Leur métal tristounet et sombre englobe la place dès les premières mesures de The Primevil Dark. Nous avons pu sentir que la morosité hivernale n’était plus seulement à l’extérieur des murs mais elle se retrouvait aussi bien à l’intérieur. L’atmosphère qui se dégage des pièces de ce groupe finlandais possède de larges teintes de gris en plus de déborder d’une mélancolie constante. Avec un drapeau du Québec agrémenté du logo de groupe, Insomnium a su faire jubiler la foule montréalaise grâce à une présence fougueuse qui transpercer les rythmes brumeux des chansons comme While We Sleep, Ephemeral et The Promethean Song.
Il ne serait pas étonnant de voir le groupe en tête d’affiche dans un avenir rapproché.
La transition entre Insomnium et Dark Tranquillity s’est faite dans l’enthousiasme pour ceux qui restaient. D’autres devaient quitter car le dernier métro allait prendre son départ final. Certains se devaient de quitter car ils habitent en périphérie et d’autres ne voulaient pas faire sauter la cagnotte face à la gardienne. Oui, le public de Dark Tranquillity possède un contingent plus âgé et maintenant, aux alentours de minuit et avec une gardienne en poste depuis 17h00, ton budget peut en prendre pour son rhume. Surtout que tu n’es pas encore à la maison !
Pour ceux qui décident de rester, l’enivrement causé par l’alcool nous permettait d’oublier l’heure très avancée. La foule devenait de plus en plus compacte, tellement que l’étage supérieur a été ouverte pendant la prestation d’Insomnium. Un phénomène de plus en plus rare lors des concerts aux Foufs !
Comme fond musical, nous retrouvons de vieux succès hard rock (dont Over the Hills and far Away de Gary Moore qui joue à deux reprises) et c’est pendant Iron Man de Black Sabbath qu’un décompte d’environ 4 minutes et une quarantaine de secondes s’affiche derrière la batterie. Sachez que Dark Tranquillity n’utilise pas un fond de scène qui demeure statique comme un drapeau avec le logo du groupe. C’est plutôt un écran vidéo qui diffuse les paroles des chansons avec de l’animation en relation avec la chanson.
Le décompte est donc arrivé à sa fin et le groupe est apparu sur scène, sans bassiste. Même si leur bassiste Daniel Antonsson a quitté l’année dernière, Dark Tranquillity a décidé de continuer sans musicien additionnel. C’est donc une piste sonore qui devient l’instrument pour les prestations sur scène. Avec The Silence of Noise et White Noise/Black Silence, les Suédois s’imposent dès le début. C’est Mikael Stanne, le chanteur, qui demeure le centre d’attention face à la présence de Dark Tranquillity. Les autres membres du groupe exécutent ce qu’ils doivent cuisiner tandis que Stanne a toujours son air de satisfaction qui illumine son visage.
La fatigue ne se fait pas sentir, la foule a la bougeotte et malgré quelques dizaines de personnes qui ont quitté la baraque, l’espace demeure très restreint pour pouvoir bien bouger. Du monde dans ta bulle, il y en a à profusion !
La formation a continué son assaut avec des titres comme Damage Done, The Lesser Faith et The Wonders at Your Feet. La première dose de répit (oui, Dark Tranquillity peut offrir du caramel) s’est présentée avec The Mundane & the Magic. Chanson plus apaisante, elle a tout de même trouvé le cœur et l’esprit de bien des gens.
Il devait être environ 1h00 du matin lorsque nous avons décidé de lever les feutres, question d’aller prendre les enfants chez la marraine. Selon le dernier texto, ils ont bien profité de leur soirée et ils dorment maintenant. Question de ne pas abuser du temps offert par cette dernière, nous décidons de quitter sur le champ, sachant qu’il devait rester encore une bonne trentaine de minutes au concert, ce qui nous menait vraiment trop tard.
Donc, le scénario idéal aurait été de n’avoir que HolloW avec Insomnium et Dark Tranquillity tout en laissant plus de temps à HolloW. La présence de 5 groupes, en combinaison avec du retard, est une recette qui a laissé un certain arrière-gout plutôt fétide pour de nombreuses personnes…
http://www.darktranquillity.com/
Toutes les photos: Mihaela Petrescu