La définition de bourreau de travail se colle à merveille à Devin Townsend. Musicien qualifié de génie et d’excentrique, ce qui demeure intéressant à la base est le fait qu’il soit imprévisible car chaque album reste totalement différent du précédent. En 2014, il a sorti l’équivalent de… 4 albums complets! Lors de son arrêt à Montréal en décembre dernier, j’ai pu m’assoir avec lui le temps de discuter de l’année qu’il venait de passer. Fatigué par la tournée avec les traits tirés, il semblait plus vulnérable et même, très sensible. Entretien privilégié avec Devin Townsend.
2014 a été une année fantastique pour toi. Tu as sorti de nombreux albums. Ton projet Casualties of Cool a lancé son premier album et tu as fait un doublé avec le Devin Townsend Project, pour le second volet de Ziltoid qui s’intitule Dark Matters en plus d’y aller avec Sky Blue, qui se veut la suite d’Epicloud. Est-ce que l’inspiration était au maximum cette année?
Oui, dans un sens. Dans un autre, c’était au plus bas. L’industrie musicale est de plus en plus difficile. Ce n’est pas facile d’avoir un revenu fixe en étant un musicien. J’ai une grosse équipe qui dépend de moi dans un sens. Je dois garder le bateau sur l’eau, si je peux m’exprimer ainsi. J’ai beaucoup appris cette année. Je crois que Casualties of Cool est probablement l’album le plus intéressant que j’ai fait de ma vie. Z2 est un album dont je suis fier aussi mais il représente une portion précise de ma vie. C’était juste, trop cinglé. Une folie malsaine car je devais me forcer pour être inspiré, pour être créatif. C’est quelque chose que je ne vais pas répéter de sitôt. Jamais même.
En te levant le matin, tu as des chansons en tête. Tu t’assois, tu écris, tu grattes la guitare. Comment fais-tu pour savoir si telle chanson va se retrouver sur Dark Matters au lieu de Sky Blue? Par exemple, si je prends la chanson Silent Militia, elle aurait pu se retrouver sur Dark Matters, non?
Je comprends ce que tu veux dire mais… Chaque chose dans mon monde est sur le pilote automatique. J’essaie de ne pas penser, ça se fait tout seul de façon automatique. Le tout se décide tout seul. C’est un genre de décision inconsciente.
Est-ce que tu étais dans une humeur plus apaisante pour écrire le matériel de Sky Blue? Et le contraire, dans une humeur plus massacrante pour le matériel pour Dark Matters?
Non. Les deux albums ont été conçus de façon simultanée. J’étais dans une humeur merdique pour les deux albums. Le processus de création pour les deux albums était de tout terminer, correctement. C’était LE but plutôt que de terminer le tout comme d’habitude, ce qui se résume à être excité et satisfait par le processus. Là, c’était juste pénible car je ne voulais pas échouer. C’était une période plutôt… laide. Je ne voulais pas faire d’album, c’était quelque chose que je n’avais jamais vécu avant. D’habitude, je suis plutôt joyeux quand je fais et que je termine un album. Je venais de terminer Casualties of Cool et là, avec Z2, je savais que j’allais devoir repartir en tournée. C’était une période où le stress avait vraiment pris le dessus. Comme tu le vois, je suis passé au travers. Ce doublé existe bel et bien. Il représente une partie de ma vie. De voir les deux albums devant moi, ça prouve que j’ai été capable de passer au travers.
Parlant de Casualties of Cool, es-tu surpris de voir la quantité de gens qui ont investi dans le projet? Tu as vraiment dépassé tes prévisions, tu en étais à 200% de ton objectif, c’est ça? (NDLR : L’album Casualties of Cool a été financé par les fans de Townsend)
C’est 500% du montant initial qui a été amassé. J’ai été surpris par le montant et intimidé par l’ampleur de ce résultat. J’ai passé une grande partie de mon temps, et ce de façon volontaire, à être inconscient face au fait que cet album était financé par le public. Il le fallait. Cet exercice a facilité les choses pour éviter que je remette en question le projet. Au début, je me cassais la tête avec le fait que des gens avaient donné de l’argent, qu’ils s’attendaient à recevoir un produit de ma part. Quelles étaient mes obligations face à eux? Il fallait que je mette ce type de pensées de côté. C’était une bonne chose mais tout un défi. C’était plutôt inattendu de recevoir autant de dons pour le projet. Nous sommes passés au travers et nous en sommes très fiers. C’est le point majeur avec Casualties of Cool, nous n’avons jamais abandonné.
Nous pouvons donc pensé à un autre album de Casualties of Cool. Je crois que tu y penses, c’est ça?
Ouais. Mais je m’attends, en ce moment, de ne pas faire de planification. J’ai toujours une tonne d’idées qui s’étalent sur une tonne de projets. Ce que j’ai surtout appris cette année est que tout le stress qui m’entoure, c’est une chose que je fais subir à moi-même, de façon chaotique. Tu peux t’en plaindre jusqu’à ce que les poules aient des dents mais il faut essayer de changer ce processus, sinon il ne fera que se répéter de façon interminable. À ce point précis, ce n’est pas d’attirer de la sympathie. Lorsque que quelqu’un se plaint de quelque chose mais qu’il continue de se l’infliger… J’imagine qu’à un moment donné, le tout devient ennuyant, non? Pour le futur, j’aurai une tonne d’idées. Mais pour le moment…
Pour ce qui est de Z2, je crois qu’il y a une version de l’album où l’on retrouve un disque additionnel où l’on ne retrouve pas les dialogues qui se retrouvent sur Dark Matters. Les dialogues sont là pour présenter l’histoire. Les premières écoutes, je peux comprendre l’exercice avec les dialogues mais par la suite, à la dixième écoute…Je ne dirais pas que c’est dérangeant!
Hahhaha! Je comprends!
Est-ce un truc que tu as décidé d’inclure ou plutôt une demande de ta compagnie de disques, InsideOut?
Ce n’est pas juste InsideOut. C’est aussi le groupe, moi, ma femme et même pour le public. Moi, je le voulais avec les dialogues car c’est l’expérience complète. Mais je savais que des gens allaient être irrités par ça. Tu viens de le prouver! Encore une fois, c’est le genre de chose avec laquelle tu dois t’assurer, que c’est bien fait. Il faut que tu sois à l’aise avec ta décision. J’ai décidé d’inclure la version sans les dialogues pour les autres, tout simplement.
Comme de raison, j’ai reçu Z2 en promo, pour les journalistes. Donc, il n’y avait pas de livret, que les noms des chansons. J’écoutais la chanson Earth dans la cuisine et ma fille m’a dit : « C’est Pierre et le Loup !» Elle venait tout juste de voir et d’entendre la version symphonique avec sa classe lors d’une sortie scolaire.
Eh oui, elle a bien entendu!
Par la suite, lorsque j’ai reçu ma copie en vinyle, j’ai bien vu dans le livret que tu avais inscrit toutes les influences qui se retrouvent sur Z2. Il y a des trucs très variés au niveau des influences. Donc, que peux-tu nous dire de l’influence de Samael, Soilwork, Pierre et le Loup de Prokofiev et même, Will. I. Am?
Je ne voulais pas faire de disque. Je devais donc trouver mon inspiration ailleurs. Je prenais mes influences, partout. Pour ce qui est de Will. I. Am, je conduisais ma voiture. Mon fils écoutait des parodies de chansons de Will.I.Am en mode Minecraft. Je me suis dit que c’était intéressant. Je jouais un riff, ça sonnait comme Soilwork, j’ai donc décidé d’inscrire que c’était influencé par Soilwork. Même chose pour Samael car je trouvais que mon riff sonnait comme On Earth de Samael, donc j’ai inscrit que c’était une influence. Même si c’est joué et composé par moi, je ne voulais pas négliger l’influence. Pour ce qui est de Pierre et le Loup, même phénomène. J’ai commencé à jouer la partie du début et je me suis dit : « C’est en plein ça, Pierre et le Loup! » Je peux t’avouer que je commence à sentir que je fais de la musique depuis très longtemps, trop longtemps même. J’essaie de trouver un moyen de payer nos factures, il faut que ça fonctionne. La ligne est bien mince. Il faut apprendre et c’est une bonne leçon pour moi.
Est-ce que sur Dark Matters tu utilises le logiciel Toontracks pour les percussions?
C’est Ryan (Van Poederooyen) mon batteur.
C’est lui qui manipule le logiciel?
Non, c’est lui qui joue sur l’album.
Sur le premier album de Ziltoid, ce sont des percussions électroniques?
Oui, que de l’électronique. Mais pas sur Dark Matters.
Captain Spectacular. C’est un personnage de l’univers Ziltoid sur l’album. La narration est l’œuvre de Chris Jericho. Il est le chanteur de Fozzy et aussi, lutteur professionnel. Tu le connais probablement car son groupe est sur Century Media. À moins que tu sois un amateur de lutte?
Je l’étais enfant. J’avais besoin d’autres personnes pour jouer des personnages car j’avais épuisé tout ce que j’étais capable de faire avec ma voix! Je me suis dit qu’il était un excellent choix car il a l’air, justement, d’un Capitaine Spectaculaire! Je lui ai demandé et il a dit : « Bien sûr! »
Il me fait penser à Star-Lord du film Les Gardiens de la Galaxie.
Oui, oui! C’est mieux que moi, je ressemble à Gollum!
Aussi, il y a Dominique Lenore Persi de Stolen Babies. Tu l’as probablement rencontrée lorsque tu as fait la tournée avec ce groupe, Paradise Lost et Katatonia? Est-ce le classique qui se passe en tournée, du genre : « Un jour, nous devrions faire quelque chose ensemble! »
Oui, c’est en plein ça! Je l’adore, elle chante bien et elle possède un côté théâtral très développé. Il fallait que je trouve une fille pour jouer War Pincess, ça lui allait à ravir. C’était la combinaison parfaite. C’est une fille très intelligente, très gentille.
Quelque chose de fabuleux maintenant : La chorale universelle! Tu as des milliers de chanteurs qui ont envoyé leur partie vocale par le net pour créer cette chorale gigantesque. J’imagine la charge de travail qui vient avec ça. C’était complexe? (NDLR : La chorale universelle réunie quelques milliers de personnes qui ont enregistré leur voix pour qu’elle soit incluse sur l’album)
Chaque élément qui entre en relation avec la création des deux albums était un emmerdement magistral excessivement douloureux.
Tant que ça?
Chaque élément. De l’écriture, à l’enregistrement, la chorale universelle, le spectacle de marionnettes… tout ce que je voulais, c’était de regarder la télé chez moi, bien tranquille. Nous avons eu cette opportunité de faire cette chorale, nous avons donc essayé. Nous avions des concerts qui s’en venaient. Il faut que je sois clair : Ce n’est pas que je déteste les deux albums qui forment Z2. Je suis très fier. Mais c’était pénible. Je ne me levais pas le matin en me disant : « Hourra, je m’en vais travailler sur mon album, je ne peux attendre plus longtemps! » C’était plutôt un long soupir de découragement, du genre : « Ok, il faut que je quitte pour aller travailler sur une façon de mixer 2000 voix ensemble. » Chaque album que je fais doit être une photo d’un moment précis de ma vie. Si l’album se veut « correct » dans mon esprit, c’est que la photo est précise. Donc, Z2 se veut une photo excessivement précise qui représente une période de ma vie que je ne veux aucunement répéter.
Tu devais avoir probablement le même discours face à la production de ton concert The Retinal Circus?
Oui. Et comme nous le disions plus tôt, il est grandement temps que je comprenne ce qui se passe et que je puisse apprendre une bonne leçon face à ce que je me fais vivre.
Donc, tu ne peux pas?
Je crois que je le peux. Je ne crois pas être une cause perdue. Hahahahaha!
Et quelle est cette autre chorale qui se retrouve sur l’album Dark Matters, le Tivoli Utrecht?
Utrecht est une ville des Pays-Bas. Le Tivoli est une salle de concerts qui se trouve dans cette ville. Je voulais avoir la foule qui scande haut et fort : « Ziltoid! ». Nous avons enregistré le cri de la foule et il est inclus sur l’album. J’ai dit : « Tout le monde doit crier Ziltoid après ce décompte de trois! » Aussi simple que ça! C’est beaucoup plus facile ainsi!
J’ai toujours eu cette impression qu’Anneke Van Giersbergen, désolé pour mon accent de francophone.
Hahhha! Et moi quand je dis son nom, avec mon accent de gars de Vancouver!
J’ai toujours eu l’impression qu’elle était un peu ta muse, ta source d’inspiration depuis quelques années.
Oui, en général.
Il y a une chanson sur l’album, sur Sky Blue je crois. Sur la copie pour les médias, c’est toi qui chante.
Oui, c’est sur Fallout.
Mais sur la version définitive de l’album, c’est elle qui la chante. Comment se fait-il?
C’est surtout que je ne veux plus m’entendre. Et que ce soit mieux, pire ou essentiel à l’album, je ne m’en soucie plus. Je suis écœuré de m’entendre chanter. Une muse peut venir de places très différentes. Je suis impressionné par la beauté, sous toutes ses formes mais surtout lorsqu’il s’agit de la beauté d’une voix féminine. Que ce soit l’inspiration qui me vient de la nature ou d’une voix, je trouve cela fantastique car la beauté m’inspire. Je fais ce métier depuis tellement longtemps. J’ai 42 ans. Je suis marié depuis une vingtaine d’années. J’ai un enfant. Je suis passé au travers de tellement de choses, tellement de situations. C’est très difficile pour moi de garder de l’intérêt face à ce que je fais, face à moi-même. Je me trouve plate, je m’emmerde. Donc, quand vient le temps des muses, les autres me conviennent parfaitement. Quand je réécoutais Fallout, je me disais que ça sonnait bien mais que le tout pouvait être beaucoup mieux. Je n’aimais pas m’entendre, j’étais vraiment écœuré de m’entendre. Je n’étais plus capable d’entendre ma voix. J’ai de la difficulté à être le centre d’attention en ce moment. Hier, en concert à Toronto, je ne savais plus quoi dire lorsque j’étais sur scène. Je me sentais comme un pur crétin! Je me regardais avec mon habit merdique. Je me regardais en me disant : « Qu’est-ce que je vais raconter? » Je me trouve ennuyant en ce moment, je trouve tout ennuyant pour être honnête. C’est pour ça que lorsque je trouve de l’inspiration, ou des muses, je les prends. Sinon, est-ce que je dois parler de moi? Que dois-je raconter de plus maintenant? Eh! Voici un autre album qui parle de moi! Ça, c’est moi qui suis fâché, ça c’est moi qui suis triste et maintenant moi qui suis confus face à l’univers. Un autre album qui se concentre sur mon drame personnel? Je l’ai déjà fait, trop même après plus de 25 ans. Les gens me disent : « Que veux-tu faire? » Je réponds : « Je ne sais pas, je suis heureux! Je n’ai pas besoin de plus. J’aime la nature, j’aime jouer de la guitare et j’aime mes amis.» Ce n’est pas que je manque de motivation, c’est surtout une nouvelle période pour moi. Je change. Tout change, je prends de l’âge, mon corps change, mon visage change…C’est une période différente.
Je comprends totalement ce que tu veux dire. Moi, je suis en enseignement et peu importe le domaine ou la carrière, on se demande : Suis-je encore pertinent? Suis-je encore quelqu’un qui est considéré comme étant cool?
Tu sais, je suis assez proche des gars de Meshuggah. Ce groupe demeure une référence. Quand tu parles avec des musiciens, ils sortent souvent ce groupe comme référence. Autant les nouveaux groupes que quelques anciens groupes, le nom Meshuggah est synonyme d’intégrité. Pour moi, de mon point de vue, je n’ai jamais été cool et je ne le suis pas. Et encore plus, suis-je encore pertinent? J’imagine car il y a encore des gens qui suivent ce que je fais. Est-ce que je m’en préoccupe? Oui. Plus ma carrière avance, plus je me rends compte que je ne veux pas être vu comme étant un musicien. C’est plutôt que je veux aider, je veux offrir une sorte de service même si ça implique d’enseigner ce que je fais. Il y a des gens qui me parlent de la musique que j’ai faite ou me posent des questions face aux classiques que j’ai composés, je ne sais pas quoi répondre. Je crois que je n’en ai pas! C’est juste une panoplie de choses qui me sont arrivées durant les 25 dernières années! La plupart du temps, je ne m’en souviens même pas. Il ne faut pas que ce soit au sujet de la musique mais plutôt sur le pourquoi nous la faisons. Pourquoi as-tu fait un album aussi horrible? Pourquoi en as-tu fait un aussi merveilleux? Pour quoi en avoir fait d’aussi stupides? Pourquoi un album avec tant de confusion? C’est ce qui est important. La musique peut se faire oublier très facilement mais à la base, c’est une affirmation face à ta motivation. Et de là, si des gens affirmeront que je suis l’une de leurs influences, j’espère que ce sera pour quelque chose de très beau, puissant et humain avec la peur comme élément de base. Car la musique, c’est la peur. Il faut être terrifié pour créer.
Donc, tu sens-tu privilégié d’avoir un bassin de fans qui ta suivra peu importe où tu les amèneras?
La réponse facile serait de dire oui. Surtout si tu essaies d’avoir un emploi et que tu réussis à percer dans le domaine musical, c’est génial. La réponse la plus complexe serait de dire : Je n’en suis pas si sûr. Car c’est une psychose plutôt particulière car elle implique que ta vie, tes succès, tes échecs et tes insécurités seront ainsi, documentés. Des moments où tu n’étais pas très sobre autant que des moments de sobriété totale demeurent enregistrés pour toujours. Des albums où règne la confusion… J’en suis à une période où je me dis que je suis très vulnérable, visible. Plus je vieillis, plus je suis introverti. C’est une dichotomie très étrange que je vis car j’ai un emploi et de nombreuses personnes aiment ce que je fais versus le fait que je suis comme quelqu’un de nu. J’essaie seulement d’être honnête. Je sais qui je suis et qui je suis est quelqu’un en mode transitoire. Je change année après année. Je ne veux pas être effrayé de ce que je suis, je ne veux pas être apeuré face à la vérité car si ma vérité est différente de celle des autres, pourquoi devrais-je m’en cacher? Cette vie est en relation avec l’apprentissage face à tes vérités et tu te dois de les proclamer vigoureusement. De ne pas le faire est un gaspillage. C’est une arme à double tranchant : d’un côté je suis très heureux que ça fonctionne et de l’autre, c’est tellement de pression! Il faut que je mette mon pince-nez et plonge jusqu’au fond! De nature, je ne suis pas quelqu’un de très brave alors, il faut que je me force pour l’être…Hahhahha!
Devin, merci beaucoup!
Je t’en prie!
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Les photos sont de Mihaela Petrescu