Aucun doute, le métal d’ici est de qualité. Les groupes se forment, prennent vie, meurent, se reforment et continuent de lancer des albums, année après année. Pour cette série de critiques, je me concentre sur trois albums qui sont sortis en 2014 par des gens d’ici.
Bombnation
Night Invasion
D7i/PRC
Quand tu regardes la feuille de route des musiciens qui composent Bombnation, tu vois que ce ne sont pas des jeunes hommes qui sont encore au secondaire et qui viennent tout juste de mettre sur pied leur premier groupe. Avec des gars qui se sont usés les dents jusqu’aux gencives avec Mesrine, Evanescent Soul et Fistfuck, il est de mise de constater que nous sommes en présence de quelques pionniers de la scène métal de Labeaume Land.
Sonorité crossover, pompages d-beat à quelques endroits et thrash métal à la Destruction se partagent cette portion de lard qu’est Night Invasion. Bourré de courtes pièces, l’album se prend aisément. Avec les nombreuses références aux classiques du genre, il serait facile d’orienter les amateurs de groupes comme DRI, Nuclear Assault ou MOD vers ce groupe d’ici mais pour les plus jeunes, si tu apprécies les trucs comme Municipal Waste, Iron Reagan et Toxic Holocaust, tu peux trouver chaussure à ton moignon.
Les riffs sont rapides, les percussions pimpantes et la basse fringante. La voix reste bien brusque et il n’y a que lorsque la parcelle aigue embarque que l’on se tient l’oreille pour atténuer l’acouphène comme sur Kentucky Fried Seagulls.
Pour le reste, ça torche grâce à Obituary, Iron Whale et Slayed by Slayer!
Pour un extrait, c’est ICI!
Matamore
Matamore
Indépendant
La Côte-Nord est un paradis de chasse et de pêche. C’est un endroit rempli de métalleux qui se veulent amateurs de motoneige, de hockey en plus d’être d’habiles buveurs de bière. En gros, c’est comme le Saguenay mais plus loin! Depuis quelques temps, on se rend compte qu’il y a du métal qui se produit là-bas entre deux dépeçages d’orignaux. Avec Neige Éternelle, le voile opaque de la noirceur métallique se voulait froid mais avec Matamore, c’est beaucoup plus frais sur les joues grâce à leur maitrise plutôt aisé du thrash métal.
Y allant dans les deux langues officielles, le nom d’Anonymus nous vient rapidement en mémoire, surtout que leur album a été mixé et masterisé par le guitariste d’Anonymus, Jeff Fortin. Lors de mes trois écoutes initiales, un mot m’est venu rapidement en tête : dynamique. Le groupe laisse place à la rythmique, c’est aéré et chaque chanson possède des ponts musicaux qui permettent à chaque parcelle musicale de s’agglutiner aux autres.
Matamore maitrise son thrash métal de façon très aisée. On peut ressentir que les membres du groupe en écoute depuis longtemps, ont baigné dans le genre et aiment le reproduire. Avec une voix plutôt hargneuse, on estime que la pêche n’a pas été très bonne ou que la caisse de bière a chaviré de la chaloupe!
Lorsque tu écoutes la première pièce, Ten Steps, tu te rends comptes que les solos sont très habiles et possèdent une certaine influence de Gary Holt d’Exodus. Panache a effectivement bien du panache car sa rigueur, en plus de sa basse déterminée, grafigne avec son métal cynégétique!
Chasing your Fears abonde largement face aux guitares très agiles et, encore une fois, face à une certaine dynamique métallique que bien des groupes plus établis ne peuvent même pas atteindre. L’exercice se répète avec Vole Canot et Matamore car c’est constant métalliquement.
Matamore est composé de bons pères de famille qui travaillent comme des forcenés, question de mettre des Froot Loops sur la table. Remet le compteur à 20 face à l’âge des musiciens et tu aurais pu avoir un fort potentiel de signature/tournées/longévité pour Matamore!
Habile, Matamore connait vraiment son ABC du thrash métal!
Pour un extrait, c’est ICI!
www.facebook.com/pages/Matamore/221982911194620
Tumor Necrosis Factor Alpha
Tales from the Endoplasmic Ridiculum
Indépendant
Tu sembles étourdi juste à avoir lu le nom du groupe? Attends d’entendre ce qui est proposé ici avec cet album. Si le Carcass des débuts te plaisait, le plaisir du grindcore de la vieille école t’emplira avec cette production maison exécutée par les mains chirurgicales d’un seul homme, Jay (MSC) qui s’occupe de tous les instruments en plus de régurgiter aisément les paroles à saveurs médicinales.
10 chansons qui contiennent de « l’écrapou » se retrouvent sur cette galette produite avec de modestes moyens. Les riffs qui s’épandent sur l’album demeurent la force qui fait avancer l’expérience et nous fait même oublier le son excessivement saumâtre de la caisse claire. L’alternance entre le chicot de voix grouinant et une tonalité plus acerbe amène un certain impact aux pièces.
Tout comme le faisait Carcass à l’époque, les titres des chansons sont excessivement longs. C’est pourquoi je te conseille fortement de jeter une oreille sur la 8e, la 2e et la 4e… mais, j’y pense… je te laisse le titre pour cette dernière : Immunohistochemical expression of cell cycle and apoptotic regulatory proteins in malignant mixed Mullerian tumors of the uterus (MMMT).
Et puis? Méthodique et médical?
Rendez-vous pour les fanatiques de grindcore, d’Exhumed, de General Surgery et de Carcass!
Pour un extrait, c’est ICI!