J’inscrivais dans mon palmarès 2014 que mon film favori de l’année dernière était Guardians of the Galaxy. De tous les films, c’est le plus adulte du lot étant donné que je ne suis pas très cinéphile à la base et de plus, je regarde bien souvent des films avec mes enfants. Au cinéma, je m’endors 3 fois sur 5 lorsque je vais voir des films d’animation. La noirceur de la salle ne m’aide aucunement…
Mon garçon délaisse petit à petit les films de « p’tits bonshommes » ce qui fait que j’ai pu voir Teenage Mutant Ninja Turtles l’année passée en plus de Guardians of the Galaxy. Étant déjà un amateur d’aventures intergalactiques et des personnages Marvel, le tout était dans la poche! Ce qui m’a vraiment fait apprécier le film par contre est dans un tout autre niveau qui n’a rien à voir avec les trucages ou les effets spéciaux.
C’est le traitement musical que l’on retrouve dans le film. L’utilisation de la musique est un élément très important dans cette production. Avec l’introduction qui nous situe au début des années 80, on remarque un jeune garçon en train d’écouter du 10CC dans son Walkman.
La cassette qu’il écoute, Awesome Mix Vol.1, est une bonne vielle cassette de mix, comme celle que l’on confectionnait à l’époque. À cet instant même, j’étais conquis!
Pourquoi?
Parce que des « mix tapes » j’en ai tellement concoctés jadis. Véritable œuvre d’amour, la confection d’un mix tape est une entreprise de patience, de passion et d’altruisme même. Tu devais t’installer avec ta pile de vinyles, de CDs et de cassettes pour choisir minutieusement les pièces qui allaient se retrouver sur ce mix tape. Dans Guardians of the Galaxy, on se rend compte que l’Awesome Mix Vol.1 est l’œuvre de la maman du jeune homme. C’est donc elle qui a pris le temps de faire cette compilation pour son fils. Cette cassette comprend de nombreux succès de l’époque (fin ’70/début ’80) en plus de nous faire découvrir ou redécouvrir des trucs plus obscurs de cette période, comme The Raspberries ou Elvin Bishop.
Pour le jeune homme, qui se veut le personnage principal Peter Quill alors qu’il n’est qu’un enfant, cette cassette représente tout pour lui étant donné que sa mère meurt dès le début du film. Cette compilation demeure donc son dernier souvenir en relation avec elle, en plus de la boite-cadeau qu’elle lui remet avant de mourir. Tout au long du film, Quill se refuse d’ouvrir cette boîte-cadeau. Cet élément devient un brin obsédant, on se demande ce qui se retrouve à l’intérieur. Comme tu t’en doutes, le contenu de cette boite-cadeau est connu vers la fin du film.
Bien souvent, c’était un ami qui te demandait de lui faire une compilation. Connaissant tes goûts musicaux, tout en sachant que tu possédais une collection monstrueuse, la demande devenait solennelle! Montée avec amour, une compilation demeure très personnelle. Tu mets tes connaissances musicales au service d’un ami, tu adaptes ton matériel pour le satisfaire. C’est une lourde responsabilité, il faut être à la hauteur car celui qui te demande un « mix tape » te considère comme un véritable mélomane.
« Donne-moi deux jours! » était ma réponse.
Un peu comme le personnage mélomane/maniaque joué par John Cusack dans High Fidelity, une certaine recherche s’installait pour ainsi puiser ce que l’on avait de mieux dans notre collection. Il fallait essayer de s’adapter à la personne à qui l’on présentait la compilation tout en essayant de lui pousser quelques trucs plus obscurs mais que l’on considérait comme des essentiels.
Le film Guardians of the Galaxy offre la même chose car l’Awesome Mix Vol.1 de la mère est monté de cette façon. Il présente quelques artistes incontournables de l’époque comme The Jackson 5 ou David Bowie mais l’équipe qui a ficelé cette trame sonore a visé juste en ne mettant pas les pièces dites classiques en relation avec les artistes.
C’est pourquoi au lieu d’avoir la prévisible Space Oddity de Bowie, tu entends Moonage Daydream. Pas d’ABC des Jackson 5 *, c’est plutôt I Want You Back Les succès instantanés (ou one-hit wonders) de l’époque occupent une place importante aussi dans le film. Sur l’Awesome Mix Vol.1, nous avons la coquette Come and Get Your Love de Redbone. Cette chanson est magnifiquement utilisée dans le film alors que l’on voit Peter Quill, joué par Chris Pratt, actionner son Walkman à l’intérieur d’une caverne. La mélodie débute et l’on peut voir Quill danser au son de la chanson, écouteurs sur la tête. Enivré par la musique, il agrippe même un rat-mutant par la poitrine pour l’utiliser en guise de microphone pour entamer le refrain.
Tout au long du film, de nombreuses chansons s’ajoutent pour pimenter les séquences. En comprenant que cette série de chansons se veut une compilation montée par la maman, on ne peut que s’y attarder encore plus.
Certains geeks s’attardent aux détails de la bd tandis que moi, j’analysais l’utilisation des chansons comme Cherry Bomb des Runaways, de Hooked on a Feeling de Blue Swede lors d’une certaine bataille avec un gardien de prison ou bien Fooled Around and Fell in Love, bien saisie par Quill qui désire montrer certaines subtilités face à la danse, ainsi qu’à la tendresse, au personnage féminin qu’est Gamora.
Comme de raison, Quill finit par ouvrir la boite-cadeau pour y trouver l’Awesome Mix Vol.2. Annonciateur d’un deuxième film dans un sens, ce moment m’a bien fait sourire étant donné qu’une seconde production face à Guardians of the Galaxy m’intéresse mais surtout pour savoir qu’elles seront les chansons qui ont été sélectionnées par la maman, juste avant de rendre l’âme.
Assise sur son tapis avec sa panoplie de vinyles, elle a choisi de façon méticuleuse une série de chansons pour que son fils puisse se rappeler d’elle.
L’art du vrai « mix tape » est désormais chose du passé mais d’avoir pu retrouver ce clin d’œil magnifique dans un film de science-fiction m’a particulièrement plu.
Il ne me reste plus qu’à attendre le deuxième film qui devrait être sur nos écrans en 2017.
http://marvel.com/guardians
* Si l’on se fie au film, I Want you Back des Jackson 5 devrait se retrouver sur l’Awesome Mix Vol.2 et non le Vol.1. Même chose pour la chanson Ain’t No Mountain High Enough de Tammi Terrell et Marvin Gaye. Petite erreur de la production ?