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Napalm Death : Leur nouveauté « Apex Predator- Easy Meat » en analyse

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Napalm Death
Apex Predator- Easy Meat
Century Media

Je me souviens encore de la première fois où j’ai entendu du Napalm Death. J’étais au défunt magasin Amadeus le disquaire de Chicoutimi en 1988. Nous pouvions demander aux commis d’entendre une pièce ou deux sur les vinyles déjà ouverts, donc en importation. Celui de From Enslavement to Obliteration s’est retrouvé sur la platine et ce qui en est sorti nous a totalement jeté par terre.

Pour la plupart, nous trouvions l’exercice très drôle. C’était la première fois que nous entendions du grindcore et l’exercice nous semblait extrême, futile et exagéré sur le coup. Le fait que le chanteur couinait comme une truie à l’abattoir nous intriguait et je dois avouer que mon ami avait acheté le vinyle beaucoup plus par curiosité qu’autre chose.

Par la suite, nous avons tous demandé de copier l’album sur une cassette translucide TDK D-60. L’album entrait quasiment deux fois sur la cassette au complet. Malgré la vingtaine de chansons, la durée de l’album était d’environ 35 minutes.

En écrivant les mots qui donnent naissance à cette critique, je me rends compte que je suis Napalm Death depuis pratiquement 30 ans! Je n’ai manqué aucune de leur sortie par la suite. Si le groupe réussit à passer les barrières du temps, c’est surtout parce que Napalm Death est capable d’évoluer tout en restant ce qu’il est à la base : Du grindcore extrême qui pousse les frontières du genre.

L’influence principale pour ce disque demeure l’incident de Rana Plaza. Cet immeuble abritait des industries qui œuvraient dans le textile. Aussi solide qu’une château en bâtonnets de Popsicle, il s’est effondré en provocant la mort d’environ 1125 personnes qui travaillaient dans l’immeuble. Malgré le fait que la compagnie était au courant de la possibilité d’une catastrophe face à leur édifice, elle laissait tout de même les employés aller au travail, question d’engranger les profits. Avec leur touche altermondialiste, le groupe a donc décidé de rendre hommage aux défunts de cette tragédie.

Sur Apex Predator- Easy Meat, la facture classique du groupe est encore bien insufflée dans tes oreilles. Leur grindcore demeure indémodable, les chansons vivent et respirent le même air que tout ce qui se produit aujourd’hui mais Napalm Death tient encore la manette des commandes entre ses mains. Le groupe impose ses standards et dans ce sens, on sent que Napalm Death pousse les autres groupes à se surpasser.

En guise d’introduction, Napalm Death nous la joue à l’Einstürzende Neubauten. Les membres du groupe se sont retrouvés dans un endroit abandonné pour taper sur des objets métalliques de toutes sortes. Les musiciens ont tapé partout et mis le tout sur ruban, question de démontrer l’inclinaison industrielle du groupe. Cette répétition sonore devient même dérangeante mais elle se retrouve sur l’album pour une raison qui se veut plutôt évidente.

Après cette introduction plus expérimentale, nous retournons vers des terrains plus connus. Le groupe assène coup après coup sur des titres comme Stubborn Stains avec son riff principal qui se veut discordant et Timeless Flogging propulse des élans plus calibrés tout en ayant une voix très élargie pour Barney Greenway qui explore de façon très vaste sur celle-ci.

Celle qui s’est retrouvée comme étant le premier extrait de l’album, Cesspits, se veut une chanson typique du répertoire moderne de Napalm Death. Son riff est entrainant et une certaine portion de la chanson laisse place à l’expérimentation en plus d’avoir une partie plus obscure, pratiquement progressive. Côté grind, l’anéantissement survient avec One Eyed étant donné que la rapidité donne rendez-vous à la justesse musicale.

Donc, avec Apex Predator- Easy Meat, c’est le Napalm Death qui garde l’intégrité musicale en tête de son peloton en plus de pousser les limites du genre grâce à des tentatives musicales de plus en plus pertinentes. Ce n’est pas uniquement du garochage musical car sur l’album tu ramasses énormément de morceaux musicaux emberlificotés.

Après plus de 30 ans, Napalm Death se montre encore convaincant!

En concert vendredi le 6 février avec Voïvod, Exhumed, Iron Reagan et Black Crown Initiate. Au Club Soda de Montréal.

http://napalmdeath.org/scum/