Gériboire que les rues de Montréal sont mal entretenues ! Se stationner, dans le quartier des spectacles, est digne d’une aventure dans les Rocheuses. Aux environs du quadrilatère qui comprend le Club Soda et le Metropolis, lorsque tu enlignes ton véhicule pour le stationner correctement, tu as l’impression que ta voiture est en train d’escalader le Mont McKinley !
Une fois stabilisée, ma voiture est demeurée là pendant que je me rendais dans un Club Soda plutôt rempli pour une heure aussi prématurée car même à 19h20, il y a une bonne foule d’amassée pour voir et entendre Black Crown Initiate. Avec un départ sur scène à 19h00, le groupe en était à ses derniers balbutiements lorsque je me suis immiscé dans la salle de spectacle. Avec le vestiaire, la visite visuelle des articles à vendre sur les différents comptoirs de « merch » en plus de la session de jasette habituelle avec les crapules d’usage, je pouvais entendre le groupe en guise de musique ambiante. Ce qui se retrouvait dans mes oreilles était une longue conclusion aux teintes progressives, rien de très concret pour en faire le type d’analyse convenable.
Il ne me restait plus qu’à m’installer pour attendre la venue d’Iron Reagan. Même si la salle est plutôt pleine, le tout n’est pas excessif comme lors de la venue de Mayhem et Watain. La circulation est aisée et je réussis à m’installer au bar qui se trouve à gauche. Le thrash crossover du groupe s’élance et certains trouvent que le tout sonne comme Municipal Waste, ce qui est plutôt normal étant donné que deux membres du groupe sont membres de ce projet en parallèle du Waste. À la manière d’un DRI, le groupe enchaine les chansons rapides sauf que le chanteur, Tony Foresta, y va avec sa pointe d’humour entre les pièces.
C’est blendé, les musiciens demeurent impétueux et devant d’eux, les belligérants commencent à s’entrechoquer les uns dans les autres. L’absence de barricades permet même aux plus audacieux de s’élancer de la scène pour plonger, dos en premier, sur la foule. La sécurité ne se trouve pas dans ce coin de la salle, ils sont tous agglutinés aux portes pour contrôler les allées et venues des participants.
Les chansons se suivent et pour certains, se ressemblent. Le groupe tapoche et les têtes virevoltent au rythme des pièces qui proviennent de Tyranny of Will et Worse than Dead. Tony Foresta raconte entre les chansons que cette tournée se fait sous le signe du respect, de la bonne camaraderie et pour illustrer son fait, Barney Greenway de Napalm Death vient rejoindre le groupe pour y aller avec une interprétation personnalisée d’une chanson de SSD.
Comme à l’époque des belles années du thrash, le groupe attaque au niveau musical autant qu’au niveau des voix. C’est pourquoi tout le groupe, même Ryan Parrish qui se veut l’ancien batteur de Darkest Hour, participe aux voix en arrière-champ. Sur des titres comme Four More Years, Your Kid’s an Asshole et I Won’t Go, le groupe n’a pas manqué sa cible!
La première inquiétude face à cette tournée était de savoir si Exhumed allait réussir à entrer au pays. La paperasse était bien en ordre et le groupe a pu traverser nos lignes sans problème. En promotion d’un nouvel album qui n’en est pas un dans un sens, car cette nouvelle galette se veut une nouvelle version de leur premier album Gore Metal mais à la sauce du jour, le groupe assassine avec passion.
Exhumed sert sa portion de death métal coagulant aux Montréalais. Réceptive, la foule continue là où elle a laissé avec Iron Reagan. Ca brasse devant et ça hoche de la tête ailleurs dans la salle. Le chirurgien maléfique, mascotte du groupe, vient nous faire tournoyer sa scie à chaine au-dessus de nos têtes, laissant une émanation d’essence flotter dans tout le Club Soda. L’odeur restera pour de nombreuses minutes, se mélangeant à merveille avec celle des crustys venus faire un tour… Necromaniac se veut musclée, Limb for Limb est énergique et Open the Abscess anéantit. Matt Harvey nous confirme lui-aussi que cette tournée est fantastique et que l’esprit amical qui en découle permet, justement, de produire des moments de magie sur scène alors que Tony Foresta d’Iron Reagan vient se joindre au groupe pour une interprétation de Ready to Fight de Negative Approach.
Le chirurgien maléfique revient à la toute fin de la prestation d’Exhumed avec sa guillotine. Avec une précision qui n’égale pas celle du bourreau d’Alice Cooper, il a sectionné la tête du guitariste Bud Burke pour ensuite la parader alors que le sang giclait. Question de faire un salut plus que solennel, ce maniaque au masque chirurgical s’est élancé sur la foule pour ensuite, se laisser transporter jusqu’au centre de la salle.
Les gens se demandaient si Voïvod allait terminer la soirée, étant donné que le groupe se voulait à la maison. Mais non, le groupe était l’avant dernier, juste avant Napalm Death. De toute façon, cette tournée se veut un « double headline » ce qui se résume à un temps de scène plutôt similaire pour les deux groupes.
Étant donné que Voïvod se retrouve sur une tournée plutôt extrême, il fallait que le groupe adapte son matériel pour y aller avec un montage plus acidulé et pas trop atmosphérique. C’est avec Ripping Headache que Voïvod a débuté son heure sur scène. Avec aplomb, Voïvod assume son métal et le tout est adroit. La justesse des musiciens est encore visible et audible, surtout après avoir entendu Tribal Convictions et The Unknown Knows.
Dan Mongrain manipule sa guitare aux allures d’un vaisseau spatial et Dominic « Rocky » Laroche a toujours l’air d’un pionnier malgré le fait qu’il n’ait pas encore soufflé sa première chandelle d’anniversaire avec le groupe. En ce qui concerne Away aux percussions, ses coups sont encore assommants sur Voïvod et Psychic Vacuum tandis que Snake est encore ce charmant bonhomme sur scène. Il possède toujours cette parcelle rauque au niveau de la voix autant qu’une dimension plus volatile. De l’entendre, et surtout de le voir se déjanter tout bringuebalant sur Order of the Blackguards, nous démontre que le groupe est encore une certaine bibitte incomprise qui peut allier le métal le plus étrange avec des trucs plus progressifs avec la nouvelle chanson We are Connected.
Mariage étrange à la base d’avoir Voïvod pris en sandwich dans cet amalgame métalloïde mais l’ouverture d’esprit de la communauté métallique permet justement, à cette tournée, d’obtenir un succès partout en Amérique du Nord. Snake mentionnait que ce périple se fait sans journée de congé et qu’à chaque soir, les salles sont pleines.
Depuis le retour du groupe sans Piggy, nous savons que les premiers balbutiements de la guitare, remplis d’un écho intergalactique, seront dirigés envers le défunt guitariste. Mongrain nous fait monter l’adrénaline suivi des coups de semonce d’Away. Astronomy Domine termine à merveille, une fois de plus, la soirée de Voïvod.
Barney Greenway est comme Peter Pan. Il ne vieillit pas, ne change pas et se démène sur scène comme à l’époque. Sa bouille de bon garçon qui s’apprête à préparer un mauvais coup rend le personnage vivifiant et hypnotisant. Même Shane Embury semble figé dans le temps avec sa chevelure ébouriffée. Aux percussions, Danny Herrera possède encore cette poigne meurtrière et un grand absent aux guitares puisque Mitch Harris ne peut être présent. C’est pour cette raison qu’Erik Burke, qui jouait pour Brutal Truth mais qui sévit maintenant avec Sulaco, a été appelé en renfort sur cette tournée.
Sans décor et sans bannière, les Anglais ont offert leur festival du hachoir musical avec des chansons qui couvraient une grande partie de leur catalogue. C’est pourquoi Suffer the Children, Smash a Single Digit, Cesspits, Scum, Plague Rages, The Kill et Everyday Pox se marient les unes dans les autres à merveille, même si certaines des chansons datent d’une vingtaine d’années et d’autres, d’à peine quelques mois.
Au niveau de la sonorisation, l’impact brutal de la grosse caisse se faisait sentir et semblait plutôt élevé dans le mix. On perdait facilement le vrombissement de la basse d’Embury au profit d’une série d’impulsions dans la poitrine.
Cette longue soirée commençait à être lourde pour certains, ce qui fait qu’aux alentours de 23h30, plusieurs ont repris leur manteau au vestiaire pour se diriger ailleurs. Il n’était pas question de quitter avant d’avoir entendu Nazi Punks Fuck Off, une reprise des Dead Kennedys qui se veut pratiquement une pièce de Napalm Death avec les années, ainsi que You Suffer, cette hymne puissant d’une seconde!
Une foule composée de nombreux trentenaires et plus, des musiciens qui prennent de l’âge mais un désir de lever le poing en l’air qui ne semble pas vouloir s’effacer. Napalm Death rage encore avec sa conscience sociale, Voïvod nous démantibule toujours avec son métal mathématique et Exhumed nous a replongé le nez dans des boyaux fraichement éviscérés.
Oui, les vieux ont encore la cote… et les plus jeunes aussi!
Pour d’autres mots et photos, visitez le blogue Kristof G! ICI! Les photos sont de ce jeune homme en passant!