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Behemoth et Cannibal Corpse : Retour sur le concert avec Aeon et Tribulation(Le mercredi 25 février 2015)

2. Behemoth-5

L’abondance de voitures était en relation avec la présentation de Montréal en Lumière et Jérôme Couture au Club Soda. Ce point qui peut paraitre positif pour l’organisation de ce festival l’était probablement moins pour les amateurs de death métal qui voulaient se rendre près du Metropolis hier soir. Le nombre de places disponibles pour pouvoir se stationner se comptait sur les doigts d’une seule main.

Après avoir tourné en rond pendant une bonne vingtaine de minutes, je me suis résigné et me suis rendu sur Sanguinet, question de tâter le terrain dans ce coin de la ville pour pouvoir y laisser ma bagnole. Je maudissais mon choix d’habiter aussi loin et de devoir me rendre au centre-ville en voiture. Ce temps de réflexion a vite laissé place à une pensée face à mes souvenirs en relation avec le nombre de fois où j’ai pu voir Cannibal Corpse en concert. J’en suis venu à la conclusion que j’avais vu ce groupe à de très nombreuses reprises depuis une vingtaine d’années. À chaque album, nous avons l’occasion de voir le groupe à deux reprises environ.

Une place, juste là… Enfin!

Cette période hivernale nous amène cette formation américaine en combo avec les Polonais de Behemoth en plus des groupes suédois que sont Aeon et Tribulation. Ma recherche exhaustive face à une place de stationnement amène le fait que j’ai manqué la présence, fortement remarquée selon plusieurs, de Tribulation. Je ne m’inquiète pas car pour avoir déjà vu le groupe en ouverture de Watain, je sais qu’il demeure excessivement intéressant et leur signature récente avec Century Media nous laisse entrevoir de nombreuses présences sur les routes pour Tribulation. Ce n’est donc que partie remise.

En mettant pied à l’étage d’accueil du Metropolis, j’entends vociférer à tout rompre. Cette voix décharnée provient de la scène et c’est brutal à souhait. Les coups punitifs venant de loin me confirment qu’Aeon vient tout juste de commencer son tour d’inhumanité musicale. La sonorité du groupe se marie à la perfection avec celle de Cannibal Corpse. Plutôt dans les mêmes eaux, le groupe de Suède a quelques touches de rudesse qui rappelle les Américains en plus d’avoir cette poigne bien acérée face au death métal de leur contrée, rappelant au passage la formation Hypocrisy lors de l’époque pré-Final Chapter.

Aeon nous remet même en tête Cannibal Corpse face à la facette visuelle qui se veut similaire : Des gars qui se tiennent à leur poste de façon stable. Tu n’as que le batteur qui se pétrit la pilosité, suivi par le bassiste qui se touille le ciboulot en suivant la chamade. Malgré la précocité face à cette soirée, la foule est déjà excessivement active. Les rythmiques enivrantes d’Aeon plaisent à la foule étant donné que les riffs demeurent accrocheurs et la livraison, plutôt saignante, sur des titres comme Living Sin, Kill Them All et Forever Nailed arrive à satisfaire le fanatique. Même si le chanteur Tommy Dahlström asticote vigoureusement  le micro à de nombreuses reprises, on lui pardonne aisément d’être aussi obsédé par cet item phallique car sa prestance demeure robuste et sa voix, bien gaillarde.

Avec simplicité, Cannibal Corpse a pris place sur scène. Non, le groupe ne ferme pas la soirée ce soir mais de toute façon, cette tournée est un « double headline » ce qui veut dire que les deux derniers groupes ont le même temps de scène.

Si la batterie de Paul Mazurkiewicz est surélevée, c’est bien parce que Behemoth utilise un échafaud pour leur batteur car les Américains demeurent très modestes face à l’équipement scénique en ce qui concerne les items qui agrémentent la scène. Généralement, le groupe est au même niveau donc de voir la batterie surélevée demeure un évènement en tant que tel car rares sont les occasions de la voir ainsi.

1. Cannibal Corpse-1

Si les trois premières chansons de Cannibal Corpse ont semblé plus pataudes pour certains, ceux qui apprécient le groupe pour la dextérité ont été servis avec Scourge of Iron, Demented Agression et Evisceration Plague.  Pour ce qui est de l’installation d’un climat d’agressivité qui doit se nourrir à la source même de son public, le groupe sait comment s’y prendre et c’est avec Stripped, Raped and Strangled, suivie de Kill or Become que l’ascension véritable face à une montée d’adrénaline a vraiment pris son envol. Si les trois premiers titres se voulaient assassins, les deux suivants se voulaient excessivement meurtriers.

La dextérité du groupe est encore un facteur fascinant lors des concerts. Alex Webster à la basse est tout simplement phénoménal. Aux guitares, le tandem de Barrett et d’O’Brien est inébranlable et Mazurkiewicz possède encore la justesse du jeunot pendant que Corpsegrinder se laisse aller la moulinette tout en puisant au plus profond de sa gorge insondable.

Sadistic Embodiment et Icepick Lobotomy restent des chansons qui allient brutalité et savoir-faire. Lors de ce genre de moments, on voit les musiciens, immuables et concentrés sur leur instrument respectif. La beauté est créée par le brassage capillaire en plus de l’unisson offert par tant de brutalité musicale et par la justesse des coups assénés. Les musiciens m’impressionnent encore avec les années car les deux pièces demandent énormément aux membres du groupe en ce qui concerne l’énergie utilisée. Pour certains, ils ont l’air d’être plantés là comme des clous mais quand tu t’approches, tu vois clairement que l’intensité est déployée. La précision requise pour l’interprétation du matériel reste un facteur dominant pour un groupe de la trempe de Cannibal Corpse. Parlant de ce fait unique, tu peux vraiment t’en rendre compte lorsque le groupe interprète The Wretched Spawn. Il est hypnotisant de voir les mains gauches de Webster, Barrett et d’O’Brien parcourir leur instrument de façon chirurgicale tout en s’agitant la caboche.

L’intensité a gardé sa ligne, ne cessant de croitre sans abandonner les amateurs dans le pit ou plus loin vers le fond de la salle. En haut même, bien haut à l’étage, car le Metropolis est plutôt bien garni ce soir pour une soirée à la saveur acariâtre du death métal. Finalement, Pounded into Dust, I Cum Blood et Make Them Suffer aident à maintenir l’agression au maximum.

Un fait plutôt intéressant demeure la joie et la bonne humeur du chanteur George Corpsegrinder. Habitué de servir les mêmes lignes entre les chansons, il est plutôt heureux et souriant ce soir, ce qui le fait sortir de ses répliques habituelles. Avouant qu’il n’est pas comme cela à chaque soir, il ne cesse de répéter à quel point il nous aime malgré qu’il adore nous tirer la pipe comme lorsqu’il propose à quiconque de tenter de le suivre face à sa façon de « headbanger ».

Nous avons bien souvent l’impression que Cannibal Corpse va terminer sa soirée avec Hammer Smashed Face, une pièce qui se veut un phare dans le mouvement death métal. Malgré le fait qu’elle soit annoncée comme étant le salut ce soir, le groupe revient avec Devoured by Vermin pour clore sa prestation.

Exténués, les participants et le groupe ne demandent rien de mieux qu’une pause.

Tandis que le groupe quitte, certains des participants lâchent eux-aussi la soirée. Il faut croire que quelques personnes attendaient Cannibal Corpse, sans se soucier de Behemoth. Ce rituel s’est continué par la suite, une certaine quantité quittait la salle lorsque les Polonais étaient en pleine communion métallique.

2. Behemoth-6

La scène de Behemoth était beaucoup plus élaborée que celle de Cannibal Corpse. Les pieds de micro du groupe doivent faire rager Blackie Lawless de WASP! Deux escaliers sur le côté permettent aux musiciens de monter à la hauteur des percussions. Deux aigles emblématiques de la Pologne sont fixés des deux côtés de la scène mais ce sont surtout les jeux de lumières, en symbiose totale avec les pièces du groupe et avec les punchs d’usage, qui nous font jubiler.

“It Feels Good to be Alive!”

-Nergal

Deuxième présence officielle pour l’album The Satanist pour Behemoth et avec une dizaine de pièces servies ce soir, il faut comprendre que Behemoth ne jouit pas d’un concert complet où l’heure et demie est atteinte. Avec son combat grandement remporté face à la leucémie, Nergal semble plus en forme que jamais. Sa vigueur est palpable et son entrain nous séduit. Avec son capuchon, il demeure énigmatique, tout comme les autres membres du groupe.

Un rituel avec une portion qui propose une manipulation du feu s’est retrouvé en ouverture du concert. Nergal manipulait deux sphères enflammées qu’il a relâchées, pour ensuite s’élancer sur Oro Pro Nobis Lucifer. Leur death métal excessivement noirci est encore précis, incisif même,  étant donné que des chansons comme Conquer All, Ben Sahar et Slaves Shall Serve réussissent à venir nous cueillir.

Après avoir passé l’encensoir, Nergal a permis à son groupe de pouvoir continuer la déchausse métallique avec At the Left Hand Ov God et Chant for Eschaton 2000. Les coups de semonces demeurent punitifs, la machine roule et anéantit.

En guise de dernier tour, après ce qui se devait d’être une finale avec Chant for Eschaton 2000, le groupe revient pour asséner un dernier coup avec une pièce plus apaisante, O Father O Satan O Sun.

Le froid sibérien nous attendait dehors et ma marche jusqu’à Sanguinet m’a semblé excessivement pénible. Il y avait moins de véhicules stationnés dans les rues. J’imagine que Jérome Couture ne joue pas aussi longtemps qu’une caravane de death métal !

Photos de Mihaela Petrescu

http://behemoth.pl/