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Matamore : L’éloignement et un poing métallique dans les dents (Entrevue)

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L’éloignement d’une région fait qu’il peut être bien difficile de proposer ton produit musical. Ne me laisse pas sous-entendre qu’avec l’internet, il n’y a pas de frontières ! C’est vrai dans un sens mais avec la panoplie de groupes qui pullulent sur la scène aujourd’hui, il reste que l’un des moyens les plus intéressants de découvrir de nouveaux artistes reste le concert. Quand tu portes le pavillon de la Côte-Nord, les possibilités de concerts en direction de Québec et Montréal sont plutôt minces. Dans ton coin de pays, rares sont les bars à connotation métallique. Et c’est là qu’entre en jeu l’internet ! Oups… Matamore est donc pris dans ce joli bourbier qu’est l’éloignement mais en lisant cet entretien avec le guitariste Patrick et le chanteur Frank, vous allez découvrir que Matamore n’a pas peur de foncer, d’anéantir et de pousser le tout !   

Malgré la feuille de route qui vous accompagne, il faut considérer Matamore comme un nouveau groupe sur la scène québécoise. Racontez-nous comment ce projet a vu le jour ?

-(Patrick) Le groupe a vu le jour en 2009 avec d’anciens membres de Déchéance, notre ancien groupe, qui était plus death métal. Je voulais faire du métal plus stoner au début mais, comme le dit le dicton : « Chassez le naturel et il reviendra au galop. » Avec le temps, nous avons abandonné le stoner et changé de cap pour devenir ce que nous sommes. C’est la raison pour laquelle Matamore n’a rien sorti avant un bon moment, j’ai dû recomposer d’autres pièces et faire face à un changement de line-up! D’ailleurs on a gardé une chanson des premiers temps de Matamore sur cet album, la deuxième Phase d’or. On entend immédiatement que le tempo est plus lourd.

C’est plutôt évident que le thrash métal est une influence capitale dans votre son. Ça sent  la vieille école tout le long tout en étant teinté de la nouvelle vague de thrash ! Question de bien cerner le groupe, que pouvez-vous nous dire face à la sonorité du groupe et comme de raison, les influences aussi variées qu’elles puissent l’être ?

-(Patrick)  J’écoute du thrash depuis toujours, je mange du thrash pour déjeuner, je me brosse les dents au thrash et mes enfants se nomment Gary Holt, Scott Ian et Kerry King. Non, je blague pour le nom de mes enfants. Il est évident que ça s’entend dans ma musique. J’ai écouté et j’écoute toujours des groupes comme Exodus, Slayer, DRI, Blood Feast, Sacrifice et beaucoup de bands québécois comme Obliveon et Voïvod. Les autres membres du groupe écoutent aussi du nouveau thash comme Municipal Waste ou Lich King. Lamb of God fait aussi partie de nos influences ! Je ne réinvente pas la roue avec ma musique. Je compose ce que j’aime, ce qui vient des tripes car pour moi, le thrash c’est de la violence positive comme une bonne claque su’à gueule.

Comme première carte de visite, on comprend que votre album est très efficace. Vous l’avez enregistré par vous-mêmes, c’est bien ça ?

-(Patrick) L’album a été enregistré ici, à notre local, et dans le studio au sous-sol chez Guillaume, le bassiste du groupe. Nous sommes assez choyés côté équipement car Guillaume est sonorisateur. Nous avions donc accès à du matériel pour les prises de son. Pour le reste, mixage et mastering … Oups, petit problème ! Ce n’est pas notre domaine.

Donc, pourquoi le choix s’est arrêté sur Jeff Fortin pour le mix et le mastering?

-(Patrick) Le band adore ce que Jeff a produit. Nous trouvons que c’est le King de la production métal au Québec, en ce moment. Nous lui avons simplement envoyé un email pour savoir s’il voulait travailler avec nous et à notre grande surprise, il a accepté de mixer et masteriser notre album.

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En ce qui concerne l’album en tant que tel, vous y allez dans les deux langues officielles, le français et l’anglais. Est-ce une décision qui est l’aboutissement d’une longue réflexion ou tout simplement quelque chose de naturel pour Matamore de s’exprimer ainsi ?

-(Frank) Non, ce n’est pas naturel pour nous de composer en anglais mais nous avons essayé d’intégrer la langue anglaise à quelques compositions. Nous sommes plus à l’aise en français. Nous allons voir pour le prochain album.

La chanson Vole Canot souligne l’œuvre d’Honoré Beaugrand, la Chasse-Galerie. Cette légende québécoise semble attirer bien des groupes d’ici. Malgré le fait que les autres pièces demeurent à caractère social, pourquoi une visite face à cette légende ?

-(Frank) La chasse-galerie est une légende qui représente bien notre région. Pendant longtemps, les bûcherons constituaient la majeure partie de la population sur la Côte-Nord. En fait, en se servant de cette légende nous avons voulu souligner leur travail. En nous imaginant qu’à 40 degrés sous zéro dans le fond des bois, nous sommes certains qu’ils auraient aimé prendre la chasse-galerie.

Torment Palace possède un monologue, une partie parlée plus grave. Que pouvez-vous nous dire face à ce choix d’inclure cette voix dans la chanson ?

-(Frank) La partie monologue est un clin d’œil à Dead Skin Mask de Slayer.

De quoi parle cette chanson ?

-(Frank) La chanson Torment Palace parle d’une sorte de purgatoire. Elle décrit un homme face à ses erreurs. Confronté aux tourments qui l’ont accompagné toute sa vie et maintenant, il doit y faire face. Il doit rendre des comptes pour le mal qu’il a causé.

Et que dire du texte en ce qui concerne Les Gauchistes ? J’imagine que vous prenez position face à ce que vous dites et assumez pleinement ce qui se dit sur cette chanson malgré que certains puissent être écorchés à vif ?

-(Patrick) C’est une chanson exagérée dans l’extrême ! Un peu comme le fait Mononc Serge! Notre position est simple, nous voulons moins de « Gouverne maman » dans les décisions de tous les jours. Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement dicte le prix plancher du lait ou de la bière. Il me semble que si Monsieur Tremblay veut vendre sa bière 5$ moins chère que son compétiteur, ce n’est pas au gouvernement de décider d’un prix minimum. Et pourquoi le gouvernement s’occupe de la boisson et des casinos? Ce n’est pas ça la job du gouvernement! Occupe-toi de l’éducation, de la santé et des infrastructures, point final ! Laisse les bouteilles de vin aux autres et privatisons la SAQ !

Le travail à la guitare est immense sur l’album. Les riffs grincent à profusion et les solos sont explosifs. Expliquez-nous comment se fait le travail au niveau des guitares.

-(Patrick) Je m’occupe de la plupart des composition, en gros. J’apporte la chanson, je la fais écouter aux autres et si ça passe le test, nous la jouons. Luc, l’autre guitariste, apporte des riffs et j’en fais des chansons complètes en essayant le plus possible que les deux guitares jouent des notes différentes ou en harmonie. En gros, c’est comme ça que Matamore fonctionne.

Vous êtes des gars de la Côte-Nord. Pour bien des gens, cet endroit demeure exotique étant donné que c’est excessivement loin comparativement à Montréal ou Québec. Une scène métallique semble bien vivante là-bas. Que pouvez-vous nous dire à son sujet ?

-(Patrick) La scène fluctue beaucoup. Il y a de bonnes années et de moins bonnes ! En ce moment, il y a de très bons bands métal à Baie-Comeau et dans les villages environnants, comme un excellent hommage à Megadeth. Le groupe est vraiment tight. Il y a aussi Load, un autre hommage mais à Metallica qui sont là depuis 1990. Il y a un band punk crossover avec lequel j’ai joué qui se nomme Rattitude. C’est vraiment très violent, Rattitude roule leur bosse depuis plusieurs années et il y aussi Awake in the Noise, un band de nouveau métal qui s’est classé 2e au concours Envol et Macadam, l’an passée. Les shows sont plutôt rares. Les bands doivent sortir de la région pour jouer plus souvent.

Avec la pochette, la photo dans le bois, votre emplacement géographique et vos têtes de bons vivants,  on serait porté à croire que vous êtes des amateurs de chasse. Est-ce un fait ou pure fiction ?

-(Patrick) Oui, il y a des chasseurs dans le band mais encore là, nous voulions booster la chose et beurrer épais sur la Côte-Nord ! Ici, dans le temps de la chasse, le monde vire fou pendant deux semaines mais si tu vas dans les Cantons de l’Est au début novembre, tu vas avoir le même feeling ! La chasse, ça va chercher une couple de gars et de filles, c’est sûr.

De plus, il y a un échantillonnage d’un truc télé du genre « Passion Chasse et Pêche » dans la pièce Panache. Pouvez-vous nous éclairer là-dessus ?

-(Frank) Pour l’échantillonnage ? Oui, c’est l’Homme Panache, Réal Langlois ! Nous lui avons demandé si nous pouvions utiliser sa voix par email et nous n’avons jamais eu de réponse de sa part. Donc, soit qu’il ne le sait pas, soit qu’il s’en câlisse mais il est sur notre album, hahhaha !

On voit bien que vous n’êtes pas de jeunes loups affamés par un contrat de disque alléchant qui vous dirigerait sur les routes nord-américaines. Vous semblez être des gars à leur affaire qui doivent subvenir au bien-être de la famille. Quels sont donc les objectifs pour Matamore?

-(Patrick) C’est sûr que notre priorité, c’est la famille et que notre but n’est pas le World Tour. Le deuxième album est presque terminé d’écrire, il va être aussi thrash et même plus agressif mais avant de sortir quoi que ce soit, on veut rouler un peu avec celui-ci. Matamore est là pour rester et pour faire du thrash jusqu’à la mort !!

L’éloignement fait que les visites du groupe risquent de demeurer très rares pour Matamore. Est-ce que des spectacles sont prévus en 2015 ?

-(Patrick) Des shows? Notre agenda est assez rempli… de vide pour le moment mais il y a encore un peu de place pour le Heavy Montréal ou le Rockfest ! Hahaha ! Non sérieux, si vous voulez nous voir écrivez-nous sur notre page Facebook, avec une date et nous allons nous déplacer pour aller vous voir avec plaisir… si c’est possible !

Merci les gars!

Merci!

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