Étrange n’est-ce pas? Oui, il est étrange de voir qu’Anthrax ouvrait pour Volbeat sur cette tournée. La popularité de la troupe danoise est-elle démesurée au point de mettre Anthrax en ouverture? Est-ce que l’élève a dépassé le maitre? Ce sont des questions qui me trottaient dans la tête depuis l’annonce de ce concert.
Je me disais même que l’équipe qui entoure Volbeat voulait probablement démontrer aux membres d’Anthrax qu’ils avaient les contrôles bien en mains. Nous avons votre ancien guitariste et maintenant, vous allez ouvrir pour nous sur votre propre terrain, sur votre propre continent! Même si Anthrax était annoncé comme étant un « invité très spécial » sur la tournée, c’était le groupe américain qui ouvrait quand même!
Je crois que je suis allé un peu loin dans ma réflexion. Après tout, j’ai vu Death Angel ouvrir pour Soilwork, Kreator ouvrir pour Arch Enemy et même chose pour Exodus lors de la tournée précédente. Les règles ont changé je crois. En 2015, c’est possible. En 1992, c’était autre chose!
En connaissant le côté sympathique de Volbeat, il demeure impossible que ce groupe soit rempli d’une telle malice! Non, cette tournée se veut tout simplement une occasion de partager la scène avec de bons camarades.
Le retour aux sources musicales nous donne de nouveaux groupes qui semblent sortis d’une capsule temporelle. Un peu comme Capitaine America ou Austin Power, nous avons l’impression que certains groupes sont entrés en mode hibernation en 1974 pour ensuite être décongelés récemment.
Le groupe Crobot entre dans cette catégorie d’amateurs du passé, d’un rock viril et moustachu. C’est chaleureux, très enlevant et ça te fait pousser les poils sur le chest! 35 minutes de rock saligaud bien crooné par un chanteur qui peut y aller de façon plutôt aigüe dans son chant autant qu’avec une salve magmatique dans son approche vocale. Accroché à son pied de micro qui laissait paraitre un attrapeur de rêves, ce dernier se voulait l’attraction principale.
Avec l’allure de l’époque, il était facile de voir que le groupe plonge aisément dans cette époque grâce à l’accoutrement digne du film Almost Famous, porté par le chanteur et le bassiste. Vigoureux, les musiciens se donnent sur scène tout en accumulant les notes précises au niveau de leur instrument. Un certain contraste avec le thrash métal d’Anthrax et le rock gonflé de stéroïdes de Volbeat, ce qui nous prouve qu’un programme métallique varié captive toujours une foule!
Vers 19h35, je pouvais voir que le Cepsum n’était pas rempli à pleine capacité comme lorsque Slayer nous a visités, il y a un an et demi. Lors de sa première visite en tant que tête d’affiche, Volbeat (même si Michael Poulsen affirmait que c’était leur première visite à Montréal hier soir!) était au Club Soda en mode moitié rempli. Encore une fois, le doute s’est installé face à la grosseur de la salle choisie.
Comme de raison, le public s’est mis à entrer pour Anthrax. C’est vendredi après tout et le public de cette soirée était surtout constitué de gens dans la trentaine qui prennent le temps de bien manger dans un établissement licencié, d’ingurgiter quelques bières et de fumer quelques clopes avant d’entrer.
Anthrax y est allé de valeurs sûres hier soir, un peu comme lorsque le groupe a fait son tour de chant pendant le dernier Heavy Montréal. Que des succès à l’oreille des amateurs. Caught in a Mosh s’est occupée d’ouvrir cette série de coups de massue. Par la suite, Got the Time, Madhouse, Antisocial et Fight’em Til you Can’t ont sonné la charge.
Avec son allure qui rappelle celle de Charlie Benante, nous avons pu voir le punitif Jon Dette aux percussions. Cet ancien tapeur pour Slayer et Testament prenait place derrière l’engin de guerre de Benante car ce dernier était dans l’impossibilité de faire la tournée, étant donné qu’il doit subir une intervention à la main, question de régler un problème du syndrome du tunnel carpien. Il tape fort Dette, c’est une machine oppressante et son jeu se veut moins fluide que Benante sur des chansons comme I Am the Law et Indians.
Prestation habituelle du groupe, Anthrax prouve encore une fois être un incontournable sur scène. Joey Belladonna, quant à lui, use encore de sa subtilité légendaire pour demander à la foule s’il est possible d’avoir un peu d’herbe. La seule anicroche demeure le choix d’inclure Soror Irrumator, chanson tirée du Mixtape de Game of Thrones, qui a refroidi l’ambiance quelque peu. Par contre, l’interprétation d’In the End avec les deux drapeaux à l’effigie de Dio et Dimebag demeure encore un moment chargé d’émotion.
À la fin de leur prestation, Scott Ian a annoncé que le groupe retourne en studio après cette tournée pour compléter leur nouvel album et qu’Anthrax serait de retour à Montréal en 2016.
Lorsque ce concert a été annoncé en novembre, je pouvais lire sur les réseaux sociaux que les gens déploraient le fait que le tout allait se dérouler au Cepsum. Cette salle, ou plutôt aréna, n’est aucunement l’endroit de prédilection pour un concert. Malgré les efforts des techniciens de son, un vrombissement incessant se laisse toujours entendre. Sans être un expert en qualité sonore, tu te rends compte facilement que le son manque de finesse, de justesse et que nous perdons de nombreuses subtilités. Tu as vraiment l’impression d’écouter une source musicale externe alors que tu es caché dans ta sécheuse…
Lorsqu’Anthrax a quitté la scène, un immense drapeau représentant le gangster de Volbeat (avec un foulard canadien) est descendu du plafond, question de cacher la préparation de la scène car oui, Volbeat se promène avec un gros show de type aréna. Le groupe allait t’en mettre plein la vue et les oreilles!
C’est pendant Born to Raise Hell de Motörhead que les lumières se sont éteintes. Ce drapeau aux proportions gigantesques est donc tombé laissant paraitre un décor de cimetière. Chaque membre du groupe prenait place sur un tapis aux couleurs du groupe mais les musiciens ne demeurent pas à leur position bien longtemps.
J’ai bien aimé les deux premiers albums du groupe ce qui fait qu’hier soir, je me sentais un peu perdu face au nouveau matériel. Il reste que la formule demeure la même, la joie et la bonne humeur débordent de la musique du groupe qui se veut un habile mélange d’Elvis avec le roucoulement de Johnny Cash qui joue dans un groupe métal avec une bonne touche d’allégresse.
Aux allures rockabilly, on comprend que l’ajout de Rob Caggiano à Volbeat a donné une certaine pilosité métalloïde au groupe. Sa bonne bouille de métalleux et sa consistance aux guitares apportent à Volbeat une nouvelle palette de couleurs. Sur des titres comme Dead But Rising, Guitar Gangsters & Cadillac Blood, Doc Holliday et The Garden’s Tale, on sent que son impact est bien présent.
Générosité est un terme qui me vient en tête face à l’attitude du groupe sur scène. Généreux musicalement car les hymnes de Volbeat sont enivrants mais aussi face au public car Michael Poulsen propose des interactions intéressantes avec le public. Il emprunte une veste de jean à un fan, il discute avec les gens et le groupe ne se gêne pas pour laisser monter de jeunes fans sur scène.
Surpris de voir un jeune coquin d’environ 9 ans sur les épaules de papa, Poulsen s’étonne de voir qu’il ne porte pas un t-shirt de Volbeat. Un technicien lui apporte un paquet bien roulé et de sa main précise, Poulsen a réussi à atteindre le jeune garçon, fort comblé! De plus, le fait de dédier une chanson à BB King, décédé pendant la nuit, a permis à la foule de recevoir une autre ronde d’applaudissements!
Je me demandais d’où venait cet intérêt face au groupe, j’ai eu la réponse en voyant tout cela. Le fait que Volbeat ait reçu l’approbation de Metallica et leur participation au Gigantour ne sont pas des obstacles. De voir les sourires, autant sur scène que devant, j’ai compris l’impact que peut avoir le groupe.
Un feu roulant, rien de moins! En espérant que lors de la prochaine visite, le tout ne se déroule pas au Cepsum!
Toutes les photos sont de Myriam Francoeur!