Ce nom impliquerait pratiquement que le groupe soit une véritable brute de black métal ou du moins, une dévastation death métallique qui laisse entendre une sonorité gutturale au niveau de la voix. Ce n’est pas le cas car Lucifer se veut beaucoup plus inoffensif au niveau de la livraison sonique. Sous des traits du Grand Malin se cache une voix angélique, celle de Johanna Sadonis. Cette jeune dame était la seconde moitié du groupe The Oath, formation à la carrière éphémère. Maintenant entourée d’une tout autre équipe, Sadonis propose un métal qui se rapproche du plan original dessiné au début des années ’70. J’ai pu m’entretenir avec cette charmante Allemande, question de parler de leur premier album, Lucifer I.
Bonjour Johanna. Je me dois de commencer en vous félicitant pour ce nouvel album. Sérieusement, pour un premier album, il se veut plutôt solide. J’avais l’impression d’entendre un « Greatest Hits » venant de votre part. Vous allez devoir m’expliquer quelle est votre recette et me parler de la présence de Gaz Jennings de Cathedral et Death Penalty sur l’équipe d’écriture de l’album.
Merci beaucoup! La recette se veut simple, ce n’est qu’un amour qui se veut passionné et sincère face à ce que l’on fait. Nous avons tous joué avec d’autres formations avant Lucifer. Nous roulons notre bosse depuis très longtemps. Nous sommes tous des musiciens passionnés et des amateurs de musique. Gaz est un puits sans fond face à la production de riffs totalement déjantés et nous avons une section rythmique qui se veut plutôt puissante avec Dino Gollnick à la basse et Andy Prestridge aux percussions.
Quelques chansons ont des allures sonores de classiques instantanés. Abracadabra par exemple. C’est le genre de pièce avec laquelle vous devez ouvrir vos concerts, non?
Quasiment! D’habitude, nous débutons nos concerts avec Anubis, qui se veut le premier simple que nous avons sorti avant que l’album ne soit disponible. Cette chanson offre une entrée en puissance. Elle nous met dans l’ambiance rapidement. Anubis est suivie immédiatement par Abracadabra, question d’entrer dans le matériel qui se retrouve sur le nouvel album avec aplomb.
Vous avez deux chansons avec des « couleurs » dans les titres. Il y a Purple Pyramid et White Mountain. De plus, en regardant les titres, nous nous rendons compte que nous sommes aussi en présence de deux structures gigantesques en pierre, une montagne et une pyramide. Que peux-tu nous dire face aux deux chansons et par rapport au fait qu’elles contiennent toutes deux des références face aux couleurs et à la pierre?
C’est une façon intéressante de les analyser! Elles ne sont pas interconnectées de façon directe mais j’ai toujours eu cette espèce d’attirance face aux monuments immémoriaux et éternels. Ceux qui ont passé le test du temps, qui se retrouvent toujours sur la surface de la Terre malgré le temps et les intempéries. Ils sont les témoins silencieux qui mettent au défi notre déficit d’attention et remettent les choses en perspective. Ce sont des rappels du passé. Dans notre chanson Purple Pyramid, cette dernière se veut mon symbole face à la tristesse. Cette chanson parle d’une personne plutôt sinistre provenant de mon passé. Pour ce qui est de White Mountain, cette montagne blanche est une image que j’avais en tête qui se voulait une vision face à ce que pouvait représenter une marche dans la neige extrêmement épaisse pendant la nuit. Plus tu avances, plus tu t’approches de cette montagne blanche qui est gigantesque. Elle est recouverte de neige blanche et elle fait un contraste avec la nuit noire. Elle symbolise mon désir ardent face à une tranquillité souhaitée et l’espoir de me retrouver seule, dans la nature. C’est plutôt réconfortant de savoir que je peux me retrouver aussi loin de la civilisation, loin des gens.
Une question qui se veut plutôt quétaine mais j’aimerais connaître tes influences au niveau vocal? De mon côté je perçois un peu de Grace Slick de Jefferson Airplane, Jinx Dawson de Coven ou même Jex Thoth si je veux y aller avec quelque chose de plus récent. Aussi, je sens un peu d’Anneke, de l’époque des premiers albums de The Gathering. Toi, de ton point de vue personnel?
Je ne me tourne pas vers des artistes contemporains pour ce qui est de l’inspiration. J’admire énormément le travail du groupe Heart lors de la période des années ’70 et Fleetwood Mac. Tu parles de Jefferson Airplane, oui absolument! Il y a aussi Shocking Blue. J’aime bien le travail d’Ozzy et de Danzig, juste pour n’en nommer que quelques-uns.
Le fait que tu sois une personne ayant vécu du côté EST de Berlin lors de la période du mur a probablement forgé la femme que tu es devenue par la suite. Crois-tu que si tu avais été élevée dans une autre ville comme Londres, par exemple, tu aurais eu le même parcours face à ta vie et ta carrière musicale?
Je crois que ce que tu es comme personne se veut modelé par deux choses. Premièrement, ton âme avec ce qui vient de façon naturelle chez toi. Ensuite, le monde externe qui t’entoure et dans lequel tu as été projeté. Donc, la réponse est oui et non. Je voudrais bien m’imaginer que j’aurais pu être amenée vers le monde des arts d’une façon ou d’une autre. Même chose pour ma spiritualité quoi que le tout aurait été fait sous d’autres circonstances. Qui sait ce qui aurait pu se passer?
Tu sembles être une personne ouverte d’esprit. Tu me parles de spiritualité mais es-tu une sataniste?
Non, je ne suis pas une sataniste. Le diable a un certain attrait mais ce n’est qu’un côté de la médaille.
Avec la renaissance du format vinyle, il est évident que cet album de Lucifer sera un atout dans notre collection. Votre compagnie de disque, Rise Above, est une compagnie qui adore sortir des produits de haute qualité. Étant donné que la version vinyle n’est pas encore entre nos mains, que peux-tu nous dire face aux différences entre le format CD et celui en vinyle?
Il y aura une grande variété de couleurs. L’album sera présenté dans une pochette qui fera très vieille école. L’album sera présenté avec le logo en imprimé doré en plus d’avoir la portion arrière qui se refermera et qui sera laminée. Nous avons aussi des copies pour les collectionneurs plutôt maniaques. Ils comprennent un 7” additionnel qui propose deux chansons qui sont des interprétations. Il y a Loser d’Angel Witch d’un côté et Devil’s on the Loose, de la formation Rattles, de l’autre côté. Ce sont deux chansons que nous avons enregistrées lors des sessions d’enregistrement de l’album. Pour ce qui est du CD, il aura la même allure que le vinyle pour ce qui est du lettrage doré.
Si tu te sens à l’aise, peux-tu nous dire ce qui s’est passé avec ton groupe précédent, The Oath? Un album intéressant, un accueil favorable et le tout se termine. Que s’est-il passé entre toi et Linnéa Olsson?
Ça ne marchait pas au niveau personnel.
Est-ce qu’il a été difficile pour vous d’obtenir les droits face à l’utilisation du nom Lucifer? Quand on regarde sur Metal Encyclopedia, on remarque qu’il y a 8 autres groupes qui se nomment Lucifer.
C’était une décision réfléchie et très consciencieuse face au nom. Je suis très fière face à ce choix pour le nom du groupe. J’ai pensé le changer pendant un certain temps. Je n’étais pas capable de le faire et nous avons décidé de le garder. Je m’identifie beaucoup avec ce que Lucifer représente en tant que groupe. De plus, c’est tellement accrocheur.
Il y a un certain buzz autour de Lucifer. L’album reçoit d’excellentes critiques et tu t’es retrouvée sur la couverture du magazine américain Decibel. As-tu été surprise par cet engouement de la part du magazine face à ton groupe?
Nous sommes très excités et nous sommes très reconnaissants face à leur travail. Ils supportent le groupe, nous les remercions face à la reconnaissance qu’ils ont envers Lucifer.
Vous serez en concert avec High on Fire aux États-Unis et au Canada. De plus, il y a Pallbearer et Venomous Maximus lors de ce périple. Comme première tournée ici, il me semble que c’est le match parfait?
Oui, c’est une affiche qui se veut parfaite. Je suis très excitée de faire mes bagages pour faire cette tournée. Faire des concerts, c’est une sorte de rituel. Tu finis par vivre au travers tes chansons. C’est magique, j’ai très hâte de faire ce périple. J’ai surtout hâte de faire de la route avec le groupe!
Sur cette tournée, il n’y a pas de date pour Montréal. Allez-vous venir cet automne ou cet hiver, probablement en ouverture d’un autre groupe. Peut-être même un autre groupe qui enregistre pour Rise Above comme Uncle Acid & the Deadbeats par exemple?
Après cette première tournée en Amérique du Nord cet été, nous allons mettre l’emphase sur l’Europe. Nous devrions revenir en Amérique du Nord en 2016 et faire un arrêt pour un concert à Montréal lors de ce voyage!
Johanna, merci mille fois!
Le plaisir est pour moi!
https://www.facebook.com/luciferofficial
Photos: Esther Segarra