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Heavy Montréal 2015 : Retour sur la première journée/ Vendredi 7 août 2015

3. Arch enemy-2

Que les détracteurs du Heavy Montréal frappent avec vigueur sur la programmation du festival est une chose mais d’avoir participé à cette première journée splendide en est une autre. Une journée complète à écouter la musique du Yabl’ te rappelle que le genre vieillit bien, évolue et prend de belles tournures. Même si  Kevin Lyman, co-fondateur du Mayhem Festival et du Warped Tour, a proclamé le contraire, la première journée du Heavy Montréal se voulait satisfaisante. Non,  le métal  n’est pas gras, chauve et grisonnant. Il est tout simplement fougueux, pimpant et vivant !

Il est impossible et même impensable d’être déçu par Gorguts. Leur death métal, mené par le maître Luc Lemay, se veut intemporel et savoureux. La complexité dans les arrangements n’a pas empêché les premiers arrivants de la journée à savourer cet instant. Une foule attentive regardait passionnément ce qui se passait sur scène,  les regards se voulaient dirigés vers les mains des musiciens du groupe qui accomplissaient de nombreux tours musicaux qui alliaient dextérité et finesse. Luc Lemay se retrouvait donc sur cette scène immense et sa gêne, entre les chansons, rendait le tout encore plus charmant car de l’entendre vociférer pendant des pièces comme An Ocean of Wisdom et Obscura nous laissait croire qu’il était comme un ogre prêt à nous dévorer après chaque morceau mais sa simplicité et sa candeur nous ont tous séduits. Avec le talent musical de Kevin Hufnagel à la guitare, de Colin Marston à la basse et de Patrice Hamelin aux tambours, le mélomane averti savait pertinemment qu’il était en présence de très grands noms de la scène métallique et ce dernier a pu profiter de cette période métallique, qui se voulait percutante, malgré la précocité de la journée.

Une autre troupe de vétérans québécois se retrouvait sur scène en cette journée initiale. Cette prestation pour le Heavy Montréal se voulait importante pour Anonymus, car non seulement le groupe se produisait sur le festival mais surtout parce que le nouvel album, Envers et Contre Tous, était lancé officiellement en cette journée très précise. Avec une vingtaine d’années d’expérience, nul ne peut douter de la justesse d’Anonymus. Les Montréalais ont encore pu nous prouver que leur métal n’a aucun ride sur son chaste visage car d’entendre Un Pied dans la Tombe, Prosternez-Vous et Sous Pression pour une ixième fois semble aussi frais que lors des sessions d’écoute d’antan, lorsque nous prenions le temps de découvrir ce groupe bien d’ici. (Collaboration : Steve Bilodeau)

Un ajout de dernière minute face à la formation The Brothers of the Sonic Cloth. Rien de très surprenant étant donné que le groupe est en ouverture de Neurosis sur la tournée du groupe. The Brothers of the Sonic Cloth, mené par le légendaire Tad Doyle, a proposé son sludge très oléagineux sur la coquette scène de l’Apocalypse. De bonnes chansons puissantes mais qui n’ont rien de très mémorables, juste efficaces.

Formation annoncée il y a quelques semaines à peine, Venom Inc a su en étonner plusieurs. Ce groupe se veut l’incarnation de la période fin des années ’80 et du début des années ‘90 de Venom. Lorsque Cronos a décidé de quitter Venom, les deux autres membres du groupe, Mantas et Abaddon, ont recruté Tony « Demolition Man » Dolan pour combler le poste laissé vacant par Cronos. Cette mouture de Venom se voulait donc légitime étant donné qu’elle a existé sur album et non pas pour capitaliser uniquement sur le nom. D’entendre des titres de la période Prime Evil a su plaire à de nombreux métalloïdes mais ce sont surtout les pièces de la période classique de Venom  qui ont sur satisfaire l’appétit vorace des fans de Venom. Nombreux sont ceux qui avaient vu la version de Venom avec Cronos lors du Rockfest de 2014 et les opinions se voulaient partagées hier. La grande majorité disait avoir préféré la version de Cronos plutôt que celle de Mantas et Abaddon, citant un certain laxisme au niveau musical. La preuve étant l’embourbement lors des premières mesures de Black Metal, hier après-midi. De mon côté, entière satisfaction envers cette version envenimée de Venom et il se peut que la formation soit de retour en ville cet automne !

Il n’y avait pas une foule immense pour Venom Inc et en me rendant à la scène de l’Apocalypse, pour Revocation, j’ai compris pourquoi. Les festivaliers se trouvaient à cet endroit pour voir et entendre le groupe de Boston. Fidèle à son habitude, Revocation a su tirer son épingle du jeu de façon plus qu’adroite. Des musiciens chevronnés livrent carrément la marchandise, la voltige métallique est au bout des doigts de chacun des membres du groupe et le transfert d’énergie se transporte de la scène à la foule avec des chansons comme Teratogenesis, Labyrinth of Eyes et Dismantle the Dictator.

En quittant pour la scène principale, j’ai pu voir la masse se déplacer pour Cattle Decapitation qui a su attirer, lui aussi, un nombre étonnant d’amateurs de métal. Arch Enemy se voulait attirant, étant donné la présence d’Alysa White-Gluz, qui effectuait un retour dans sa ville natale. Il n’y a pas de débat à faire face à sa tonalité vocale versus celle d’Angela Gossow. C’est cette dernière qui l’a choisie et il faut avouer qu’au niveau de la présence sur scène, elle assure au maximum. Il est bien intéressant de voir le caractère international de ce groupe qui propose maintenant, au niveau des guitares, l’excellent Jeff Loomis. Les guitaristes amateurs avaient les yeux bien agglutinés sur les mains de Loomis ainsi que sur celles de Michael Amott… les autres préféraient la flamboyante chevelure bleutée d’Alysa. Le groupe a proposé un amalgame de chansons qui se voulait intéressant avec Dead Eyes See no Future, War Eternal et Ravenous. Lorsqu’Alysa a quitté la scène pour revenir en brandissant un drapeau du Québec, la réaction fut immédiate et les festivaliers ont levé le bras, en guise de fierté, d’appui et de reconnaissance face à cette ambassadrice métallique d’ici!

Cette année, le site a vraiment des allures qui se veulent, beaucoup plus festives. On sent que la structure de base d’Osheaga est demeurée sur place avec des lopins de gazon artificiel beaucoup plus conviviaux que par le passé, des kiosques alimentaires excessivement variés et des tables pour pique-niquer. Pour une pause bien méritée, tu peux maintenant te gâter!

À la base, je voulais vraiment prendre le temps de voir et d’entendre Extreme. Ce groupe, qui a connu un succès sans précédent dans les années ’90, allie bien le rock avec une bonne dose de funk sensuel. Après les deux premières chansons, je me suis rendu à l’évidence que ce groupe n’avait jamais arrivé à me plaire et j’en avais la confirmation.

Mon épouse m’a donc influencé face à un déplacement vers la scène de la Forêt pour pouvoir entendre Nothing More.  J’avais fait un peu de recherche face au groupe, question de connaitre la sonorité du groupe. La dimension offerte me rappelait vaguement un Our Lady Peace mais avec plus de punch, donc l’attrait se voulait moindre. Sauf qu’hier, lorsque je me suis ramassé là, j’ai été soufflé par l’adresse musicale du groupe qui carbure au métal progressif, le djent croustillant et les percussions carabinées. Même si le chanteur me remettait en tête le beau et valeureux Jonas, il a su aller chercher la foule qu’il tenait au fond de sa poche de jeans… et non celle de sa chemise car l’adorable bouclé était torse nu, question de laisser paraitre un corps aussi ciselé qu’une râpe à fromage ! Précis au niveau du chant et coriace aux tambours, il en est de même pour ce qui est de la technique des musiciens. Acrobates, l’un des moments les plus appréciés a été lorsque le bassiste a accroché sa basse sur une structure métallique. Il a continué à jouer en la faisant tourner sur cet article à l’architecture particulière et aux allures d’un objet tiré du film Mad Max. Le chanteur et l’un des guitaristes sont venus le rejoindre pour taper sur l’instrument, avec leurs mains ainsi qu’avec des baguettes, créant une mélodie très particulière mais aucunement cacophonique. Extase sur scène et dans la foule, la prestation s’est continuée dans la joie et l’allégresse, le groupe paraissait excessivement surpris par cet accueil réservé par le public québécois.

5. Meshuggah-1

La sécurité a décidé de sortir le canon à eau pendant la prestation de Meshuggah. Côté météo, personne ne peut se plaindre face à la température, tout était très agréable mais en avant de la scène, il faut avouer que la marée humaine dégageait énormément de chaleur. Cette douche improvisée fut bien appréciée, à l’exception de mon vinyle de Jimmy Eat World que je venais d’acheter au kiosque de Dine Alone Records. Oui, je sens le jugement face à ce que je viens d’écrire… Acheter un album de Jimmy Eat World lors du Heavy Montréal

Foule compacte pour les Suédois, le groupe Meshuggah a causé des vrombissements aux oreilles de plusieurs avec son métal carabiné et stroboscopique. La musique de Meshuggah inonde ta tête, il est impossible d’être indifférent face aux ondes sismiques produites par les guitares à 7 et 8 cordes des guitaristes et les percussions saccadées de Tomas Haake. Véritable communion métalloïde, les hochements de tête se voulaient nombreux, les vortex humains suintants et l’expérience… hypnotique avec des pièces comme Rational Gaze, Future Breed Machine et New Millenium Cyanide Christ.

À quelques reprises, j’ai pu voir Sam Dunn et son équipe en train d’interviewer des artistes comme Neurosis ou  en train de filmer des groupes sur scène. Est-il en train de préparer un nouveau documentaire ? Il y a de fortes chances !

Je me dois de souligner qu’Alexisonfire était très attendu. Mon épouse a donc pris place devant le groupe tandis que je me rendais à la scène de l’Apocalypse pour cette eucharistie nocturne offerte par Neurosis. Le groupe d’Oakland avait plus qu’une heure à nous offrir, ce qui se résume à cinq chansons, selon mes notes. Le jeu de lumières, offert par les armatures d’acier remplies d’ampoules colorées, capitalisait sur les teintes de bleues et de mauves. Ce mariage des couleurs allaient à merveille avec la vague sonore du groupe. Lourde, ambiante et poignante, la prestation de Neurosis se voulait même apaisante avec des titres comme Locust Star, Times of Grace et My Heart for Deliverance.  Seul bémol de mon côté, j’aurais bien aimé entendre Stones from the Sky en fin de concert.

Il me restait donc une trentaine de minutes face à la prestation de l’artiste principal de la soirée, Korn. En allant rejoindre l’épouse et la marraine de mon fils, elles m’ont confirmé que le concert d’Alexisonfire avait été remarquable. Elles ont grandement apprécié le choix des chansons comme Accidents, We Are the Sound et Young Cardinals. La touche magique offerte par le doux roucoulement de la voix de Dallas Green avec celle plus hargneuse de George Pettit valait le prix du billet.

En arrivant pour Korn, je me suis mis en mode « écoute attentive ». Le groupe interprétait son album homonyme, d’un trait à l’autre. Je suis arrivé pendant la chanson Fake, qui se veut la neuvième sur une quantité de douze. De voir 80% du groupe original sur scène amenait un certain charme face à ce concert mais d’entendre l’album au complet en mode festival ne me semblait pas adéquat. Ce disque comprend des passages plus introspectifs musicalement. Certaines pièces sont lourdes et chargées, très personnelles. De mon côté, d’avoir pu assister à ce concert en salle plus intime aurait pu être un gros atout mais en mode extérieur et festival, je ne me sentais plus très festif rendu à Daddy… et j’en ai donc profité pour m’immiscer dans la station de métro sans aucune difficulté !

Les fanatiques purs et durs du groupe américain ont sans aucun doute vécu le moment d’une vie mais ce genre de prestation d’album au complet me convient beaucoup plus dans le confort intime d’une salle. Selon mon compatriote Steve Bilodeau, le groupe a effectué un rappel de trois chansons qui ont remis un peu de pep après la déstabilisante Daddy.  Korn a enligné Falling Away from Me, Here to Stay et Freak on a Leash avant de renvoyer tout ce beau monde au pieu… ou au Metropolis pour la suite des festivités !

Le Heavy Montréal 2015 se continue aujourd’hui ! Attendez-vous à vous faire hurler à deux pouces du nez « TICKETS, TICKETS. À vendre ou pour acheter ! » en sortant du métro…

Toutes les photos : Mihaela Petrescu

PS: Une galerie de photos sera publiée très bientôt!

http://heavymontreal.com/fr/

7. Korn-1