J’étais certain qu’elle serait plus froide cette dernière. J’avais même mon chandail à capuchon, au cas où la fraiche ce manifeste en fin de soirée. Humide et lourde, aussi lourde que le métal incisif de Pig Destroyer ! Elle était chaude les amis, oh que oui ! Cette troisième journée du Heavy Montréal était suffocante et de plus, c’était la plus achalandée du trio !
La présence de Slipknot était un poids excessivement lourd dans cette balance métallique face à l’achalandage. Si Korn a su attirer les nostalgiques des années nu métal, Faith No More a renoué avec son public qu’il avait quitté durant les années ’90 tandis que Slipknot donnait un nouveau rendez-vous à sa grande famille de « maggots », une famille qui se veut plus jeune mais qui comprend un bon contingent de métalleux dont l’âge varie de 7 et à 50 ans, probablement !
Si les petites familles se voulaient moins nombreuses lors du vendredi et du samedi, la journée du dimanche nous démontrait que l’expérience Slipknot était possible avec papi, mami, les enfants en plus des cousins et cousines !
Et j’exagère à peine.
J’ai rencontré et jasé avec quelques familles. Parmi le lot, deux étaient présentes avec le grand-père !
Une jeune fille d’environ 7 ans levait ses horns de façon vigoureuse, pendant la prestation d’Omnium Gatherum. Sa petitesse a fait que le groupe n’a jamais pu voir l’intensité que se dégageait de cette petite coquine aux lulus dorés mais elle n’a pas abandonné le rituel le plus pratiqué des métalloïdes, partout sur la planète. Même si ce groupe existe depuis presque vingt ans, il demeure assez peu connu du grand public québécois. L’accueil a été favorable pour le groupe car leur métal finnois se rapproche de celui de l’un des groupes fétiches des gens d’ici, Children of Bodom. Hyperactif et bien pompeux grâce à des claviers pimpants, le métal d’Omnium Gatherum se veut invitant. Le groupe entamait sa tournée nord-américaine lors du Heavy Montréal, étant donné que le groupe ouvre sur les concerts d’Insomnium. Un départ canon pour Omnium Gatherum et la bonne humeur était palpable sur la scène, le chanteur Jukka Pelkonen allait voir les autres musiciens pendant les solos avec un air qui en disait long face à son enthousiasme. Heureux, le groupe a même poussé l’audace en proposant une toute nouvelle chanson du nom de Skyline, qui sera disponible sur le prochain album du groupe au printemps 2016 !
À cette heure de la journée, on pouvait remarquer qu’il y avait beaucoup plus de festivaliers que lors des journées précédentes. De façon générale, lors de la troisième journée d’un festival, certains combattants abaissent le pavillon et décident de ne pas se présenter au combat ou, de façon générale, d’arriver un peu plus tard. Dès 14h00, lorsque l’on circulait, les sentiers semblaient plus étroits que lors du vendredi et du samedi. Ce qui se veut un signe positif face à l’achalandage pour ce dernier jour !
Exes for Eyes a su faire parler de lui dans les derniers jours face à son objectif lors du Heavy Montréal 2015. Tandis que certains groupes veulent obtenir le plus gros wall of death sur Terre ou le plus gros circle pit de l’univers, Exes for Eyes s’était fixé un tout autre objectif : Créer le plus gros câlin effectué par le plus grand nombre de métalloïdes possible ! Objectif atteint ? Oui, étant donné qu’Exes for Eyes est le seul groupe à avoir demandé de le faire mais sachez que Devin Townsend a déjà fait la même chose lors du Wacken Open Air, en 2014.
Le métalcore d’Exes for Eyes est rempli de bon gros rythmes très juteux et moelleux. Ce sont des grooves qui se veulent intéressants, sans être mémorables par contre. Entre ses couplets, le chanteur James Arsenian s’amusait à lancer des t-shirts dans la foule. Sur le devant, on pouvait y lire : Let’s Hug it Out ! Question de saluer la présence de Faith No More la veille, le groupe a offert son interprétation personnalisée de Collision, tiré du disque Album of the Year.
De retour aux scènes principales, je me rends compte qu’il y a une foule très considérable pour Motionless in White. Vraiment considérable ! Avec des maquillages qui maximisent sur la pâleur et les ombrages crasseux, il faut rappeler que Motionless in White n’est pas un groupe black métal mais plutôt une formation qui offre une mouture entre le métalcore et le rock plus goth. Lorsque je me suis présenté devant la scène, le groupe interprétait Mother de Danzig. Une version à leur image mais qui n’a pas dénaturé l’originale. Ensuite, le groupe s’est élancé avec Dead as Fuck et question de pimenter le tout, un wall of death très poussiéreux a été effectué par cette foule jubilante. Un moment fort intéressant pour un amateur qui s’est retrouvé sur la scène avec Motionless in White. Le gars en question a pu chanter à son tour dans le microphone. En cette période moderne, on comprend qu’il a maximisé son temps de scène sur la prise de photos avec son téléphone, en plus de donner une petite tape d’encouragement au claviériste pour ensuite quitter, comblé !
Le retour de Coal Chamber n’a pas été aussi médiatisé que celui de Faith No More, comme de raison. Mais le groupe a tout de même reçu plus de couverture médiatique qu’un groupe comme Guano Apes, mettons… Il était bien intéressant de voir Dez Fafara, qui chante aussi avec DevilDriver, se remettre en mode Coal Chamber. Non, il ne portait pas son costume argenté des années ‘90. Il a tout simplement appliqué du maquillage de façon horizontale sur ses yeux, question de faire un lien avec cette période. Non, il portait le même genre de fringues qu’avec DevilDriver… à l’exception du t-shirt de Venom qui a laissé place à une camisole qui laissait paraitre un flamboyant pentagramme. Pour ne pas déstabiliser son public de base, Coal Chamber n’a pas débuté son tour de chant en y allant avec deux ou trois nouvelles pièces tirées du nouvel album. C’est plutôt avec deux « succès » que le groupe s’est affirmé. En entendant Loco et Big Truck, le nu-métalloïde savait ce qui se passait et n’était pas en zone de doute. Coal Chamber n’a proposé que deux chansons du nouvel album Rivals. Même si I.O.U Nothing et Another Nail in the Coffin ont bien passé le test, il était évident que ce sont les gros morceaux comme Fiend, Oddity, No Home et Sway qui ont apporté le réconfort dans l’âme charbonnée du fanatique de Coal Chamber !
Sandveiss connait une année fantastique. Un album magistral qui a été accueilli favorablement par la critique et les amateurs de rock, des concerts par ici et par là en plus de se retrouver en ouverture de Megadeth lors du FEQ et le fait de pouvoir jouer sur la scène de la Forêt lors du Heavy Montréal. Un véritable tour de force pour un groupe qui existe depuis à peine 5 ans ! En y allant avec des chansons tirées de leur album Scream Queen, question de meubler leur temps sur scène, Sandveiss a tout de même pris le temps de saluer un groupe absent du festival. Avec Forever my Queen de Pentagram, ce petit clin d’œil musical fut très apprécié par la foule qui comptait de nombreux amateurs du groupe de Bobby Liebling. Avec des musiciens chevronnés dans ses rangs, Sandveiss étonne au niveau de la technicité mais surtout par sa capacité en relation avec la livraison de l’essentiel : de bonnes chansons qui te permettent de hocher du ciboulot!
Pig Destroyer ne fait pas de tournée comme bien des groupes, selon la définition propre du terme. Le groupe participe à certains évènements, en Amérique et en Europe de façon générale. L’Australie a déjà été visitée par le groupe par le passé. En général, un lancement d’album n’est jamais suivi par une quantité astronomique de concerts pour eux. La présence du groupe se voulait d’une importance maniaque pour ceux qui compulsent au grindcore le plus vicieux jamais produit. Face au groupe, beaucoup de visages connus que l’on rencontre dans les concerts les plus déments en ville… et les moins achalandés bien souvent !
Hier, une foule plutôt étonnante pour Pig Destroyer. En occupant la même case horaire que Marky Ramone et Andrew WK, tu sais que l’attrait face à la légende qu’est le batteur des Ramones entraîne un bon nombre de festivaliers. L’attaque sonique s’est pointée avec The Bug, Rotten Yellow et Deathripper. La guitare de Scott Hull fulminait, les percussions d’Adam Jarvis étaient agiles et JR Hayes s’égosillait, avançant et reculant sur scène. Blake Harrison, aux bidouillages électroniques, semblait déjà en état de faire la fête. S’abreuvant à même le goulot de la bouteille de Jack Daniels, il alternait avec quelques gorgées de Molson. Cigarette au bec et titubant, il fredonnait les paroles des pièces comme Sis, Cheerleader Corpses et Pretty in Casts.
Bourré de satisfaction, le public a repris chemin avec la sensation d’avoir vu et entendu un groupe qui vit véritablement sa musique avec ses tripes.
Avec quelques minutes de retard, Within Temptation a su prendre la place qui lui revenait, celle de la séduction avec un métal qui se veut réconfortant. Comme il se doit, la dernière à prendre place sur scène est la merveilleuse Sharon den Adel et lorsqu’elle apparait devant nous, c’est un véritable élan d’affection qui se jette sur elle. Avec Paradise (What About Us ?) et Faster, les participants sont en terrain connu, les yeux sont rivés un peu partout sur la scène mais les oreilles sont flattées par ce métal charmant. Lorsque Sharon revient du côté de la scène, elle n’a plus sa chemise noire, elle ne porte que son bustier blanc très saillant et elle obtient l’approbation du public, autant féminin que masculin. Leur prestation avance et le charme suit avec Within Temptation qui fait rêvasser ses amateurs avec Fire and Ice, Stand my Ground et Covered by Roses.
Upon a Burning Body est un autre groupe qui a su faire parler de lui en 2015. C’est de façon plutôt particulière par contre. Le chanteur du groupe, Danny Leal, a truqué son enlèvement. Prétextant qu’une voiture louche était devant chez lui, il s’est mis à tweeté des commentaires comme quoi il ne se sentait pas en sécurité. Par la suite, plus aucune nouvelles de lui ! Disparu ! Un immense coup de promo pour son groupe mais qu’en est-il de leur prestation au Heavy Montreal ? Placé sur la scène de la Forêt, il était difficile de voir Upon a Burning Body car il y avait énormément de poussière, le tout étant créé par les festivaliers en mode slam, circle pit et crowd surfing. Il y avait même un gars qui était grimpé au milieu d’un arbre et qui participait de façon très active aux festivités offertes par le groupe texan. Les fans du genre ont grandement apprécié !
Ihsahn a offert du métal progressif de grande qualité. Ceux qui croyaient entendre une série de chanson d’Emperor sont repartis le caquet bas car le Norvégien s’est concentré sur son matériel solo uniquement, à l’exception d’un petit extrait de Thus Spake the Nightspirit, offert en guise de salut à son ancien groupe. Avec Hiber et Pulse, le tout a commencé lentement. C’est véritablement avec Frozen Lakes on Mars que les dents sont sorties, les torses se sont bombés et la foule s’est enfin allumée face à Ihsahn. Auparavant, Ihsahn était accompagné par la formation Leprous. Ce groupe agissait en tant que musiciens de tournée pour lui. Lors du Heavy Montréal, Ihsahn présentait son nouveau groupe, qui est composé de plusieurs jeunes hommes à peine sortis de l’adolescence mais qui sont dotés d’une compétence musicale hors de l’ordinaire. Ihsahn enseigne la musique en Norvège et il choisit lui-même ses musiciens, au travers ses élèves les plus doués ! Question de nous faire un petit velours, Ihsahn nous a joué My Heart is of the North, tirée de son album à paraitre au début 2016.
*J’ai eu le plaisir de m’entretenir pendant une trentaine de minutes avec Ihsahn. L’entrevue sera disponible d’ici quelques semaines !
Il m’était impensable de manquer Nuclear Assault, il fallait donc que je reste dans les parages. Je me devais de rester près de la scène de l’Apocalypse, ce qui fait que j’ai pu assister au concert de Wilson. Ce groupe de Detroit propose une formule rock qui a fait ses preuves par le passé. Rien de très authentique avec Wilson, c’est la formule habituelle du rock qui a fonctionné avec AC/DC jusqu’à Airbourne en passant par The Datsuns, Jet et Buckcherry !
Nuclear Assault fermait la scène de l’Apocalypse. Pour cette tournée d’adieu, la formation originale se veut complète à 75% mais on retrouve Erik Burke (Sulaco, ex- Brutal Truth)à la guitare, question de solidifier la base. C’est avec la force du lion, un féroce félin vieillissant mais qui a encore le respect, que le groupe a craché vigoureusement Rise from the Ashes, Brainwashed, New Song et Critical Mass les unes après les autres. De mon point de vue, ça faisait une série de très grosses chansons au départ et je me demandais qu’elle serait la suite face à la programmation?
En proposant Analogue Man in a Digital World, chanson tirée du nouveau mini-album du groupe, je me suis rendu compte que la version en concert se voulait plus convaincante que celle disponible sur l’album. Plus crasseuse, elle s’est bien infiltrée avec l’instrumentale Game Over, Wake Up et When Freedom Dies.
Dans la foule, nous étions plusieurs à hurler les paroles face à ses classiques de notre adolescence. Il était plutôt étrange de voir le chanteur et guitariste John Connelly suivre ses paroles, bien insérées à l’intérieur de son cahier à anneaux!
En passant, j’ai fait un vox-pop avec les gens présents pour Lamb of God. Ils m’ont tous dit la même chose : C’était meilleur que l’an passé !
Rideau de satin rouge pour Slipknot, nous pouvons voir les logos du groupe à gauche et à droite de cet immense morceau de tissu. Le plus grand spectacle métal sur Terre est en ville et il y a une foule monstre devant la scène. Pas aussi intense que l’année dernière lors du passage de Metallica mais l’agoraphobe ne se sent probablement pas très bien. L’espace manque, les coudes se touchent mais l’esprit demeure jovial chez les participants.
Lorsque Runnin’ With the Devil de Van Halen s’essouffle dans les enceintes acoustiques, le cirque métallique de Slipknot commence. Je ne dis pas « cirque » comme étant un terme péjoratif, bien au contraire car en ce moment, Slipknot est le groupe qui offre le « spectacle » le plus intense sur le marché métallique. Avec le son de l’introduction XIX, la foule est prête… surtout prête à filmer le début du concert avec leur téléphone…
Justement, un décor de cirque accompagne le groupe lors de cette tournée. Sous la tête d’un Belzébuth gigantesque, nous pouvons voir l’équivalent de l’entrée du couloir des miroirs, que l’on retrouvait dans les foires d’une autre époque.
Sarcastrophe ouvre calmement l’arrivée du groupe mais lorsque la chanson prend son élan, nous sommes stupéfaits. Avec les plateformes qui tournent, qui montent et baissent, on remarque que Corey Taylor ne reste pas sur place, que Sid Wilson monte les escaliers trois par trois pour sauter vers le bas pour atteindre sa station de travail pendant que les percussionnistes se brassent le cocotier avec vigueur. Il y a beaucoup à voir, tout est illuminé et chaque parcelle du décor se veut visible. Même la basse d’Alessandro Venturella est remplie de petites lumières !
The Heretic Anthem a su faire perdre la tête à bien des gens. De mon point de vue, je voyais l’immense masse se compresser, sauter et se heurter sous les mesures musicales des musiciens. Ce phénomène s’est répété sur The Devil in I, Wait and Bleed, Before I Forget et Duality. Alors que le groupe a entamé Spit it Out, il était évident que Corey Taylor allait demander aux milliers de festivaliers de s’accroupir pendant quelques secondes. Pendant qu’il fait son discours très patriotique face à la grande nation qu’est la famille du métal, les instruments continuent de vrombir mais de façon plus répétitive, question de soutenir le discours de Taylor. Tel un grand conférencier et motivateur, il explique que Montréal est une ville très métal et qui n’a jamais abandonné le genre. Elle possède ce caractère unique, grâce aux amateurs du genre. Les gens sont accroupis mais on sent que c’est très fébrile! On se fait flatter dans le sens du poil, ça va péter fort!
Au signal de ce dernier, chaque participant se voit dans l’obligation de sauter bien haut, question de bien retomber sur ses pieds et de continuer à le faire. L’onde de choc aurait été ressentie jusqu’à St-Lambert !
Ce côté très prédicateur de Taylor fait de lui un ambassadeur hors pair pour le mouvement métallique. Sa grande présence dans les médias réguliers aide beaucoup l’image de cette catégorie musicale qui est encore perçue comme une musique barbare pour gens anormaux. Volubile et habile, les gens l’écoutent de façon attentive et son discours se veut intelligent, et rassembleur.
La foule a encore suivi le groupe lors du rappel, surtout lors de People= Shit. Tout ce qui restait de vitalité dans chaque participant a été rudement testé. Le départ a été essoufflant pour certains, la fatigue se voulait un boulet lourd à porter.
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Maintenant, face à ce qui s’est passé pour le festival Heavy Montréal, il est évident que moins de gens ont passé les tourniquets. Honnêtement, tout le monde le savait car après la venue de Metallica, à quoi peut-on s’attendre ? Même si la rumeur de la mort du festival s’est retrouvée sur un site quelconque la semaine dernière, question de s’attirer des clics fort probablement, Evenko a confirmé que le Heavy Montréal revenait l’an prochain, lors du 5, du 6 et du 7 août 2016 !
Maintenant, il ne te reste plus qu’à parier quelques deux dollars Canadian Tire face aux têtes d’affiche de l’an prochain !
PS : Des galeries de photos de Mihaela Petrescu, en ce qui concerne la première journée et la troisième journée, seront disponibles cette semaine !