Vous vous demandez où est l’image de Danzig qui devrait trôner en tête de ce paragraphe? Il n’y en a pas. Non. Aucune. Tu ne dois pas voir Glenn Allen Anzalone, mieux connu sous l’appellation Danzig, sur photo lors de ses concerts. Non, en entête, Danzig… cette ville polonaise qui porte le nom de Gdańsk pour les intimes…
La politique du « No photo/no film » qu’impose l’équipe de Danzig a eu le bras long hier. Cette règle a pris des proportions exagérées, inattendues. Les photographes musicaux ne recevaient pas d’accréditation pour avoir accès à la soirée. Ceux qui réussissaient étaient les photographes qui passaient par les groupes en ouverture, comme ma compatriote Mihaela Petrescu qui prenait des clichés pour Veil of Maya ainsi que mon partenaire Kristof Gagné, qui est passé par Superjoint Ritual pour obtenir sa passe si précieuse. Mais pas question d’immortaliser Danzig. La règle était simple : les groupes en ouverture, ceux que tu couvres et c’est tout.
Le Evil Elvis a deux photographes avec lui en tournée, ce qui lui offre un contrôle total sur son image.
Point.
Pour ce qui est du public, c’était d’une sévérité excessive, du jamais vu en ce qui concerne le domaine du concert. Je n’ai jamais vu autant de rigueur de la part d’une équipe de sécurité. Tu sentais une certaine tension au niveau de l’ambiance de la soirée. L’équipe de sécurité du Metropolis avait été « briefée » par celle de Danzig et la ligne de conduite était claire : Rien ne passe.
En entrant, des affiches l’annonçaient clairement. Lors de la fouille et de la session du «déchirement» du billet, les agents nous le rappelaient : « Pas de photos, pas de films s’il-vous-plait! Sinon, il y a risque d’expulsion! »
Clair et limpide.
Mais annoncez à un enfant de ne pas toucher à cette flamboyante assiette remplie de délicieux biscuits qui viennent de sortir du four…
Des gens se sont essayés dès le début, lors du concert de Witch Mountain. La foule se voulait plutôt menue pour ce groupe de l’Oregon, il était plus facile pour les agents de sécurité de faire le focus face aux contrevenants. Si ceux du Metropolis se voulaient plus cléments, celui de Danzig n’avait pas l’esprit à la rigolade. Son physique se voulait imposant. Son faciès? Excessivement convaincant.
Ce gars aurait pu jouer un membre du club Mayans dans Sons of Anarchy… Une brute intimidante, une vraie!
Alors qu’un gars dans la foule a tenté de prendre un vidéo avec son téléphone, le chef de sécurité lui faisait des signaux avec sa lampe de poche. Un agent de sécurité, ayant trouvé l’emplacement du cinéaste, lui a asséné un coup d’avant-bras plutôt précis, laissant virevolter le téléphone qui s’est retrouvé sur le sol tandis que notre « Xavier Dolan métallique » tentait de se débattre, escorté par le reste de la cavalerie arrivé en renfort.
Il y a eu l’histoire de cet homme qui raconte avoir été battu sur scène par Danzig. Je ne sais pas à quel moment ce geste a eu lieu mais personne ne peut confirmer les dires de ce jeune homme. Par contre, selon des témoins excessivement crédibles, c’est à l’extérieur de la salle que ce « jeune homme » aurait subi une bonne raclée, impliquant même Danzig.
Il était même impossible d’utiliser nos téléphones! La sécurité demandait aux « appelants » d’aller dans le lobby pour effectuer un appel, pour consulter leur page Facebook ou pour les autres applications!
Un climat irritant flottait dans la salle.
Ce n’est pas pour rien que je vous parle uniquement de ça depuis le début de ce billet.
Pourtant, le début était prometteur. Witch Mountain a mis beaucoup de lettres O dans le mot doom grâce à une sonorité lourde. La chanteuse du groupe, Kayla Dixon, semblait possédée face à cette musique poisseuse proposée par ses musiciens. Avec un déhanchement, une voix et un look qui me rappelait une Amanda Marshall déjantée, cette dernière m’a conquis!
Le groupe au statut culte qu’est Prong jouait en second lieu sur cette soirée. Pourquoi aussi tôt? Il faut comprendre que Tommy Victor de Prong joue aussi avec Danzig. Il a probablement besoin de quelques heures de repos ensuite, question de bien parfaire sa ligne d’eyeliner avant de retourner sur scène avec Danzig.
Si j’avais plutôt hâte de voir le groupe, que je n’avais pas vu sur scène depuis 1992, je dois avouer que c’est l’attitude arrogante du bassiste qui m’est restée bien coincée dans le fin fond de la gorge. Il semblait avoir un sérieux problème avec la foule montréalaise. Entre les chansons, c’était une série d’insultes de sa part face à l’accueil que le public montréalais accordait à Prong, doublé par des doigts d’honneur venant de la part du batteur.
Wow…
Avec 20 minutes, le groupe a pu nous proposer ce que l’on doit appeler des classiques pour les amateurs. Beg to Differ ne se voulait pas très convaincante mais Whose Fist is this Anyway, Unconditionnal et Snap your Fingers Snap your Neck sont venues mettre un léger baume sur l’attitude méprisante du bassiste et du batteur.
Veil of Maya ne jouait pas devant son public habituel et le tout paraissait. La foule était très métal « de la vielle école » et cette créature n’a pas semblé trouver de nouvelles oreilles, question d’élargir son bassin d’amateurs. Le djent/progressif deathcore très technique du groupe semblait répétitif pour celui qui carbure aux cadences de bases offertes par des formations comme Danzig et Superjoint Ritual.
Le chanteur du groupe, Lukas Magyar, possède une voix plutôt particulière car il passe du grognement aux cris aigus en plus de pousser une voix claire de façon excessivement précise. Bien appuyé par des musiciens habiles, Veil of Maya est impressionnant pour le mélomane mais pour le rockeur chaudaille d’hier, c’était douloureux!
Entrée sur scène sous de chauds applaudissements, Phil Anselmo proposait cette bonne bouille sympathique. Ce gars est apprécié des métalliques qui voient en lui plus que l’ancien chanteur de Pantera. Phil Anselmo est quelqu’un qui transpire l’intégrité et la passion suinte de ses pores de peau. Avec sa bouteille de Johnnie Walker en main, il a salué la foule avant de se vautrer dans Oblivious Maximus.
Les chansons se suivent et offrent des grooves chaleureux. On remarque aussi que Phil Anselmo, même si un retour de Pantera se voulait dans les plans avec Zakk Wylde, ne pourrait plus chanter le matériel qui provient de l’album Cowboys from Hell par exemple. Son grain de voix demeure très rocailleux et les subtilités légendaires de sa gorge semblent effacées.
Même si Superjoint Ritual ne possède que deux albums, les amateurs connaissaient les grandes lignes des chansons comme Fuck your Enemy, The Alcoholik et Waiting for the Turning Point. Avec un certain recul, on se rend compte rapidement que c’est Superjoint Ritual qui sort avec les grands honneurs de cette soirée.
Je serais tenté de bouder la portion Danzig face à mon compte-rendu étant donné la situation face au traitement des photographes ou de l’attitude de son équipe face aux gens qui ne voulaient qu’utiliser leur appareil par nécessité ou autre. Que tu interdises aux gens de filmer, c’est acceptable. Je lève mon chapeau à cette facette restrictive, ça me plait vraiment car je ne me souviens pas d’avoir eu une aussi bonne vue lors d’un concert!
Étrange comme soirée. Très étrange…
Photos (Prong et Superjoint): Kristof Gagné