Pour les plus âgés, le nom Exciter allume de nombreuses lumières. Ce groupe canadien est l’un des pionniers qui a forgé la sonorité métallique agressive et rapide que l’on a surnommé le speed métal. Exciter a vécu sous de nombreuses incarnations, les musiciens se voulaient interchangeables jusqu’à tout récemment alors que la formation originale, qui a sévi sur les trois premiers albums, a décidé d’effectuer un retour. Non, Exciter ne revient pas pour remplir les arénas ou pour faire des tonnes de dollars. C’est plutôt pour continuer de vivre cette passion pour le genre speed métal, car c’est un feu qui se veut encore ardent dans le cœur de chacun des membres de ce groupe canadien. Pendant mon congé des Fêtes, j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec Dan Beehler, batteur et chanteur de la formation.
Salut Dan. Je me demandais, étant donné que le groupe est de retour avec les membres originaux, est-ce que vous allez mettre l’emphase sur les trois premiers albums uniquement, lors du concert de Montréal ?
Oui, c’est tout ce que nous allons faire. C’est évident, c’est le retour de la formation originale et certains d’entre nous n’avons pas joué sur les albums suivants. Ça donne un bon choix de chansons tout de même.
Parlant de cette réunion, que peux-tu nous dire face à ce retour ? Comment le tout a été rendu possible ?
C’est une série de circonstances plutôt étranges, si je peux m’exprimer ainsi. Nous n’avions jamais pensé que ceci serait possible après tout ce temps. Il y a quelques trucs qui sont arrivés avec la version moderne d’Exciter que faisait rouler John (Ricci, guitariste) mais en résumé, le groupe s’est finalement séparé. Les autres membres du groupe ont voulu garder le nom du groupe Exciter, mais sans John ! Ce qui se veut plutôt insensé étant donné qu’aucun des membres de cette version d’Exciter n’était présent au début. Moi et Alan (Johnson, bassiste) trouvions que cette situation n’avait aucun sens. J’ai donc eu une bonne discussion avec John, au sujet de ramener le groupe original ensemble. Le retour s’est fait plutôt rapidement.
As-tu encore ton propre groupe, Beehler ?
Non, c’est maintenant terminé. Dès que le retour d’Exciter a été annoncé, j’ai décidé de mettre un terme à Beehler. Nous avons fait rouler ce groupe assez longtemps, ce n’était pas un groupe à part entière qui fonctionnait de façon régulière. Quand le retour d’Exciter a été officiel, j’ai dit aux gars de Beehler que je ne voulais pas jouer dans les deux groupes. J’avais donc pris la décision de mettre toute mon énergie avec Exciter. Ce ne serait pas correct de faire les deux. Je préfère me dédier pleinement au retour d’Exciter.
Est-ce qu’Exciter occupe tout votre temps ? Est-ce que vous vivez de la musique ou bien chaque membre a un emploi régulier ?
Nous avons tous des emplois. Le temps qui est alloué aux concerts d’Exciter est d’une fois par mois, peu importe l’endroit sur la planète. Parfois, c’est deux fois par mois. Certains moments, nous sommes plus occupés et nous devons donner cinq concerts sur une période d’une semaine. Tout ça dépend du pays à couvrir. Nous gardons nos emplois réguliers, ce n’est pas et ce ne sera jamais une occupation à temps plein. Nous sommes plutôt réalistes face à ce sujet.
Sens-tu que le groupe Exciter est beaucoup plus populaire en Europe présentement qu’en Amérique ?
Pas vraiment, pour être bien franc. Au début des années ’80, jusqu’en ’85, nous avons fait beaucoup de tournées aux États-Unis. Nous avons encore énormément de fans américains. C’est assez équivalent avec ce qui se passe en Europe. Si je te dresse un portrait rapide, les fanatiques d’Exciter sont surtout originaires d’Europe et des États-Unis, suivis par ceux de l’Amérique du Sud et finalement, ceux du Canada. Exciter est un nom qui roule encore aux États-Unis, nous allons donner 3 ou 4 concerts là-bas en 2016.
Et avec les membres originaux, l’attrait est encore plus fort ?
C’est certain. C’est vraiment cool et nous sommes très excités face à ce retour. Nous pouvons nous considérer chanceux car il y a plusieurs groupes canadiens qui ne peuvent jouer qu’en Europe, là où leur nom reste encore vivant tandis que pour Exciter, c’est encore plus vaste. Exciter s’est retrouvé sur le marché nord-américain assez rapidement et nous en ressentons encore les répercussions. On se rend compte que les amateurs du groupe et du métal sont extrêmement loyaux. Nous pouvons retourner un peu partout, même après des années d’absence et ça, c’est vraiment cool !
Étant donné que l’attrait est là, est-ce qu’un nouvel album pourrait voir le jour ? Est-ce qu’Exciter est encore sous contrat avec Massacre Records ?
Nous sommes en plein processus d’écriture. Je te dirais que la moitié de l’album est maintenant écrite. Nous n’avons pas joué depuis un bon bout. Le spectacle de Montréal en mars sera notre premier concert pour 2016. Nous avons utilisé cette période de temps pour écrire, justement. Avec le contrat de John (Ricci, guitariste) à l’époque de sa version d’Exciter, nous devons à Massacre Records un autre disque. Il y aura un album qui sortira sur Massacre mais nous ne recevons aucune pression de leur part et nous n’avons aucun délai à respecter. Nous savons déjà qui va le produire, le tout se fera cette année mais sans aucune pression.
Tu sais, j’ai encore ma version de Violence & Force, votre deuxième album, en vinyle. J’ai toujours voulu savoir ce qui se passe sur la couverture de l’album, qui essaie d’entrer par la porte? En fin de compte, peux-tu nous expliquer cette couverture d’album si mythique ?
Hahhha ! C’est un truc qui a pris des tournures à la Spinal Tap. Le tout n’a pas sorti tel que prévu. Il y avait du maquillage sur les bras de cet agresseur qui veut passer par la porte. Le photographe nous a dit que rien ne paraitrait sur la pellicule lors du développement des photos mais c’est tout à fait le contraire qui est arrivé. En regardant le résultat, on voit bien que les deux bras ont l’air d’être des bras d’une personne noire. Et que fait cette personne ? Elle défonce la porte de la demeure d’une femme blanche, ce qui veut dire que nous avons reçu des menaces et autres insultes qui racontaient que nous étions une bande de racistes. De plus, la porte devait être défoncée, détruite et en débris pour bien aller avec le thème de la violence et de la force. À la place, cette porte est bien intacte avec un léger filet de sang. Rien n’a fonctionné comme sur le plan original ! Il faut se rappeler qu’à l’époque, il n’y avait pas de caméra digitale. Le photographe a pris des millions de photos de la scène et par la suite, nous devions choisir dans le lot ! Comme de raison, la compagnie de disque nous mettait de la pression pour que l’on choisisse une photo le plus rapidement possible car ils en avaient besoin… hier ! Nous avons vécu énormément de problèmes face à cette pochette. C’est juste qu’à la base, elle ne devait pas avoir ce type de finition et cette allure!
Dans les années ’80, vous aviez un clip qui roulait lors du Power Hour de Much Music (NDLR : Power Hour était l’équivalent de SolidRok, un programme de clips métal sur la station Much Music, station qui a inspiré Musique Plus) pour la chanson Violence & Force. C’était un clip en concert, une performance live. Ce clip a été tourné à Toronto, est-ce bien ça ?
Avant que la chaîne ne porte le nom de Much Music, ce n’était qu’un projet de City TV. Nous étions en spectacle à Toronto et une équipe de tournage de City TV était présente. Elle a enregistré pratiquement tout le spectacle. Ils ont fait un montage avec tout ce qu’ils avaient accumulé, question de créer une émission spéciale sur Exciter. Cette émission a été diffusée une première fois et ils ont décidé de repasser cette émission spéciale lorsque nous avons ouvert pour Motörhead l’année suivante. D’avoir City TV présent lors de ce concert se voulait intéressant car nous n’avions pas de budget pour tourner un vrai clip. Par la suite, des extraits étaient présentés pendant le Power Hour, ce qui donnait une chance aux gens de voir de quoi avait l’air Exciter sur scène. Aujourd’hui, tu n’as qu’à te promener sur Youtube pour voir ton groupe favori sauf qu’à l’époque, c’était magistral !
Tu venais de raconter que ton groupe, Exciter, avait ouvert pour Motörhead. Lemmy Kilmister est décédé il y a de cela une semaine environ (NDLR: Cette entrevue a eu lieu le 3 janvier 2016) donc je me demandais si tu pouvais me parler de ta rencontre avec lui.
C’est triste, n’est-ce pas ? En 1984, nous pratiquions dans un local à Londres.Nous avons vécu là-bas, le temps de préparer notre album. Nous étions au bout du couloir, près du local de Motörhead. Nous passions beaucoup de temps ensemble. Dans leur local, nous pouvions les entendre pratiquer les 4 nouvelles chansons qui se sont retrouvées sur la compilation No Remorse. Nous avons fait une tournée nord-américaine avec Motörhead et Mercyful Fate, juste après ça. Lorsque John a quitté le groupe vers la fin de ’85, début ’86, nous sommes retournés en Europe avec Motörhead sur la tournée Orgasmatron. Nous avons passé beaucoup de temps avec eux lorsque nous vivions à Londres et lors des tournées. Nous avons même retenu les services de leur producteur de l’époque pour nos albums comme Long Live the Loud et Unveiling the Wicked. Exciter s’est retrouvé très souvent sur le même chemin que Motörhead, d’apprendre le décès de Lemmy m’a vraiment attristé.
Est-ce que tu te souviens de la période où Banzaï Records lançait vos albums ici au Canada ?
Michel Meese ! Oui, je me souviens de lui. Il nous avait approchés à l’époque où le thrash et le speed métal étaient deux mouvements qui en étaient à leurs premiers balbutiements. C’était en 1983. Il avait un magasin de disques à Montréal. C’était la place à Montréal pour trouver du métal. C’était le Rock en Stock si je me souviens bien. Michel Meese était un personnage qui prenait de la place dans le mouvement métal à l’époque. Juste son magasin, c’était énorme ! Il s’est mis à produire ses propres concerts, il nous a offert de jouer un peu partout au Québec. C’était avant qu’il lance Violence & Force sur Banzaï. C’était même avant qu’il ne soit derrière l’étiquette Banzaï. Au début, il n’avait que le magasin et la production de concerts. C’était un gars avec qui c’était facile de travailler. Il n’a fait que de bonnes choses pour Exciter. Il nous a fait jouer à nos débuts au Québec. Lorsqu’il a mis en place Banzaï, il a acquis les droits pour distribuer Violence & Force. Je n’ai que de bons souvenirs de lui, c’était une période bien amusante pour nous tous !
La légende raconte que Meese aurait floué quelques groupes. Que peux-tu nous dire là-dessus ?
Rien de mon côté. C’est peut-être arrivé avec des formations du Québec. Ils ont peut-être des histoires plus précises mais pour ce qui est d’Exciter, rien à signaler. Pour être franc, un grand nombre de personnes nous a floués ! Ça, c’est certain ! Je n’ai que du positif à dire face à Michel Meese. Il est le gars qui a amené le métal à Montréal, et même au Québec. Malgré les embuches, il faisait de la promotion face à tous ses concerts et toutes ses parutions sur Banzaï. Il maintenait un magasin avec des items de qualité en plus d’offrir des importations très rares. Et dans quel but ? Pour que tout le monde soit au courant que le métal était bel et bien vivant !
Dans un dernier temps, pourquoi l’amateur de métal se doit d’être présent le 18 mars aux Foufounes Électriques ?
Car ce sera une soirée de métal de la vieille école. Je n’ai jamais vu Piledriver et je te dirais même que je suis un peu anxieux face à leur présence ! Hahha ! Nous allons ramener l’esprit des années ’80. Nous sommes tous très motivés face à ce concert. D’être de retour à Montréal avec la formation originale nous inspire vraiment. Nous avions l’habitude de jouer au Spectrum dans le temps. Cette ville a toujours été bonne pour nous. Au début de notre carrière, lorsque ça ne marchait pas beaucoup pour le groupe dans le reste du Canada, nous pouvions toujours nous dire : « Ce n’est pas grave, il nous reste Montréal. Cette ville, c’est comme l’Europe ! Le reste du Canada va bien suivre un jour, non ? » Nous sommes très pompés pour ce spectacle!
Et travaillez-vous encore avec Denis « Check Un Deux » Paquette ? (NDLR : Dans les remerciements à l’intérieur de l’album Violence & Force, on peut y lire ce nom dans les remerciements)
Oui, c’est même lui qui va faire le son lors du concert ! Il était là, avec nous, à l’époque du Spectrum. C’est ce genre de gars qui a tout vu et vécu avec nous !
Dan, merci beaucoup !
Merci Yanick. On se voit au spectacle !
Exciter sera en concert le vendredi 18 mars 2016 aux Foufounes Électriques de Montréal avec Piledriver et Goat Horn. Vous devez cliquer ICI pour des billets !