Napalm Death : Retour sur le concert avec The Melvins et Melt Banana (Le 17 avril)
Tournée qui met l’accent sur l’excentricité la plus complète. Habituellement, nous voyons Napalm Death débarquer en ville avec une poignée d’autres formations métalliques, des groupes qui grognent et qui déchirent face au genre métallique. Cette fois-ci, nous avons plutôt droit à une soirée réunissant l’originalité et le non-conformisme musical.
À la base, le pari semblait peut être risqué pour l’amateur de l’une des formations qui prend part à ce périple. D’avoir une tournée de ce genre permet à plusieurs fanatiques de genres différents de se donner rendez-vous le temps d’une soirée et avec un Club Soda qui affichait complet, on comprend que l’ouverture d’esprit est un indicateur face aux amateurs des trois formations.
Le duo Melt Banana disposait d’une trentaine de minutes pour étendre leur noise rock plutôt vitaminé. Le chant de Yasuko Onuki n’est pas pour tous les types d’oreilles et si certains semblent irrités par son timbre sonore qui rappelle les personnages féminins du jeu Pocket Fighters, d’autres perçoivent son chant comme un moment d’extase. Beaucoup plus industriel musicalement à ce que j’avais prévu, les attaques aux percussions électroniques étaient tonitruantes et rapides. Les impulsions programmées étaient contrôlées par un module manipulé par Yasuko qui ressemblait étrangement à une manette de Wii U. La guitare était juste assez abrasive pour accompagner les rythmes électroniques.
The Melvins visitent rarement le Québec, ce qui confirme qu’à chaque présence, les amateurs se déplacent. Hier soir, il était palpitant de remarquer la panoplie de fans du groupe. Un peu comme une formation d’antan qui attire son lot de fanatiques nous venant de chaque groupe d’âge, nous pouvions voir de nombreux amateurs de musique actuelle, des métalleux typiques, quelques rockers, une bonne poignée de punkoïdes en plus d’autres phénomènes à moustache jouer du coude pour pouvoir apercevoir la chevelure de Buzz Osbourne de près.
Avec une charmante tunique qui rappelle celle des Tailleurs de Pierre, King Buzzo a mis pied sur scène avec son acolyte Dale Crover aux percussions en plus du bassiste Steve McDonald de la formation Redd Kross et OFF!.
C’est Eye Flys qui s’est retrouvée en ouverture. Pièce qui provient du répertoire antique du groupe, on comprend immédiatement que The Melvins n’a rien d’un groupe qui présente les pièces du dernier album, question de promouvoir correctement cette nouvelle galette.
Seconde offrande, c’est Deuce de KISS qui se voit servie par le groupe. Plus rapide que l’originale, on la sent plus acidulée que celle des new-yorkais, à la grande satisfaction des amateurs qui auront la langue sortie tout au long de l’heure.
C’est la période Houdini et Stoner Witch qui m’a intéressé face à la carrière du groupe donc d’entendre Queen hier se voulait plutôt lucratif pour ma part. Bien musclée, cette version se voulait comme je me l’imaginais lors d’un concert, avec un certain aplomb additionnel.
Par la suite, des titres comme The Kicking Machine, Magic Pig Detective, Halo of Flies d’Alice Cooper, A Growing Disgust et Revolve ont atteint leur cible étant donné que la foule était composée d’amateurs de musique beaucoup plus directe, virulente même. En y allant avec une bonne dose de chansons plus énergiques se voulait un choix logique pour The Melvins, question d’avoir l’attention de tout le public.
Napalm Death était de retour pour une deuxième visite en un peu plus d’un an à Montréal. La dernière visite du groupe était en février 2015, alors que la formation était de passage avec Voïvod, Exhumed et Iron Reagan au Club Soda, encore une fois.
Et encore une fois, l’absence de Mitch Harris se faisait remarquer. C’est John Cooke de Corrupt Moral Altar qui s’occupe de la guitare en plus de quelques cris parsemés ici et là. Avec sa bonne bouille grassouillette et ses cheveux en dreads, Barney s’est bien moqué de lui, soulignant le fait qu’il avait l’air d’un Juggalo!
Napalm Death a pris la scène sans artifice, comme le veut la tradition. Le logo du groupe en arrière-scène, Shane Embury fait cracher sa basse remplie de distorsion pendant que Danny Herrera tape sur les tambours. Barney sautille à gauche et à droite, en avant et en arrière, sans ne jamais oublier de laisser échapper toute sa hargne sur des titres comme Silence is Deafening, Smash a Single Digit, Dear Slum Landlord, Scum, Suffer the Children, Breed to Breathe, Mentally Murdered, The World Keeps Turning et Lucid Fairytale.
Les Britanniques ne font pas qu’offrir du grindcore d’une violence inouïe. Le groupe est capable de jouer en subtilité avec des arrangements qui peuvent rappeler Killing Joke, comme sur la chanson Hierarchies avec des chants qui se veulent bien accordés entre Barney Greenway et Shane Embury en plus d’avoir des percussions plus tribales lors de certains passages. John Cooke a même proposé son solo (qu’il fait même sur le dernier album en tant qu’invité) laissant la balance musicale au reste du groupe.
Côté rapidité, il faut aussi être attentif lorsque le groupe décide de jouer You Suffer. Avec une durée d’une seconde, il faut la prendre lorsqu’elle passe!
Greenway aimait bien adresser quelques sacres en français entre les chansons. Généralement, il a l’air enthousiaste sur scène mais hier, le ton humoristique a pratiquement pris le dessus sur le discours plus politisé.
Une autre taloche assénée avec rigueur par Napalm Death. Rien de moins!
http://napalmdeath.org/scum/
Photos : Mihaela Petrescu