Ihsahn : L’inclassable « Arktis » en analyse
Ihsahn
Arktis
Spinefarm
Il m’est impossible (d’un point de vue analytique, critique ou peu importe) de dire quoique ce soit de mauvais face au travail musical d’Ihsahn. Je vénère vraiment l’œuvre du Norvégien. Que ce soit lors de son époque avec la puissante artillerie d’Emperor ou face à son travail progressif en mode solo, je me régale de chaque instant qu’il propose. Lors de ma rencontre avec lui l’année dernière, je ne me rappelle pas avoir été aussi impressionné lors d’une entrevue. Même si j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec des idoles d’enfance ou d’adolescence, mes 25 minutes avec Ihsahn ne m’ont permis qu’une seule chose : remettre une couche de respect sur cette immense couche respectueuse que je possédais déjà envers lui.
J’ai tout de même pris le temps de mettre toute la dimension fanatique de côté, question de m’attaquer à l’album avec de nouvelles bases solides et sans parti pris. Après la première écoute d’Arktis, je n’étais pas entièrement satisfait. Lors de la seconde session, j’avais déjà remarqué certaines subtilités mais lors de la troisième et surtout la quatrième, j’étais conquis.
Si le travail musical d’Ihsahn se veut maintenant vraiment plus progressif, il faut comprendre que la portion métal existe encore. Débordante de claviers très années ’70, My Heart Is Of The North est une pièce qui pourrait passer aisément pour une collaboration avec Opeth. Étant donné que les collaborations pullulent sur cet album, on aurait pu y croire aisément.
La collaboration la plus intéressante, côté voix, est celle avec Einar Solberg de Leprous. Beau-frère d’Ihsahn, il est son ancien claviériste et a même accompagné Emperor lorsque le groupe a effectué un retour il y a quelques années. Sa présence sur deux chansons se veut magistrale étant donné que la pureté de sa voix vient à l’encontre de la voix plus rauque d’Ihsahn, le tout sur des rythmiques bien emballantes.
Autre collaboration intéressante, celle avec Jørgen Munkeby qui est le chanteur et saxophoniste de Shining. Il permet à son instrument à vent de retentir sur Crooked Red Line, ce qui donne un aspect encore plus intéressant à cette chanson étant donné que le saxophone se veut plutôt absent du style métallique.
Maintenant, Ihsahn est beaucoup plus dans les mêmes eaux que Devin Townsend au niveau musical. Si tu prends le temps d’écouter la chanson Until I Too Dissolve avec son riff pratiquement à la Van Halen en plus des changements au niveau de la structure, tu te rends compte qu’Ihsahn n’est pas seulement qu’une bête métallique mais plutôt un musicien varié doublé d’un chanteur plutôt polyvalent.
Un grand tour de force musical et c’est avec objectivité que je peux confirmer que cet album se veut varié métalliquement, magistralement progressif tout en restant enivrant!