Amnesia Rockfest 2016 : Retour sur le festival (Journée 1 /vendredi 24 juin 2016)
Je me souviens lorsque ma mère me disait de ne pas sortir sans avoir mis de la crème solaire en plus de porter un chapeau. Dans ma tête d’enfant, je me disais seulement que j’allais être bronzé comme Normand Brathwaite et en ce qui concerne le chapeau, j’avais toujours ma casquette des Pirates de Pittsburgh.
Le soleil peut-être un gros salaud, vraiment. Il peut t’offrir des moments grandioses comme il peut devenir ton pire ennemi lors d’un festival de musique, par exemple. Je me rappelle les paroles de ma mère à chaque fois et je les applique, comme j’applique ma crème solaire : vigoureusement!
Partie 1
Vendredi, 24 juin.
C’était brûlant, suffocant et même cuisant à Montebello. De nombreuses personnes ont souffert d’insolation. Le manque d’hydratation et l’abus d’alcool y ont grandement contribué. Une journée de St-Jean sous le signe du métal et du punk rock. Vais-je m’ennuyer des grands classiques de Paul Piché et de Beau Dommage?
Déjà, lorsque Mass Murder Messiah est monté sur scène, un soleil radieux prenait place dans le ciel. Cette formation montréalaise est parfaite en mode festival. Ceux qui connaissent le groupe donnent le ton tandis que ceux qui découvrent le groupe, suivent. Leur groove métal se voulait précis et une bonne balance de son a rendu justice à leurs chansons. Je me répète encore une fois mais si ce groupe pouvait être signé chez un label d’envergure, il se retrouverait sur toutes les tournées, à ouvrir pour d’autres groupes que l’on pourrait qualifier de grosses pointures. Un peu comme Blackguard, il y a quelques années!
J’ai eu le temps de me rendre aux scènes Tony Sly pour voir et entendre ce qui restait de la prestation de The Dirty Nil. Ce trio ontarien m’a semblé bien en contrôle de son matériel et le grain musical punké me ramenait des effluves d’Against Me! en tête.
Sous les conseils d’un jeune homme qui m’avait jasé quelques minutes auparavant, je me suis piqué devant la scène 1 du regroupement scénique Tony Sly pour Lionheart. Le groupe était sur l’horaire mais pour la journée du samedi, non pas vendredi. Des changements, lors des festivals, il y en a! Par curiosité, et pour emplir mes engagements face au jeune homme rencontré plus tôt, je me suis délecté de Lionheart. Un hardcore efficace a été proposé aux amateurs qui ont su faire virevolter la poussière jusqu’à plusieurs pieds dans les airs. Lorsqu’une formation hardcore propose un guitariste aux cheveux longs parmi ses musiciens, généralement, il est le métalleux du groupe. La touche métalliquement croustillante qui se retrouvait dans le matériel du groupe m’a donc permis de mettre ma tête en position de « Oui, oui » évolutif, étant donné que le « headbang » n’est plus de mon calibre…
Insane Clown Posse se voulait l’attraction de la journée. Avec leur attirail clownesque, leurs textes colorés et la dérision en poche, les clowns maléfiques sont venus pour laisser leur trace sur le festival. De mon côté, il n’y a que Fuck the World qui me rappelait un petit quelque chose face au catalogue du groupe. Les autres chansons offertes ont toutes trouvé preneurs et les Juggalos ont eu énormément de plaisir, surtout lorsque les salves de boisson Faygo se sont laissées entendre, sentir et ressentir! Cette boisson gazeuse ultra-sucrée est utilisée par le groupe lors de ses concerts. Les « clowns malfaisants» ont développé une technique plutôt particulière qui leur permet de pouvoir propulser les contenants de 2 litres de cette boisson bien loin, laissant traîner une mousse généreuse derrière. Pendant ce temps, d’autres employés aux traits clownesques en profitent pour lancer des plumes dans la foule. J’ai reçu une bonne quantité de Faygo au visage, mais fort heureusement, pas de plumes ni de bouteille! Je suis même retourné au camping pour me nettoyer avec des lingettes humides car être tout collant à 37 degrés Celsius avec l’indice humidex, ce n’est pas très confortable.
Lorsque l’annonce du festival a affiché que les frères Cavalera seraient présents pour jouer l’album Roots en entier mais qu’en même temps, le Sepultura « moderne » allait s’y trouver aussi, certains rêvaient que LA réunion tant attendue puisse arriver. J’en doute.
Premièrement, les deux groupes ne jouaient pas la même journée. Deuxièmement, il n’y a pas un climat très tendre entre les deux sommités métalliques. Quoiqu’il en soit, le Cavalera Conspiracy (version Roots) présentait l’album en entier mais amputé de la pièce Lookaway. À l’origine, cette chanson proposait Jonathan Davis de Korn et Mike Patton de Faith No More aux voix. Les frères ont sans doute décidé de ne pas proposer cette chanson pour sa dimension plus ambiante ou sa complexité. À moins que ce ne soit que pour sa longueur, étant donné qu’elle dépasse les 5 minutes?
Il reste que la prestation a été excessivement bien accueillie par la foule, les gens salivaient et en redemandaient. Plus crue et sale, cette livraison de Roots allait bien avec le climat ensoleillé de la journée!
Je devais me trouver de l’ombre. Je sentais la chaleur sous ma casquette, le cuir chevelu me brûlait. J’aurais pu me faire cuire un steak sur le front. Malgré deux bouteilles d’eau, je sens que ce n’est pas suffisant. Je profite des avantages qui me sont offerts pour aller voir et entendre Against Me! directement sur la scène, à l’ombre.
La veille, les nouvelles concernant les fréquentations de Cœur de Pirate avec sa nouvelle amoureuse sont sorties. La nouvelle élue dans le cœur de Béatrice Martin serait Laura Jane Grace (autrefois Tom Gabel) de la formation Against Me! Avec ses révélations face à son orientation sexuelle en plus de sa reprise de la chanson Borne On The Fm Waves Of The Heart, on venait de comprendre le placement méticuleux de tous les indices laissés depuis quelques jours!
Sur scène, certains la cherchaient des yeux, question de confirmer les dires, rumeurs et autres potins. De mon côté, bien vautré à l’ombre, j’ai pu apprécier la prestation d’Against Me! qui a su rallier punks et métalleux pour quelques minutes avec des chansons comme I Was a Teenage Anarchist, Unconditionnal Love etThrash Unreal.
Une valeur sûre en concert, Cannibal Corpse. Lors des festivals, tu peux surtout les apprécier pleinement étant donné que le groupe ne te propose que leur matériel le plus destructif. Comme de raison, le groupe se place en position moulin à vent et la soufflerie débute. Ca génère au niveau capillaire sur des titres comme Time to Kill, Make Them Suffer et Hammer Smashed Face. Entre les chansons, le discours reste le même pour George Corpsegrinder. Il nous sert les mêmes lignes depuis des lustres mais on remarque qu’il a employé un ton plus crooner lorsqu’il s’adressait à la foule.
WD-40 m’aura permis d’avoir fait mes devoirs en cette St-Jean Baptiste. Le groupe saguenéen m’a permis d’entendre du rock francophone en cette journée où la langue de Shakespeare était beaucoup plus entendue que celle de Molière. Un bon lot de festivaliers est massé devant la scène pendant qu’une horde d’amateurs se propulse devant la scène principale pour avoir une place de choix pour NOFX. C’est avec un entrain facilement palpable que WD-40 s’est présenté sur scène pour y aller avec une couple de hits comme Souvenir d’Amos, Mouche à Marde et Enfant de Chienne. Les gens connaissent les paroles, et ils hurlent comme des loups!
Un gros dilemme : Le concert final de Twisted Sister ou le death métal hypnotique de Gorguts? J’ai pesé le pour et le contre. Gorguts, je peux les revoir probablement bientôt. De plus,ils vont jouer plus longtemps. Twisted Sister, le groupe ne reviendra plus après car les musiciens enterreront cette « sœur folle » pour son repos final.
Je lègue mes prochaines 45 minutes à Twisted Sister mais je prends bien soin de me tenir assez loin pour être capable d’entendre ce qui se passe sur l’autre scène, juste de l’autre côté. Entre les chansons de Twisted Sister, je crois être capable de discerner quelques notes de Gorguts mais en fin de compte, c’est flou.
Le concert de Twisted Sister se passe entre amis. On se rappelle les clips de l’époque alors que le groupe joue You Can’t Stop Rock n’ Roll. On se rappelle qu’on avait reçu Stay Hungry en cassette comme cadeau de bulletin en 5e année lorsque le groupe joue la pièce titre de cet album et on fait la vague lors du refrain de The Price.
Dee Snider est excessivement volubile. Il s’adresse à la foule avec poigne et le vétéran sait comment capter l’attention. Son salut à Lemmy est suivi d’un salut au batteur AJ Pero, décédé il y a quelques mois. Son remplaçant, l’ancien Dream Theater Mike Portnoy, semble très à l’aise dans son nouveau quartier général, se permettant même de battre les peaux d’une seule main.
Le dernier moment en concert pour le groupe, du moins selon les dires de Snider, s’est fait avec We’re Not Gonna Take it et l’indémodable I Wanna Rock, laissant la joie sur le visage de chacun et chacune.
Dans le domaine du hardcore métallisé, ma référence demeure encore Madball. C’est vif et précis. En concert, tu te dois d’embarquer dans leur sillon sinon quelqu’un te le rappellera, surtout si tu te tiens très près du mosh pit. Freddy Cricien a encore su aller chercher chaque personne, les unes après les autres, lorsqu’il hurlait sur Set it Off, Get Out et Lockdown.
La venue de Puscifer a semé le doute chez bien des amateurs de rock. Dans mon entourage, plusieurs se demandaient pourquoi le groupe se retrouvait si haut sur l’affiche et bien souvent, ils ne savaient même pas que ce groupe était le projet en parallèle de Maynard James Keenan de Tool! J’ai bien entendu, entre deux chansons, des gens dire : « Aie, il a la même voix que le chanteur de Tool! »
Étant donné que Keenan portait un masque de luchador en plus de se tenir dans la pénombre, il n’était pas facilement identifiable.
J’ai pris une pause de Puscifer, le temps d’aller voir comment se comportait Despised Icon. Comme je m’y attendais, c’était un champ de bataille! Les corps s’empilaient les uns par dessus les autres car les « soldats » suivaient les ordres vociférés par Alex Erian et Steve Marois. Un peu à l’image de la prestation de Gorguts VS Twisted Sister, je me suis redirigé vers Puscifer, étant donné l’aspect rareté de leur présence sur scène.
Puscifer est venu pour apaiser les gens. La musique du groupe ne possède pas les mêmes ondes musicales que celles des autres artistes de la journée. C’était plus ambiant, planant et artistique. La prestation de Puscifer était agrémentée par des démonstrations de lutte offertes par des lutteurs mexicains qui s’exécutaient au-devant de la scène ou sur le ring qui était monté derrière le batteur.
Un genre de Luzia du Cirque du Soleil pour les fans de musique.
Korn a pris quelques minutes additionnelles pour effectuer une balance de son. Si cette période a paru éternelle pour les amateurs, il demeure que le tout se soit tourné en la faveur du groupe qui a su profiter de la meilleure sonorisation de tout le festival. C’était gras, fort, invasif et destructif comme qualité sonique.
Même en ne suivant plus la carrière du groupe depuis quelques années, il était facile de reconnaître les chansons jouées étant donné leur grand potentiel commercial. Les musiciens semblaient avoir un plaisir assumé sur scène et malgré ses contorsions habituelles, Jonathan Davis rayonnait sur scène. Ray Luzier aux percussions nous rappelle qu’il n’est pas le batteur original mais il nous permet aussi de confirmer que l’on ne se rappelle aucunement du nom du batteur original du groupe. Ses coups sont précis, il est implacable à la batterie. D’avoir Head de retour avec Korn depuis quelques années permet de nous plonger encore plus dans la nostalgie des années ’90, plus précisément lorsque le groupe a joué Shoots and Ladders qui se voulait agrémenter par One de Metallica, Blind, Twist, Falling Away from Me et Got the Life.
Alex Martel, fondateur du Rockfest, devait se sentir nerveux face à la présence de Perry Farrell. Cette figure légendaire est un peu responsable du concept en ce qui découle du festival musical moderne. En créant le Lollapalooza, Farrell ne savait probablement pas que de nombreux évènements du genre allaient voir le jour. Donc, d’accueillir Farrell à son propre évènement, ce doit être aussi stressant que lorsque tu invites tes parents pour leur premier souper dans ton nouvel appartement! Tu sens que tu seras jugé sur la qualité de ton service, le choix de tes plats en plus du décor de ton salon.
De mon point de vue, c’est à Jane’s Addiction que revient la palme de la meilleure prestation du vendredi. Habile et sensuel, le groupe a livré une prestation qui laissait émaner des arômes de satisfaction à tous les amateurs du groupe, tout en envoûtant les femmes agglutinées devant la scène.
Le duo de Farrell et de Navarro se veut hypnotique. Même Mesmer ne pourrait vous sortir de votre fascination face à leur magnétisme!
Les 8 chansons choisies pour la soirée se voulaient… charmantes! Stop, Ain’t no Right et Been Caught Stealing se sont retrouvées dans nos oreilles les unes après les autres tandis que visuellement, le groupe avait invité quelques jeunes dames qui effectuaient des mouvements de danse sensuelle sur un espace aménagé un peu plus haut. Tout au long de la prestation du groupe, elles se sont promenées pour agrémenter nos yeux en plus d’être plutôt coquettes envers les musiciens du groupe. Deux d’entre elles se sont même retrouvées dans les airs, accrochées par des hameçons géants, planant au-dessus des musiciens.
À l’opposé de la journée, la soirée se voulait beaucoup plus fraîche. Je me suis même demandé si je n’allais pas me rendre à la course, au camping, pour agripper un chandail pour me garder au chaud. Non, le monde du rock l’emporte et si j’avais manqué Mountain Song, je m’en serais voulu.
Jane’s Addiction a su démontrer que chaque musicien du groupe n’est pas un deux de pique. Navarro tire à la guitare, Perkins est chirurgical sur ses tambours et Chaney est agile sur la basse. Pendant ce temps, Farrell se dandine tout en suivant la cadence pendant d’autres chansons comme Three Days, Mountain Song et Just Because.
Après celle-ci, il y a eu une certaine maladresse, probablement attribuable à un manque de contact entre l’équipe sur scène et l’équipe à l’éclairage. Pendant que les techniciens s’affairaient à placer des percussions et des chaises, l’éclairage s’est tamisé. La foule a cru que le concert de Jane’s Addiction se terminait ainsi mais le groupe est revenu pour Jane Says. Une bonne quantité de festivaliers avait déjà quitté lorsque le groupe a proposé cette pièce en guise de finale.
Tout de suite après Jane’s Addiction, je suis retournée au camping sur la rue St-Étienne. C’est à environ 3 minutes de marche si tu débutes ton chrono à partir de la clôture de la sortie. Sur notre terrain, il restait encore quelques personnes. Ce sont des amis, des connaissances ou des connaissances de connaissances. Malgré que certains ne se voient qu’une fois par année lors de ce festival, tout le monde s’entend à ravir. L’entraide est palpable et la joie de vivre bien présente.
Certains n’ont pas quitté leur chaise de la journée ou que très peu, question de se dire qu’ils ne sont pas venus que pour la dimension bamboche de l’évènement. Si le Rockfest est un festival de musique, d’autres apprécient autant ce qui est offert comme ambiance de camping. Cette dix-neuvième canette de bière bon marché confirme qu’il n’y a aucun souci à se faire. Lundi matin est encore loin, très loin pour le campeur moderne.
Dans une semi-obscurité, j’accroche mon chandail au passage tout en tentant de ne pas réveiller mon coloc de la fin de semaine, qui dort à poings fermés. Je sors de la roulotte pour me rendre compte que je n’ai pas vraiment le goût d’aller voir et entendre Blink 182… mais plutôt de prendre une dernière bière avec des campeurs qui regrettent de s’être endormis vers 13h00 alors qu’ils ne venaient que pour changer leurs chaussettes à la base ou ceux qui déplorent le fait d’avoir manqué tel ou tel groupe. D’autres partagent leurs impressions face au programme de la journée tout en dressant une liste des attentes face au lendemain.
Et puis une deuxième dernière…
Une troisième dernière…
Toutes les photos (sauf celles de WD40, collection personnelle du groupe) sont de Mihaela Petrescu qui a affronté chaleur et poussière pour ne livrer que le meilleur! Elle était même présente lors de la journée du jeudi. Ses images du jeudi sont incluses dans la galerie de photos, juste au bas!
Le texte avec les photos de la seconde journée seront en ligne très bientôt!
PS : Un gros« pouce en l’air » au gars qui s’était bricolé un t-shirt de Marie-Carmen World Tour 1991-1992 et au garçon d’environ 11 ans qui se brassait la tête avec passion pendant Madball!
Notre retour sur le JOUR 2 est juste ICI!
Va-t-il y avoir review et photos du jour 2? 😀
Oui Sara!
Ce soir ou demain matin!
Beaucoup de mots et beaucoup de photos!