Heavy Montréal 2016 : Retour sur le premier jour (6 août 2016)
Nouvelle disposition, nouvelle structure. L’emplacement pour le festival est repoussé un peu plus vers l’est, le festivalier métalloïde doit marcher un peu plus longtemps pour s’y rendre. Si certains craignaient un choc des cultures entre les métalleux et les amateurs de musique électronique, il semblerait qu’il n’y ait eu aucune friction palpable entre les deux groupes.
Lorsque l’on parle de changement, on doit aussi parler des ajustements à faire. L’attente aux tourniquets se veut longue et ardue. La fouille face aux sacs est complexe et complète. Par la suite, la fouille corporelle est précédée par un passage au travers du détecteur de métal. Si certains trouvent que l’attente est longue, certains soulignent le fait que nous vivons dans une nouvelle ère et que les récents évènements liés au terrorisme font que nous devons nous soumettre à ce type d’exercice laborieux.
J’ai réussi à mettre pied sur le site lors de la prestation de Dillinger Escape Plan. J’ai pris quelques minutes pour trouver les commodités qui m’étaient offertes et par la suite, j’ai pu me plonger dans ce qui devrait être la dernière présence du groupe à Montréal. Effectivement, la formation américaine a annoncé plus tôt cette semaine que la séparation était imminente. Après le cycle de tournée du prochain album, ce sera la fin pour DEP. J’espère que le groupe reviendra à Montréal pour terminer le tout en grand car hier, je suis resté sur ma faim. Dillinger Escape Plan n’a pas plongé assez profondément dans son répertoire à mon goût. En se concentrant sur les dernières parutions, je dois avouer que le matériel antique me manquait. Pour ce qui est de la dose d’énergie sur scène, c’était à la hauteur comme de raison!
Fear Factory avait la lourde tâche de livrer leur album fétiche Demanufacture sur scène. C’est ce qui a été fait… mais pas en entier. Comme je l’expliquais lors de mon billet précédent, l’album possède une durée qui dépasse le temps qui leur était alloué sur scène. Fear Factory a donc opté pour une coupure temporelle, bifurquant du plan original en y allant avec Shock qui provient de l’album Obsolete. Même si Mike Heller aux percussions et Tony Campos à la basse n’étaient pas membres du groupe à l’époque où Demanufacture et Obsolete ont été lancés, nous avions l’impression qu’ils possédaient la technique depuis des lunes, étant donné la précision de deux musiciens. Comme de raison, le matériel offert par Fear Factory se veut difficile et au niveau de l’interprétation, il faut avouer que Burton C. Bell a fait un excellent boulot en alternant du grognement au chant clair mais il était temps que la prestation se termine car sa voix commençait à manquer de précision, légèrement!
Une machine bien huilée! Kataklysm défonce, tout! La foule s’est massée assez rapidement pour voir les Québécois à l’œuvre. Breaching the Asylum, The Ambassador of Pain et The Black Sheep se sont pointées le nez et la réaction a été immédiate: la foule compacte a implosé, laissant les corps virevolter sous les commandes de Maurizio. Les chansons offertes en mode festival se veulent un condensé de brutalité, le groupe profite du temps qu’il a sur scène pour ne livrer que du vitriol car avec Soul Destroyer, Push the Venom et Elevate, il est impossible de manquer son coup. Le groupe est solide, l’expérience est palpable pour les pionniers du death métal québécois qui nous reviendront avec un nouvel album mais pour leur projet en parallèle, ExDeo.
Autre formation qui fait office de pionniers, Carcass. Les Anglais sont débarqués à Montréal pour nous fouetter le cou et le tout a été effectué avec brio. Si certains ont souligné le fait que le groupe n’ait pas plongé dans le matériel plus ancien, personne n’a pu se plaindre lorsque le groupe a lancé Incarnate Solvent Abuse, Heartwork ou Coporal Jigsore Quandary. Le matériel plus récent, comme Unfit for Human Consumption et Captive Bolt Pistol, se fond à merveille avec les chansons qui proviennent des albums comme Necroticism et Heartwork. Le groupe possède un charisme sur scène. Il est intéressant de voir les déplacements de Bill Steer qui semble flotter sur scène avec sa démarche lente et son look de hippie. Je ne comprends toujours pas pourquoi il ne fait pas les voix d’accompagnement plus grasse, comme à l’époque.
J’ai regardé du coin de l’œil la prestation de Sebastian Bach. Du coin de l’œil et avec une oreille qui n’était pas attentive comme elle aurait dû l’être. Solide, criard pour quelques-uns, l’adorable blondinet a pigé vigoureusement dans le matériel de son ancienne formation, Skid Row tout en ne laissant pas vraiment de place au matériel qu’il propose en solo. Un délice pour les nostalgiques étant donné que les visites de Bach se veulent excessivement rares!
Sabaton a offert la prestation la plus enjouée de la journée. Avec son métal militaire et enjôleur, les Suédois ont offert ce qui devrait être le moment le plus impressionnant de la journée. Leurs fans étaient présents mais ceux qui ne connaissaient pas le groupe ont eu un coup de cœur presqu’immédiat. Avec la tourelle d’un tank sur scène, le groupe a pu profiter d’un système de canons à flammes pour marquer les coups de semonce. C’était une première pour le tank (qui porte le nom de Walther) qui se retrouvait de ce côté de l’Atlantique pour son baptême Sabatonien! Le chanteur Joakim Brodén a raconté qu’il avait été facile pour le groupe de le faire entrer au Canada car ils n’ont eu qu’à l’emballer dans une boîte IKEA! Convaincant, Sabaton est reparti avec une panoplie de nouveaux fanatiques tandis que ceux qui adorent le groupe depuis des lustres se voulaient encore une fois, charmés!
Black Label Society présentait un deuxième concert en deux jours à Montréal. Vendredi soir, le groupe occupait les planches du Corona et hier, c’était au Heavy Montréal que la réunion avait lieu pour les amateurs du groupe qui adorent arborer des allures de motards. Si tu es un fan de Zakk Wylde, tu ne peux pas être déçu des performances du groupe. Entouré de musiciens qui offrent précision et haute voltige, Wylde pige ici et là dans son répertoire pour satisfaire sa meute. Avec des titres comme Bleed for Me, Suicide Messiah et Stillborn, qui peut se permettre de se plaindre?
Brent Hinds de Mastodon s’est présenté sur scène avec une chemise blanche à longues franges qui semblait sortir tout droit du coffre d’Elvis Presley, époque Vegas. Si le groupe avait déclaré forfait l’an passé lors du Heavy Montréal, le retour s’est effectué dans la joie et l’enthousiasme était visible sur le visage des amateurs. Fidèles à leurs habitudes, les musiciens du groupe ont offert un jeu précis, des poses magistrales pour le grand bonheur des photographes et une série de chansons qui peuvent se glisser dans la catégorie « classique » maintenant! Tread Lightly, Oblivion, The Motherload, High Road, Ember City et Blood and Thunder sont des valeurs sûres lors d’un concert de Mastodon. Après le concert, je n’avais qu’un seul désir: me remettre la discographie du groupe en mode aléatoire pendant une journée de baignade!
Nightwish a offert ce que le groupe propose lors des grands festivals européens. Un écran de projection gigantesque, de la pyrotechnie et des flammes vigoureuses étaient au menu! Même si la musique du groupe n’est pas votre tasse de thé, vous pouviez tout de même apprécier le spectacle des Finlandais, hier soir. L’imposante Floor Jansen possède une présence monumentale sur scène. Grande et jolie, elle laisse flotter ses bras, donnant l’impression qu’elle devient un albatros qui plonge vers la mer! En plus de son côté voluptueux, elle possède une certain hargne lors des moments plus musicaux plus lourds. Elle en profite alors pour se brasser la pilosité, créant un effet de ventilateur avec sa chevelure! Beau à voir et agréable à entendre!
Pour clore cette première journée, je me suis rendu devant Cult of Luna. Ce groupe de Suède nous visitait pour une deuxième fois en moins d’un an et nous étions nombreux devant la formation. Cult of Luna peut se vanter d’avoir offert la meilleure balance de son de la journée. C’était fort et lourd, très lourd! Avec un éclairage qui ne venait que de derrière, ce fait rendait le groupe encore plus énigmatique. Avec deux batteurs, plusieurs guitares, de l’ambiance électronique et une basse huileuse, Cult of Luna nous a fait faire de nombreux hochements de tête, ce qui se veut un signe de succès pour ce type de métal. Cette première journée s’est terminée dans l’extase totale pour ceux qui étaient face à Cult of Luna.
En introduction, je vous parlais de ce baptême face au nouvel emplacement. J’ai trouvé l’endroit agréable et il est facile de s’y promener. Un point à retravailler par contre : le manque de cabinets de toilette. Faire la file pendant une quarantaine de minutes pour y déposer sa commission, il y en a qui ont vécu de l’impatience et ont décidé de se soulager sur la clôture…
Lorsqu’il y a l’annonce de la programmation, il y a un mélange de satisfaction et, comme il faut s’y attendre, énormément de commentaires négatifs sur les réseaux sociaux. On se rappelle surtout des commentaires négatifs lorsqu’ils se retrouvent sur Facebook. Il faut se rappeler que les gens qui demeurent satisfaits face à la programmation ne laissent pas toujours paraître leur joie sur les médias sociaux. Pour être franc, je croyais vraiment qu’il y aurait moins de festivaliers pour Heavy Montréal mais à ma grande surprise, c’était plutôt rempli.
Cette foule aimait les artistes présents. Si certains ont noté le manque de « véritables têtes d’affiche » nous avons pu voir et comprendre que la définition de tête d’affiche se veut subjective.
Avec une série de groupes qui ne pourraient jouer que dans des salles du calibre des Foufs, du Club Soda ou d’un Metropolis bondé qui afficherait « guichet fermé » très rapidement, on peut dire que c’est une réussite pour ce changement de vitesse du Heavy Montréal.
Ça reprend aujourd’hui, dès 13h00, avec des groupes comme Napalm Death, Candlemass, Disturbed, Mantar, Hatebreed, Volbeat et Suffocation!
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