Devin Townsend Project: Retour sur le concert avec Between the Buried and Me et Fallujah (18 septembre 2016)
Il faut se demander si c’est la présence de Between the Buried and Me ou bien la constance venant de la part de Devin Townsend qui fait que le Canadien se retrouve maintenant à jouer au Théâtre Corona. À moins que ce soit sa dernière présence lors du Heavy Montréal qui entre en cause? Quand on y repense, les dernières visites de Devin en tant que tête d’affiche ne se déroulaient pas dans des salles aussi vastes que le Corona.
Il faut croire que la persévérance paie à un moment donné car même s’il demeure un artiste bien de chez nous, Devin n’obtient pas le même succès ici qu’ailleurs sur Terre. S’il peut remplir la Royal Albert Hall de Londres, cet artiste ne fait pas le même genre de salles en Amérique.
D’un point de vue de mélomane, c’est mieux ainsi car la petitesse des salles qui offrent un format dit « moyen » dans l’industrie nous permet une certaine proximité avec l’artiste, ce qu’un aréna ne nous permet pas.
Un autre dimanche ensoleillé, nous rappelant que l’automne semble un peu timide face aux élans additionnels de l’été. Je devais me rendre au Burgundy Lion pour rejoindre deux amis qui venaient directement de Québec pour l’occasion. Quelques bonnes bières en plus d’un copieux repas dans le gorgoton pour ensuite nous retrouver devant Fallujah, juste à temps.
Après avoir lancé deux albums avec Unique Leader, ce groupe se retrouve maintenant avec Nuclear Blast pour leur troisième album. Une signature habituelle au niveau sonore, un death métal technique, progressif et qui suinte le deathcore abondamment se retrouve dans nos oreilles. C’est surtout lors des portions ambiantes que je ressens une satisfaction face aux pièces de Fallujah. Leur batteur est hallucinant et les contretemps offerts font que mon regard est surtout dirigé face à sa technique.
Between the Buried and Me avait ce qui pourrait être le résultat d’un achat compulsif lors d’une vente d’items maritimes venant de l’armée américaine. Sur scène, le groupe avait d’immenses phares qui servent à guider les bateaux. Heureusement pour notre vision, ils n’ont pas été employés à plein régime.
Tommy Giles, chanteur et claviériste, arborait une coiffure beaucoup plus longue qu’à l’habitude, ce qui lui donnait un petit look à la Jim Carrey, version moderne. Fidèle à son poste de commandement, il profite de quelques moments pour quitter ce lieu pour se retrouver devant, question de lâcher quelques cris.
Comme de raison, les pièces du groupe ne sont pas adaptées à toutes les oreilles et parfois, certains peuvent avoir l’impression d’entendre ce qui pourrait être une série de changements de postes de radio lorsque tu écoutes les différentes stations de Stingray. Effectivement, tout comme un groupe comme Mr.Bungle ou même Fantômas, Between the Buried and Me possède cette capacité d’inclure différents genres dans chacune de ses pièces. Les prouesses se veulent nombreuses, les changements erratiques et la facture sonore… totalement déjantée!
Ce que le groupe a présenté dimanche soir se voulait un délice pour les amateurs du groupe car le dernier album de Between the Buried and Me, Coma Ecliptic, a été joué dans son intégralité et terminé par un coup de gong majestueux!
Même si son nouvel album est sorti officiellement, personne n’était en mesure de le trouver en magasin! Le Devin Townsend Project se retrouvait donc devant nous avec une nouvelle galette que personne (sauf les plus impatients qui ont usé des avantages du piratage) n’avait écoutée.
Malgré le fait que je ne connaissais pas encore l’album, j’ai été conquis par les nouvelles chansons proposées par Devin comme Failure, Stormbending et Higher. Par contre, je dois avouer être vendu à la cause de Townsend depuis une bonne vingtaine d’années.
La foule est passée par toute une gamme d’émotions dimanche soir. Les bras ont valsé, les corps se sont entrechoqués et les têtes ont longuement acquiescé pendant que le groupe battait la chamade sur scène sur des chansons comme By Your Command, Rejoice, Hyperdrive et March of the Poozers.
La présence d’Anneke Van Giersbergen aurait été appréciée mais il semblerait qu’elle soit plutôt occupée avec ses projets personnels. Son timbre sonore aurait été superbe sur les pièces sur lesquelles elle prête sa voix habituellement, comme Kingdom ou Where We Belong.
Évidemment, Devin se voulait plutôt loufoque sur scène. Les mimiques sont caricaturales, la démarche incertaine et son faciès demeure très élastique! Après les chansons, ses commentaires se voulaient toujours aussi savoureux. Il taquinait son technicien de guitare, lui avouant que c’était bel et bien lui qui avait lâché un énorme prout près de son ampli.
Un adorable chapeau de pompier pour enfant s’est retrouvé sur la tête de Devin, ce qui ne fait que continuer cette tradition avec laquelle Townsend porte tout ce qui lui est lancé sur scène. La dernière fois, Devin portait une perruque de clown plutôt horripilante.
Difficile à déstabiliser, Devin s’est même retrouvé pris à son propre jeu. Lors de la chanson Ih- Ah!, il chantait les paroles suivantes : « I’m so in Love with You… » et c’est à ce moment plutôt charmant qu’une femme s’est écriée « We love you too, Devin! » ce qui a sorti le chanteur de son personnage, arrêtant la chanson, visiblement ému.
Il faut comprendre que cette soirée se voulait enfin la consécration tant attendue pour lui. Avec des passages aux Foufs alors qu’il jouait en tête d’affiche, de se retrouver au Corona avec une salle pratiquement pleine au bouchon, nous pouvions facilement ressentir l’enthousiasme qui régnait dans le camp de Townsend.
Vraiment, une belle soirée!