Alcest : Retour sur le concert avec Creepers et The Body (20 janvier 2017)
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Alcest : Retour sur le concert avec Creepers et The Body (20 janvier 2017)

20 janvier 2017. Ce jour risque d’être imprégné dans la mémoire de bien des gens. Moi le premier! Pendant que quelques-uns te diront qu’ils ont vu Mayhem interpréter De Mysteriis Dom Sathanas en concert au Club Soda, d’autres te diront que ce fut une journée sombre pour la démocratie. Trump à la présidence des États-Unis, nombreux sont ceux qui ne peuvent le croire, le penser et le digérer.

De mon côté, c’était le soir de mon anniversaire. 42 ans! Je m’approche lentement mais sûrement de la cinquantaine. Encore 8 années avant ce nombre majestueux qui rappelle la bière du même nom. Est-ce que Trump sera à la fin de son dernier mandat lorsque je fêterai mon 50ème anniversaire? Est-ce que Mayhem sera encore dans le circuit des tournées pour présenter Ordo Ad Chao dans son intégralité?

Avec ce magistral 50, je n’aurai plus que 5 ans à attendre ans avant de pouvoir faire une demande officielle de ma carte de l’âge d’or…

C’est fou comme le temps passe vite! Vendredi soir, j’aurais aimé que le temps puisse se modifier de sorte que je puisse appuyer sur « pause » et pouvoir ainsi participer aux deux concerts qui étaient présentés au même  moment, à quelques pas l’un de l’autre. Si Mayhem se retrouvait au Club Soda, les Français d’Alcest se produisaient aux Foufounes.

En 2007, j’écrivais pour le défunt BangBang. Avant le congé des fêtes, je devais passer aux bureaux pour aller chercher une pile de disques qui m’était destinée. En prenant l’ascenseur pour retourner au rez-de-chaussée, je me suis mis à analyser le contenu de ma pile.

La fillette qui se retrouvait sur la pochette de Souvenirs d’un Autre Monde du groupe Alcest ne m’annonçait rien de très intéressant. Lorsque j’ai inséré l’album dans mon lecteur, j’ai eu des frissons.

La sonorité du groupe me rappelait le côté acoustique d’Opeth mais avec le côté planant des artistes comme My Bloody Valentine, The Jesus & Mary Chain et même The Cure. J’étais conquis, sur le coup.

Je me suis donc rendu aux Foufounes pour voir et entendre Alcest. Amateur depuis le premier album, je n’ai que de bons mots face à ce groupe qui assure autant sur album que sur scène. Accompagné par un bon duo d’amateurs de houblon, cette soirée s’annonçait pour être festive et musicale.

À l’étage, il était facile de voir que certains amateurs avaient une certaine curiosité face à la sonorité de la formation Creepers, qui ouvrait la soirée. Avec quelques musiciens qui sont aussi membres de Deafheaven, nous avons rapidement compris que Creepers était plutôt une échappatoire artistique pour pouvoir exploiter leur côté musical plus psychédélique et non une autre branche métallique qui serait complémentaire à leur formation principale.

Creepers sonnait comme une bonne quantité de groupes que je vois et entends lors d’Osheaga en après-midi. Musicalement adroit, c’est surtout lorsque le chanteur ouvre la bouche que l’on décroche étant donné le côté mollasson et imprécis de sa voix.

De redescendre à l’étage principal pour regarder la partie s’est avéré un choix judicieux.

Je connaissais The Body surtout de nom et de réputation. J’ai vu de nombreux sites qui encensaient ce duo, prétextant que leur musique se voulait démentielle. Duo qui s’est transformé en trio pour meubler musicalement les prestations scéniques, il était bien intéressant de voir les regards des gens dans la foule qui observaient les membres du groupe installer leur « matos » sur scène.

Des claviers, des séquenceurs, des échantillonneurs et autres bidules électroniques se retrouvaient bien massés sur la scène des Foufs. Aucun instrument organique… nous ne retrouvions que des amoncellements remplis de cordages, ce qui n’avait rien de très convaincant pour le métalloïde.

Outre la voix criarde de Chip King, je dois avouer que je me suis laissé convaincre par The Body. L’apocalypse musicale livrée par The Body était proposée tel un malaise… succulent! Avec de vieilles images VHS au tracking douteux projetées derrière les musiciens, le groupe a proposé l’équivalent d’un cauchemar récurent et éreintant, tant visuellement que musicalement.

Le produit « musical » livré avec les impulsions électroniques se voulait dérangeant. Les cris atroces de Chip King étaient proposés de façon à ce que l’angoisse ne soit pas uniquement en relation avec la parcelle grasse des ondes électroniques produites par le groupe car tu te retrouvais châtié sévèrement par son « chant ».

Après The Body, je n’entendais que des commentaires négatifs face à la présence de ce groupe en cette soirée de type métallique. Je n’osais pas affirmer que j’avais vraiment apprécié la prestation de The Body qui est venu me zigouiller l’esprit, solidement.

En maximisant sur l’excellent Kodama, Alcest  a visé juste. Avec habileté, le groupe a rendu justice à quelques chansons qui se retrouvent sur cet album en plus d’y aller avec d’autres morceaux comme Autre Temps, Les Voyages de l’Âme, Là où Naissent les Couleurs Nouvelles et Sur l’Océan Couleur de Fer.

Bien balancée, la prestation d’Alcest aurait pu se diriger uniquement vers la dimension plus spatiale de leur musique mais Neige et Winterhalter ont encore une fois usé de sagesse en proposant plusieurs facettes de leur musique. Sur scène avec eux, nous retrouvions aussi le bassiste Indria Saray et le guitariste Pierre Corson, question d’avoir une formation qui se veut coriace malgré sa parcelle veloutée.

Je me suis même laissé submerger par la musique, la tête vers l’arrière. Les yeux fermés,  j’étais bercé par les instants les plus langoureux d’Alcest.

Avec Délivrance en rappel, la légèreté que cette pièce a propulsée nous a prouvé qu’une soirée de la sorte pouvait se terminer dans la douceur la plus exquise.

J’ai bien dormi, très bien même. Non, je n’ai pas regretté mon choix de passer mon tour face au concert de Mayhem et non, je n’ai aucunement rêvé à cette grosse tête orangée… car apaisé par Alcest, je ne pouvais pas faire autrement que de dormir paisiblement.

https://www.alcest-music.com/

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      Photos : Mihaela Petrescu