Amorphis : Retour sur le concert de Montréal avec Swallow the Sun (17 mars 2017)
La dernière visite d’Amorphis remontait à loin, très loin. Je m’y étais rendu avec mon épouse qui en était à sa première sortie après la naissance de notre fille… qui aura 9 ans dans deux semaines! À l’époque, le groupe faisait la promotion de l’album Silent Waters et par la suite, Amorphis a lancé trois autres albums en plus d’un disque compilation qui contenait des enregistrements de chansons plus antiques mais enregistrées avec Tomi Joutsen, leur « nouveau » chanteur.
À chaque album, des opportunités pour effectuer une entrevue avec le groupe m’étaient présentées. Offertes par Nuclear Blast, qui se veut leur compagnie de disque partout sur la planète, les discussions se terminaient toujours avec cette question : Pourquoi Amorphis ne vient pas plus souvent ici, en Amérique, pour effectuer des tournées?
Les réponses se dirigeaient souvent en direction des coûts exorbitants d’une tournée ici et de la difficulté d’être sur la route pendant de longues semaines, sur de longues distances. En 2017, les Finlandais ont décidé d’effectuer un retour ici et la malchance s’est retrouvée en plein devant eux avec cette tempête de neige mémorable. Survenue en début de semaine, il faut comprendre que les conditions climatiques, l’accumulation de neige extrême et l’incapacité de voyager ont fait que le groupe ait dû annuler deux concerts.
Le Québec a été épargné et c’est pourquoi notre capitale a reçu la visite du groupe jeudi et Montréal, lors de la soirée de vendredi.
L’excitation était palpable aux Foufounes. Les amateurs étaient fébriles et la prévente face à l’évènement ne mentait pas car plus de 300 billets avaient trouvé preneurs et au guichet en bas de l’escalier, nombreux étaient ceux qui payaient à la porte.
Swallow the Sun est une formation qui j’apprécie grandement, surtout sur disque. Sur scène, j’ai tendance à me fondre à leur musique mais on dirait que l’enivrement face à la présence d’Amorphis ait mis un voile devant leur prestation. Je n’étais pas aussi réceptif que lors de leur dernier passage, en ouverture de Dark Tranquillity.
Avec le recul et avec une grande honnêteté, je peux confirmer que leur prestation se soit bien déroulée. Malgré un manque de puissance au niveau de la voix dans le mix, nous avons pu apprécier les subtilités offertes par Mikko Kotämaki car il croone autant qu’il beugle sur des titres comme Rooms and Shadows, Psychopath’s Lair et Swallow (Horror Pt.1).
L’immense toile de fond de scène à l’effigie d’Amorphis était celle qui accompagne le groupe partout en Europe. Jouissant d’une popularité énorme là-bas, le groupe joue dans des salles du calibre du Metropolis pratiquement partout sur l’autre continent. Le backdrop était plié en trois parties au fond de la scène et son allure de tapis oriental allait bien avec le caractère feutré qui se dégage des mélodies du groupe. Mais nous pouvions aussi le percevoir comme étant la voile du drakkar, ce véhicule qui leur a permis de ciseler les routes tout au long de ce périple sur les routes remplies de neige et de glace!
Le métal heavy et folklorique d’Amorphis se marie facilement à notre climat nordique. On dirait que les chansons du groupe s’imbriquent facilement à notre type de température mais lorsque le groupe est monté sur scène pendant l’intro, nous avons plutôt senti une vague de chaleur digne de la pochette de l’album Eclipse.
Avec une absence aussi intense, il était de mise pour le groupe de nous présenter un large éventail face au répertoire d’Amorphis et non pas capitaliser sur le dernier album, le truculent Under the Red Cloud. C’est avec un doublé de cet album que le groupe s’est enligné, y allant avec la chanson-titre pour poursuivre avec Sacrifice.
Sourire en coin, chaque musicien semble apprécier l’ambiance qui se dégage dans la salle et la réaction de la foule est positive. Les amateurs sont de toutes les couches, l’âge varie grandement passant de la jeune vingtaine à la mi-cinquantaine. Une chose est certaine, Amorphis plaît à un large éventail de connaisseurs.
Sampo, Silver Bride, Skyforger et The Smoke nous ont permis de bien apprécier la précision du groupe. L’expérience ne dément pas, les gars n’ont même plus besoin de se regarder pour pouvoir aligner les punchs, les subtilités et les détours. Il est agréable de voir Tomi Joutsen à la voix avec son microphone personnalisé.
Avec des allures de séchoir à cheveux qui proviendrait d’un film de science-fiction des années ’50, cet engin « capteur de voix » se tient de plusieurs façons. On remarque que lorsqu’il utilise sa voix plus sereine, il le tient par la partie du bas mais quand il grogne, il l’empoigne fermement par les deux poignées du côté.
Il était de mise que le groupe revisite son matériel de l’époque plus death métallique. Les corps se sont mis à se déplacer plus vigoureusement lorsque les musiciens ont offert Into Hiding et Black Winter Day de l’album Tales from the Thousand Lakes. Même phénomène avec le doublé de l’album Elegy avec On Rich and Poor et My Kantele qui s’est fondu avec House of Sleep, question de saluer la foule avant le rappel.
Une satisfaction métallique, rien de moins. Il est souhaitable que le groupe ait apprécié son périple au pays de l’hiver et que l’aventure n’ait pas trop découragé la troupe finlandaise car il demeure impensable d’attendre encore 8 ans avant leur prochaine visite!