Cut Up : Découpage en rondelles… métalliques! (Entretien avec Tobias Gustafsson)
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Cut Up : Découpage en rondelles… métalliques! (Entretien avec Tobias Gustafsson)

Le death métal n’a pas besoin d’être un monstre de complexité pour prouver son efficacité. Ce genre est bien souvent catalogué comme étant rustre et banal mais il se cache de grands virtuoses chez certaines formations. Pendant que certains groupes tentent de compresser le plus grand nombre de notes à la seconde, d’autres tentent plutôt de mettre le cap sur le fait de se dévisser le cou. Avec la formation suédoise Cut Up, nous retrouvons un menu de base qui se veut interprété avec une passion pour le genre, sans artifice mais bien sanguinolent. En relation avec leur nouvel album Wherever They May Rot, leur batteur Tobias Gustafsson se prêtait au jeu des entrevues, question de mousser cette nouvelle création morbide. Le nom de Tobias Gustafsson vous semble familier?  Vous n’avez pas la berlue car c’est bel et bien lui qui a brassé les percussions sur Jomsviking d’Amon Amarth. Entretien avec Tobias Gustafsson, batteur de Cut Up.     

Salut Tobias! C’est votre première entrevue avec nous et je crois que c’est même votre première entrevue avec un média québécois. En 2015, le nom Cut Up m’a surpris. Je venais de recevoir ma copie promotionnelle de Forensic Nightmare. Ce n’était pas un nom habituel pour un groupe de death métal, rien dans la lignée de Morbid QuelqueChose ou Trucmachin-ary. Donc, une question plutôt simple en introduction mais j’aimerais savoir : comment avez-vous trouvé ce nom qu’est Cut Up?

De mémoire, je ne crois pas avoir donné de nombreuses entrevues pour des médias canadiens. Il était temps, non? Je suis d’accord avec toi, Cut Up n’est pas un nom typique pour un groupe comme le nôtre. C’est ce que nous recherchions lorsque nous avons mis le groupe en marche. Nous voulions un nom qui se voulait simple et évocateur. Ce nom demeure original et plutôt facile à garder en mémoire. Même si les mots qui composent notre nom ne se veulent pas très originaux, ils n’ont aucun lien avec aucun autre groupe du genre. À ce que je sache, l’appellation Cut Up n’a jamais été utilisée par aucun autre groupe dans le domaine du métal extrême. Ce n’est pas comme la panoplie d’autres formations métalliques qui utilisent le même type de noms, comme ceux que tu me nommais tout à l’heure.

Vous êtes sous-contrat avec Metal Blade. J’aimerais savoir si le fait que Vomitory (qui se veut ton ancien groupe) était membre de cette grande famille a aidé? Avez-vous eu le même parcours que tous les groupes, ce qui consiste à faire son magasinage pour un contrat en faisant parvenir le démo aux labels métalliques?  

Oui, je dois avouer que ça aide. Moi et Erik (Rundqvist, basse et voix) avons travaillé avec Metal Blade pendant une quinzaine d’années lorsque nous étions avec Vomitory. Nous avons toujours eu une excellente relation avec leur équipe. Lorsqu’ils ont su que nous étions en train de monter un nouveau groupe, ils ont démontré un certain intérêt. Ils ont voulu entendre ce que notre nouveau groupe avait à proposer. Comme de raison, nous voulions leur faire entendre ce que nous avions à proposer. Nous avons tout de même envoyé du matériel à quelques compagnies, question de voir s’il y avait aussi de l’intérêt venant d’ailleurs. C’est Metal Blade qui s’est montré les plus enthousiastes face à Cut Up. Ils nous ont offert un contrat plutôt intéressant donc nous n’avions plus à nous casser la tête. Signature. C’était fait!

Ce nouvel album Wherever They May Rot est du death métal pur et dur. Vous ne tentez pas de réinventer la roue. C’est brutal et ça atteint le but, directement. Cet album n’est pas un album conceptuel, n’est-ce pas? Que peux-tu nous dire au niveau de l’inspiration face aux paroles?       

Effectivement, nous ne tentons pas de réinventer le genre. Aucunement. Je ne crois pas que les groupes de death métal doivent absolument tenter de réinventer le genre. Malheureusement, de nombreux critiques métalliques nous reprochent ce fait. C’est ce qui se passe depuis quelques années, nous recevons des critiques négatives en ce qui concerne ce manque d’évolution. Pour nous, ce n’est pas notre objectif. Avec Cut Up, nous voulons que les gens puissent avoir du plaisir, puissent vivre un moment de folie tout en se brassant la tête! Je crois qu’il est préférable d’être un bon groupe de death métal qui écrase solidement que d’être une bande de prétentieux qui croient, à tort, d’être innovateurs! Wherever They May Rot n’est pas un album concept, effectivement. En ce qui concerne l’inspiration musicale, tout ça vient des trucs que nous écoutons, comme de raison. Je crois que cette fois-ci, nous avons étendu nos tentacules un peu plus car vous pouvez entendre quelques souffles black métalliques par-ci et quelques éléments de thrash lors de certains moments. Pour les paroles, c’est un mélange entre des trucs réels, qui peuvent être des trucs personnels ou tout simplement des choses qui se sont passées dans notre monde. De plus, nous incluons une part de fiction, inspirée par certains films ou livres.

Vous avez lancé un clip pour la chanson Vermin Funeral. Vous avez probablement eu un plaisir malsain à le tourner? Avec sa partie horrifique, ça devait être plutôt intéressant à tourner avec tout le sang?

Ouais! C’était vraiment amusant à faire. Le tournage a été difficile par contre. Il faisait très froid. Le tournage a eu lieu dans la cave d’un bâtiment industriel. Ce bâtiment n’a pas de chauffage à ce niveau. C’était en plein milieu de l’hiver suédois, ce qui veut dire que c’est encore plus froid que la normale. Mais avec cette dose de sang et de violence, tout devient amusant, n’est-ce pas? Nous avons laissé les petits soucis de côté et avons plongé tête première dans le projet!

La pièce Behead the Dead est très rapide. C’est celle qui me plaît le plus sur votre album. C’est de la brutalité sonore pure et vers le milieu, on retrouve cette portion croustillante avec un riff monstrueux. Que peux-tu nous raconter sur celle-ci?

C’est cool que tu aimes cette chanson! C’est l’une des premières chansons qu’Anders (Bertilsson, guitariste) a écrite pour cet album. J’ai aimé cette chanson dès la première écoute. La partie médiane est vraiment intéressante. Elle se veut plus lente, lourd et même, mélodique! C’est un contraste agréable avec le reste de la chanson qui se veut plus un festival de blast à la Napalm Death. Les paroles sont en relation avec le fait d’attaquer un cadavre!

J’aime le fait que vous utilisiez deux chanteurs. Même s’il y en a deux, ce n’est pas une question de dualité étant donné que les deux voix que nous retrouvons dans Cut Up sont gutturales. Ce n’est pas la formule classique qui propose une voix grasse versus une voix criarde. Est-ce quelque chose que vous avez voulu développé encore plus sur cet album ou c’est tout simplement la pédale au plancher avec vous?

Oui, c’est quelque chose que nous avons voulu travailler sur cet album. Nous avons mis l’emphase sur cet aspect de notre son et nous avons tenté de maximiser notre approche. D’utiliser deux chanteurs dans le domaine death métallique n’a rien de nouveau mais c’était quelque chose de nouveau pour nous lorsque nous avons fondé Cut Up. Sur le premier album, nous n’avons que mis la pédale au plancher, comme tu le disais mais sur celui-ci, nous avons pris le temps d’identifier des parties précises où nous voulions avoir telle ou telle approche vocale, question de maximiser sur la brutalité! Nous avons été plus minutieux sur la prononciation, la puissance vocale et sur le choix de qui devait chanter quelle portion sur chaque pièce.

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La couverture de l’album est encore une œuvre de Łukasz Jaszak. Cet artiste est incroyable. Vous aviez déjà travaillé avec lui sur l’album précédent, Forensic Nightmares et il a aussi fait la pochette d’Opus Mortis VIII pour Vomitory. Est-ce que vous lui avez demandé spécifiquement d’y aller avec une approche qui se dirigeait plus vers la vieille école du death métal étant donné que pour Forensic Nightmares, c’était beaucoup plus chirurgical et horrifique?

Łukasz Jaszak est un artiste fantastique. Il avait fait un travail remarquable sur notre premier album, et il s’est dépassé sur celui-ci. Nous voulions des sensations différentes pour cet album. Sur le précédent, c’était beaucoup plus explicite et direct. Quelqu’un a proposé d’avoir ce site d’enfouissement de cadavres qui se situe dans un lieu très glauque au milieu d’une forêt. Son travail se marie à merveille avec le titre de l’album.       

Tobias, est-ce correct de parler de ce qui a mené à la fin de Vomitory? Te sens-tu à l’aise d’en parler?

Je n’ai aucun problème avec ça. Je suis bien à l’aise avec tout ce qui s’est passé avec Vomitory étant donné que je suis encore très fier de ce que nous avons accompli, ensemble. Vomitory a juste cessé d’exister. C’était le temps de mettre la bête au rancart. Pour moi, c’était beaucoup plus un fardeau à porter qu’une partie de plaisir. C’était la même chose pour quelques autres membres du groupe. Nous avons été actifs sur une période de 24 ans, sans arrêt. Mais à un moment donné, ça devient épuisant. Nous avons décidé d’arrêter le groupe pendant qu’il était encore le temps. Le groupe était encore au sommet de son art mais il était temps de passer à autre chose. La relation entre les membres était bonne, nous étions et sommes encore de bons amis. Je crois que nous sommes sortis de cette aventure par la porte d’en avant et avec la tête bien haute.

Et comment s’est formé Cut Up?

Trois mois après! Aussi rapide que ça! Moi et Erik (Rundqvist, basse et voix) avons eu quelques discussions sur le fait de se remettre au travail ensemble après l’aventure qu’était Vomitory. C’est en mars que nous avons décidé de former Cut Up. Ça été très rapide et nous nous sentions bien à l’intérieur de ce nouveau groupe. C’était bien de remettre le compteur à zéro, de repartir avec du sang neuf. C’était excitant!

Dernière question maintenant. Cut Up serait parfait sur une tournée comme le Summer Slaughter Tour. Donc, des chances de vous avoir en tournée ici en 2017?

Il y a toujours des chances. Si des promoteurs lisent ceci et si vous êtes intéressés à nous engager, écrivez-nous au [email protected]. Nous désirons vraiment allez chez-vous pour vous proposer du death métal!

Le message est passé! Merci Tobias!

Merci Yanick!

Le nouvel album de Cut Up « Wherever They May Rot » est disponible!

http://www.cutupofficial.com/

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