Testament: Retour sur le concert avec Sepultura et Prong (26 avril 2017)
J’ai un problème avec Testament. Un léger problème mais ce n’est seulement qu’en spectacle. Effectivement, même si j’apprécie leur musique depuis près de 30 ans, il m’est difficile d’aller les voir maintenant en concert car je ne fais que diriger mon regard en direction de Gene Hoglan, responsable des percussions.
Connaissant l’habileté des autres membres du groupe, je suis hypnotisé par Hoglan. Maintenant, pour cette tournée, ce métronome humain est placé tellement haut sur scène qu’il est maintenant impossible de détourner mes yeux face au travail de cet habile percussionniste.
Oui, il est agréable de voir Chuck Billy faire du air guitar sur son pied de micro ou de voir Steve DiGiorgio manipuler sa basse. Peterson et Skolnick aux guitares demeurent des références dans le domaine et ce duo se veut excessivement explosif. Mais Hoglan derrière sa machine de guerre, c’est plutôt spectaculaire!
Pourquoi commencer immédiatement par le plat de résistance? Avant Testament, nous avons eu droit à deux formations qui ont sur forger leur son durant les années ’90, tout comme Testament, c’est-à-dire Prong et Sepultura.
Cette tournée nous présente un portrait plutôt fiable face aux groupes qui ont toujours su tirer leur épingle du jeu tout en étant dans l’ombrage laissé par le Big Four. Il faut surtout comprendre que ce trio métallique a pu se sortir des années (dévastatrices, métalliquement parlant) grunge tout en jonglant avec divers problèmes internes, ce qui a entraîné de nombreux changements au niveau du personnel au fil des années.
Avec peine et misère, j’ai pu assister aux notes finales de Prong. Il n’était pas facile de laisser la chaumière aussi rapidement que d’habitude et je suis arrivé aux alentours de 19h35 au Metropolis. Snap your Fingers, Snap Your Neck se voulait précise et la sonorisation impeccable pour un groupe en ouverture. Sur scène, Tommy Victor était en grande forme et souriant. Les quelques mots de politesse échangés avec le public sont toujours bien accueillis.
En 2017, il faut maintenant comprendre qu’il est futile de parler de Sepultura en soulignant encore le passé glorieux du groupe, l’impact de Max Cavalera et du fait que ce n’est plus pareil. Effectivement, c’est différent mais il faut croire qu’avec leur dernier album, Machine Messiah, le groupe brésilien nous a offert leur meilleur album de cette période Derrick Green.
Lorsque le groupe propose du matériel de l’ère Green, ça passe facilement. Lorsque la visite s’étend dans le catalogue plus mythique de Sepultura, c’est à ce moment que certains ont des réticences face à la diction de Green ou du fait qu’il manque une guitare sur scène.
Par contre, nul ne peut résister aux assauts punitifs d’Eloy Casagrande aux percussions. Il fesse, tape et démoli avec précision!
Sur une tournée qui nous vend une certaine nostalgie face aux années ’90, il aurait été facile de croire que Sepultura aurait pu présenter uniquement un retour face au matériel antique. Ce choix aurait pu se retrouver comme étant une réponse précise face à la décision des frères Cavalera de présenter l’album Roots en entier en tournée.
Ce n’est pas ce que Sepultura a décidé de faire sur cette tournée. Avec ce nouvel album, le groupe a donc décidé de capitaliser grandement sur ce disque en présentant pas moins de 5 chansons de Machine Messiah. Sur un total de 11 pièces, c’est pratiquement la moitié.
I Am the Enemy, Phantom Self, Alethea,Sworn Oath et Resistant Parasites ont eu la lourde tâche de convaincre ceux qui ne carburent qu’au matériel pré-Roots que le groupe propose encore du contenu intéressant tandis que ceux qui apprécient cette facette « moderne » de Sepultura ont su apprécier la justesse qui se dégageait face à l’interprétation.
Dans le domaine des vieux succès, Montréal a pu se délecter face à Desperate Cry en plus d’Inner Self, Refuse/Resist et comme de raison, le doublé Ratamahatta qui se fond dans Roots Bloody Roots.
Je ne croyais pas qu’il allait y avoir autant de monde pour cette soirée. J’avais même l’appréhension que ce concert allait être relocalisé au Corona. En plein mercredi et avec un public vieillissant, je m’imaginais mal une foule de 2000 personnes pour la venue de cette caravane.
Grandement impressionnant de voir une foule aussi grandiose pour Testament. Lors de leur dernier passage en salle, c’était lors de leur tournée avec Anthrax. Avec d’excellents albums qui sortent de façon constante et une réputation hors du commun, je comprends pourquoi certains ont décidé de braver le manque de sommeil aujourd’hui pour pouvoir participer à ce spectacle.
Est-ce cliché de dire que Testament est au somment de sa forme? Si ce n’est pas le cas, les musiciens le cachent très bien. Chuck Billy possède encore sa voix si singulière et ses détours face aux grognements ajoutent encore plus de profondeurs aux chansons.
Un peu à l’image de Sepultura, Testament nous a rappelé qu’un nouvel album était disponible et que cette tournée n’était pas une façon de capitaliser sur le vieux stock, comme certains groupes peuvent le faire…
Sept chansons sur un total de dix-sept provenaient des deux derniers albums du groupe, Dark Roots of Earth et Brotherhood of the Snake. Les quatre premières chansons de la soirée étaient tirées des deux albums et la réaction du public fut immédiate. Avec autant de vigueur de la part de la foule, le groupe n’avait plus qu’à livrer la marchandise. Lorsque ton public est capable de hurler WAR! lorsque Chuck Billy termine son Rise Up, tu comprends rapidement que la foule n’est pas là uniquement pour entendre du matériel qui se retrouve sur Practice What You Preach ou The New Order.
En général, les solos individuels lors des spectacles métalliques peuvent être l’équivalent de se tirer une balle dans le pied… sans se manquer! Il y a une perte au niveau du dynamisme et il se peut que le groupe ait besoin de deux ou trois chansons avant de pouvoir reprendre du poil de la bête. Testament est l’une des exceptions à la règle. Que ce soit à la basse, à la guitare ou aux percussions, c’est de la porno pour le musicien en herbe!
Il était plutôt comique de voir la concentration ultime d’Eric Petersen lors de son solo. Malgré le fait qu’une demoiselle, montée sur les épaules d’une autre personne, lui offrait un solo de bongos sur sa poitrine, il demeurait concentré… et impassible!
Il était plutôt lucratif d’entendre des chansons comme Electric Crown, Low et Into the Pit se ramasser avec des trucs plus récents comme The Pale King, Stronghold et Throne of Thorns. Il faut se rendre à l’évidence que de recevoir des titres comme Souls of Black, First Strike is Deadly, Over the Wall et Practice What You Preach est encore extrêmement intéressant car ce matériel possède toujours cette même poigne qu’à l’époque!
Oui, trois groupes encore très pertinents!