Destruction: Retour sur le concert avec Warbringer et Jungle Rot (31 mai 2017)
Le constat se voulait évident et sans équivoque. Cette tournée qui met en vedette Destruction présente une carte infaillible. Nous ne retrouvons que des valeurs sûres sur cette carte, que des groupes qui débordent d’efficacité et qui battent la chamade depuis de nombreuses années. Avec Jungle Rot, Warbringer en plus du trio allemand, il est évident que ta soirée sera enivrante et hautement métallique.
Même si elle a débuté avec les nouveaux venus de Demons Within, je ne saurais dire comment ce groupe s’est tiré d’affaire. En mettant pied sur scène vers 19h00, je venais à peine de quitter ma chaumière vers cette heure-là!
J’ai plutôt fait mon entrée à l’Astral lorsque Jungle Rot s’est présenté sur scène pour ses 40 minutes dans la métropole. L’immensité de la salle permettait aux groupes d’avoir leur toile de fond de scène complète en plus d’être bien étendue. Avec l’imagerie qui accompagne leur dernier album Order Shall Prevail, la troupe de Dave Matrise avait des bâches militaires pour cacher les amplificateurs des musiciens. Chacun portait sa tenue de milice à l’effigie de Jungle Rot, ce qui donne un caractère encore plus imposant à leur death métal à saveur militaire.
Fidèle à son habitude, le groupe présentait une fois de plus un nouveau batteur. Cette fois-ci, c’était Jason Adam Borton qui est percussionniste pour Arkaik lorsque le groupe est en tournée lui aussi. Avec son menton ciselé, très carré en plus de sa coupe classique des années ’60, il avait une allure très GI Joe, question de se fondre avec l’ambiance néo-milicienne de Jungle Rot.
Une fois de plus, l’accueil montréalais a été grandiose pour les musiciens qui se retrouvaient avec leur nom crié à l’unisson entre les chansons en plus d’avoir droit à une foule virulente qui n’a jamais hésité à mettre la main à la pâte pour créer des circle pit sans qu’aucune demande n’ait été officiellement émise par Matrise. Il est certain qu’en entendant des titres comme Terror Regime, Eat Fuck Kill et Voice Your Disgust, nous comprenons rapidement que la tentation fait le larron car les cadences du groupe sont plutôt invitantes face à l’entrechoquement des corps.
Warbringer est l’un de ses groupes qui a eu maille à partir avec le phénomène des musiciens qui quittent sans avertissement. Impossible pour les Américains de garder une formation stable pendant plus d’un an. En moins de 15 ans, ce groupe s’est retrouvé avec plus d’une douzaine de musiciens qui abandonnaient le navire. Maintenant, la formation peut compter sur un alignement qui semble stable, du moins pour le moment… Signé avec Napalm Records pour ce nouvel album du nom de Woe to the Vanquished, le groupe semblait plutôt fier de cette nouvelle production. En interprétant la moitié de l’album, on comprend que Warbringer croit au potentiel de ce dernier.
Même si la barre avait été placée plutôt haute par Jungle Rot, Warbringer a su sortir de là avec honneur grâce à la constance et à la consistance de son thrash métal moderne. John Kevill, tout comme Dave Matrise avant lui, était grandement impressionné par cet accueil excessivement chaleureux des Montréalais qui n’ont pas hésité à sauter, à tourbillonner tout au long des titres comme la punitive Remain Violent, Shellfire, Living in a Whirlwind avec son pit circulaire et Combat Shock.
Le groupe sera de retour avec Dark Tranquillity le 17 septembre!
Destruction nous visite plus que régulièrement depuis son « retour » en 2000 avec All Hell Breaks Loose. Déjà 17 ans que le groupe est en mode renaissance et chaque album se veut intrigant car la facture originale du son de Destruction s’y retrouve en plus de sentir une certaine touche de modernisme. Sorti l’année dernière, Under Attack avait permis au groupe de partir en tournée mais l’Amérique n’était pas dans les plans de Destruction.
En 2017, les Allemands ont remédié à cette situation en nous offrant une visite qui se voulait intense. Même si le public se voulait presqu’exclusivement constitué de vieux de la vieille, ceux qui ne connaissaient pas les derniers albums de Destruction ont su apprécier leur soirée car Destruction possède cet éclair de génie. Effectivement, le groupe a cette tendance à offrir un titre plus récent suivi par un classique nous venant des belles années du groupe.
C’est pourquoi une chanson comme Under Attack s’est fondue dans Curse the Gods. Pour ce qui est de Nailed to the Cross, elle s’est mutée dans Mad Butcher et Dethroned a copulé amplement avec Life Without Sense.
En 2017, Destruction célèbre les 30 ans de l’album Release from Agony. La chanson-titre s’est trouvée une place jusqu’à nos oreilles pour ensuite nous laisser Destruction en mode très old school car le groupe a ajouté Total Desaster en plus de l’instrumentale Thrash Attack.
Succédant les apparitions d’un micro à l’autre, Schmier profite du trio de microphones sur scène pour nous combler de sa présence. Peu importe où l’on se retrouve, nous avons notre dose visuelle et sonore du chanteur/bassiste. Malgré le fait que le groupe soit un trio, on ne sent pas de vides causés lorsque Mike effectue ses solos, le tout étant bien appuyé par la basse de Schmier en plus des percussions précises de Vaaver. Ce dernier offre aussi des voix plus grasses en accompagnement, ce qui permet à Destruction d’obtenir une certaine opacité en concert, un phénomène impossible avec les batteurs précédents.
Conséquent dans ses interventions depuis toujours, Schmier a rappelé que c’est à Montréal que le groupe a reçu son premier coup de pouce nord-américain alors que le groupe jouait lors du WWIII. Ce festival mythique avait alors offert cette rampe de lancement au groupe et même encore aujourd’hui, on sent que Destruction se veut redevable face à Montréal.
En rappel, Thrash Till Death mais surtout Bestial Invasion m’ont rappelé pourquoi je suis encore aussi friand de ce groupe qui, malgré l’âge avancé, continue de botter les fesses avec… fringance!
Il serait le temps de donner au groupe ce qu’il mérite amplement : une place enviable sur la programmation du Heavy Montréal 2018!
http://www.destruction.de/
Photos : Mihaela Petrescu