Metallica: Entrevue exclusive avec Lars Ulrich lors du passage du groupe à Montréal
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Metallica: Entrevue exclusive avec Lars Ulrich lors du passage du groupe à Montréal

J’ai eu l’opportunité mais surtout l’immense plaisir de m’entretenir avec Lars Ulrich de Metallica, lors du passage du groupe à Montréal en juillet dernier. Entrevue réalisée en collaboration avec Musik Universe, il faut comprendre que le stress était à son paroxysme étant donné la rencontre avec un monument de la musique métal. Véritable gentleman, il a été capable de nous faire comprendre que le tout allait bien se dérouler! Ce qui a été le cas car nous avons réussi à lui soutirer un scoop et peut-être même, un deuxième!

Arrivé en retard à Montréal, Metallica a tout de même pris le temps de remplir ses engagements face aux trois seules entrevues qui étaient prévues pour le groupe.

La traduction de l’entrevue se trouve juste ici tandis que la version vidéo est en bas, à la toute fin de la traduction.

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Lars, bienvenue à notre émission. Tu es à Montréal et tu passes du bon temps, comme d’habitude?

Je suis à Montréal depuis, une heure environ.J’ai toujours du plaisir ici.Ah, regarde ce qui arrive! Une tasse de thé! 30 secondes en entrevue et une tasse de thé qui arrive comme par magie!

Est-ce que nous devons t’appeler Sir Lars? Car tu as été fait chevalier.

Tu appelles mon père Sir, tu peux m’appeler Lars. Les Danois ne sont pas très formels, donc tu n’as pas à m’appeler Sir. C’est plus un truc anglais.

C’est parce que tu buvais du thé.

Ouais. Les formalités en relation avec le fait d’être fait chevalier sont surtout dérivées de la version anglaise de la chose. C’est avec l’épée, la Reine et le fait de s’agenouiller, et tout le reste. Au Danemark, c’est différent. « Voici, c’est comme ça, c’est apprécié. » Mais non, tu n’as pas à m’appeler Sir.

Nous allons parler de ce nouvel album, Hardwired… to Self-Destruct. La chanson Hardwired, Moth Into the Flame et Atlas, Rise!  c’est un retour aux racines du thrash, du moins pour ce que j’en pense. Quel était votre état d’esprit lorsque vous êtes entrés en studio pour écrire de nouvelles chansons?

L’état d’esprit lorsque nous écrivons en général est toujours le même. Nous essayons tout simplement d’écrire les meilleures chansons qu’il nous est possible d’écrire. La direction musicale vient de façon organique. Il n’y a pas de déclaration officielle qui dit que nous devons faire ceci ou cela, nous devons retourner aux racines ou rester fidèles à nos chansons qui ont obtenu du succès. De réinventer la roue. Il n’y a pas ce genre d’attitude. C’est plus dans le sens que nous nous demandons quel est le meilleur matériel que nous pouvons faire, quelle portion de ce matériel peut sortir du lot. Nous avons l’habitude d’avoir un procédé très organique, ça sort tout seul. La chose qu’il nous reste à faire est d’en prendre soin. Parfois, c’est comme si les chansons s’écrivent par elles-mêmes. Les meilleures sont celles qui se retrouvent sur l’album. Il y a rarement un… Avec Rick Rubin, avec qui nous avons fait l’album précédent, il y avait plus de (imitant la voix de Rubin) : « Peut-être que nous devrions le faire comme ceci. Nous devrions écouter la même musique que vous écoutiez en 1985, nous devrions changer des choses dans les accords. » C’était un processus plus réfléchi. Celui-ci est beaucoup plus organique.

Vous avez une relation très forte avec le Québec. Vous avez joué ici c’était en quoi, 1987? Vous avez fait une tournée du Québec. Te souviens-tu d’avoir joué…

Rimouski

Chicou, Chicoutimi!

Yeah. Chicoutimi. Rimouski, Chicoutimi. C’était en 1986, c’était en décembre. Nous avons joué dans toutes ces villes. C’était fou, c’était froid! C’était sombre. Beaucoup d’amour. Comme de raison, Montréal et Québec. Nous avons ouvert le nouvel aréna de Québec,  il y a deux ans et nous avons fermé l’autre, le Colisée Pepsi et l’autre au Vidéodrome (NDLR : Centre Vidéotron). Notre histoire en ce qui concerne Montréal remonte à 1985, je crois. Le Spectrum… le Forum? Un de ceux-là, ça date un peu! Et comme tu le disais, Chicoutimi et Rimouski, il y a une histoire, c’est certain. Nous avons filmé un DVD à Québec. Et sais-tu pourquoi nous l’avons filmé à Québec? C’est à cause de Montréal. Nous avions fait deux spectacles à Montréal. Nous sommes sortis de scène et avons dit : Holy fuck! L’atmosphère est tellement fantastique avec les Canadiens-français et ils sont tellement beuglards, impliqués dans les chants d’accompagnement. Ils sont bruyants et si nous devons tourner un vidéo qui documente l’expérience Death Magnetic, nous devrions le faire dans cette portion du monde. Nous avions deux concerts à Québec, environ un mois plus tard. Nous avons décidé de les filmer. Évidemment, nous avons beaucoup d’histoires ici.

Parlant de Chicoutimi, c’est la ville dans laquelle j’ai grandi. J’ai encore mon billet.

Tu as encore ton billet!

Regarde ça. 15 dollars.

Je me souviens que nous avons fait un long périple au Canada, nous avons commencé dans le fin fond de l’est. Il y avait Halifax, Moncton et après, Chicoutimi, Toronto, Ottawa et Montréal, comme de raison. Saskatoon, Regina et Winnipeg. Je me souviens qu’à Winnipeg, c’était reconnu comme étant le coin le plus venteux en Amérique. Il devait faire -35 degrés. C’était le 16 décembre, je crois. Regarde comment il est petit! On dirait que ton billet s’est ramassé dans la laveuse!

Ouais!

Est-ce que ça s’est ramassé dans la laveuse?

Oui, ma mère l’a lavé! Elle l’a mis dans la laveuse et la sécheuse!

Sois prudent, mon gars! Attention avec tes billets, bro! Hahha!

C’est ma mère!

Aussi, Lars, te souviens-tu de la compagnie de disques Banzaï? C’était dirigé par Michel Meese, il est celui qui vous a accueillis en 1985. Je vais te montrer mon édition Banzaï de Ride the Lightning. 

S’il te plait, montre-moi ça.  C’est un jeu qui s’intitule Tape le Batteur. Voyons ça. Est-ce le vert? Oh, yeah yeah!

Et il y a une erreur de frappe, sur for Whom the Bell Tolls. Est-ce que tu te souviens de cette époque Banzaï Records? Des souvenirs à ce sujet?

For Whom the Bells Toll, c’est donc ça… Écoute, à cette époque, nous étions très heureux de pouvoir faire des disques. Il y a une version de Ride the Lightning, qui est sorti sur l’étiquette Bernett, c’était un truc en France. Il était vert. À cette époque, il n’y avait pas beaucoup de ressources, ils faisaient ce qu’ils avaient à faire et ils étaient passionnés. Ils étaient dans le bon état d’esprit. Ils croyaient en Metallica et comme de raison, des trucs comme ça sont arrivés. Ce genre de trucs ne s’efface pas lorsque tu te retrouves sur une étiquette majeure. C’est certain que je me souviens de Banzaï, c’était une belle période, de belles années. Nous apprécions tout ce qu’ils ont fait à l’époque. Qui aurait pu croire que, 33 ans plus tard, nous serions assis ici ensemble, dans une remorque. Une remorque avec un climatiseur, par contre! Avec  de la draperie qui recouvre la moitié de la remorque. Le luxe, pure!

J’ai lu de nombreuses biographies sur Metallica. J’ai lu qu’à l’époque, tu avais vendu ta collection de disques, question d’aider le groupe. Est-ce une légende ou est-ce la vérité?

Je crois que c’est un peu des deux. Je crois que j’ai vendu mes singles (NDLR : des simples, parfois sous la forme de 45 tours) en format 7 pouces, des EPs. J’ai vendu toute la boîte, à un gars qui se nomme John Strednansky pour 300 dollars. Nous avions besoin d’argent pour manger. Nous avons mangé. Depuis ce temps, j’ai racheté quelques-uns des singles. Mais à l’époque, tu devais faire ce que tu avais à faire!

Aussi, j’aimerais savoir. Vous avez lancé Garage Days Re-Revisited, Garage Inc. Est-ce possible d’avoir un troisième volet de la série Garage?       

Là où il y a de la vie, il y a de l’espoir. C’est vrai? Ha, il est d’accord! Donc, oui. À la base, Metallica était un groupe de covers (NDLR : Un groupe qui ne jouait que du matériel des autres groupes.) et de jouer du matériel d’autres groupes a toujours été une partie de ce que nous sommes. Je suis certain que nous allons enregistrer du matériel et le sortir.

Vous avez sorti un superbe coffret pour Kill Em’ All. Un autre pour Ride the Lightning. Étant donné que vous possédez les droits sur vos enregistrements, est-ce que vous aimeriez lancer le coffret de Master of Puppets?

C’est une excellente idée! Je n’y avais pas pensé. Peut-être que nous y avons pensé. Donc, oui. C’est ce qui s’en vient après! Chut… Ne le dis pas aux autres!

Je ne le dirai pas…

C’est le prochain. Ça devrait sortir peut-être plus tard. Nous allons tenter de le sortir d’ici la fin de l’année. Ça s’en vient. Nous y travaillons. Il y a tellement de choses associées à Master of Puppets. C’est un projet immense. Nous avons passé beaucoup de temps à travailler sur Hardwired. Master of Puppets est, évidemment, le suivant. Évidemment, pas évidemment. Master of Puppets est le suivant! Nous pouvons le confirmer. Lars Ulrich confirme que c’est le suivant… duh! Nous espérons d’ici la fin de l’année, sinon, un peu plus tard.

Lars, vraiment, merci beaucoup!

C’était bien de te parler!

www.metallica.com

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Photo : Shamil Tanna
Montage de l’entrevue : Jean-François Simard