Cult of Luna avec Julie Christmas : Retour sur le concert de Montréal avec Whores (23 août 2017)
L’année dernière, Cult of Luna avait su s’imposer lors du Heavy Montréal, jouant en même temps qu’une formation majeure sur l’une des scènes principales tandis que les Suédois occupaient une scène moins cossue, sous les arbres.
Tous ceux qui ont participé à cette communion avec le groupe lors de cette douce soirée d’été ont été sous le charme. Émus, les amateurs ont compris qu’ils venaient de passer un moment sublime avec le groupe tandis que le bon peuple se faisait abreuver par la sonorité erratique et l’incertitude scénique avec Five Finger Death Punch.
Si certains ont découvert Cult of Luna lors de cette soirée, ils se sont mis à fouiller un peu partout sur la toile pour découvrir ce que ce groupe pouvait offrir depuis quelques années. En se faisant l’oreille sur Somewhere Along the Highway , Salvation ou The Beyond, quelques-uns se sont rendus compte que la dernière offrande du groupe datait de quelques-moi à peine mais mettait en valeur le chant de Julie Christmas, anciennement de la formation Battle of Mice et Made Out of Babies.
Mariner est le nom de cet album qui permet le mariage entre la sonorité lourdement atmosphérique de Cult of Luna avec la voix de Christmas. Sorti en avril de la même année, on aurait pu croire que Julie Christmas se serait présentée lors du concert du Heavy Montréal mais ce ne fut pas le cas.
À la place, Cult of Luna et Julie Christmas ont décidé de partir sur les autoroutes nord-américaines en 2017 pour présenter l’album Mariner sur scène. Montréal était l’hôte de cette tournée mercredi soir et en plus, nous recevions Dalek et Whores en ouverture.
J’ai fait irruption au Théâtre Corona lorsque Dalek sortait de scène. Je me suis donc rabattu sur les copains qui attendaient, sans le savoir, la venue de Whores.
Et cette venue de Whores avait un certain attrait aussi. Le groupe devait jouer à Montréal il y a quelques mois et des pressions exercées par le musicien Owen Pallett et quelques autres membres de la communauté artistiques de Montréal avaient forcé l’annulation du spectacle.
Ils estimaient que le nom de Whores se voulait violent et incitait à la haine envers les femmes. Christian Lembach, chanteur et guitariste de Whores, a raconté en entrevue d’où venait l’inspiration face au choix du nom Whores.
La décision des membres de Whores face à leur nom de travail n’avait rien à voir avec la définition la plus rébarbative du terme… mais que voulez-vous! Le concert a été annulé, c’est de l’histoire ancienne mais surtout, Whores était présent hier soir.
Lembach s’est présenté sur scène avec un genou totalement en compote. Impossible pour lui de jouer debout étant donné sa blessure à la jambe. À la blague, on se demandait si Owen Pallett n’avait pas attendu Lembach derrière le Corona en après-midi pour lui enligner un bon coup de violon sur le genou, étant donné qu’en mai, ce dernier avait raconté que « S’ils (en parlant des musiciens de Whores) se pointaient chez moi, je les enverrais à l’hôpital! »
« Pas question d’annuler le concert! » a-t-il raconté, avant de commencer à jouer de la guitare, bien assis sur une chaise. Il a fait mention de l’annulation en mai dernier mais sans entrer dans les détails.
Avec une approche saligaude, Whores a su maintenir l’intérêt de la foule tout au long de la prestation. Même si nous n’avions que l’œil vers Lembauch grâce à sa posture inhabituelle, il faut comprendre que le bassiste ne laisse pas sa place et le batteur se veut tonitruant mais précis. Mélange habile entre ce que peut proposer musicalement The Melvins et The Jesus Lizard, Whores a su éveiller l’esprit de quelques amateurs qui étaient venus pour une parcelle musicale plus enveloppante mais se sont retrouvés avec du matériel plus chaotique dans le creux de l’oreille.
L’album Mariner a une durée de 55 minutes et c’est le chronomètre approximatif de la prestation de Cult of Luna d’hier. L’album joué en entier. Rien de plus, pas de rappel pour ajouter un truc du répertoire des Suédois, que Mariner enligné de manière intégrale.
Avec un gant orné de quelques lumières, un ensemble qui laissait paraitre une jupette et des bottes massives, Julie Christmas avait la prestance d’une Karen O des Yeah Yeah Yeahs mais avec une parcelle plus métalloïde.
Fidèle à son habitude, Cult of Luna avait son attirail lumineux qui n’éclaire que de derrière. Les rayons filiformes et filandreux s’entrechoquaient avec les effets stroboscopiques proposés par les coups de semonces du groupe. Lorsque les partitions se voulaient plus apaisantes, cette série de lumières prenait des allures plus onduleuses, tortueuses même.
Avec un aplomb certain, les musiciens, en plus de leur cantatrice invitée, ont proposé un spectacle qui semblait excessivement bien rodé, comme si le tandem roulait depuis des années malgré la précocité de l’accord entre les deux camps.
La foule est restée en mode admiratif tout au long de la prestation, acquiesçant au son de la cadence, retournant la tête vigoureusement lorsque les gens derrière étaient en mode jasette.
Avec un regard de feu et des sourcils hargneux, certains ont compris que la contemplation en silence était de mise pour apprécier encore plus cette prestation qui risque de demeurer unique!