Orphaned Land et Pain : Retour sur le concert de Montréal avec Voodoo Kungfu (12 septembre 2017)
BloguesChanceux comme un Quêteux

Orphaned Land et Pain : Retour sur le concert de Montréal avec Voodoo Kungfu (12 septembre 2017)

Après avoir passé un samedi soir envenimé aux Katacombes pour le Wings of Metal, j’y remettais les pieds quelques jours plus tard pour reprendre du service pour participer à la venue d’un groupe qui en était à sa première visite au Québec, Pain.

Groupe en parallèle de Peter Tägtgren d’Hypocrisy, il faut pratiquement comprendre que Pain est maintenant son projet principal, étant donné qu’Hypocrisy est en mode hibernation depuis une bonne traite. Comme il fallait s’y attendre, nombreux étaient les amateurs de sa formation principale mais nous retrouvions aussi ceux qui ont découvert le talent de Tägtgren au travers son autre groupe, Lindemann, duo électro-métal qu’il a mis au monde avec Till Lindemann de Rammstein.

Mais il y avait aussi un bon contingent de têtes blanches. Vous savez, ce genre de clients amateurs de musique progressive qui longent les allés chez Freeson Rock et Aux 33 Tours? Il faut comprendre que la musique progressive garde le cœur jeune et l’esprit ouvert car à l’étage supérieur des Katacombes, nous pouvions sentir qu’une large partie du public était sur place pour Orphaned Land.

Groupe israélien qui propose une musique métallique à la tendance progressive qui se veut savamment saupoudré d’un doux soupçon folklorique face aux influences du Moyen-Orient, Orphaned Land possède un large bassin d’amateurs en ville.

Avec leur message de paix et d’unité, ce groupe prône un élan face à la diversité. Un peu à l’image de leur philosophie, nous avons compris que cette tournée se voulait rafraichissante, diversifiée et totalement déjantée dans le choix des artistes qui prennent part à ce périple nord-américain car en plus des rythmiques électro-métal de Pain et des balancements musicaux d’Orphaned Land, nous avons gouté à cette dose d’intensité que propose Voodoo Kungfu.

Une chaleur accablante régnait entre les murs des Katacombes. Si samedi la porte-patio offrait un peu de fraîcheur alors qu’elle se voulait ouverte, il était difficile de comprendre que cette dernière soit demeurée fermée tout au long de la soirée. Pratiquement à guichet fermé, il y avait une foule plutôt compacte dans cette salle aux dimensions réduites qui a sué de lourdes gouttes.

Quelques personnes semblaient acclimatées face à la sonorité de Voodoo Kungfu. Pas facile d’approche, cette bête de folk métal oriental, agrémenté de quelques élans de modernité métallique, a pu impressionner au niveau de la présence sur scène. Mené de front par un véritable expert en arts martiaux, l’imposant chanteur s’est illustré avec de nombreux mouvements du genre Kungfu en plus de lâcher des hurlements, des bêlements, des cris aigus et d’autres élans vocaux plus près du chant de gorge.

Chansons longues et complexes, elles sont remplies de moments introspectifs où le chanteur du groupe, Li Nan, se met en mode concentration et entre en fusion avec les esprits de son art. Après s’être vidé une fiole de sang sur la tête, un état de transe s’est emparé de lui. Vidé, il s’est retourné vers le batteur, comme pour lui faire signe que la balade se voulait, terminée…

En allant à la salle de bains par la suite, j’ai vu Li Nan qui se débarbouillait dans le lavabo à l’aide des papiers bruns et de savon pour les mains. Torse nu, nous pouvions voir l’immense cobra tatoué sur son dos. Encore en mode hypnotique, son regard se voulait serein mais empli d’une rage au fond de la pupille.

La petitesse de la scène des Katacombes fait que quelques formations préfèrent laisser leur batteur s’installer à l’étage supérieur. C’est comme si ce dernier vivait une expérience à la Peter Criss de KISS, étant donné qu’il est perché au-dessus du groupe, en plus de la foule.

Aux percussions avec Pain, nous retrouvions un certain Sebastian. Âgé de 19 ans, nous avons pu constater que son état de jouvenceau ne l’empêchait guère d’être un batteur de précision. Fils de Peter Tägtgren, il était intéressant de voir cette confiance qui règnait dans les yeux du père lorsqu’il l’a présenté à la foule. Un peu à l’image de Max Cavalera de Soulfly qui utilise les services de son propre garçon depuis quelques années déjà!

Même si Pain a un nouvel album, le groupe n’est pas venu en Amérique pour le promouvoir pleinement. Le râteau a été passé dans les « succès » du groupe qui se veulent, des incontournables pour ceux qui suivent Pain depuis longtemps.

Avec End of the Line en ouverture, je savais que la prestation serait à mon goût. Même si les séquences électroniques manquaient de puissance dans le mix de la soirée, je me plaisais tout de même à me les repasser en tête, étant donné mon parti pris face à l’œuvre de Tägtgren en général.

Avec sa chemise aux allures d’une camisole de force, je voulais bien essayer d’entrer dans le personnage mais je ne voyais que le Tägtgren d’Hypocrisy, ce qui m’a semblé un léger irritant. Le tout s’est dissipé rapidement avec des chansons comme It’s Only Them, Zombie Slam, Suicide Machine, Dirty Woman, Same Old Song et I’m Going In.

Les musiciens ont même pris un bain de foule, descendant de la scène pour une ballade vers le public tout en plaquant quelques accords. Shut Your Mouth s’est retrouvée à la toute fin, avec une foule qui a hurlé les « oh oh’s » pour l’occasion.

Pour une première visite, je sens que le tout a été fait de façon plus discrète en y allant avec la petitesse des Katacombes. Est-ce l’élan nécessaire qui manquait à Pain pour retraverser l’Atlantique en mode tête d’affiche? Je l’espère mais en réalité, j’espère beaucoup plus un véritable retour de ce monstre death métallique qu’est Hypocrisy.

Lors de la prestation d’Orphaned Land, je me suis demandé avec qui ou quoi je pouvais bien comparer le tout. Face à des groupes du même niveau ou de la même période? Mis à part Myrath et Melechesh, rien d’autre ne s’est retrouvé dans ma tête. Lors des passages plus progressifs, ambiants et qui offraient une certaine bonhommie,  j’imaginais plutôt Orphaned Land comme un héritier de… Jethro Tull!

C’est probablement la présence de public plus âgé, situé à l’étage, qui m’a inspiré cette comparaison.

Les mains vers le plafond, les disciples de la Terre Orpheline ont vécu une véritable communion avec le groupe qui a offert une célébration musicale riche, copieuse en harmonie et foisonnante d’influences variées.

De larges sourires étaient visibles tout au long de cet enchantement. La joie se voulait palpable tout au long de cette heure musicale où Orphaned Land a fait comprendre que la seule véritable religion demeure, la musique!

http://www.orphaned-land.com/

Infos
Fermer
Plein écran
      Photos : Mihaela Petrescu