Sacred Reich : Retour sur le concert de Montréal avec Canceric et Ashes of Eden (22 septembre 2017)
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Sacred Reich : Retour sur le concert de Montréal avec Canceric et Ashes of Eden (22 septembre 2017)

Malgré une trentaine d’années d’existence, je n’avais jamais vu Sacred Reich en concert. Je suis passé près, en 1993, alors que le groupe ouvrait pour Pantera. Ce groupe, originaire de l’Arizona, s’est retrouvé au Canada au mois de mars, en plein cœur de l’hiver. Pour nous Québécois, cette période se veut agréable au niveau de la température mais pour Phil Rind (bassiste et chanteur) c’était comme la Sibérie.

Lors du périple, Rind est tombé malade mais vraiment malade. Une grippe d’homme comme on doit le dire. Il s’est retrouvé hospitalisé à Montréal, le temps de prendre du mieux. Annulation de la date à Québec, où je devais me rendre.

Sacred Reich allait revenir lorsque l’occasion allait le permettre! Aucune inquiétude! L’album Independent venait tout juste de sortir, les occasions allaient se présenter à nouveau.

Mais non. Pas pour cet album. Par la suite, le groupe a lancé Heal en 1996 mais aucune visite n’était prévue pour nous. Les années grunge ont fouetté les troupes métalliques, reléguant le métal au second plan. Les salles se voulaient moins remplies, les groupes se cherchaient au niveau sonore et l’effritement au niveau de la confiance était palpable.

Perte de contrat d’enregistrement, tentative sonore vers de nouvelles directions et manque d’intérêt de la part du public, certaines formations ont donc lancé la serviette. C’est en 2000 que Sacred Reich a rangé son artillerie, les musiciens sont donc retournés à leur vie familiale, le boulot régulier et une tonne de souvenirs en tête… et l’amertume du devoir non-accompli.

Le métal a bel et bien connu un regain de vie, une véritable renaissance au milieu des années 2000. Même si certains n’ont jamais abandonné le fort, il faut comprendre que la vieille garde n’a pas lâché et qu’un nouveau contingent s’est greffé, ce qui a amené une tonne de vieilles pointures à rechausser leurs baskets blancs de l’époque.

Sacred Reich est membre de ce club. En 2012, je faisais une entrevue avec Rind qui promouvait la sortie de Live at Wacken. En gros, il me racontait que ce retour était pour plaire aux fans, que son groupe se concentrait surtout sur les festivals européens et que Sacred Reich était plutôt une machine viable qui pouvait rouler lors de certaines périodes précises, non à temps plein.

Pas question de faire un nouvel album, les amateurs veulent le vieux matériel de toute façon. Pas question de faire de longues tournées, les membres ont d’autres priorités maintenant. Une visite à Montréal? C’était dans les plans du groupe mais lors d’un festival comme Heavy Montréal par exemple.

Il faut croire que les temps ont changé, les enfants ont vieilli aussi, ce qui permet au groupe de sortir en Amérique et de faire leur première tournée nord-américaine depuis un sacré bout!

Rind m’avait confié que le fait de revenir jouer au Québec était primordial pour Sacred Reich. Sentant avoir une certaine dette envers le public d’ici, la promesse a été tenue et c’est vendredi dernier que Sacred Reich a comblé cette absence de plus de 20 ans!

L’horaire indiquait un début des festivités aux alentours de 19h30. Vers 19h15, je monte à l’étage pour me rendre compte que la formation Byzantine n’y sera pas. Problème avec le camion, le groupe a donc dû déclarer forfait.

Plutôt que de commencer tout de suite, le spectacle s’est retrouvé repoussé de 30 minutes, question d’allonger le meet and greet avec Sacred Reich. Tout le monde était VIP! Pas question de payer un extra pour rencontrer le groupe, prendre des photos ou obtenir une signature. Tu n’avais qu’à t’avancer vers le bar où le groupe se tenait. Souriants, les musiciens ont pris le temps de combler chaque participant.

Canceric a fouetté en ouverture. Leur thrash de la vieille école agrémenté d’une parcelle de modernité est bien tombé. Avec deux solistes et un bassiste qui joue sur une basse fretless tout en poppant, nul ne peut passer sous silence l’originalité de ce groupe d’ici. Le chanteur Matt Bouchard semble de plus en plus à l’aise avec le groupe. Il en a même profité pour lancer quelques pointes humoristiques, surtout envers l’enthousiaste qui sautillait lors de leur prestation et qui s’est retrouvé les 4 fers en l’air!

Le nouveau matériel de Canceric se veut prometteur et le futur risque de sourire pleinement au groupe!

Ashes of Eden était le groupe suivant. L’expérience était visible sur scène car ce groupe est précis. Sans manquer une seule note, les musiciens ont prouvé qu’il était possible de se brasser la tête avec vigueur tout en demeurant maitre de son instrument. Les bases du groupe se jettent au début des années 2000, prouvant que la longévité demeure possible au Québec sans pourtant changer de style car Ashes of Eden propose encore et toujours un death/thrash très mélodieux et même sans nouvel album depuis 10 ans, leur matériel demeure encore pertinent. Même Stéphane Barbe de Kataklysm était présent devant la scène, question d’encourager le groupe et surtout son frère d’armes Dano Apekian, qui tient la basse aussi, avec Ex Deo.

Le sourire était visible sur le visage de Phil Rind de Sacred Reich. L’imposant bassiste ne pouvait cacher son plaisir face à l’accueil réservé à son groupe. La formation américaine a mis la table avec Ignorance, Administrative Decisions, One Nation et Love…Hate.

Antique, cette soirée saluait les belles années du thrash. La nostalgie était palpable mais sans ce sentiment rempli d’amertume. Le salut face à cette période s’est fait avec une poigne certaine grâce à des interprétations fidèles de Victim of Demise, Violent Solutions et Crimes Against Humanity.

Rind s’est permis de raconter ce qui s’était passé à l’époque, lorsqu’il a été hospitalisé à Montréal. Il prend le temps d’en rire maintenant, même s’il croyait vraiment qu’il allait mourir, et il est bien heureux de s’être retrouvé au même hôpital que James Hetfield lorsque ce dernier a été brûlé lors du fameux concert au Stade Olympique.

La foule a bien répondu à l’appel de Rind lorsqu’elle a entonné les dernières lignes  du premier couplet de Who’s to Blame. Par la suite, le fait d’y aller avec Free, I Don’t Know, Independent et leur version de War Pigs de Black Sabbath (chantée à l’unisson) m’a confirmé ce que je croyais : aucune chanson tirée de Heal n’allait être jouée. C’est avec leur classique The American Way que le groupe a terminé sa visite à Montréal et c’est à ce moment que la foule a démontré son enthousiasme en y allant avec plus de vigueur devant la scène.

Après une pause de quelques secondes, Sacred Reich est revenu le temps d’asséner deux dernières chansons, question de compléter cette visite essentielle à Montréal. Death Squad et Surf Nicaragua ont fermé les livres face à cette soirée. Les musiciens ont donné la main avant de sortir, distribué baguettes et pics avant de laisser la place.

En souhaitant que la prochaine visite ne se fasse pas dans 20 ans… car je serai probablement un jeune retraité, jouant au golf!

www.facebook.com/sacredreichofficial/

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      Photos : Mihaela Petrescu