Mastodon : Retour sur le concert de Montréal avec Eagles of Death Metal (9 octobre 2017)
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Mastodon : Retour sur le concert de Montréal avec Eagles of Death Metal (9 octobre 2017)

La dinde était bien dodue lors des célébrations de l’Action de Grâce hier soir. La table était mise, les enfants tournoyaient autour des grands-parents, les convives avaient leur verre bien rempli et moi, j’ai levé ma  choppe, portant un toast aux victuailles présentes sur cette table si abondante.

Aucunement.

Hier, pour l’Action de Grâce, je me suis tapé une poutine au bœuf au Saint-Bock en plus de deux verres de Shelton NEIPA.

De type festif, je suis mais hier, j’étais festif en plus d’être en mode rock. Une journée de congé bien remplie qui s’est avérée excessivement occupée avec une entrevue avec Bill Kelliher de Mastodon en après-midi, l’opportunité de rester pour la balance de son par la suite et finalement, le concert en soirée.

Entre tout ça, il y avait ce petit repas frugal, sur St-Denis. Entouré d’amis et de l’épouse, cette Action de Grâce prenait une toute nouvelle tournure, plutôt agréable.

Officiellement, c’était mon premier concert au M Telus. Le nouvel aménagement se veut correct mais il n’y a pas de révolution et d’étonnement. Présence de toilettes à l’étage du bas maintenant! Ceci n’est aucunement un luxe en tant que tel mais comme de raison, nous allons devoir nous y faire car j’ai visité le petit coin à deux reprises hier soir et par habitude, je me suis retrouvé à l’étage du haut.

Eagles of Death Metal a pris place sur scène de façon conviviale. L’accueil se voulait chaleureux de la part du public montréalais. Cette vague d’enthousiasme était gonflée par cet immense respect porté par la foule, face au groupe. On ne peut passer sous silence le fait que Eagles of Death Metal demeure une formation emblématique, en relation avec les évènements terribles du Bataclan. Tous ont salué le courage des musiciens qui ont su retrouver la force de remonter sur scène malgré l’horreur et hier soir, l’acclamation portait ce respect.

Même Brent Hinds de Mastodon s’est présenté sur scène avec le groupe. Il est resté le temps de la première chanson, I Only Want You. Ce qui a été présenté par le groupe se voulait plutôt bien accepté par cette foule à forte majorité métallique. Certes, nous retrouvions un contingent plutôt amouraché par la musique du groupe quoiqu’en général, le côté plus garage rock/boogie du groupe semblait faire grincer les amateurs de métal progressif qui après les deux premières chansons, en avaient déjà ras la casquette. Ça ruminait, mais subtilement.

Ce qui n’a pas aidé étaient les longues transitions entre les chansons. Beaucoup de tergiversations, un changement de chemise pour un t-shirt en plus de remettre les bretelles convenablement, l’exercice se voulait langoureux. Très, même.

Il aura fallu la reprise de Moonage Daydream de David Bowie suivie par I Want You so Hard (Boy’s Bad News) pour nous remettre de la mine dans le crayon car le groupe était en train de nous perdre un peu. Même leur tentative sur Ace of Spades de Motörhead a semblé être un irritant beaucoup plus qu’un bonbon pour l’oreille.

Applaudissements débordants de respect sont venus de la part des participants qui, majoritairement, se voulaient impatients face à l’arrivée de Mastodon.

En tournée pour Emperor Of Sand, il faut comprendre que le groupe promouvait aussi leur nouveau EP, Cold Dark Place, sorti il y a à peine une semaine. Ce mini-album comprend 4 chansons dont Toe to Toes, pièce qui provient des sessions d’enregistrement de cet album tandis que les trois autres proviennent des sessions de Once More ‘Round the Sun.

Aucune chanson de Cold Dark Place ne s’est retrouvée sur scène hier soir, Mastodon a préféré capitaliser sur Emperor of Sand en plus de piger ici et là, dans le répertoire.

Même si cet album se veut conceptuel, Mastodon n’a pas optimisé l’expérience en y allant avec l’intégralité. Avec Crack the Skye, nous avions eu droit à ce traitement mais ici, c’était plutôt un éventail presque complet de l’essentiel de la carrière du groupe.

Dès le départ, Mastodon a proposé The Last Baron. Ce choix inattendu m’a remis en tête l’intensité qui se dégage de l’album Crack the Skye, justement. La scène était vraiment habitée par un décor de type « rock progressif » avec des colonnes de lumières animées en plus de quelques éclairages circulaires, sur un rail en demi-cercle. Aucun fond de scène aux couleurs de l’empereur qui orne la pochette du dernier album.

Sultan’s Curse s’est retrouvée dans nos oreilles immédiatement après. Pièce qui ouvre le dernier album, elle se veut poignante étant donné tout l’historique qui se greffe à l’album. Les musiciens sont encore une fois solides, précis et attentifs face à leur travail autant que la foule qui reçoit toute l’énergie musicale et répond par la pareille avec de vifs mouvements corporels ou de la tête, des bras et des poings. Si certains s’entrechoquent, d’autres profitent de la contemplation uniquement.

La balade musicale sera complexe, métallique et progressive. Un grand total de 19 chansons ont été jouées en moins de deux heures. Si je me suis délecté de chacune des chansons provenant d’Emperor of Sand comme Show Yourself, Ancient Kingdom, Andromeda et Precious Stones, j’ai pu apprécier l’emprise vocale de Brann Dailor sur Steambreather. Batteur à la base, il est toujours intéressant de le voir (et entendre) chanter tout en tapant sur les peaux. Il demeure de plus en plus précis sur les trucs plus mélodieux et je comprends pourquoi une chanson comme The Motherload ne s’est pas retrouvée dans la liste sur cette portion de tournée, étant donné son intensité face à la performance.

Il est évident que, selon les standards de l’amateur des premiers albums, certaines pièces se voulaient manquantes et qu’à la place de Bladecatcher, il aurait été intéressant d’entendre un March of the Fire Ants, Blood and Thunder ou Crusher Destroyer.

Mais en pigeant amplement dans le matériel de Crack the Skye et Blood Mountain, nous y trouvions notre compte grâce à des interprétations colossales de Divinations, Oblivion et Crack the Skye en plus de Crystal Skull et Colony of Birchmen.

Par contre, je dois avouer que les deux moments les plus impétueux du concert restent les interprétations de Megalodon (la partie centrale est un pur délice à chaque fois)  et surtout, celle de Mother Puncher pour sa hargne.

Quoiqu’il en soit, Mastodon s’est encore montré à la hauteur des attentes. Métalloïde, cosmique et progressif, chacun a su en tirer le maximum face à son prix d’entrée. Véritable force de la nature, Mastodon réussit encore à nous captiver après les années et moi, même après une 16e fois, j’en redemande encore!

www.mastodonrocks.com

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      Photos : Mihaela Petrescu