Cattle Decapitation : Retour sur le concert avec Revocation et Full of Hell (1er novembre 2017)
La Loi de Murphy peut être impitoyable. Hier soir, j’ai réussi à me débrouiller pour quitter vers 18h30. Selon mes calculs, j’étais en mesure d’être aux Foufs aux environs de 19h15. Avec un marathon de 5 groupes pour un mercredi soir, j’avais la ferme intention de me présenter tôt.
En entrant dans ma voiture, j’ai échappé mes bouchons auditifs qui ont roulé sous le siège du conducteur. Après quelques minutes de recherche (et de blasphème intense), je me suis donc rendu à l’évidence qu’il était plus sage d’aller m’en chercher des nouveaux à l’étage, à la maison.
Pour une des rares fois, j’avais verrouillé la porte de la maison. Habituellement, je laisse le tout à mon épouse mais j’étais tellement certain face à mon départ que j’ai pris la peine de le faire. J’avais tellement de temps devant moi!
En entrant, j’ai dû enlever mes chaussures car c’était la flotte à l’extérieur. Après avoir expliqué à femme et enfants le « pourquoi » j’étais encore dans la maison, j’ai pu quitter. Je n’avais plus qu’à prendre la route, m’arrêter au guichet automatique et ensuite, me diriger aux Foufs.
En 10 ans, c’était la première fois que je voyais ceci à ce guichet monétaire : Retrait non-disponible. Tu sais, quand ça va bien…
Je devais me rendre à l’épicerie à côté, question de faire un achat compulsif pour pouvoir ainsi faire un retrait à la caisse. Après avoir arrêté mon choix sur une boîte de chocolats à moitié prix en raison du lendemain de l’Halloween ainsi qu’un sac de café, j’ai pu m’avancer à la caisse.
Devant moi, une seule dame avec quelques achats, rien de très long.
« Oh, pour la soupe, je l’ai vue dans la circulaire à moins cher que ça. » de raconter la dame au commis.
Comme de raison, le commis à dû appeler un employé qui devait se rendre dans la rangée pour vérifier le prix de ladite soupe.
Trois éternités plus tard, l’employé est revenu avec le prix qui ne semblait pas plaire à la dame. Le commis lui a tout de même laissé l’objet de ses désirs au prix demandé car c’est une bonne cliente après tout.
Il aurait pu lui annoncer avant, non?
Ma transaction a été excessivement rapide. J’ai empoigné mes achats en plus de mon retrait et me suis dépêché pour grimper dans ma bagnole. Sans faire le fou, j’ai pris les autoroutes pour me diriger vers les Foufs. D’habitude, je me stationne sur St-Dominique car la semaine, il n’y a aucune voiture sur cette rue.
Comme de raison, toute la rue était occupée et aucune place de stationnement n’était disponible. Était-ce en relation avec le spectacle d’une vedette de la chanson québécoise qui jouait un peu plus loin, au Club Soda?
Bref, je suis retourné sur René-Lévesque…
Je n’étais pas sur place pour Apes, ni pour Artificial Brain. Selon quelques amateurs présents, il semblerait que les deux formations aient su tirer leur épingle du jeu.
J’ai pu voir et surtout entendre Full of Hell. Groupe américain qui combine le grind et le noise, Full of Hell se veut original dans cette sous-couche métallique. Leurs chansons sont bien ancrées dans le genre et les transitions bruyantes, leur fond sonore permanent très déstabilisant et les étincelles soniques industrielles ne sont pas adaptés à toutes les oreilles.
Partenaire avec The Body sur quelques splits, Full of Hell a su créer le même genre de réaction que lorsque The Body a ouvert pour Alcest en janvier : l’étonnement.
Leur grindcore était à point. Leur technicien aux bidouillages électroniques manipulait une longue chaîne, enroulée autour de sa main, sur ce qui avait des airs d’une table de scratch de DJ.
Quelques soubresauts dans la foule ont permis à Full of Hell d’en donner encore plus au niveau intensité. Heureux d’être à Montréal, le groupe a su meubler ses 25 minutes sur scène avec leur matériel original en plus d’y aller avec une interprétation de You Suffer de Napalm Death.
Démontage de l’amalgame scénique de Full of Hell, c’était maintenant au tour de Revocation de s’installer. Fins techniciens, les musiciens ont pris le temps de tout ajuster, selon leurs standards.
Lorsque le groupe a entamé Teratogenesis, la table était mise pour une longue ballade en technicité, joie de vivre et leur death/thrash intelligent a fait son effet. Revocation propose toujours des performances époustouflantes, précises et bien ciselées. D’avoir ce groupe entre Full of Hell et Cattle Decapitation se voulait très astucieux, question de créer une cassure face à l’extrême intensité proposée par les deux formations.
Ce groupe passe de nombreuses semaines sur les routes et ce, à chaque année. La chimie est bonne, les performances sont acrobatiques et violemment adroites. Les notes se suivent, les rythmes s’accélèrent pendant des titres comme Existence is Futile, The Hive et Scorched Earth Policy.
David Davidson a le sourire qui lui pourfend le visage. Il lâche même quelques « tabarnak » entre quelques chansons et lorsqu’il raconte qu’il aime Montréal, ce n’est pas par opportunisme car son groupe a toujours été bien accueilli ici.
45 minutes pour effectuer le changement entre Revocation et Cattle Decapitation. Pour être franc, c’est un peu lancinant. Oui, il est bien de discuter avec les copains mais je préfère toujours l’amoncellement musical qui meuble mes oreilles plutôt que de discuter à voix très élevée, question de combattre la grande quantité de décibels lancés par le système sonore de la place.
Fait intéressant, hier soir, le mix de la soirée avant Cattle Decapitation ne comprenait que des vieux tubes des années ’80. Quand je te parlais de cassure sonore tout à l’heure, cette mixture populaire ajoutait une nouvelle couche, bien remplie de Tears for Fears.
Sur scène, Travis Ryan, chanteur du groupe, ne semblait pas aussi aisé qu’à son habitude. Plus calme et immobile, il a expliqué qu’il venait tout juste de se tordre la jambe, quelques minutes avant d’entrer sur scène. Mais, pas question d’annuler et il s’est retrouvé sur scène avec son groupe, pour proposer aux gens une série de chansons qui provenaient uniquement de leurs deux derniers albums.
Afin de maximiser l’intensité face à la guitare, un second tacticien des 6 cordes prenait place avec le groupe. Posté juste aux côtés du bassiste Derek Engemann (qui arborait une coco fraichement rasé, comparativement à sa longue tignasse blonde d’antan), le guitariste Belisario Dimuzio impressionnait autant par son jeu que par sa bouille qui rappelait un Dan Spitz version 1991 en fusion avec Lemmy de Motörhead…
Le death métal progressif soudé au grindcore de Cattle Decapitation se voulait assommant. C’était aussi efficace qu’une nouvelle lame sur ton hachoir à viande préféré. La vitesse à laquelle les musiciens s’exercent (sans manquer une seul note) demeure un exploit. Malgré la douleur évidente, Travis Ryan a tout de même continué son rituel salivaire qui consiste à cracher pour rattraper le tout, lors de la descente.
Ce dernier a semblé irrité par le comportement d’un mosher qui s’adonnait à une danse un peu trop du style hardcore. Frustré, il a même avisé ce dernier qu’il n’était pas d’humeur face à ce genre de comportement et que son microphone pouvait même être utilisé, question de lui mettre un peu de plomb en tête.
Après un peu plus d’une heure d’un grind surfin, les musiciens se sont retirés, question d’aller reprendre leur souffle. Bien mérité, ce répit se veut essentiel après une session musicale aussi intense.
Malgré le caractère sauvage de leur musique, Cattle Decapitation a réussi à attirer une foule plutôt copieuse, hier soir. Il est certain qu’avec un album aussi parfait que The Anthropocene Extinction et leur présence lors du Heavy Montréal 2015, on comprend que le groupe a un impact majeur maintenant.
Après cette tournée, le groupe retournera à la maison, question de se mettre à l’écriture face au prochain album!