Decibel Tour 2018 : Retour sur le concert avec Enslaved, Wolves in the Throne Room, Myrkur et Khemmis (18 février 2018)
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Decibel Tour 2018 : Retour sur le concert avec Enslaved, Wolves in the Throne Room, Myrkur et Khemmis (18 février 2018)

Le Decibel Tour est désormais une tradition annuelle pour le métalloïde. Les années se suivent mais les cartes présentées ne se ressemblent jamais. L’année dernière, c’était le thrash metal de Kreator qui se retrouvait sur scène avec le death metal d’Obituary. Pour 2018, une facette plus assombrie dans le domaine métallique avec Enslaved et Wolves in the Throne Room accompagnés par Myrkur et Khemmis.

L’arrêt montréalais a eu lieu au Corona de Montréal. Les problèmes habituels aux douanes sont choses communes pour les formations musicales étrangères et hier, c’était au tour d’Enslaved d’y prendre goût.

La soirée s’est donc déroulée avec une trentaine de minutes de retard. En guise d’apéro, le documentaire Enslaved 25 a été projeté mais pour être bien franc, le public ne semblait aucunement préoccupé par cette projection. Un dimanche soir festif, la jasette prenait beaucoup plus d’ampleur.

Khemmis prépare un nouvel album. Le groupe n’a eu que très peu de temps sur scène pour réchauffer la foule. Malgré tout, leur doom a su atteindre sa cible. Les participants ont su apprécier l’élan ténébreux de Khemmis qui s’est même permis de nous jouer une nouvelle pièce du nom d’Isolation. Les deux albums ont été représentés avec les chansons The Bereaved du premier album Absolution en plus de Candlelight et de Three Gates, qui proviennent du second disque, Hunted. Avec le peu de temps mis à leur disposition, le groupe a bien tenté de maximiser au niveau des chansons offertes mais il aurait été intéressant d’entendre leur gros canon qu’est la surpuissante Above the Water.

Peut-être lors d’un retour du groupe, dans un avenir rapproché? Pourquoi pas!

Même si Myrkur (de son véritable nom Amalie Bruun) semble avoir eu maille à partir avec certains membres de la communauté black métallique à ses débuts, on peut comprendre que l’effet de haine s’estompe avec le temps. Chaleureux était l’accueil réservé à la demoiselle qui arborait un léger corpsepaint au visage, rappelant celui de Maniac de Mayhem à l’époque de Grand Declaration of War.

Avec ses musiciens qui semblaient porter des déguisements de bourreaux achetés au Party Expert, il fallait faire abstraction du côté un peu burlesque de la chose. Myrkur s’est surtout concentrée sur ses chansons plutôt atmosphériques, ce qui créait un contraste avec le doom crépusculaire de Khemmis.

De plus, avec son joli minois qui nous remémore une Claudia Schiffer des années ’90, il est évident que ce spectre envoutant du nom de Myrkur se veuille séduisant et captivant. L’alliage entre la parcelle plus éthérée de sa musique et des mélodies plus typiques du genre black métallique a trouvé preneur, encore une fois hier. Il serait intéressant de voir et entendre Myrkur en tant que tête d’affiche, question de voir de quel bois elle peut se chauffer!

La formation Wolves in the Throne Room sévit en tant que covedette sur cette tournée. Leur temps sur scène demeure sensiblement le même que celui d’Enslaved quoique j’ai comme l’impression que les loups ont été plus longtemps sur scène que les vikings…

Avec un équipement scénique plus étoffé que les deux formations précédentes, on a su apprécier la disposition des musiciens au travers des nombreux médaillons métalliques immenses et autres fanions aux teintes assombris de l’ordre du loup. Très Game of Thrones comme visuel, nous avions l’impression d’assister à l’adoubement de quelques nouveaux chevaliers.

Si Myrkur a attiré les regards de la horde masculine, il faut comprendre que les velus lupus caninus ont su se positionner et faire en sorte que l’attention se dirige vers eux, surtout en ce qui concerne les représentantes féminines de la meute.

Écoute, ils sont ciselés comme des bucherons! Pas un pouce de gras, musclés et les cheveux au vent, leur black métal teinté d’éléments plus feutrés au niveau de l’accompagnement musical résonnait à merveille dans le Corona. Aux claviers, Brittany McConnell posait ses doigts filiformes sur les touches tout en s’élançant la chevelure vers l’arrière. Appréciée, la musique de Wolves in the Throne Room est vécue comme une célébration brumeuse qui purifie le black metal dont l’aura se voudrait plus, arborescent!

Le style d’Enslaved est plutôt unique et depuis une bonne quinzaine d’années, nous avons pu voir l’évolution musicale du groupe en plus de la mutation au niveau du public qui participe aux célébrations musicales des Norvégiens. Les fanatiques de black metal se retrouvent entremêlés avec des amateurs de prog, créant un amalgame hétéroclite.

Le pied sur scène pendant la musique d’introduction, on a pu deviner que le groupe allait y aller avec Storm Son, première chanson du nouvel album E. Justesse et finesse, nous avons pu apprécier le talent vocal du nouveau claviériste Hakon Vinje, qui en était à sa première présence à Montréal avec le groupe.

L’éclairage demeure tamisé, les musiciens demeurent concentrés sur leur instrument et entre les chansons, nous apprécions le gros accent bien audible de Grutle en plus de ses jurons typiquement québécois.

Moment fort de la soirée qu’est la chanson Roots of the Mountain. Cette chanson représente bien cette facette prog/black metal que maitrise à merveille le groupe. Le nouvel album a été représenté en légère majorité car le groupe a aussi joué Sacred Horse et The River’s Mouth. Pour ce qui est du catalogue plus antique du groupe, il faut toujours compter sur un truc de la vieille école. De Vikingligr veldi, Enslaved s’est élancé sur l’impétueuse Vetrarnótt pour ensuite atténuer la vigueur, en proposant du matériel plus récent avec One Thousand Years of Rain de l’album précédent, In Times.

La chanson Isa a été interprétée à la toute fin, mettant un terme à cette longue soirée métalloïde qui s’est déroulée amplement dans l’ombrage varié des arts musicaux plus noircis.

Un pari réussi pour le magazine Decibel qui a proposé une carte beaucoup plus sombre cette année, après le coup étincelant de 2017.

Tournée à succès qui gagne en popularité, il ne serait pas surprenant de la revoir à Montréal, en 2019!

http://enslaved.no/

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      Photos : Mihaela Petrescu