

Kreator et Sabaton: Retour sur le concert de Montréal avec Cyhra (2 mars 2018)
Yanick Klimbo Tremblay
Ceux qui croient que la semaine de relâche est un véritable moment de relâche pour les enseignants, vous n’y êtes pas du tout. C’est surtout un temps où l’on accumule des travaux d’envergure pour pouvoir les corriger pendant ce congé tant prisé par les élèves, les centres de ski et les centres commerciaux.
Non, ce ne sont pas tous les enseignants qui passeront du temps à corriger, seulement les plus exigeants. Les autres sont probablement déjà au chalet ou au spa en train de relaxer dans un bain scandinave, question de brasser le karma. Mais pas à Cuba, c’est trop cher pour l’enseignant moderne.
Pour ma part, ma relâche a débuté hier soir avec la venue d’un groupe phare de mon adolescence, Kreator qui s’amenait en ville avec Sabaton. Tournée que l’on doit surnommer de double tête d’affiche, étant donné que chaque groupe dispose d’un temps de scène identique.
Lorsque je suis embarqué dans ma bagnole vers 16h05, je devais laisser mes deux enfants à mon épouse qui nous attendait à son travail. Ensuite, direction métro Radisson pour y laisser mon véhicule car le stationnement au centre-ville est de plus en plus cauchemardesque. Ligne verte, interruption de service pour cause de fumée. L’annonce face à un retour éventuel du métro ne me plait guère, je retourne à ma voiture et me retrouve face au plan qui m’intéresse le moins : me stationner dans le Quartier des Spectacles…
Généralement, la rue St-Dominique est l’endroit idéal pour se garer. Située sur le côté du M Telus, il n’y a que quelques pas à faire et c’est dans la poche. La nouvelle administration de la ville de Montréal a décidé que cette rue serait désormais une nouvelle portion de piste cyclable car les bornes de stationnement ont été remplacées par des tiges vertes et blanches pour délimiter la portion occupée par les vélos.
Montréal, de plus en plus inaccessible en voiture? Pas de problème mais lorsque le système de transport en commun joue contre nous, c’est désagréable!
À mon arrivée au M Telus, après une bonne fraîche aux Foufs, je me rends compte que Cyhra vient de mettre le pied sur scène. Formation inconnue pour de nombreux amateurs, il faut savoir qu’elle compte, parmi ses musiciens, Jake E. qui est l’ancien chanteur d’Amaranthe, Jesper Strömblad qui jouait jadis de la guitare avec In Flames en plus d’Alexander Landenberg, le batteur du Rhapsody de Luca Turilli. Sur papier, l’ancien bassiste d’In Flames, Peter Iwers, est aussi membre de ce groupe mais il ne participe pas au périple nord-américain avec son groupe. D’autres engagements professionnels l’ont empêché de se présenter ici et aucun remplaçant ne se trouvait sur scène avec le groupe.
L’enthousiasme de la foule était déjà palpable. Malgré que ceci fût une première communion avec Cyhra, la formation scandinave a reçu un accueil chaleureux. Leur métal mélodieux a su atteindre sa cible quoique pour l’amateur pur et dur de Kreator, ce groupe se voulait un peu trop moelleux dans sa consistance métalloïde.
Entre la prestation de Cyhra et celle de Kreator, nous avons eu droit à un mix plutôt satisfaisant dans le système sonore du M Telus. Avec des gros canons comme Breaking the Law de Judas Priest et Run to the Hills d’Iron Maiden, nous pouvions déjà ressentir cette légère magie flotter dans l’air. La bonne humeur se mélangeait amplement avec l’odeur perfide de la bière, le tout brassé par un enthousiasme face à la suite du programme qui allait nous proposer le retour de Kreator après une année d’absence à Montréal.
Présent l’année dernière au Club Soda, lors du Decibel Tour 2017, le groupe en avait profité pour promouvoir leur dernière production, Gods of Violence. À la fermeture des lumières et pendant la piste d’introduction Mars Mantra, nous avons compris que nous allions nous retrouver avec autre chose qu’une chanson tirée du dernier album car Kreator a débuté son heure et quart musical avec Phantom Antichrist, suivie par Hail to the Hordes.
Avec les rééditions de Pleasure to Kill, Endless Pain, Terrible Certainty et Extreme Agression parues en 2017, je me disais que Kreator allait probablement nous servir un certain voyage dans le temps, en pigeant amplement dans le catalogue antique de cette créature qui perdure depuis plus de 30 ans. Et avec la nouvelle série de rééditions qui sera disponible bientôt, le tout aurait pu être un véritable cadeau à faire aux amateurs de la première heure, autant que pour les nouveaux fans.
Kreator s’est plutôt aventuré dans le matériel récent, maximisant sur Gods of Violence avec Army of Storms en plus d’un wall of death plutôt brutal, Satan is Real, Totalitarian Terror en plus de la pièce titre.
Même avec l’âge, Kreator ne vieillit pas. Ils sont en forme les messieurs. Mille Petrozza a encore cette facilité à aller chercher tout le monde dans la salle et, à de nombreuses reprises (et avec l’aide de son éclairagiste) il fait hurler les gens devant lui, les gens derrière la salle en plus des gens affaissés à l’étage.
Lors de la réouverture des lumières après l’excellente prestation de People of the Lie, Mille avait en main le drapeau aux couleurs de Flag of Hate. Moment toujours attendu, les habitués savent que cet instant sera empreint d’une grande session de défoulement sur le plancher. Et c’est ce que Mille voulait, une réaction typiquement montréalaise. Avec sa cadence rapide et son emprise sur la vieille école, cette chanson offre toujours un moment de défoulement hors pair, qui s’est imbriquée immédiatement dans Phobia, la pièce suivante.
Il aura fallu From Flood Into Fire pour que la pression s’abaisse d’un cran. Chanson plus apaisante, elle a permis à la foule de reprendre son souffle car la suite se voulait hostile avec Hordes of Chaos, Violent Revolution et Pleasure to Kill.
Même si la liste de chansons se voulait un copié/collé face à leur visite de l’année dernière, personne ne pouvait s’en plaindre étant donné l’objectif atteint en ce qui concerne cette session de défoulement, donnée par un des leaders du thrash metal mondial.
Mille a encore une fois exprimé son immense gratitude face à Montréal, rappelant que leur première tournée en Amérique avait débuté ici, au Québec. Et il est sincère, vraiment, lorsqu’il en parle et ce ne sont pas des paroles débitées sans substance.
Pour Sabaton, je serai bref. Très bref.
Chaque personne présente arborait un immense sourire, l’attente se faisait dans la joie. Les chants fusaient de partout, et ce n’était pas encore commencé. Les Suédois se sont présentés sur scène, acclamés par le public excessivement compacté devant la scène.
Le poing en l’air, on battait la chamade avec Sabaton. Joakim Brodén est tout un personnage. Un habile mélange entre Bruce Dickinson pour le charisme et Mikael Akerfeldt pour la touche humoristique entre les chansons.
Les micros montés sur des mitraillettes, les pantalons en tissus de camouflage et les images de guerre. On croit au concept, on y embarque amplement et on y plonge, tête première, car la conviction transpire de Sabaton.
Musicalement, c’est adroit. Les voix possèdent cette justesse et cette précision imposée par cet héritage mis en place par d’autres artistes de la Suède comme ABBA et Europe. Et métalliquement, c’est exceptionnel et rigoureux.
Ce n’est pas pour rien que quelques participants avaient amené avec eux leurs dignes héritiers. Présents sur place, quelques enfants avides d’un modèle métallique enivrant et incroyablement positif qui, en plus de les divertir au niveau musical, offre de grandes prouesses en plus de bonnes leçons d’histoire.
Tout comme Iron Maiden dans le temps qui a poussé ma curiosité face à la Deuxième Guerre Mondiale, à découvrir qui était Alexandre le Grand ou de tenter de comprendre ce qui était arrivé avec Icare lorsqu’il s’est approché du soleil, Sabaton offre à son public ce type d’aventures pédagogiques en plus de développer une certaine curiosité.
Et ça, pour un prof métallique, même en relâche, c’est très important et même, primordial!
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Photos : Mihaela Petrescu