The Crown : Un venin mortel, rapide et métallique (Entretien avec Magnus Olsfelt, bassiste)
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The Crown : Un venin mortel, rapide et métallique (Entretien avec Magnus Olsfelt, bassiste)

Même avec une vingtième année sur le circuit death métallique, la formation The Crown n’a jamais été capable de s’imposer correctement en Amérique du Nord. Malgré des tournées au début des années 2000, nous avons toujours eu l’impression que le public ne collait aucunement avec le groupe. Avec un tournant plus mélodique amorcé par les formations majeures du courant death métallique suédois, la formation The Crown a toujours nagé à contre-courant… tout en offrant des albums fidèles à la tradition que le groupe a su imposer. En prévision de leur nouvel album, Cobra Speed Venom, j’ai eu l’opportunité de m’entretenir avec le bassiste (premier sur la photo) de The Crown, Magnus Olsfelt.

Cobra Speed Venom est un album rapide et brutal. Personne ne peut dire qu’il est désorienté face à cet album. C’est un death metal mélodique avec quelques éléments de thrash, comme par le passé. Quel était votre état d’esprit lorsque vous vous êtes mis en mode composition et avez décidé d’offrir une suite à Death is not Dead?  

Merci! Lorsque nous nous sommes rencontrés pour discuter de la suite, nous savions tous que nous voulions produire un album qui allait nous plaire, à nous, dans un premier temps. Nous avions cet état d’esprit plutôt positif qui nous a poussés à écrire un album que nous voulions écouter nous-mêmes, en tant qu’amateurs du genre. Nous voulions faire un album envers lequel nous pouvions être fiers. Si nous pouvions produire du matériel qui nous plaisait de façon honnête, il y avait donc de fortes chances que ce matériel allait plaire aux gens qui adorent ce genre de musique. S’ils n’aiment pas, ceci prouve que nous n’avons pas les mêmes goûts musicaux. Ils peuvent donc écouter d’autre merde musicale qu’ils aiment, alors! Ha ha!

Le titre Cobra Speed Venom est plutôt particulier. On dirait le nom d’une boisson énergétique! Ce titre est plutôt original et non-conventionnel. Que peux-tu nous dire au sujet du titre?

Ouais, c’est l’objectif de ce titre plutôt original. Nous voulions en avoir un qui allait être plutôt hors du commun mais qui allait bien décrire le contenu. J’aime bien ton association avec la boisson énergétique. Cet album pourrait recevoir la notice suivante : Breuvage énergétique de haut calibre pour satisfaire les métalloïdes loyaux! Pour rester dans le même sujet, je voudrais spécifier que je préfère le café et le snus suédois (NDLR : poudre de tabac qui se consomme en plaçant le snus entre la gencive et la lèvre supérieure) plutôt que ces immondes breuvages sucrés. Pour en revenir au titre, c’était une idée qui nous est apparue aux alentours de l’album Hell is Here ou peut-être Deathrace King en fin de compte. Nous n’avions jamais utilisé ce titre auparavant et il dormait. Nous l’avions oublié, tout simplement. Pourtant, il était resté dans la tête de Marko (Tervonen, guitare) qui l’avait gardé en mémoire pendant tout ce temps. Il nous est revenu avec ce concept, en disant : « On ne devait pas appeler l’une de nos chansons Cobra Speed Venom? » et tout le monde a aimé ce titre! Je crois que c’est très respectable d’avoir été capable de garder en mémoire un titre lancé au hasard, il y a une vingtaine d’années!

Et que peux-tu nous dire au sujet de la pochette de l’album. C’est une œuvre de Christian Sloan Hall et, pour être franc, elle me fait penser à une combinaison entre Altars of Madness de Morbid Angel et Surfin’ M.O.D de M.O.D!

Ouais. Une comparaison bien intéressante! Je ne l’avais jamais entendue. J’avais déjà entendu les comparaisons avec Altars of Madness, pour des raisons évidentes. C’est le genre d’album envers lequel ça ne te dérange pas de recevoir une comparaison. Je suis aussi un grand fan de S.O.D donc c’est bien correct pour moi, cette comparaison avec M.O.D. De mon côté, je vois aussi une certaine influence avec Master of Puppets, pour ce qui est du coucher de soleil. Nous avons finalement décidé de contacter Christian Sloan Hall pour qu’il puisse créer la pochette de l’album. J’étais en contact avec lui depuis la période de Deathrace King environ et je sais qu’il est un gros fan du groupe. De plus, j’adore ce qu’il fait au niveau artistique. Donc, nous nous sommes arrangés pour travailler ensemble sur cet album. Je lui ai raconté que nous avions cette vision face à une vague gigantesque, remplie de crânes et de démons. Il s’est débrouillé pour qu’elle puisse prendre vie. Il a passé deux mois sur ce projet, que du gros travail acharné. Il a pratiquement perdu la raison à force d’ajouter autant de détails! C’est plutôt incroyable et la pochette est tout simplement fantastique. Son objectif était de créer une pochette qui peut être regardée pendant des heures, tout en écoutant l’album. Tout ça, dans le but de découvrir de nouveaux éléments horrifiques à chaque fois!

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La première chanson qui a attiré mon attention sur l’album est We Avenge! J’ai cette image qui surgit dans ma tête lorsque je l’écoute, je vois une horde de guerriers qui avancent. Les guitares sont très lourdes dans celle-ci et le titre lui va à ravir. J’ai l’impression que cette pièce a été l’une des premières écrites pour l’album, car elle est plutôt lourde et très fraîche! Ai-je raison?  

Ouais, dans un certain sens! Le riff principal de cette chanson est véritablement l’une des premières choses qui a été proposée lorsque nous avons entamé le processus d’écriture. Mais en vérité, cette chanson a été l’une des dernières chansons à être assemblée pour l’album. Nous devions terminer le positionnement des paroles, des refrains et des couplets. Elle a été écrite par notre guitariste Marko Tervonen. Il l’a composée lorsqu’il faisait son jogging!  Il a commencé à pratiquer la course de façon plus intensive il y a quelques années donc, dois-je conclure qu’elle représente son rythme de course? J’imagine, hahha! Elle a cette force de caractère qui te pousse vers l’avant!

La chanson titre en plus de Rise in Blood sont deux chansons plutôt vigoureuses. Nous pouvons ressentir qu’il y a une certaine dose de rage. Vous semblez affamés! Avec de nombreuses formations de death métal de la Suède qui ont emprunté le chemin plus apaisant avec les années, est-ce une façon de leur démontrer que vous êtes toujours cette force infatigable de death metal?

Je ne préoccupe pas vraiment des autres groupes. Mais oui, nous avons cette faim à combler et nous possédons encore cette rage. C’est ce qui ressort avec cet album. Nous avons aussi du sang neuf dans le groupe avec la présence de Robin (Sörqvist) à la guitare et notre nouveau batteur, Henrik (Axelsson) qui ont aidé grandement à décrasser cette vieille machine de death metal qui se voulait, un peu rouillée. Ils ont grandement aidé à augmenter la cadence!

Pour rester un peu dans le même thème, que penses-tu de la scène death métallique suédoise?

Je ne sais pas s’il y a encore une scène death métallique en Suède. Il y a eu le début des années ’90 avec Entombed et compagnie. Le milieu des années ’90 avec At the Gates et Dissection. Aujourd’hui, j’ai plus le sentiment que tout est éclaté et éparpillé. Il y a beaucoup de metal que l’on pourrait qualifier de rétro. Du metal plus moderne, un peu de black metal… Pour être franc, nous n’avons jamais eu cette sensation d’appartenance face à la scène. Nous ne faisons que notre petite affaire, encore et encore!

L’album complet est ce que l’on pourrait qualifier de metal mur à mur! La pédale est enfoncée sauf lors de l’instrumentale Where My Grave Shall Stand et ensuite, c’est The Sign of the Scythe qui est plus doom, glauque même. Je voulais savoir si c’était intentionnel de votre part de terminer l’album de cette façon? Autrement dit, si vous avez mis les pièces dans cet ordre pour créer cet effet de decrescendo?   

Ouais, nous aimons proposer ce genre d’album qui combine la brutalité métallique mais qui incorpore une certaine logique dans la structure. Au début, tu désires implanter les trucs plus malsains et rapides. Ensuite, tu peux proposer des trucs plus lents, émotifs et lourds au niveau du tempo. L’ordre des chansons est quelque chose que je prends au sérieux car c’est une partie important du processus qui sera transposé dans le processus d’écoute, question d’offrir une expérience excitante.

Est-ce que nous devons inclure les trois chansons inscrites comme « bonus » dans l’album de façon officielle? 

Vous n’avez pas à le faire! Les trois chansons dont tu parles (NDLR : Nemesis Diamond, The Great Dying et Ride the Fire) n’étaient pas destinées à être listées comme étant des chansons bonus mais plutôt, comme des parties intégrantes de l’album. Nous ne savions pas quelles chansons nous allions proposer à Metal Blade comme chansons bonus. Nous avons mis autant de travail et d’effort dans les trois pièces que pour le reste de l’album. Nous les avons créées, travaillées, pratiquées et enregistrées comme tout le reste qui se retrouve sur Cobra Speed Venom. Nous avons donc laissé Metal Blade choisir les 10 chansons qui allaient être listées comme étant les pièces officielles de l’album et les trois dernières, elles se retrouvaient comme des chansons bonus. Quelques personnes avaient déjà les trois chansons bonus comme leurs préférées de l’album! C’est ce qui confirme que c’est un album de grande qualité et ce, du début à la fin!

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Après une absence aussi longue, vous avez décidé de retourner au Studio Fredman pour travailler avec Fredrik Nordstrom. Est-ce que c’était le choix évident, question de rendre justice à cet album?

Oui, je crois! Pour moi, le Studio Fredman est le meilleur endroit pour enregistrer et Fredrik demeure le meilleur pour créer cette sonorité si puissante. Avec lui, tu sais que ton album sera de la bombe. Nous avons décidé que nous voulions faire cet album rapidement, selon les standards de la vieille école en ce qui concerne le processus d’enregistrement. Que de l’honnêteté avec de véritables percussions, de vraies guitares, de la basse et de vrais amplificateurs. Pas de tricherie! C’est comme ça que nous sonnons. Je crois qu’il s’est arrangé pour produire cette sonorité si puissante. J’adore comment le tout sonne!

Parlant de retour, vous avez décidé de retourner avec Metal Blade après deux albums avec Century Media. Pouvez-vous nous dire comment ce retour a été possible?

Eh bien, nous avons la plupart de nos anciens albums avec Metal Blade. Nous avons toujours eu une excellente relation avec les gens de la place. C’était juste logique de revenir avec eux, de travailler avec eux pour ainsi, créer de nouveaux chefs d’œuvre!

The Crown n’est pas reconnu comme étant une formation qui longe les routes. Surtout en Amérique. Nous avons l’impression que vous êtes beaucoup plus un groupe qui participe au périple des festivals européens, lors de la période estivale. Est-ce qu’il sera possible d’avoir The Crown ici bientôt? Peut-être même au Québec étant donné que nous avons maintenant le Quebec Deathfest, produit par la même équipe que le Maryland Deathfest?

Nous avons toujours reçu un accueil formidable lorsque nous avons joué au Canada. J’aimerais vraiment y jouer à nouveau. Je ne suis pas au courant des plans. Voyons ce qui va se passer et comment le tout va prendre forme!

Merci énormément, Magnus!

Bien sûr mon cher! Merci!

http://www.thecrownofficial.com/

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Photo: Roger Dunder