Carpenter Brut: Retour sur le concert de Montréal avec Le Matos (28 avril 2018)
Il y a un peu plus d’un an, je ne connaissais absolument rien de Carpenter Brut. Après le fiasco des vestiaires du Théâtre Berri lors de leur dernier concert, quelques médias ont sauté sur cette nouvelle. Me demandant de quoi il s’agissait, je me suis mis à chercher des informations sur ce groupe français du nom de Carpenter Brut.
Mes recherches ont porté fruit. Musicalement, le tout me plaisait car il y avait des similitudes avec le matériel musical de John Carpenter. La sonorité me rappelait les séries de ma jeunesse comme K-2000 et les films douteux avec leur trame sonore kitsch. À ma grande surprise, en cherchant sur YouTube, je me suis rendu compte qu’en mode concert, Carpenter Brut accentuait ses prestations avec un batteur et un guitariste.
Avec des membres de Hacride, je commençais à trouver la filière métallique de plus en plus intéressante. De vidéo en vidéo, je me rendais compte que Carpenter Brut plaisait à un large contingent de métalloïdes et que la formation proposait même un large éventail d’images occultes…
C’était parfait! J’ai plongé grâce à l’album Trilogy, une collection des trois premiers EPs. Depuis quelques mois, j’ai écouté cette trilogie à outrance, au grand désarroi des membres de ma famille…
Ne restait plus qu’à attendre une nouvelle visite de Carpenter Brut à Montréal, pour pouvoir solidifier mes attentes métalliques. C’est donc hier soir que le tout a véritablement pris son sens avec une prestation du trio français, excessivement solide.
Nombreux étaient les amateurs de metal. Selon un calcul aucunement fiable, j’estimerais que le tiers de la foule était composé d’amateurs qui, généralement, carburent beaucoup plus au metal qu’au synthwave.
Le Matos est monté sur scène aux environs de 20h30. Planante, leur musique m’a fait légèrement hocher de la caboche. Tels des songes musicaux, leurs passages rythmiques se voulaient très éthérés, planants et les claviers laissaient planer d’énormes doses de pulsations spectrales. Comme mes vieux vinyles de Tangerine Dream, mais avec cette charmante dose de modernisme.
Le deux musiciens montréalais se sont retrouvés côte-à-côte, séparés par un néon blanc représentant deux mains pratiquement prêtes à applaudir. Chacun était concentré sur les claviers placés devant lui, levant la tête à quelques reprises. Les deux musiciens semblaient apprécier la réaction participative de cette foule qui semblait en mode découverte. Proposés en crescendo, nous avons compris que quelques titres du groupe avaient beaucoup plus de punch que d’autres et que plus la prestation avançait, plus Le Matos nous balançait du matériel solide!
Carpenter Brut a lancé un nouvel album, un peu par surprise. Leather Teeth n’a jamais été vraiment annoncé et il s’est retrouvé dans nos oreilles à la fin du mois de février dernier. Il était évident que le groupe allait mettre l’accent sur ce dernier pour cette tournée et hier, nous avons eu droit à six chansons qui proviennent de cet album concept.
« Africa » de Toto crachait à l’intérieur des murs du Théâtre Corona lorsque les lumières se sont tamisées. La foule a lancé un long souffle d’approbation et s’est mise à hurler les paroles à son tour. Enfant des années ’80, je savais que ce tube avait eu un certain succès à l’époque mais de voir des gens dans la jeune vingtaine s’époumoner lors du refrain, je me suis dit que le karaoké gardait les meilleurs succès, immortels.
Juste avant la dernière mesure, un immense BOOM est survenu, donnant le signal au trio de prendre place sur scène. Pendant ce temps, sur l’écran géant en arrière-scène, nous pouvions voir une série de lettre et autres codes extra-terrestres, bouger.
Here it Is I Kill Both Night and Day est alors apparu en lettres rouges, sur fond noir. Ouverture des lumières et Carpenter Brut s’élance sur Leather Teeth, pièce qui ouvre le nouvel album. C’est vif, solide, large et monstrueux. Sur album, la sonorité se veut précise et opaque mais en concert, avec l’apport de la guitare et des percussions, c’est de la démesure.
Aux claviers, le musicien (dont on doit taire le nom) arbore un t-shirt de la formation black metal Deathspell Omega. Un point additionnel dans la colonne des plus!
Tout au long de la soirée, j’ai la mâchoire au plancher. C’est comme si la grande quantité de concerts que j’ai pu voir durant les dernières années m’avait blasé jusqu’à ce que cette révélation sonique qu’est Carpenter Brut me reprenne par le bout du nez en me susurrant à l’oreille : Hey, il y a autre chose!
Au niveau visuel, les projections donnent cet effet que l’on retrouve lors des concerts de Rob Zombie avec ce mélange d’horreur et de femmes dénudés. Avec des extraits qui proviennent de Trick or Treat, Mad Max et Murder Rock de Lucio Fulci, nous sommes bombardés d’images qui ont subi quelques modifications par l’équipe de Carpenter Brut, pour que le tout colle aux histoires racontées par le groupe.
De mon côté, il est certain que je doive souligner la prestation de Cheerleader Effect avec la voix de Garm d’Ulver en plus de celle de Beware the Beast avec la voix de Matt McNerney de Grave Pleasures. Il est certain que j’aurais bien aimé avoir les deux chanteurs sur scène mais ce genre de scénario se veut plutôt improbable, étant donné les horaires plutôt chargés des deux hommes.
Une casquette lancée sur scène aurait pu causer un arrêt des festivités mais cet objet est plutôt devenu un item intégrant face au concert. Reçue en plein visage par le claviériste, ce dernier a empoigné ce couvre-chef pour le porter et ensuite, l’enfoncer sur la tête du guitariste.
Même si les chansons que l’on retrouve sur les albums sont enregistrées avec des percussions électroniques, les versions en concert sont excessivement similaires, étant donné l’immense précision du batteur Florent Marcadet.
Le gros canon musical du groupe a été gardé pour la finale avec la reprise de Maniac de Michael Sembello. Encore une fois, de voir des gens hurler les paroles de ce succès de la trame sonore de Flashdance nous démontre que le karaoké n’a pas de limite et qu’il ratisse largement!
Cette visite de Carpenter Brut, en plein samedi soir en plus, me confirme que j’ai assisté à mon concert le plus efficace depuis le début de 2018. Il était bien amusant de voir autant de métalleux se laisser aller, en plus de se brasser le bas du corps! Après la prestation de Le Matos, je jasais avec les copains et lorsqu’un métalloïde passait, on se faisait un signe de tête, on pointait notre t-shirt et on se permettait un signe d’approbation.
Comme Front 242, Skinny Puppy, KMFDM et Ministry à l’époque, Carpenter Brut offre ce pont musical efficace qui unit le public de la musique électro et le metal. Une fusion entre Ile Soniq et Heavy Montréal, justement. La soirée d’hier confirme que la présence de Perturbator pour le Heavy Montréal sera excessivement appréciée et probablement, très courue par un public varié et approbateur.
Carpenter Brut sera de retour lors de la journée du samedi, à Osheaga. Le plus sérieusement du monde, je vais y aller ne serait-ce que pour la présence de Carpenter Brut. Et pour ceux qui se demandent si le groupe jouera en plein jour, la réponse est : Non! Ce sera en soirée!
Donc, la barre est haute… mais avec Slayer dans une vingtaine de jours… Hum…