Obituary : Retour sur le concert avec Pallbearer, Skeletonwitch et Dust Bolt (9 mai 2018)
Nous avons tendance à beaucoup trop analyser le contenu des artistes qui se retrouvent sur une tournée. Bien souvent, on trouve qu’il y a trop de groupes qui partagent la même sonorité ou le même style musical. À d’autres reprises, on trouve que les formations proposées sont trop hétéroclites pour pouvoir partager la même scène.
Lorsque cette tournée d’Obituary a été annoncée, les commentaires se voulaient mi-figue, mi-raisin. Alors que l’un trouvait que ce périple comportait trop de formations aux genres différents, d’autres criaient au génie.
De la façon que cette tournée a été mise sur pied, j’avais l’impression qu’une nouvelle édition du Decibel Tour était en place car des groupes de tout acabit se partageraient une soirée complète, question d’étendre ce large voile métallisé.
Proposition métallique du mercredi soir, ce nombril de semaine est annonciateur car soit que nous sommes crevés en relation avec un début de semaine houleux au travail ou soit que l’on se dit que la semaine s’est bien déroulée. De mon côté, légèrement essoufflé étant donné que nous sommes en préparation (déjà!) en ce qui concerne les examens ministériels de la fin du primaire, en plus des examens de fin d’année!
C’est avec une attitude positive et une soif métalloïde insatiable que je me suis présenté au Club Soda. Mes intentions étaient bonnes, mon départ assez hâtif mais je n’ai pas été capable d’attraper la prestation de ce groupe thrash canadien qu’est Untimely Demise.
Le désir y était, le timing… non!
À mon arrivée, c’est la formation allemande Dust Bolt qui est sur la scène. C’est enivrant, la foule se veut timide et menue mais la motivation du groupe compense pour le reste. Le chanteur et guitariste Lenny B. est plutôt enthousiaste vis-à-vis l’accueil montréalais. Il ordonne à la foule de lui donner un circle pit, ce qui est offert tout d’abord par politesse mais aussi, par pur plaisir.
Juste avant la dernière pièce, ce dernier nous annonce que leur bassiste ne peut être avec eux sur la tournée et que c’est Mike the Spike de Lich King qui manipule la 4 cordes avec eux.
Les techniciens sifflotent tout en enlevant l’équipement des Allemands. Le fond de scène de Dust Bolt est abaissé pour que l’on puisse hisser celui du prochain groupe, Skeletonwitch. Cette formation américaine en est à sa deuxième visite avec Adam Clemans, aussi chanteur avec Wolvhammer, mais leur première depuis le départ du batteur Dustin Boltjes. C’est maintenant Jon « The Charn » Rice qui se retrouve derrière les peaux pour le groupe. Du moins, en ce qui concerne la tournée.
La sorcière squelettique s’est retrouvée devant une foule pratiquement gagnée d’avance. Comme coup d’envoi, c’est la pièce Red Death, White Light qui a été proposée. Beaucoup plus noircie comme pièce, cette dernière ne se veut pas aussi enivrante que certaines ritournelles plus participatives que le groupe propose habituellement en ouverture. C’est avec la seconde, I Am of Death (Hell has Arrived) que les pièces du puzzle se sont vraiment placées pour le groupe et pour la foule.
Si la première chanson nous a permis de bien analyser le groupe au niveau visuel et sonore, nous avons vite remarqué que Clemans semble avoir opté pour un look qui lui donne beaucoup plus les traits d’un « personnage » en tant que tel. Est-ce pour se dissocier face à sa présence avec Wolvhammer, pour créer une fissure entre les deux groupes?
Avec un look qui rappelle autant un Freddie Mercury en fusion avec un King Diamond sans maquillage, son immense moustache était probablement visible du haut du second étage. Skeletonwitch a craché amplement son venin, tanguant entre les chansons, touchant au catalogue tout en offrant la nouvelle offrande du nom de Fen of Shaddows, tirée du prochain album.
Après la dose de thrash des Allemands et l’amalgame de black/death/thrash de Skeletonwitch, il était maintenant grand temps de s’enliser dans le doom metal de Pallbearer. Comme je m’y attendais, le choc a été féroce. Leur doom se voulait aux antipodes face aux autres groupes de la soirée mais personnellement, j’étais ravi d’avoir ce baume musical. Le ton plus feutré de Pallbearer m’a fait apprécier encore plus ma soirée. Un peu comme un bon stout après avoir ingurgité deux pintes d’IPA.
Plus introspective et bien servie par des jeux de lumières adéquats, la musique de Pallbearer a surtout satisfait les gens qui étaient déjà des fidèles.Watcher in the Dark se voulait poisseuse, remplie d’un charme velouté. Leur nouvelle chanson Dropout se voulait une première pour les habitués du genre, étant donné que la pièce ait été lancée il y a quelques jours à peine. Pas de véritables interventions entre les chansons, les musiciens demeurent stables à l’exception du bassiste Joseph D. Rowland qui maintient le moral des troupes pendant que les autres s’affairent à demeurer précis sur leur instrument. Après Worlds Apart, il était évident que le groupe en était à sa dernière chanson.
De nombreux groupes adorent faire leur entrée sur une chanson popularisée par un autre artiste. Avec Obituary, c’est avec Snortin’ Whiskey du Pat Travers Band que le groupe prend position. La guitare de Trevor Peres se fait entendre, suivie de celle de Kenny Andrews. Ce son si distinctif est reconnaissable, rapidement.
Peres, avec sa chevelure digne d’une méduse, est hypnotisant. Lors de chaque prestation du groupe, je me fixe devant lui et je ne fais que suivre l’ondulation offerte par son immense crinière qui virevolte amplement pendant des titres comme Threatening Skies, Sentence Day, A Lesson in Vengeance, Chopped in Half et Find the Arise.
Le mosh pit est bien occupé et plutôt participatif. Ce ne sont pas des mouvements vicieux et rapides qui s’y retrouvent mais plutôt de bonnes bourrades, bien envoyées, par quelques fins trentenaires voulant revivre les sensations de jadis.
Kenny Andrews se veut solide à son poste de guitariste et Terry Butler se tient juste derrière, question d’offrir un certain support au petit dernier… qui est en poste avec le groupe depuis maintenant 6 ans. Pendant ce temps, les frères Tardy mènent la barque : Donald meurtrit ses tambours tandis que John, hurle.
Prestation plutôt courte selon mes goûts et standards. Avec un rappel plutôt rapide et très convenu, le groupe nous a proposé Slowly We Rot, I’m in Pain en plus de Visions in My Head.
J’ai donc quitté le Club Soda de Montréal excessivement ravi mais avec une légère déception face au chronomètre offert.
Si Obituary nous avait offert The End Complete en plus, le tout aurait été plus… complet!
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Photos : Mihaela Petrescu