Slayer : Retour sur le concert avec Lamb of God, Anthrax, Behemoth et Testament (30 mai 2018)
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Slayer : Retour sur le concert avec Lamb of God, Anthrax, Behemoth et Testament (30 mai 2018)

13 restera un nombre chanceux en ce qui concerne ma dépendance face à Slayer. Ce chiffre représente le nombre de fois où j’aurai pu voir cette entité métallique, en concert. Si mon baptême a eu lieu en février 1992 à Verdun, le périple face à la bande de Tom Araya s’est arrêté à Laval, en 2018.

J’ai toujours affirmé que si Slayer venait jouer à chaque mois à Montréal, j’y serais à chaque fois. J’ai toujours ressenti un immense sentiment de réconfort avec Slayer. L’expérience se voulait similaire à chaque fois mais l’agressivité et l’impétuosité demeuraient toujours des éléments présents.

En annonçant cette tournée finale, de nombreux amateurs se sont rués sur leur ordinateur pour pouvoir avoir accès aux quelques préventes, question d’obtenir des billets qui allaient te donner une vue imprenable sur ce concert fatidique.

De plus, la carte complète de la soirée se voulait parfaite avec la présence des vétérans de Testament, des apostasiés de Behemoth, des thrashers de chez Anthrax en plus des représentants de cette vague métallique qui rallie de plus en plus les troupes de la vieille et de la nouvelle école, Lamb of God.

Cette escalade métalloïde commençait excessivement tôt pour le métallique commun. Si certains ont pu prendre leur après-midi de congé, d’autres ont déployé de grands efforts pour pouvoir arriver à temps pour la prestation de Testament. Les vétérans du Bay Area devaient être sur scène pour 17h00, précisément.

En ce qui concerne mon dossier personnel, je n’ai pas pu me présenter pour Testament. Selon les dires de quelques amis présents, le groupe a proposé ce qu’il propose habituellement et avec une efficacité sans borne.

Behemoth avait cet air de créature étrange, hier soir. Pris en souricière parmi de nombreux groupes thrash, leur death/black antireligieux et serpentaire a touché sa cible amplement. Même si le public habituel de Behemoth est plutôt habitué de voir les Polonais dans des salles d’envergure plus modeste, on ne sentait pas que les musiciens avaient l’air perdu sur une scène aussi grandiose. Habitué aux scènes des grands festivals européens, Behemoth prend ses aises et domine grâce à des chansons comme Ov Fire and the Void, Ora Pro Nobis Lucifer, Chant for Eschaton 2000 et O Father O Satan O Sun!

Pendant que je jasais près de l’un des bars de la Place Bell, j’ai interrompu ma conversation pour pouvoir retourner à ma place. J’entendais The Number of the Beast d’Iron Maiden et je sais que maintenant, c’est la pièce d’introduction pour Anthrax. Depuis la semaine dernière, nous avons pu voir que c’est Gene Hoglan de Testament qui tape sur le tambour de Charlie Benante. Véritable mercenaire, ce batteur extraordinaire est l’un des seuls qui possède cette capacité de se retrouver derrière un kit, à quelques heures d’avis.

Le groupe de New York nous a offert une prestation digne de leur statut de représentants du thrash. En y allant avec Caught in a Mosh en ouverture, je me disais que le groupe avait surement choisi des pièces plus vigoureuses pour cette tournée. Quand Frank Bello s’est laissé aller les doigts sur l’intro de Got the Time, je me suis rendu compte assez rapidement que nous allions avoir droit à un set d’Anthrax plutôt commun. Il ne me restait plus qu’à me demander qu’elle serait la chanson choisie du dernier album et à quel moment j’allais me retrouver avec Antisocial.

Solides, les membres du groupe demeurent des références face à ce que l’on doit qualifier de maîtres du spectacle métallique et Anthrax a asséné deux coups de semonce plutôt tonitruants avec Madhouse et I Am the Law. Joey Belladonna ne fait pas son âge. Il possède la même fougue qu’en 91. Même chose pour Bello et Scott Ian qui agissent encore comme de véritables galopins.

Ma prédiction s’est avérée juste car Anthrax a enligné Evil Twin, tirée de For All Kings en plus d’Antisocial. Le parterre de la Place Bell était rempli à pleine capacité et la dance guerrière qui a été offerte pendant Indians se voulait monstrueuse, vaste et volumineuse. C’est cette chanson qui a mis un terme à la soirée d’Anthrax qui, une fois de plus, nous l’a joué de façon excessivement prudente avec un choix de chansons plutôt, prévisible… encore une fois!

Beaucoup d’amateurs de la vieille école avaient de la difficulté à comprendre l’ordre des groupes pour cette tournée. Beaucoup de questions face à la case de Testament qui jouait avant Behemoth et que dire d’Anthrax, qui jouait avant Lamb of God. Tout ceci demeure probablement une question de logistique. Ce sont peut-être aussi des demandes de la part de certains membres qui veulent retrouver une certaine quiétude à partir de telle ou telle heure. Vous savez, nos héros métalloïdes vieillissent eux-aussi.

Lamb of God confirme sa place en tant que porte-étendard de ce qu’est cette vague de métal nord-américaine. En spectacle, ce groupe possède une force de frappe vicieuse. Je le dis, et je le redis encore une fois, je ne suis pas un amateur du groupe sur album mais en concert, je ne suis jamais resté sur ma faim. Le groupe a pu avoir une scène plutôt élaborée pour un groupe en ouverture. Maximisant sur le noir et le blanc, le groupe n’avait qu’à occuper la scène amplement pour que l’on puisse embarquer avec eux tout en laissant de côté les éléments monochromes du décor. Comme de raison, la foule s’est mise de la partie dès le début avec Omertà, Ruin etWalk With Me in Hell mais le groupe gardait ses titres plus vigoureux pour la fin, avec Laid to Rest et Redneck.

J’ai rarement vu autant de fébrilité pour un concert. Il y avait énormément d’excitation et l’ambiance était à son paroxysme avant l’entrée en scène de Slayer. Au bar, je jasais avec d’autres personnes. On partageait nos souvenirs et, comme tout bon fanatique, on cherchait l’anecdote la plus intéressante. On voulait savoir qui avait vu le concert le plus près des années 80, alors que le groupe en était à ses premiers balbutiements.

Slayer avait promis une scène rappelant les feux de l’enfer, pour que l’on puisse bien apprécier notre dernier périple avec eux. L’introduction Delusions of Saviour avait peine à se faire entendre, tellement la foule hurlait le nom du groupe. Selon toute logique, Repentless devrait ouvrir ce dernier tour de scène du groupe. Logique en place, cette chanson a posé les pièces en place face aux adieux du groupe.

Fidèle à son habitude, Tom Araya parle peu entre les chansons. Slayer laisse parler la musique et Blood Red, Disciple et Mandatory Suicide suivent. Le parterre bouge sans cesse. Il est pratiquement impossible que les participants puissent survivre à autant de chocs et de coups. Du haut de ma place, mon regard balaie largement, passant de la scène à la foule pour revenir à la scène.

Des flammes, de nombreuses flammes suivaient les coups de semonce de Paul Bostaph. L’habile batteur tapait sur les peaux tandis que Gary Holt faisait son travail de façon habile et remarquable, tenant le poste qu’occupait autrefois Jeff Hanneman à la guitare. De son côté, Kerry King se faisait aller le tremolo et bien au centre, un Tom Araya qui, sans son immense barbe, semblait plutôt frêle.

Slayer a pigé amplement dans son catalogue, question de dresser un portrait complet face à cette carrière de plus de trois décennies. Quelques choix particuliers comme Jihad, Dittohead et Hate Worldwide se sont frayés un chemin sur cette tournée, laissant quelques classiques aux oubliettes, malheureusement.

Le doublé Postmortem/Black Magic possède encore toute l’efficacité d’antan mais des titres comme War Ensemble et Seasons in the Abyss restent de gros monuments métalliques et de savoir que je les ai entendus pour une dernière fois, m’attriste un brin.

Lorsque le fond de scène à l’effigie de Slayer est tombé pour laisser place à celui aux couleurs de Jeff Hanneman en fusion avec le logo de Heineken, je savais que nous allions avoir droit à une bonne rasade de vieux succès mais qu’en même temps, ce fond de scène annonçait aussi que la soirée tirait à sa fin.

C’est donc avec Dead Skin Mask, Hell Awaits, South of Heaven, Raining Blood, Chemical Warfare et, comme de raison, Angel of Death que les adieux ont eu lieu.

Visiblement ému, Tom Araya a quitté la scène après avoir lancé quelques picks, laissant une foule en pamoison.

Gary Holt retournera avec Exodus à temps plein. J’ai comme l’impression que Bostaph restera très près de Kerry King qui, selon son épouse, continuera probablement à produire du nouveau matériel avec une autre entité.

Nous avons vraiment l’impression que c’est Tom Araya qui semblait vraiment vouloir passer à autre chose. Et personne ne peut lui en vouloir. En sortant par la grande porte grâce à cette prestation de qualité d’hier soir, Slayer nous laisse une boîte à souvenirs bien remplie et qui déborde, pour plusieurs.

Hier soir, Slayer a reçu un accueil digne des plus grands mais j’ai la vive impression que l’acclamation que le groupe a reçue lors du Heavy Montréal 2014 était nettement supérieure.

Vous n’y étiez pas? Hum, pauvre de vous! C’est désolant mais nous ne pouvons rien y faire. Vraiment. C’est terminé, fini!

Mais dans un sens, qu’on on y pense et si ça peut te soulager, c’était juste un autre concert de Slayer… mais avec du feu!

Et le feu, c’est fantastique!

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