Heavy Montréal 2018 : Retour sur la première journée (Samedi 28 juillet)
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Heavy Montréal 2018 : Retour sur la première journée (Samedi 28 juillet)

Longue a été la dernière année. Ne pas avoir de Heavy Montréal pour le métalleux commun, c’est comme ne pas fêter noël pour un occidental. Mais lorsque nous avons appris la programmation, c’était la joie et l’allégresse dans nos cœurs. Comme lorsque l’on apprend que notre cousin préféré sera présent au réveillon et qu’en plus, il va dormir chez nous!

Avec un nouvel emplacement, le festival a été capable de maximiser l’espace disponible. Il est certain que ce n’est pas aussi vaste que par le passé mais l’espace était plus volumineux qu’il y a deux ans alors que le festival était présenté à l’espace des jeux.

C’est aux environs de 13h00 que Burning the Oppressor s’est retrouvé sur scène. Avec des yeux gros comme des trente sous, les membres du groupe nous ont assené une raclée et nous ont prouvés qu’ils n’ont pas volé la place qui permettait au groupe d’ouvrir le festival. Avec leur death metal qui groove amplement, Burning the Oppressor s’est aventuré devant une foule qui comprenait des gens conquis d’avance en plus de quelques curieux qui ont semblé apprécier les cadences du groupe.

Après avoir été brassés amplement par Burning the Oppressor, il était temps de changer de breuvage, de se prendre une bonne bière fraiche pour pouvoir apprécier le doom de Pallbearer. Encore une fois, le groupe a su faire preuve de virtuosité, de passion et avec le soleil qui commençait à taper, l’effet doom se voulait massif avec les chansons que sont I Saw the End, Foreigner et Worlds Apart. Il est clair que la musique du groupe se consomme beaucoup mieux avec la fraicheur d’une salle de spectacle en période automnale mais connaissant la qualité surfine de leur musique, il était impensable que je manque le groupe.

Jungle Rot vient tout juste de sortir un nouvel album. Il est tout frais et tout chaud, un peu à l’inverse de l’excellente Pitoune du Trou du Diable que je tenais entre mes mains lors de leur prestation. Bien sûr, avec la troupe de Dave Matrise, il ne faut pas s’attendre à une révolution sonore. Un peu à l’image d’un AC/DC du death metal, Jungle Rot nous livre toujours un produit efficace, sans surprise! Leur prestation de samedi était à l’image des précédentes car le death metal proposé par le groupe a atteint sa cible, arrachant au passage nos casquettes et lunettes de soleil.

The Black Dahlia Murder n’est pas un groupe que j’écoute à la maison mais lorsque la formation propose un concert, je réponds présent. Cette machine est huilée à la perfection. Leur public ne cesse de prendre de l’expansion et il était plutôt impressionnant de voir à quel point le fan du groupe peut avoir 15 ans autant que 48 ans. Précision au niveau des percussions et des guitares, il ne restait plus qu’à Trevor Strnad à grogner sur des titres comme Widowmaker, Contagion, Everything Went Black et Deathmask Divine, tout en divertissant les participants.

On s’est rendu compte que l’amateur de stoner/doom allait être gâté pour ce Heavy Montréal 2018. Une cohorte plutôt volumineuse de formations qui œuvrent dans ce style s’est retrouvée sur l’affiche et c’est avec Baroness que notre épiphanie commençait. Théoriquement encore en tournée pour l’excellent Purple, le groupe a tout de même su nous proposer un bel éventail de leur catalogue avec des chansons comme Shock Me, March to the Sea et Chlorine and Wine. Pour Montréal, c’était une première présence sur scène de leur nouvelle guitariste, Gina Gleason. Il est intéressant de voir qu’elle apporte une certaine touche de douceur tout en étant capable d’égratigner au passage. De la voir avec son t-shirt de Dismember a donné un petit coup de cœur additionnel!

La présence de Witchcraft en a étonné plus d’un et un sourire de satisfaction est apparu sur plusieurs visages lors de l’annonce de la programmation. Witchcraft n’est pas un groupe qui fait énormément de tournées et ne sort que très rarement de l’Europe. Donc, de les avoir ici, à Montréal, se voulait un évènement en tant que tel. Magnus Pelander s’est présenté avec son groupe et nous a offert un doom aux accents psychédéliques. Conquis d’avance, il faut comprendre que le public planté devant Witchcraft était surtout composé de maniaques de cette formation suédoise.

Les pirates d’Alestorm reçoivent un gros pouce en l’air à chaque visite. Leur metal est, il ne faut pas se le cacher, hyper sympathique. C’est avec une soif houblonnée insatiable que nous nous sommes piqués devant eux et nous n’avons aucunement été déçus. Au chant et à la keytar, Christopher Bowes possède ce sens de la répartie qui se veut contagieux. Le rire se mélange aux sautillements, le tout créant une marée humaine qui ne vit aucune animosité mais plutôt, un large sentiment de libération, tout en sautillant (ou en ramant!) sur des airs connus comme Keelhauled, Alestorm et Captain Morgan’s Revenge.

Napalm Death est en Amérique pour participer à la deuxième vague de spectacles en relation avec la tournée d’adieu de Slayer. Behemoth a ouvert la première série et c’est maintenant au tour des Anglais de tâter le terrain. Fraichement débarqué, le groupe était dans une forme splendide samedi alors qu’ils ont passé le catalogue du groupe à la moulinette. Mitch Harris est toujours absent de la scène. Son remplaçant des quatre dernières années, John Cooke, n’a pas manqué une seule note. De toute façon, avec la vitesse offerte par le groupe, qui aurait pu s’en rendre compte? Sous un soleil de plomb, Napalm Death a su satisfaire l’amateur de grindcore autant que le fanatique de death metal. Il était plutôt intéressant de voir le visage de Barney lorsque l’annonceur de la lutte s’est mis à parler entre deux chansons du groupe. De plus, le nouveau système de gicleurs pour arroser la foule a vécu une légère défaillance, arrosant au passage les membres de Napalm Death!

Nouvelle tendance plutôt dangereuse et je dirais même, inquiétante. Certains participants ont la vilaine habitude de lancer leur canette de bière, vers le devant de la scène. Il reste souvent un bon fond de Coors dans le fond de la canette, ce qui lui donne un poids plutôt estimable et avec la force de la gravité, lorsqu’elle retombe, elle a gagné en vélocité et cet objet à l’apparence inoffensif devient un véritable boulet de canon grâce à sa masse augmentée. Notre photographe, Mihaela Petrescu, en a reçu une, en plein sur la caboche… Il ne faut pas attendre une fracture du crâne ou même, un décès…

Lors de leur dernière visite au Heavy Montréal, j’avais l’impression que Red Fang allait devenir le prochain Mastodon. Certes, le groupe est solide mais l’éthique de travail face aux tournées n’est peut-être pas la même avec Red Fang que ce que Mastodon s’est imposé au fil des années. Quoiqu’il en soit, cette troupe de l’Oregon nous a chauffé la binette avec un stoner metal doté d’une grande efficacité. En y allant avec Malverde, Crows in Swine, Prehistoric Dog et Hank is Dead, les Américains ont su nous faire hocher de la tête, verre de bière vers le ciel.

Je ne croyais jamais que le Heavy Montréal allait pousser l’audace et inviter Emperor pour son édition 2018. Il faut se demander si la présence d’Ihsahn en 2015 n’était pas dans l’optique de l’amadouer pour qu’il puisse ensuite, convaincre les autres membres du groupe à traverser l’Atlantique pour combler une absence de près de 20 ans à Montréal. Nombreux étaient les amateurs qui ont probablement acheté leur bracelet pour cette expérience unique. J’ai eu l’occasion de jaser, tout au long de la journée, avec des compatriotes métalloïdes et certains venaient de très loin pour cet évènement unique. Des fanatiques du Mexique, des gens de la Côte Est et même de la Côte Ouest américaine étaient sur place en plus de quelques Européens qui ont profité de la faiblesse de notre huard pour venir faire le plein de metal.

Il ne restait plus qu’à confirmer que tout ce beau monde pouvait entrer au pays de Justin. Malgré un certain passé criminel, Samoth a dû s’engager un avocat talentueux, ce qui lui a permis de se retrouver parmi nous, samedi soir.

Malgré une journée pimpante sous le soleil, le ciel s’est lourdement assombri juste avant l’arrivée d’Emperor. Une pluie diluvienne nous est tombée dessus, mettant en péril la prestation des Norvégiens. L’accalmie est survenue une dizaine de minutes plus tard et l’épopée glorieuse a pu débuter alors que nous étions tous trempés.

Emperor avait annoncé que l’album Anthems to the Welkin at Dusk serait joué et ils n’ont pas menti. L’intégralité de l’œuvre a été respectée et cette communion noircie en a satisfait plus d’un. En plus, le groupe nous a assené une dernière série de taloches avec Curse You All Men!, I Am the Black Wizards et Inno a Satana pour ensuite sortir de la scène.

Oui, l’Empereur a quitté, glorieux.

Le plus sérieusement du monde, je n’avais plus envie de quoi que ce soit après Emperor. Les Norvégiens venaient de nous interpréter l’un de mes albums favoris et le reste semblait, excessivement futile. La charge émotive laissée par Emperor m’a renversé, tout simplement.

Je me suis roulé les manches, j’ai été me chercher une dernière dose de courage liquide et me suis approché un peu plus de la scène pour manifester ma dose d’enthousiasme face à la présence de Rob Zombie. Nouvellement signé chez Nuclear Blast, ce shock rocker a toujours su m’impressionner avec ses performances scéniques et non pas pour sa puissance au niveau de la voix.

Zombie avait promis un spectacle… spectaculaire, avec de nombreux items scéniques hallucinants. À nous faire sortir les yeux des orbites! Spécialiste en la matière, Robert Bartleh Cummings n’a pas menti. Quelques créatures nous ont éblouis avec leurs passages sur scène, le temps de venir divertir la foule au travers un éclairage concis et des projections classiques en plus du matériel cinématographique de Rob Zombie.

Les chansons plus antiques de Zombie ont permis à la foule de donner ce qui leur restait au niveau énergétique. La fatigue était présente mais chaque participant a réussi à aller puiser au plus profond des réserves pour pouvoir sautiller sur Superbeast, Living Dead Girl, Never Gonna Stop en plus du matériel de White Zombie comme More Human Than Human et Thunder Kiss ’65 qui était fusionnée avec School’s Out d’Alice Cooper et God of Thunder de KISS. En tournée avec Marilyn Manson, les deux frères du Mal ont adapté la pièce Helter Skelter des Beatles et à chaque soir, Manson vient rejoindre Zombie pour brasser ce classique.

Au rappel, il était évident que le groupe allait nous proposer Dragula. Chanson phare de la carrière solo de Zombie, cet hymne est maintenant un incontournable.

La traversée du pont Cosmos se voulait pénible. Tout ce beau monde a réussi à se vautrer dans le métro, question de retourner à la maison pour pouvoir accumuler quelques heures de sommeil bien mérité car le retour sera féroce, dans quelques heures à peine!

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      Photos : Mihaela Petrescu