The Flaming Lips : Retour sur le concert de Montréal avec Le Butcherettes (20 août 2018)
Un concert des Flaming Lips est toujours un instant de magie. Si tu te sens couci-couça, tu es certain de ressortir de là avec un sourire pimpant. Si tu es déjà joyeux, heureux et enthousiaste, tu ne pourras qu’en ressortir exalté face à autant d’étincelles visuelles et sonores. Hier soir, la tradition s’est perpétuée avec cette autre visite du groupe américain qui est venu saupoudrer la ville d’un autre moment magistral!
De mon bord, j’étais en mode déprime « post-voyage ». Ce sentiment de lassitude que l’on vit lorsque l’on revient d’un périple d’une semaine dans le sud où ta seule inquiétude était de savoir si la guacamole serait encore disponible au buffet ou si on te proposera autre chose que de la Corona, au bar situé dans la piscine.
Avec un retour au travail imminent, j’étais mi-figue et mi-raisin. En m’infiltrant dans le M Telus, j’entends en sourdine la sonorité offerte par Le Butcherettes. Je m’approche pour me rendre compte que je suis en présence d’un groupe de type passe-partout. Vous savez, ce genre de formation qui pourrait ouvrir autant pour The Yeah Yeah Yeahs que The Melvins ou pour Blood Ceremony et même Jack White! Originaire du Mexique mais relocalisé aux États-Unis, Le Butcherettes nous a donné une bonne taloche de rock garage plutôt précis. Empruntant au passage au style expérimental et au metal, ce groupe a une certaine poigne. Malgré l’effet nouveauté pour la grande majorité, nous étions tous captivés par l’intense présence de Teri Gender Bender. Au chant et au clavier, elle a l’aplomb d’une Juliette Lewis, la puissance de Siouxsie Sioux en plus de posséder le même type de look absolument surfin! S’exprimant en espagnol entre les chansons, elle réussit à nous garder captif car on se demande à quel endroit mystérieux elle nous amènera par la suite. Le Butcherettes nous a même offert une reprise de Wrecking Ball, de Miley Cyrus, en guise de sortie de scène.
Cette tournée des Flaming Lips est, en quelque sorte, une façon de promouvoir leur nouvel album qui se veut une compilation. Wayne Coyne est apparu sur scène, est venu craquer un tube de confettis et s’est adressé à la foule.
Arrivé la veille, il explique qu’il apprécie vraiment la ville, que les gens sont beaux et que la température est parfaite. À un moment donné, il demande à la foule si elle est prête, ce qui vient légèrement casser le moule habituel. Par expérience, Coyne arrive sur scène à l’intérieur d’un immense ballon et fait un tour de foule pendant que la pièce Also sprach Zarathustra, Op. 30 de Richard Strauss est jouée.
Cette fois-ci, Coyne agit en tant que motivateur face à la foule. Habillé de son habituel complet bleu-poudre qui tire sur le gris, il lève les bras pour que la foule puisse sentir l’enthousiasme prendre son envol. Au moment opportun, il empoigne un tube de plastique qui expulsera des centaines de confettis, laissant place à Race for the Prize.
Ceux qui n’ont jamais vécu l’expérience Flaming Lips en concert sont déroutés à ce moment précis étant donné les explosions de couleurs, les envolées de fumée, les écrans lumineux aux effets vagués et tridimensionnels en plus de nombreux ballons qui rebondissent partout dans le M Telus. Et avant de l’oublier, encore plus de confettis!
Avant les dernières mesures de la chanson, Coyne se dirige en arrière-scène pour revenir avec un montage en ballons dorés où l’on peut y lire « Fuck Yeah Montreal ». Sourire visible, sur tous les visages.
Pendant que la foule tente de faire rebondir le lettrage doré, certains en profitent pour tenter d’en arracher certaines portions ou de les éclater. Pendant ce temps, sur scène, les techniciens du groupe gonflent un immense robot rosé pour que le groupe puisse interpréter Yoshimi Battles the Pink Robots, Pt. 1. Après un début qui se voulait décevant pour Coyne, le groupe a repris la pièce car ce charismatique personnage voulait que la foule puisse faire les légers cris de karaté, correctement!
Lors de la reprise, tout semblait à son goût et sa demande a été exaucée. Il demande fréquemment à la foule de crier et de s’exprimer et ce, tout au long de la prestation. Entre certaines pièces, il nous rappelle que Flaming Lips est un groupe qui apporte la joie. Il nous remémore qu’il faut prendre en considération qu’il y a probablement des personnes, près de nous, qui vivent des problèmes et qu’il souhaite que ce moment passé avec son groupe puisse amener une dose de bonheur. Un communicateur précis qui ne donne aucune leçon, il ne fait que souligner qu’il demeure essentiel d’avoir du plaisir et de ne pas se vautrer dans le regret.
Autour de Coyne, nous retrouvons encore Michael Ivins à la basse avec ses immenses lunettes lumineuses en plus de Steven Drozd à la guitare et claviers. Le fait que le groupe ait ajouté des musiciens plus jeunes donne un nouveau souffle aux Flaming Lips, surtout avec le batteur Nick Ley qui se veut puissant.
Le choix de chansons était impeccable pour l’amateur du groupe. Au niveau visuel, nous devions être attentifs parfois mais en général, la subtilité n’est pas au rendez-vous. Il était impossible de ne pas voir les mains géantes et lumineuses de Coyne pendant Yeah Yeah Yeah Song. De le voir se promener sur le parterre du M Telus sur une licorne pendant There Should Be Unicorns était facile aussi ou de le voir rebondir sur la foule dans son ballon gigantesque lors de leur reprise de Space Oddity était évident.
Lors de certains instants plus intenses, les effets lumineux prennent plus d’importance. Pendant Are You A Hypnotist? la boule disco descend du plafond et elle est mitraillée par de nombreuses sources lumineuses, créant des jets apaisants entrecoupés de stroboscope.
Les deux yeux gonflables énormes (portés par des techniciens) et la bouche démesurée sont venus accompagner le groupe lors de The W.A.N.D et A Spoonful Weighs a Ton a mis un terme à la soirée, sans oublier… d’autres confettis!
Pendant la sortie de scène, il était évident que la soirée ne pouvait se terminer de cette façon étant donné que la formation n’avait pas encore joué son succès, Do You Realize?? Pendant que deux techniciens gonflaient un arc-en-ciel, les musiciens reprenaient leur place habituelle. Interprétée en deux mouvements différents, elle a débuté de façon plus pausée pour ensuite se verser dans son format le plus connu. Avec des paroles aussi touchantes, on pouvait voir quelques personnes s’entrelacer, des parents qui collaient leur plus vieille ou le plus jeune et quelques larmes coulaient sur certaines joues.
J’imagine que les concierges du M Telus sont encore en train de passer l’aspirateur…