Suffocation: Retour sur le concert avec Cattle Decapitation et Krisiun (23 octobre 2018)
BloguesChanceux comme un Quêteux

Suffocation: Retour sur le concert avec Cattle Decapitation et Krisiun (23 octobre 2018)

Prendre conscience que c’est la fin. Que l’aventure se termine et que plus la tournée avance, plus le point de non-retour se veut omniprésent. Le chanteur de Suffocation, Frank Mullen, le vit présentement alors qu’il fait un dernier tour de l’Amérique pour saluer les amateurs du groupe qui ont su bercer son quotidien death métallique pendant une bonne trentaine d’années.

Savoir se retirer au bon moment, alors que les performances demeurent encore et toujours parfaites, demande une sagesse hors pair. Mullen a conscience qu’il n’est plus un jeune homme et depuis des années, il avait laissé sous-entendre qu’il souhaitait prendre une pause face à la vie éreintante de la tournée. Mais pas question d’empêcher ses compatriotes de vivre sur la route.

Non.

C’est une belle leçon de vie qui est livrée par Mullen sur cette tournée car il a conscience de tout ce qui se passe. Ce n’est pas une sortie de scène abrupte qui survient lors d’un concert au Delaware alors qu’il pourrait souffrir d’un mal quelconque, le forçant à se retirer du domaine musical pour de bon. C’est fait avec… respect, et de la classe!

Le trio brésilien Krisiun demeure une force de frappe ultime. Avec aplomb, le groupe réussit encore à me ravir après autant d’années. Maitre du death metal underground, le groupe s’y retrouve depuis des années et s’y vautre avec un plaisir malsain. Alors qu’un amateur du groupe agitait un menu drapeau aux couleurs brésiliennes devant les musiciens, le trio anéantissait tout. Avec une précision chirurgicale et une sonorité chaleureuse.

C’est l’avantage avec un trio du genre. Des musiciens chevronnés qui usent de la simplicité pour nous créer un mur de son d’une impeccabilité magistrale. Pendant une bonne trentaine de minutes, Krisiun nous a brossé les tympans avec des Q-Tips en acier. Après Krisiun, je sentais déjà que mon appétit avait été comblé!

Pour un promoteur, une salle qui se retrouve à guichet fermé se veut l’extase ultime. Pour les amateurs, une salle comme les Foufs en mode sold-out reste un casse-tête. Il est difficile de pouvoir se frayer un chemin et les moins chanceux peuvent se retrouver à un endroit où leur vue sera obstruée. N’étant pas l’un des plus grands ni des plus petits, je réussis toujours à me faufiler vers une place intéressante. Je me rends compte que ce n’est pas le cas pour tout le monde alors que j’ai aperçu quelques badauds devoir se contenter d’assister aux prestations, bien plantés derrière un poteau! Il faut se l’avouer, le Club Soda aurait été très adéquat, hier soir.

Cattle Decapitation n’a pas la même consistance sonore que Krisiun. Plus compactée et bourrue, leur sonorité a manqué de définition, hier soir, alors que le groupe n’a pas pu obtenir le même grain cristallin que les autres groupes au niveau sonore. Comme on dit, ça sonnait bourré! Comme s’il y avait trop de pression dans le tuyau! Les problèmes au niveau des moniteurs sur scène semblaient irriter Travis Ryan mais le professionnalisme de ce dernier nous a démontré que, malgré le fait qu’il se sentait poussé à bout, il a su garder son calme et se voulait poli dans ses demandes.

Le bassiste Olivier Pinard de Cryptopsy se veut une addition de taille pour le groupe. En plus de se brasser la pilosité amplement, il se veut habile sur sa basse. Technicité et complexité se sont retrouvées sur des titres comme Dead Set on Suicide, Clandestine Ways (Krokodil Rot), Kingdom of Tyrants et Pacific Grim.

Oui ça sonnait bourré par moment mais c’était brutal, à souhait!

Dès 21h30, Suffocation est arrivé sur scène, gonflé à bloc. La foule se voulait massive, Mullen était souriant. Aux percussions, le Québécois Eric Morotti jouait probablement devant de nombreuses figures connues et Terrance Hobbs portait un t-shirt de Necrotic Mutation.

Trois classiques lancées, un après l’autre avec Thrones of Blood, Effigy of the Forgotten et Funeral Inception. La foule se compacte, les mouvements de groupe suivent et c’est d’une intensité phénoménale.

Fidèle à lui-même, Mullen mène le bal et bat la chamade avec sa main, nous donnant l’impression qu’il coupe du bois à mains nues et sur les coups de semonces de Morotti, Mullen manipule une mitraillette invisible! Ce manège se poursuivra tout au long de la prestation alors que Suffocation ne laisse personne indifférent avec des titres comme Pierced from Within, Surgery of Impalement, Liege of Inveracity et Breeding the Spawn.

Entre les pièces, Frank the Tank continue ses interventions comme à l’habitude. Il nous parle de sa passion pour un poste sur le câble qui présente de nombreux documentaires sur les meurtriers, il nous jase de la carrière éphémère d’Alien Ant Farm et devient légèrement plus émotif lorsqu’il souligne ses souvenirs face au Québec.

Le coup ultime a été envoyé avec l’incroyable Catatonia, pièce maîtresse dans la carrière du groupe. Après une heure sur scène, il y a eu une sortie de la part des musiciens. Ils sont demeurés dans l’escalier qui mène à l’étage supérieur des Foufs mais ils sont revenus rapidement sur scène pour y aller avec Souls to Deny et Infecting the Crypts.

Même si Suffocation avait voulu continuer, les gens semblaient vidés, totalement.

Une fin parfaite pour Mullen en cette soirée tonitruante aux Foufs. Par contre, il serait souhaitable que le tout puisse être souligné de façon encore plus grandiose. Un peu dans l’optique où le groupe pourrait se retrouver au Heavy Montréal, l’été prochain pour que Frank Mullen puisse effectuer un véritable salut devant une foule encore plus considérable.

Le message est lancé!

www.suffocationofficial.com/

Infos
Fermer
Plein écran
      Photos : Mihaela Petrescu