Ghost: Retour sur le concert de Laval (7 décembre 2018)
La semaine, il est très difficile de faire un choix lorsque nous nous écrasons, tous les quatre, devant la télé. Mon fils désire regarder la partie de hockey tandis que ma fille préfèrerait visionner un truc plus humoristique. Mon rôle est de trancher, de sortir des arguments face à ce qui serait préférable. Mon épouse fait de même mais parfois, je peux sentir que j’ai un léger parti pris.
Il est difficile de faire consensus, de faire l’unanimité. Lorsque j’ai offert à mon épouse et mes deux enfants d’assister au concert de Ghost, la réponse n’a pas tardé étant donné que cette formation musicale reçoit un pouce vers le haut chez nous.
Les albums de Ghost tournent chez nous depuis Opus Eponymous. Les ritournelles ont toujours été fredonnées même si parfois je remarquais que mon fils chantonnait des refrains qui feraient sourire le Grand Malin en personne.
Après avoir vu le groupe ouvrir pour Iron Maiden en 2017, ma progéniture était encore plus convaincue face à l’adoration qu’elle portait à Ghost. Après avoir écouté ad nauseam le nouvel album Prequelle, il ne restait plus qu’à assister à cet arrêt de tournée, à la Place Bell de Laval.
A Pale Tour Named Death se veut particulière pour Ghost. Les salles sont beaucoup plus larges, les foules plus considérables et le groupe, n’offre aucune formation en ouverture. Ghost est donc, seul. Il n’y a que Ghost, uniquement… Défi plutôt intéressant étant donné que ce genre de tournée demeure l’arme à double tranchant.
Si c’est un flop, c’est de la faute de Ghost. Si c’est un succès, c’est la consécration.
Soirée séparée en deux portions distinctes, les Ghouls et Ghoulettes ont pris place sur scène vers 20h00. Selon les rumeurs, la formation serait revampée et changée. On remarque que Ghost propose maintenant un trio de guitaristes, un duo aux claviers en plus du bassiste et d’un batteur qui battent la chamade avec le Cardinal Copia.
La scène se veut immense. Ghost a mis le paquet pour cette tournée nord-américaine avec ce décor aux allures d’autel eucharistique. Nous avons l’impression d’assister à une liturgie diabolique, à l’intérieur des murs de cette cathédrale fictive. Habillée en noir, les Ghouls et Ghoulettes portent leur masque, rendant impossible l’identification. Cardinal Copia sera le dernier à se présenter sur scène, question d’entamer le premier couplet avec aplomb.
Cette pieuvre musicale a véritablement pris son élan avec Rats suivie par Absolution. Deux gros coups de suite, il était donc impossible de rater son coup avec la troisième pièce. Avec Idolatrine, mon enthousiasme en a pris un coup étant donné que cette pièce ne m’atteint aucunement. Mais à chaque problème s’offre une solution, ce qui veut dire qu’une visite aux toilettes se voulait nécessaire et une mise à jour face aux rafraichissements familiaux!
De retour à ma place, les mains chargées, les Suédois offrent un retour vers le premier album avec Ritual et Con Clavi Con Dio. Visiblement, le public semble moins friand face au premier album quoique les amateurs des premières heures prennent leur pied face à cette présentation sonore plus antique et doom.
Le Cardinal est tiré à quatre épingles. Il a fière allure et se veut svelte. Il changera de tenue à quelques reprises, proposant une alternative blanche à son complet noir, en plus d’une tunique rouge plus officieuse.
Par Aspera ad Inferi et Devil Church ont été interprétées avec brio. Le groupe est solide, les musiciens précis et les deux guitaristes principaux se promènent amplement sur la scène, passant de la gauche à la droite tout en prenant des poses sur des passerelles situées aux extrémités de la scène. Malgré l’opacité du masque, l’interprétation se veut adroite, les déplacements fluides et on sent que même les yeux fermés, ce spectacle serait possible.
Une nouvelle vigueur est apparue avec l’interprétation de Cirice. C’est cette pièce qui a vraiment donné cet élan de popularité au groupe en 2015 et la foule s’est empressée de démontrer son enthousiasme.
Entre les chansons, le Cardinal aime bien tirer la pipe et il s’amuse amplement avec le public. Son sens de l’humour me rappelle celui de Mikael Akerfeldt d’Opeth quoique Tobias Forge propose probablement des répliques déjà bien scriptées, à l’inverse de la spontanéité d’Akerfeldt.
L’instrumentale Miasma a été l’un des points majeurs de la soirée avec le solo de saxophone de la part de Papa Nihil. Avec son allure décrépite et sa démarche erratique, il était surprenant de le voir souffler avec autant de vigueur, surtout qu’il devait être soutenu par deux techniciens.
Assis dans les marches de cette cathédrale factice, les Ghouls à cordes y sont allés avec la pièce acoustique Jigolo Har Megiddo pour ensuite faire place à l’intensité offerte par Pro Memoria. C’est pendant cette dernière que j’ai eu cette illumination face à Ghost.
Ce n’était plus la petite sensation hard rock/doom de Rise Above Records qui avait joué au Corona devant un public d’aficionados, il y a de cela quelques années. C’était maintenant un groupe grand public qui jouit d’une plateforme sonore enviable sur tous les médiums musicaux du monde comme les Spotify et autres radios à saveur rock de ce monde.
Cette chanson, tirée du nouvel album, s’est retrouvée entonnée par une grande portion du public. Avec un éclairage plus blanc dans la salle, on pouvait facilement voir l’impact que le groupe a sur le public qui semblait connaitre les paroles par cœur. Même constat pour chaque pièce tirée du dernier album.
Witch Image et Life Eternal ont mis un terme à cette première portion de la soirée. Une quinzaine de minutes plus tard, c’était l’Acte II qui nous replongeait profondément dans l’univers musical glauque de Ghost.
Le groupe a utilisé la pièce Masked Ball pour prendre place sur scène. Tirée du film Eyes Wide Shut, Ghost utilise régulièrement cette marche musicale comme introduction lors de ses concerts. Pour ouvrir la seconde partie, c’était à point!
Ce deuxième acte s’est déroulé avec rigueur. Aucunement essoufflés, les musiciens ont repris là où ils avaient laissé et nous ont enligné Spirit, From the Pinnacle to the Pit et Majesty en guise de retour.
Lorsque Ghost a poursuivi avec Satan Prayer, je me doutais bien que l’enthousiasme de la foule allait baisser d’un cran. Pièce tirée elle aussi du premier album du groupe, j’avais comme l’impression que le « nouveau » public du groupe ne s’était pas rendu jusque-là dans ses recherches musicales qui doivent être faites, avant d’aller voir une formation en concert.
Avec Faith et Year Zero par la suite, nous sommes retombés dans des pointures plus confortables pour la foule. Par contre, c’est avec He Is que le confort a été complété, totalement. Pièce très ABBAesque, elle fut entonnée avec passion par le clergé.
Lors de la portion médiane d’If You Have Ghosts, une reprise de Roky Erickson, le Cardinal Copia a offert les présentations d’usage, avec un humour décapant. Nous avions maintenant la confirmation que cinq Ghouls prenaient place sur scène avec deux Ghoulettes, aux claviers!
Les deux dernières attaques se sont avérées excessivement destructrices. En y allant avec la plus que dansante Danse Macabre, nos mâchoires jonchaient le sol, piétinées par nos pas de danse maladroits. Par la suite, Square Hammer nous a permis de finir le tout avec le poing levé, après plus de 175 minutes de musique.
Croyant que ma progéniture en avait ras la casquette, je me suis tourné vers elle. Mon fils était souriant et ma fille, pimpante avec ses yeux pétillants. L’épouse? Comblée par cette soirée parfaite.
Profitant de la fermeture des lumières, quelques personnes ont décidé de quitter. Pour nous, pas question de se vautrer dans les corridors de la Place Bell, tant et aussi longtemps que les lumières ne seront pas ouvertes dans le complexe sportif.
Avec un retour sur scène sous le signe de la rigolade, Tobias Forge nous a servi une longue introduction avant d’accueillir de nouveau les Ghouls et Ghoulettes, le temps de nous interpréter cet hymne à la jouissance qu’est Monstrance Clock.
Plus que satisfaits, nous sommes repartis de là vidés, mais comblés. Les discussions face à la soirée se voulaient enthousiastes et nous n’avons pas vu le temps passer.
Il était tout de même intéressant de repenser que nous sommes passés de Disney on Ice aux concerts à connotations metal en si peu de temps.
Oui, le temps passe vite… très vite même!