Amorphis : Entretien avec le bassiste Olli-Pekka «Opu» Laine et le chanteur Tomi Joutsen
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Amorphis : Entretien avec le bassiste Olli-Pekka «Opu» Laine et le chanteur Tomi Joutsen

En 2018, Amorphis nous a proposé un album fignolé avec Queen of Time. Suite logique d’Under the Red Cloud, cet album démontre que le groupe n’est pas au bout de ses ressources musicales et demeure toujours pertinent. Avec cette confiance renouvelée, le groupe a enfin décidé de reprendre les routes en Amérique du Nord, ce qui se voulait plus rare depuis quelques années. Renouvellement au niveau de son public de base en plus d’avoir les amateurs des premières heures encore présents, Amorphis se veut plus prisé que jamais. J’ai profité de la présence du groupe, en septembre, pour jaser avec deux membres d’Amorphis, le bassiste Olli-Pekka « Opu » Laine et le chanteur Tomi Joutsen.

Queen of Time, nous pouvons voir les références aux abeilles mais est-ce un album qui se veut relié au kanteletar ou au kalevala?

TJ : Pas directement mais le gars qui écrit les paroles puise toujours de l’inspiration de ce livre et d’autres mythes anciens.

Est-ce encore Pekka Kainulainen qui se veut le responsable face à vos paroles?

TJ : C’est ça.

Vous devez avoir une excellente relation avec lui?

TJ : C’est plutôt facile de travailler avec lui. Il adore vraiment ces vieilles histoires et ces mythes. Mais majoritairement, les paroles viennent beaucoup plus de son âme, de son cœur. C’est une personne très ouverte d’esprit. Il est un peu plus âgé que nous et il vient d’un tout autre environnement que le nôtre. Au niveau des arts, c’est quelqu’un qui se veut plus attiré par la peinture ou les arts de performance. Nous proposons du heavy metal, ce qui se veut intéressant. C’est particulier de voir que nous pouvons travailler ensemble.

J’aimerais savoir si Queen of Time est un album conceptuel?

TJ : Pas directement. Ce n’est pas conceptuel dans le sens qu’il n’y ait qu’une seule histoire. C’est beaucoup plus comme de petites histoires regroupées.

Opu, tu es de retour avec le groupe. J’aimerais savoir si tu étais un choix évident pour le groupe ou s’il y avait d’autres candidats possibles?

OPL : C’est un peu difficile à dire pour moi. C’est ce que j’ai entendu dire, que les gars m’avaient appelé tout de suite après que Nico (Niclas Etelävuori, ancien bassiste) ait quitté ou sur le bord de le faire. J’aimerais bien que ce soit le cas! C’est bien d’être de retour.

Quand tu as quitté la première fois, tu n’étais pas en mauvais termes avec le groupe.  

OPL : Non, c’était plus une situation particulière. Nous avions des problèmes avec la compagnie de disque. C’était difficile au niveau de la carrière car la musique metal était en déclin, à cette époque. Nous ne savions plus vraiment quelle était la direction à prendre avec le groupe. De plus, je n’avais pas vraiment d’études de complétées et je venais d’avoir un enfant. À ce moment, je pensais beaucoup plus à mon futur. C’était très dur de prévoir où en serait le groupe dans les cinq années suivantes. Il y a eu plusieurs raisons, pas seulement qu’une seule. Maintenant, tout est plus facile. Nous sommes plus matures. Le groupe repose sur de bonnes bases solides. Nous pouvons voir que nous avançons, ce qui est très inspirant au niveau musical. C’est la meilleure version d’Amorphis à laquelle j’ai participé.

Vous avez plusieurs invités sur cet album. Que pouvez-vous nous dire au sujet de la chorale Hellscore Choir ?

TJ : Notre producteur, Jens Bogren, connait beaucoup de gens. Il travaillait avec cette chorale avant et il a cru qu’en l’ajoutant au son d’Amorphis, ce serait bien pour notre album. C’était bien intéressant et j’ai été très surpris du résultat. Nous n’avions pas ce genre d’idées en tête et d’avoir cette chorale a été un pas dans la bonne direction pour le groupe.

OPL : Amorphis a souvent utilisé des chorales, même sur notre premier démo. C’est quelque chose de naturel pour nous, ça amène notre sonorité à un autre niveau. Il n’y a rien de nouveau dans ce sens, nous le faisons depuis les années ’90. Sauf que cette fois-ci, c’est plus organique.

Si on compare avec Under the Red Cloud, vous semblez encore très fidèles face aux gens qui ont collaboré avec vous sur cet album. Vous avez le même producteur, Jens Bogren en plus d’avoir Chrigel Glanzmann d’Eluveitie aux flûtes. Que pouvez-vous nous dire face au fait que vous retournez vers les mêmes personnes? Sont-ils membres de la famille?

TJ : Pas des membres de la famille, ce serait trop! Je dirais plus que c’est une zone de sûreté, une question de confiance. C’est plus confortable de savoir que ce sont des gens en qui ont peut avoir confiance et il est plus facile de commencer la production quand tu sais qu’ils en feront partie. Nous sommes très satisfaits de pouvoir travailler avec Jens Bogren. C’est un bon gars, très talentueux. Il peut être très difficile et exigeant, c’est une bonne personne. Je peux maintenant le considérer comme un ami. C’est bon signe!

Et vous avez Anneke van Giersbergen aux voix. Elle était le choix évident pour faire ce duo avec toi, elle est bien connue dans le domaine métallique. Que peux-tu nous dire face à ce duo?

TJ : C’était un choix évident et il a été facile de lui demander. Nous la connaissons depuis longtemps, elle est très active. Elle a fait quelques concerts en Finlande et Esa (Holopainen, guitare) a partagé la scène avec elle à Helsinki. Nous avons partagé la scène avec elle, à quelques reprises, dans une tente à Helsinki. Sa voix est tellement unique. Elle se marie à la perfection à la chanson. Elle donne un boost additionnel! Et tout le monde l’aime en plus!

OPL : Et elle vient du même milieu que nous. Son ancien groupe, The Gathering, a débuté en même temps que nous. Nous avons les mêmes racines. C’était donc naturel.

TJ : Nous l’avons avec nous, nous sommes chanceux!

Tales from the Thousand Lakes a été relancé cette année. Quel est votre relation avec cet album, maintenant? C’est un album chéri pas les amateurs. Quel est ta relation avec l’album, toi, Opu?

OPL : Je dois avouer que je ne l’ai pas écouté dernièrement! La dernière fois remonte probablement aux années ’90. Si je dois pratiquer une chanson de l’album, je vais m’y remettre. Sinon… La façon de s’accorder est différente aussi. C’est difficile de dire quelle est ma relation avec l’album, car je ne peux pas être objectif. Je sais que l’album a un statut qui le rend « culte » mais pour moi, ce n’est qu’un album.

Et toi, Tomi? De chanter Black Winter Day à chaque soir, ça te ramène au fait que tu écoutais l’album comme un fan du groupe?

TJ : Oui, c’est un grand honneur de pouvoir le faire. C’est même étrange, parfois. Quand tu te rends compte que tu chantes cette chanson avec le vrai groupe. C’est comme du karaoké! C’est une chanson importante, tout l’album l’est. C’est un truc immense. À l’époque, cet album a créé quelque chose d’unique. C’est un classique, je suis très content que nous puissions faire encore quelques chansons de cet album aujourd’hui.

Et ce soir, étant donné que vous êtes à Montréal, SV Bell sera là. Il est celui qui a créé la pochette de l’album.

OPL : Qui?

SV Bell, celui qui a fait la pochette de l’album Tales from the Thousand Lakes. L’avez-vous déjà rencontré?

OPL : Non, c’est vraiment cool! Nous avons déjà rencontré Miran Kim, l’artiste qui a fait Karelian Isthmus. Elle n’était pas une personne très « metal », elle nous a même ignorés. C’était très étrange et teinté de malaise. J’aimerais bien rencontrer ce gars, il y a sûrement une façon d’arranger ça.

J’en ai parlé avec Roger (NDLR : leur gérant de tournée) et ce sera possible! Et ma dernière question, elle est en relation avec vos projets en parallèle. Est-ce que tu joues encore avec Barren Earth?

OPL : Oui. Nous faisons quelques concerts ici et là. Quand nous le pouvons. Avec Amorphis, c’est plus difficile de pouvoir trouver du temps. Et même lorsqu’il y a du temps de disponible, il est bien de pouvoir en profiter pour son propre bien. Je ne suis pas du genre à faire tourner deux groupes en même temps, je préfère mettre le focus sur une seule chose. Pour 2019, nous avons un seul concert de prévu.

Probablement lors d’un festival?

OPL : Oui, lors d’un festival. Regardons comment le tout se passe. Je suis encore en période d’adaptation avec Amorphis. À un moment donné, la poussière va retomber avant de faire d’autres plans pour [youtube href= »https://www.youtube.com/watch?v=LcAr1zrqI8E&list=PLhnd6D0BqtaE57mywGEap1h4R_seC6dP9″]Barren Earth[/youtube]. Il y aura autre chose car c’est bien de pouvoir jouer avec les gars de Barren Earth.

Et toi Tomi, tu en as surpris plus d’un avec ce projet du nom de… il est difficile à dire pour un Québécois comme moi : [youtube href= »https://www.youtube.com/watch?v=YuVed39-p_A »]Hallatar[/youtube]. Est-ce que je l’ai bien dit?

TJ : Oui. J’ai reconnu le mot, donc.

Que peux-tu nous dire face à ce projet car, ça se veut très sombre.

TJ : Oui, c’était une chose plutôt unique à faire. Je ne suis pas certain si nous allons faire autre chose avec ce groupe. Je suis très fier d’en avoir fait partie. C’est Juha (Ravio, de Swallow the Sun) qui vouait rendre un hommage, un hommage plutôt sombre, face à son épouse qui est décédée. C’était un album très difficile à enregistrer. Le sujet central était tellement triste (NDLR : l’épouse de Juha était Aleah, chanteuse de Trees of Eternity. Elle est décédée du cancer à l’âge de 40 ans) et massif. J’ai été surpris que nous ayons même été capables de faire des concerts. Je me disais que ce groupe n’allait pas donner de spectacle, que ce n’était qu’un projet en studio. Nous avons fait une bonne dizaine de concerts en Finlande et un en Suède. C’était bien de travailler avec Juha. J’avais fait une chanson avec Swallow the Sun, il y a une dizaine d’années. Nous avions fait une reprise (NDLR : la chanson est [youtube href= »https://www.youtube.com/watch?v=TlRg5tVPsaU »]These Low Lands[/youtube], disponible sur la version limitée de l’album Hope) et je n’avais pas travaillé avec Gas Lipstick (NDLR: ancien membre de H.I.M) avant, ce qui se voulait fantastique aussi.

Mais vous partagiez le même local de pratique que H.I.M, à l’époque?

 TJ : Oui, il y a quelques années. Mais on ne se rencontrait pas souvent. Eux, ils pratiquaient pendant le jour et nous, lors des soirées. Ce sont de bons gars!

Donc, les gars, un immense merci!

Merci!

Amorphis sera de retour au Club Soda de Montréal le 23 septembre 2019, avec Delain et Anneke van Giersbergen. C’est ICI pour les billets! Et le 25 septembre, à la Salle Multi de Québec. C’est ICI pour les billets de Québec.

www.amorphis.net

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Caméra : Mihaela Petrescu