Hypocrisy et Fleshgod Apocalypse: Retour sur le concert de Montréal (1er avril 2019)
Neuf ans d’attente, c’est ce qu’il aura fallu pour l’amateur de la formation suédoise Hypocrisy. Neuf longues années à se demander si le groupe allait revenir en terres nord-américaines. Oui, il y a eu l’hypothétique tournée pour End of Disclosure qui ne s’est jamais mise en branle. De plus, l’état chancelant de Peter Tägtgren n’a pas aidé.
En entrevue, le Suédois ne se cache pas face au fait qu’il n’est pas friand des conditions de tournée en Amérique, ce qui n’aide pas beaucoup. Ayant repris la route avec Pain l’année dernière, il faut se demander si Tägtgren a retrouvé la piqure face aux longues routes qui unissent les villes de l’Amérique du Nord.
Cette visite montréalaise était prévue pour raviver l’antique tournée Death… is just the Beginning. Appellation mythique du label Nuclear Blast, cette tournée propose trois groupes de leur écurie. Je n’étais pas encore sur place pour la prestation du groupe Aenimus. Selon les commentaires recueillis, le groupe se voulait solide mais statique sur scène avec son death metal progressif qui collait bien aux nouveaux standards modernes.
Il n’y a aucun doute, Fleshgod Apocalypse est un groupe apprécié par le public montréalais. Avec des accoutrements qui nous remémorent les musiciens classiques de la Renaissance, le groupe impose immédiatement au niveau visuel. Les tenues semblent avoir été déterrées directement d’un cimetière… à moins que ce ne soient les musiciens du groupe eux-mêmes qui proviennent d’outre–tombe!
Les Italiens sont fermes et immuables sur scène. Aux claviers, Francesco Ferrini est attablé à un piano défraichi, ce qui augmente l’effet cadavérique et classique offert par Fleshgod Apocalypse. Le groupe propose aussi la soprano Veronica Bordacchini. Elle prend place, sur scène, avec des airs de grande prêtresse et propose des voix d’accompagnement. Sa présence ajoute autant au niveau théâtral qu’en efficacité car généralement, les formations utilisent les voix préenregistrées lors des concerts. Sauf qu’en ayant cette fantastique demoiselle au chant, l’effet scénique se veut accentué car elle ne demeure point statique.
Avec des titres comme The Violation, Healing Through War et The Egoism, Fleshgod Apocalypse a réussi à impressionner, et ce, grandement. De plus, le groupe a offert Sugar, le premier extrait face à leur nouvel album, Veleno. Très volubile et articulé, le chanteur et guitariste Francesco Paoli aime titiller la foule. Il demande une participation active de cette dernière, s’exprime en français à quelques reprises et les musiciens offrent même un poisson d’avril en arrêtant juste après les premières mesures de The Fool.
Après avoir laissé jouer Rock n’ Roll Train d’AC/DC au complet, Hypocrisy s’est installé lentement sur la scène sous les mesures ambiantes de Fractured Millenium. Après la montée musicale, il fallait s’attendre au cri râlant de Tägtgren. Ce dernier se voulait convaincant. Il semble en forme, se brasse la tignasse et il manie sa guitare avec hargne.
Horgh est excessivement précis aux percussions et le bassiste Mikael Hedlund semble apprécier ce retour sur scène, pratiquement inattendu! À la seconde guitare, Tomas Elofsson, ancien membre d’In Battle, accompagne de façon agréable le jeu de Tägtgren.
Hypocrisy a offert une prestation basée sur le passé. Étant donné que le groupe n’a pas de nouvel album à promouvoir, les Suédois nous ont offert le concert qu’ils auraient probablement présenté lors de cette tournée pour End of Disclosure, qui n’a jamais eu lieu, ici.
Des titres comme Valley of the Damned, Eraser, Adjusting the Sun et Fire in the Sky nous ont permis de se dévisser le cerveau tandis que la très vieille école s’est régalée grâce à un medley qui proposait Osculum Obscenum, Pleasure of Molestation et Penetralia.
Par la suite, le groupe a continué sur sa lancée. Toujours sous une pluie de lumières très chaleureuses, Hypocrisy nous a asséné les derniers coups qui allaient s’avérer, fatals car Killing Art, Buried et Warpath demeurent des pièces plutôt punitives.
The Final Chapter, pièce plus apaisante, aurait pu être la finale de la soirée mais il était indéniable que le groupe revienne sur scène pour nous assommer avec Roswell 47.
Soirée terminée, je dois avouer qu’elle m’est apparue comme excessivement courte. Pourtant, le contrat avait été bel et bien été rempli. Les deux groupes avaient joué le temps qui était prévu. Mais en présence de qualité extrême, on ne peut qu’en redemander… encore plus!