Dossier de tôle: V'là 20 ans, c'était mieux!
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Dossier de tôle: V’là 20 ans, c’était mieux!

En 2018, je me suis rendu au Record Store Day. Je le fais pratiquement à chaque année quoique pour moi, le Record Store Day est pratiquement une activité mensuelle. Le tout dépend des sorties musicales. Fidèle à mon habitude, j’ai visité le Freeson de Montréal et j’ai terminé mon magasinage au magasin le 33 Tours.

Vers 16h00, c’était plus tranquille. J’étais en train de flipper ce qu’il y avait dans la section KISS. J’étais à la recherche d’une version usagée de Destroyer car pour une raison que j’ignore, la mienne a disparu. Je ne cherchais pas la réédition, seulement la version originale de Casablanca Records. Un homme, à côté de moi, m’interpelle. Grand, visiblement lucide et en forme, il est dans la cinquantaine avancée. Il me dit : « Hey boy, dire que j’ai vu KISS ouvrir pour Blue Öyster Cult dans le temps! »

J’adore ce genre d’anecdotes. J’aime lorsque quelqu’un veut partager une tranche de vie qui sera excessivement savoureuse. Il me raconte qu’à l’époque, il était en voyage aux États-Unis et que c’est un cousin qui l’avait amené voir ce concert.

Il ajoute : « Il y avait Rush aussi. C’était tout nouveau dans le temps. Tout un show. KISS avait volé la vedette! »

Nous avons continué à flipper les vinyles, tout en se marmonnant des trucs du genre : « Ah, celui-là, c’est mon préféré! » ou « Celui-ci, je n’ai jamais accroché! » J’acquiesçais en levant mes sourcils et il faisait de même.

Vers la fin de la section de KISS, il me dit : « En tout cas, la musique était ben meilleure dans le temps. Ce qui se faisait il y a 20 ans, ça reste imbattable! »

Un autre! En 2017, lors de la fermeture des magasins HMV, un homme m’avait lancé le même commentaire. Il faisait l’achat d’une réédition de Pink Floyd, en vinyle. Il m’avait répété, pratiquement mot pour mot, la phrase dite par cet amateur de KISS.

Sans vouloir être impoli, j’ai répliqué au fan de KISS, en lui faisant remarquer qu’il y a 20 ans, nous étions… en 1998!

« Ben voyons, t’as raison! »

Donc, son anecdote datait d’environ 44 ans. Il est surprenant de voir à quel point les gens nostalgiques sont souvent accrochés à ce nombre magistral qu’est le fameux 20 ans. C’est un automatisme. Un peu comme le 25 ans minimum de Roland HiHa Tremblay.

Oups, avec cette référence, je sens que je viens d’en perdre quelques-uns…

Je lui ai dit : « Il y a 20 ans, KISS sortait Carnival of Souls et leur tournée d’adieu était déjà chose du passé! »

En vieillissant, nous avons tous cette vilaine tendance à associer notre nostalgie à un nombre d’années qui se veut spécifique. Pour cet homme, c’était 20 ans. Pour de nombreuses personnes, c’est 20 ans. Et même 20 ans après le 20 ans initial, c’est encore et toujours 20 ans.

De mon côté, je joue safe. Je ne fais que dire : « Dans les années… » tout en identifiant la décennie. C’est probablement lié avec le fait que je ne souhaite pas me faire traiter de dépassé, d’arriéré ou de nostalgique fini.

Mais en même temps, je n’accroche pas sur ce genre de nostalgie car je suis toujours à la découverte constante de nouveautés et de fraicheur musicale. Que ce soit métallique ou non, je garde mon ouverture d’esprit et je ne me sens pas encore bourru face à une telle nostalgie.

C’est plutôt irritant, éreintant même, de tenter de discuter avec quelqu’un qui ne cesse de dire, en guise d’argument massue : « De toute façon, c’était ben meilleur dans le temps, voyons! C’est sûr!» ou quelqu’un qui utilise ce commentaire : « Tous ces nouveaux groupes, ils ne font qu’imiter (insérez le nom d’un artiste ici) »

Cette nostalgie est bien souvent en relation avec le regret. Ce type de regret qui te fait comprendre que tu n’as pas suivi le courant musical ou que tu as cessé de le faire pour des raisons qui t’appartiennent.

J’adore retomber dans mes classiques et ce, plutôt régulièrement. Même si mon album préféré de tous les temps demeure Ride the Lightning de Metallica, je suis encore capable d’avouer que certains disques sont excellents et peut-être même, supérieurs à Ride the Lightning.

Après tout, il faut se rappeler que cette nostalgie nous ramène surtout à une période précise de notre vie. Une période joyeuse à laquelle de nombreux souvenirs y sont rattachés. Pour moi, l’année 1984 (et 1985) est liée à Ride the Lightning ainsi qu’à de nombreux souvenirs de mon enfance.

Des souvenirs heureux où la trame sonore était ce deuxième album de Metallica. Nous l’écoutions chez Gino St-Gelais ou chez Eric Tremblay. Ensuite, c’était les balades en BMX pour aller s’acheter un Mr.Freeze Jumbo, jouer au base-ball et regarder GI Joe en dessins animés.

Non, la nostalgie ne veut pas dire qu’il faut cesser de regarder et d’écouter ce qui se produit de nos jours. La nostalgie est supposée être une zone de réconfort, pas une place où tout devient âcre et acidulé.

Je vous rappelle qu’il y a 20 ans, Sugar Ray connaissait un succès monstre avec Fly, Lit proposait un clip pour la chanson Miserable où les membres du groupe se promenaient sur Pamela Anderson et Ricky Martin vivait La Vida Loca… et de cette période, je ne suis aucunement nostalgique!