Heavy Montréal 2019: Retour sur le deuxième jour du festival (28 juillet 2019)
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Heavy Montréal 2019: Retour sur le deuxième jour du festival (28 juillet 2019)

Partie 2 : ♠« Tout, pour Tom »♠
Dimanche, 28 juillet 2019

Après un copieux déjeuner de type « gars de la construction », il était déjà le temps de reprendre le chemin pour cette seconde journée de festivités métalliques au Parc Jean-Drapeau. Je retrouve mes souliers dans un état qui se veut plutôt acceptable. La poussière de pierre était bien compactée au niveau du sol, ce qui a minimisé la levée de poussière. Les autres années, je revenais avec des souliers aux allures de gars qui travaille dans le domaine du paysagement. Mais pas cette fois-ci. C’est pourquoi mes souliers seront de retour pour terminer mon week-end, plutôt chaleureux.

La formation Junkowl a été couronnée gagnante lors de la finale du En Route vers Heavy. Les musiciens devaient être nerveux avant de commencer, étant donné qu’il y a avait déjà une foule considérable devant eux. Les Montréalais ont offert une bonne dose de hard rock sludgé et ont confirmé, par le fait même, qu’ils n’avaient pas volé leur place sur le festival.

Prestation présentée sur la Scène du Jardin, cette dernière possédait un emplacement stratégique plutôt particulier. Dès qu’un artiste attirait un public plus vaste, comme Cattle Decapitation la veille, les gens qui étaient à l’arrière se retrouvaient sur la voie de circulation qui permettait aux festivaliers de se rendre à la Scène de la Forêt. De devoir jouer du coude avec quelqu’un qui est en train de se brasser la pilosité, ce n’est pas une partie de plaisir. Surtout lorsque tu tentes de protéger ton verre de Pitoune, de la microbrasserie Trou du Diable.

Direction Scène de la Forêt, par la suite, pour le phénomène qu’est Dopethrone. Encore une fois, il était amplement le temps que ce groupe se retrouve sur l’affiche du festival. Invité partout sur les festivals en Europe, on comprend que parfois, il est plus difficile de rallier son propre peuple à sa cause!

Leur dose de doom/stoner/sludge tapait autant que le soleil. Leur son était vicieux, les percussions nous rentraient dans la poitrine et la voix de Julie Unfortunate était tranchante. Découverte succulente pour de nombreuses personnes sur place, il reste à souhaiter que le groupe puisse surfer sur cette vague d’approbation locale!

À 14h00, c’était au tour de l’évènement que j’attendais le plus en fin de semaine, c’est-à-dire la présence de Beast in Black. Aussi fromagé qu’un pizzaghetti gratiné, avec croute farcie à la mozzarella, le groupe finlandais a été accueilli comme de véritables héros métalliques!

Leur power metal était à point, la voix de Yannis Papadopoulos montait jusqu’au firmament. Les guitares d’Anton Kabanen et de Kasperi Heikkinen étaient à l’unisson, même si ce dernier semble avoir eu quelques problèmes avec son rack d’effets. Un accueil mirobolant pour ce groupe. Papadopulos a avoué, en toute honnêteté, qu’ils ne s’attendaient pas à une réception aussi chaleureuse de la part du public québécois.

En y allant avec 4 pièces de chacun de ses deux albums, Beast in Black y est allé avec une grande logique. Ceux qui connaissaient le groupe ont été excessivement participatifs au niveau du chant d’accompagnement et les mains étaient bien hautes dans les airs. Le groupe a promis de revenir et il ne serait pas surprenant de les voir au Québec, cet hiver!

Question de garder l’exotisme à son summum, je me devais d’aller voir et entendre les Islandais que sont Skalmöld. La Scène de la Forêt se voulait agréable aujourd’hui car nous pouvions ressentir beaucoup plus les courants d’air frais. Ne possédant qu’un seul album du groupe, je me suis mis en mode découverte face à Skalmöld. La seule chanson que je connaissais du groupe a été jouée à la toute fin, ce qui m’a permis d’ouvrir mes oreilles face à leur metal viking à la sauce folk. Avec des paroles chantées dans leur langue natale, l’expérience est encore plus intéressante et les mélodies vocales qui accompagnent le tout sont à point!

Groupe d’ici, The Great Sabatini a proposé un coup de massue de gros metal sludgé. C’était lourd, oppressif et ça donnait soif. À proximité des deux kiosques de produits des microbrasseries présentes sur le festival, je me suis enfilé une délicieuse West Coast IPA pendant que The Great Sabatini nous anéantissait à grandes lampées de distorsion et de percussions oppressantes.

Je n’avais jamais vu Fu Manchu en spectacle. Je me suis présenté devant le groupe avec une barre placée, bien haute. En y allant tout en fuzz avec Hell on Wheels, la barre venait de prendre le bord et ce, solidement. C’était d’une justesse incroyable et le son se voulait clair et fort… malgré les nouvelles règles face aux décibels.

Le quatuor est adroit. Leur musique de moustachu et de becykes à gaz était à prendre, sans retenue. Comme de raison, c’est Evil Eye qui a reçu le plus grand sentiment de satisfaction de la part des festivaliers. Leur reprise de Godzilla de Blue Öyster Cult a toujours été perçue comme une pièce du groupe, un peu comme Got the Time d’Anthrax, étant donné que Fu Manchu l’a personnalisée. J’ai quitté après Mongoose car je devais effectuer une entrevue!

Corrosion of Conformity était mon prochain rendez-vous. Nous avons été choyés de voir le groupe à Montréal, à trois reprises, en moins de deux ans. L’année 2019 marque l’anniversaire de leur album Deliverance, un album qui a marqué la carrière du groupe, leur permettant d’élargir leur public. C’est pourquoi le groupe a proposé 4 chansons de cet album. En ouvrant avec Seven Days, le tout s’est fait en douceur quoique la partie médiane se veuille plus lourdaude. Paranoid Opiod nous a permis d’apprécier le jeu plus rapide et fluide du batteur « suppléant », étant donné que Reed Mullin n’était pas sur place. Le trio composé de Shake Like You, Wiseblood et Vote With a Bullet est venu réveiller le peu de gens qui se voulaient encore stoïques. Musiciens chevronnés, il est de toute beauté de voir le bassiste Mike Dean jouer comme s’il faisait partie d’un quatuor jazz. Il ne restait plus qu’aux musiciens de nous assommer avec Albatross et Clean my Wounds, grâce à la voix remplie de soul de Pepper Keenan et la guitare suave de Woody Weatherman!

Cette journée du dimanche nous proposait de nombreux vétérans de la scène stoner/hard rock/sludge américaine. Avec Fu Manchu et Corrosion of Conformity, on complétait cette trinité fantastique avec Clutch. Comme je l’ai déjà fait remarquer par ici, le groupe avait commencé à bouder le Québec depuis quelques années. Les messieurs du Maryland ont probablement été surpris que le Heavy Montréal offre une plage horaire excessivement enviable à Clutch.

La surprise a du s’avérer de taille lorsque Clutch s’est retrouvé sur scène devant une foule aussi énergique et une contingent imposant de fredonneurs qui connaissaient chaque ligne chantée par Neil Fallon. Ghoul Wrangler a été la pièce qui a mis un baume immense sur cette plaie béante. Précision, groove, attitude bluesée et exécution, Clutch impressionne à chaque concert.

The Mob Goes Wild et In Walks Barbarella se sont retrouvées dans les enceintes acoustiques, à un nombre de décibels, plutôt modeste pour satisfaire aux nouvelles réglementations. Malgré la chaleur présente, et elle se ressentait jusque sur la scène, la motivation ne baissait pas d’un cran. Le message de la foule était clair pendant Noble Savage, Spirit of ’76, H.B is in Control, A Quick Death in Texas et Earth Rocker : Nous allons vous montrer que Clutch se doit de revenir ici. Donc, cessez de tasser le Québec de votre itinéraire de tournée!

Lorsque les musiciens ont entamé X-Ray Visions, c’était le coup final. Pièce phare face au catalogue récent du groupe, celle-ci se veut une excellente façon de présenter les membres du groupe.. par leur signe astrologique!

Le temps de jaser avec quelques amis, badauds, copains de différents groupes de métalleux sur Facebook, je me suis dirigé vers la Scène du Jardin, pour voir ce qui restait de la prestation de Demolition Hammer. Pendant que mon fils se délectait goulument d’un Drumstick, j’ai pu apprécier les tueries que sont 44 Caliber Brain Surgery et Human Dissection. Toujours aussi rapide et meurtrier, leur thrash metal ne rate jamais sa cible!

Officiellement, Anthrax est le groupe que j’ai vu le plus souvent en concert et je dois avouer que, depuis 10 ans, j’ai l’impression de voir le même spectacle… malheureusement. Je l’apprécie, mais c’est du surplace*, comme le jour de la marmotte.

*(Question de solidifier mon argument, allez sur la page Facebook de Boulevard Brutal. Leur Bureau d’Enquête confirme ma théorie face aux « setlists » répétitifs du groupe!)

En une heure, le groupe a pu nous offrir 8 chansons dont les incontournables que sont Got the Time et Antisocial. Oui, les deux titres représentent le pinacle de leur carrière et ont la capacité de ramasser une foule considérable lors d’un festival mais le catalogue du groupe est tellement plus riche que c’est pratiquement du gaspillage. Il est certain que pour l’amateur moyen, ce dernier veut et exige les deux chansons. C’est probablement juste mon côté fanatique face au groupe qui parle.

Par contre, je dois souligner l’ajout de Now it’s Dark. Enfin, une véritable surprise, étant donné que le groupe n’avait pas joué cette pièce depuis des décennies. Sinon, c’était du pur Anthrax! En mettant le pied sur scène en proposant, en introduction, quelques mesures de Cowboys from Hell de Pantera, cette dernière s’est moulée dans Caught in a Mosh. Par la suite, Got the Time a eu l’effet escompté et I Am the Law se voulait un véritable plaisir auditif. Fougueux, Scott Ian est fidèle à lui-même avec ses petits pas sautillants. Joey Belladonna va chercher chaque festivalier présent et il s’amuse surtout avec les gens des premières rangées. Frank Bello propose la cadence qui est de mise et Jon Donais est l’instrument de précision du groupe, sous les coups puissants de Charlie Benante!

La pièce In the End a ralenti l’ardeur des participants. Plus langoureuse, cette chanson a permis à la foule de prendre une pause avant l’inattendue A.I.R et la prévisible Antisocial, quoique cette dose d’énergie aurait dû être gardée pour la portion « Wardance » d’Indians, pièce finale de la prestation d’Anthrax. Lors de cette portion spécifique, Scott Ian a la lourde tâche de motiver la foule pour qu’elle soit à la hauteur des attentes de Charlie Benante. L’intensité n’était pas à son comble, selon Benante et Scott Ian a dû arrêter le processus. Comme de raison, ceci est une portion intégrante du spectacle.

Après Indians, il fallait se demander comment certaines personnes allaient faire pour pouvoir passer au travers de l’expérience finale qu’allait offrir Slayer.

Non, la Place Bell de Laval n’était pas le dernier arrêt mais il est fort à parier que celui de dimanche était vraiment la finale québécoise pour le groupe. Surtout pour Tom Araya qui veut profiter d’une retraite bien méritée. Passionné de karaté et homme de famille, il veut probablement bénéficier d’une certaine quiétude.

Gary Holt retournera avec Exodus. King et Bostaph vont recruter de nouveaux musiciens, probablement pour créer l’équivalent d’un super-groupe qui sortira un album et jouera quelques chansons de Slayer en concert.

Une bonne vingtaine de chansons étaient prévues pour cette prestation finale de Slayer, au Québec. Une bonne vingtaine, et ben du feu! Pas autant que Rammstein mais ça sentait le propane lorsque les torches étaient en fonction.

Delusions of Saviour jouait, des projections de croix étaient visibles.  Le tissu qui cachait le fond de la scène est tombé pour que l’on puisse profiter une dernière fois de la présence de Slayer. Le groupe a commencé cette ronde finale avec Repentless pour poursuivre avec Evil Has No Boundaries et World Painted Blood. Il était évident que le groupe allait visiter pratiquement tout son répertoire, n’omettant que les albums Divine Intervention, Diabolus in Musica et Christ Illusion 

Efficace, Gary Holt gigote. Bostaph est massif aux percussions et il doit supporter les vagues de chaleur qui se dégagent des canons à flamme. Kerry King, lui, est bien ancré à la scène, supportant le poids de ses chaines qui pendouillent sur sa cuisse.

Mes yeux étaient surtout dirigés vers Tom Araya. Ce monsieur de 58 ans est un exemple de finesse, de persévérance mais surtout d’intégrité. Il a manqué quelques paroles, comme sur la finale de Temptation. De mon côté, je mets cela sur le dos de l’émotion. Par contre, Araya a été capable de faire le cri en ouverture d’Angel of Death, chose que je n’avais pas vue et entendue depuis des années.

Grâce à des titres comme Mandatory Suicide, War Ensemble, Born of Fire, South of Heaven, Chemical Warfare, Dead Skin Mask, Hell Awaits et Black Magic, un large chapitre s’est fermé face à la musique qui me suit depuis mon adolescence.

La tradition veut que Slayer termine sa soirée avec Angel of Death. Chaque amateur du groupe savait que ce serait la chanson qui allait mettre un terme à cette passion qui perdure depuis des décennies entre Slayer et le Québec. À la toute fin, chaque musicien a remis son instrument à son technicien, attrapant une poignée de picks à lancer ou une paire de baguettes.

Acclamations de la foule, le terme Slayer était hurlé à pleine gorge. Araya, visiblement ému est resté pendant de longues minutes sur la scène, à contempler son œuvre.

La caméra était fixée sur lui. Bostaph, King et Holt lui laissent ce moment, sachant que pour eux, il y aura suite mais que pour le bon vieux Tom, c’est la fin du périple. Côté droit, côté gauche. Il a bien essayé de parler au micro, mais sans pouvoir sortir tous les mots qu’il aurait souhaité dire.

En essuyant quelques larmes, Araya a quitté la scène, sous l’acclamation générale.

Mon fils s’est retourné. Il m’a dit : « Papa, tu as les larmes aux yeux! »

Et moi de lui dire : « Toi aussi… »

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      Photos : Mihaela Petrescu