Satellite 418

Testament

C’est le titre du premier – et dernier, ça c’est triste –  livre de Vickie Gendreau. Couverture violette, Le Quartanier éditeur.

Vendredi passé, j’ai adhéré à l’assurance vie offerte par mon employeur-pas-mal-impossible-à-voiler, à l’assurance dentaire incluse dans le deal, à celle pour les médicaments… Toute la bastringue. Rédemption pure après des années de «pigisme» et d’études dans le Nord. De pauvreté partielle, finalement, parce que je préférais investir en chaussures plutôt qu’en rendez-vous chez le dentiste. Vite qu’on me plombe ces dents qui font mal quand la crème à glace déroge de sa trajectoire.

Mais ça, c’est vraiment pas intéressant.

Ce que j’ai réalisé, c’est que je n’avais pas de testament. Que j’étais seule au monde aussi: sans frères et sœurs, ni conjoint de fait, sans enfants. Heureusement que j’ai toujours mes deux parents. On ne confie pas sa succession à des amis. Même nombreux, même de longue date.

Encore une fois, je m’éloigne du sujet.

Je n’ai pas de testament. Rien pour stipuler que je veux éviter la musique poche à mon enterrement, le pseudo-signet nécrologique avec des oiseaux, une chute pis des nuages texturés façon barbe à papa, que je ne veux pas d’annonce de ma mort dans le Journal de Québec entre les petites annonces d’escortes déguisées en masseuses et les stats de sport. Si je meurs, je veux que ce soit dans Le Soleil ou (encore mieux) dans mon VOIR, si possible. Fou de même. Et j’aimerais aussi être exposée avec ma belle robe Eve Gravel, s’il vous plait.

Sérieux, moi, si je meurs, je veux dans les speakers de belles chansons de Mara Tremblay, de Jimmy Hunt, d’Avec pas d’casque. Quelque chose de beau. Et puis tiens, pourquoi pas la musique d’un groupe local X pour célébrer ma petite mission de journaliste que je me suis auto-octroyée en ce bas monde? Y a-t-il des gens qui se préparent des playlists à l’avance pour ça comme on se prépare pour un DJ set à l’Atelier un samedi soir? Y a-t-il des gens qui mandatent leurs amis designers graphique d’avance pour la mise en images de leur mort? Si oui, Maxime et Valérie, je sollicite votre aide right fuckin’ now.

C’est plate. J’ai l’impression qu’on est tous pareil dans la mort. Les mêmes tounes jouées à l’orgue, le même packaging d’éloges/prières récité par le curé qui ne te connait pas pantoute, les mêmes sandwichs pas d’croûte mangées dans une salle communautaire brune et grise sans âme.

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ARCADE FIRE – « NIGHT OF SHOW: Please wear formal attire or costume. » Cette notice lisible sur Ticketmaster, quoique toute courte, fait pianoter un nombre incalculable de claviers sur la blogosphère, les réseaux sociaux. Traduction libre: tenue de ville exigée (et ça vaut pour les spectacles de la tournée de l’album Reflektor dont le seul spectacle au Québec se veut pour l’instant celui au parc Jean-Drapeau à Montréal le 30 août).

Nombreuses sont les critiques condamnant le côté présomptueux de cette demande. Et pourquoi donc, au fond?  À cette époque où Noël se fête en jeans dans la plupart des familles, où le bal de finissants constitue pratiquement le seul événement suit up pour le commun des mortels, je trouve l’idée amusante. Si rares sont les occasions de s’habiller chic. Autant le faire pour une occasion qui nous enchante vraiment en tant que mélomane, que fan du groupe.

Il y chez Arcade Fire une envie, je crois, de faire de la musique une fête. Mais aussi de faire parler d’eux: ils mènent les influenceurs web et les journalistes traditionnels par le bout du nez, faut bien l’admettre. Chacune de leurs infos sont reléguées et en vitesse. Pas le moindre single ou image y échappe et sans même l’envoi d’un communiqué de presse dans nos boîtes courriel.

Les bars de douchebags sur Grande-Allée (ou Saint-Laurent) ont déjà leur dress code officieux. Pourquoi la peuplade hipster se montre-t-elle si récalcitrante en partie? Il y a pourtant, et comme Mes Aïeux le chantait, une certaine tradition populaire d’enfiler ses plus beaux habits car nous allons ce soir danser. Et ça adonne bien, le nouvel album des Montréalais les plus célèbres de l’industrie communique une furieuse envie de taper du pied.