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Jazz local : Guide pour les incultes qui s’assument

Claude Lavergne & Le Nombre d'Or, Crédit photo: Renaud Philippe (Source: Facebook)
Claude Lavergne & Le Nombre d’Or, Crédit photo: Renaud Philippe (Source: Facebook)

 

J’ai vu l’affiche annonçant un concert de la saxophoniste Alice Bradier en allant chercher un croissant et un chocolat chaud au Picardie, jeudi passé. Cette fille-là, je l’ai connue à CHYZ. En fait, « connaître » est un bien grand verbe. J’ai mangé deux-trois sandwichs pas de croûte et une pointe de pizza froide avec elle, la fois où nos boss avaient organisé un party pour remercier les bénévoles. Elle, elle animait l’Escalier Rouge. C’était une émission spécialisée en jazz.

Même jour, mais quelques heures plus tard. Je reçois, un jour à l’avance, la programmation sommaire du Festival de Jazz de Québec. J’en fais une nouvelle, je m’enthousiasme du passage de Cyrille Aimée au nom du journal puis je partage le tout sur la page Facebook officielle du VOIR. « Six personnes aiment ça. » Pour une fan page regroupant 40 000 adeptes, c’est cruellement peu. Parfois, j’ai l’impression que notre connaissance générale du jazz québécois se limite à Florence K et Susie Arioli. Sincèrement : qui, parmi vous, peut en nommer, disons, dix autres? Sans fouiller sur Google, parce que je vous imagine déjà tricher.

Ça peut paraître vraiment prétentieux de condamner notre inculture commune au rayon jazz comme je le fais, mais j’en suis moi-même coupable. Même si je travaille comme journaliste spécialisée en musique depuis 5 ou 6 ans, je suis restée coincée dans la culture indie-folk-chanson-rock-électro-pop. Un peu par goût, c’est vrai, mais aussi par manque de curiosité. Ceci est mon mea culpa et j’ai du mal à l’avouer. À part Tigran Hamasyan, est-ce qu’il y a d’autres musiciens jazz qui me font tripper? Pas tellement, non.

Cette semaine, je ressens le besoin de me reprendre, l’envie de fouiller la scène un peu plus, de lui dédier une chronique. Qui sont les artistes de Québec qui méritent d’être connus? Où faut-il aller pour découvrir de nouveaux talents ou voir de bons shows? C’est basic en crime, mais c’est à ces questions que j’ai décidé de répondre avec la précieuse aide de Gino Ste-Marie du Festival de Jazz de Québec avec qui je suis allée prendre un café au Cercle hier.

Les découvertes musicales

5 For Trio

Le band émergent à surveiller sur la scène jazz indie, c’est lui. Le groupe a lancé un album le 17 avril dernier au Cercle et remettra ça au Théâtre Petit Champlain le 20 octobre dans le cadre du FJQ. Diplômés de la faculté de musique de l’Université Laval, les trois jeunes hommes basés à Québec offrent un jazz progressif et actuel.

Le titre de leur plus récent album? Witness and Reactions. Il est disponible via bandcamp.

 

Vincent Gagnon

Si vous ne deviez que retenir un nom, ce serait lui. Voué à une carrière internationale, selon notre Gino qui ne tarit pas d’éloges à son égard, le talentueux pianiste est aussi connu pour l’amitié créative qui le lie à Keith Kouna. C’est d’ailleurs avec Gagnon que l’auteur de « Batiscan » a arrangé les pièces de Schubert pour Le voyage d’hiver.

Vincent Gagnon se produira à la seule soirée jazz du FEQ de juillet prochain. C’est dire.

 

Gabrielle Shonk

Nombreux sont ceux qui oublient que Mlle Shonk avait déjà une feuille de route bien remplie avant de nous faire brailler à La Voix. Régulièrement invitée à l’Archibald, au Pub St-Alexandre, au Resto Ginger et au studio du compositeur électro Dragos, la belle vingtenaire se décrit d’abord et avant tout comme une singer songwriter sur sa page Facebook.

Mais c’est comme interprète qu’elle se produira au Festival de Jazz en octobre prochain, à l’occasion d’un spectacle rendant hommage à Billie Holiday.

 

Les bonnes adresses

Le Sainte-Angèle

Qui a dit que le nightlife n’existait plus entre les murs? Le microscopique bar aux allures de caverne pourrait faire taire bien des locaux qui croient que les soirées bien arrosées étaient officieusement proscrites dans le (vrai) Vieux Québec.

Pour tout dire, le Sainte-Angèle est assurément le secret le mieux gardé de Labeaumeville. Pas d’annonces sur Quoi faire à Québec, pas de pub dans les médias de la ville, pas de communiqué de presse envoyés aux journalistes. Dans ce demi sous-sol aux murs de pierre, les concerts sont parfois improptus et les jams sont bienvenus. Mais attention: on a uniquement affaire à des musiciens très solides.

Détail inutile: on y sert des pichets de cocktails sucrés.

Café-Bar Artefact

Oubliez les jeans troués et le coton ouaté gris à zipper. Faut s’habiller relativement chic si on veut respecter le code vestimentaire non-écrit de la chic Auberge St-Antoine.

Depuis un an, l’équipe du Festival de Jazz de Québec y organise des concerts en format duo à chaque jeudi. Le tout, dans une atmosphère feutrée et romantique. Idéal pour une date entre deux mélomanes. Genre.

Fou Bar

Rares sont les lieux qui offrent du jazz à l’année et depuis des décennies, surtout depuis la fermeture (temporaire) du mythique Clarendon. Mais les ensembles jazz peuvent toujours compter sur la colorée et accueillante Lilly qui leur dédie une soirée spéciale tous les mardis.

Et méfiez-vous des dehors modestes du bar: il s’agit là d’une des plus prestigieuses adresses pour un musicien jazz qui souhaite faire sa marque sur la scène locale.