Avant-hier, on confirmait le déménagement du Marché du Vieux-Port à côté du nouveau colisée officiellement baptisé le Centre Vidéotron.
Je vais clarifier un truc tout de suite pour éviter la chicane : je n’ai rien contre l’ouverture d’un marché public aux confins de Limoilou, à l’orée de Vanier et pour accommoder les banlieusards. Il n’y aura jamais trop de monde pour encourager l’agriculture locale. Je n’ai rien, non plus, contre le plan de réaménagement d’ExpoCité tel que proposé par Daniel Gélinas. Une grande roue, une patinoire extérieure, des espaces verts… ça va faire de belles photos sur Instagram! Ce qui me heurte, c’est que notre bon maire ferme celui du centre-ville pour arriver à ses fins. Parce que le Marché du Vieux-Port est trop petit, que le sol est contaminé et qu’en fin de compte c’est plus simple de construire ailleurs.
Les gens qui résident dans l’arrondissement historique le savent : le Marché du Vieux-Port était l’avant-dernier commerce de proximité avec la pharmacie Jean Coutu de la rue St-Jean qui tient encore le coup. Le Croissant du Vieux-Port (ça inclut le Petit Champlain) et la cité intra-muros viennent d’atteindre une autre étape de leur mutation en Disneyland pour adultes. Un quartier sans épicerie, c’est un quartier de carton-pâte.
Mais je m’égare. Ce qui est encore plus aberrant à mon sens dans ce dossier c’est le motif dudit déménagement, Régis Labeaume ne s’en cache pas : c’est pour accommoder les automobilistes. Pas besoin d’être membre de Green Peace pour admettre que le « move » est rétrograde d’un point de vue environnemental. Au lieu d’aller acheter leurs tomates à pieds, les résidents des quartiers centraux devront s’y rendre en voiture. Ça, par contre, c’est seulement valable pour ceux qui en ont une. Un marché public ne devrait-il pas être accessible aux riches comme aux pauvres, aux détenteurs de chars comme aux piétons? Je pense que oui. Et, hélas, le système de transport en commun est loin d’être au point en ce moment dans le secteur du nouveau colisée.
J’ose anticiper une amélioration de ce service avec l’ajout d’un trajet fiable et sur-mesure en collaboration avec le RTC. Je suis de bonne foi. Mais quelles sont les autres mesures envisageables pour vitaliser l’ouest de Limoilou sur le bord de la route 175? Difficile d’imaginer un quartier dynamique quand ce dernier est essentiellement résidentiel à l’heure actuelle, à l’exception de quelques bars comme La Source de la Martinière. Des maisons seront-elles jetées à terre comme se fût le cas avec l’Hippodrome, le bâtiment centenaire qui a mangé la claque au pour faire place au Centre Vidéotron?
Déplacer le centre-ville?
L’étalement urbain est l’approche de prédilection de nos dirigeants politiques ainsi que des femmes et hommes d’affaires à Québec depuis la fin des années 60. Pensons seulement au déménagement de l’Université Laval du Vieux-Québec vers un champ désert de Ste-Foy ou de l’ouverture de Place Laurier qui a mis fin à l’âge d’or de la rue St-Joseph à titre d’artère commerciale principale. Sans parler de notre centre-ville exempt de cinéma (sûrement une exclusivité mondiale!) ni des promoteurs du Phare, ce gratte-ciel fidéen calqué sur ceux de Dubaï, qui ont la prétention de déloger les symboles architecturaux actuels.
J’explique souvent à mes amis de Montréal et d’ailleurs que la banlieue est plus démographiquement dense que le centre-ville de Québec. Ici, on préfère construire ailleurs plutôt que de rénover. Comme si nos infrastructures déjà existantes étaient jetables et un sol contaminé, un prétexte presque rêvé.
Ce déplacement du marché public vers le secteur de l’amphithéâtre constitue-t-il première mesure concrète pour déplacer le centre-ville au nord? Avec les quartiers centraux qui se vident, le prix des loyers ou des maisons augmentent et les immenses condos hôtels qui se construisent (comme le Europa) je pense que la question se pose. J’ai le sentiment, amer, qu’une série de décisions poussent les locaux vers l’extérieur et les obligent à se bâtir un autre centre-ville ailleurs. Faudrait juste pas oublier que, dans un vrai centre-ville, on n’a pas besoin d’un char pour aller s’acheter une pinte de lait.
Entièrement d’accord, j’ai habité Québec avant de retourner à Montréal, et je trouvais tellement aberrant que le « centre ville »historique de Québec n’ai pas de commerce de proximité, pas de cinéma. À la défense du maire, je crois qu’il avait essayé de pousser vers une densification de la basse ville, et son projet (mort) de tramway, mais il semble s’être résigné.
Sans compter la relocalisation de l’Hotel-Dieu de Québec dans Limoilou. Inquiétant.
Je me trouve à être en désaccord avec vos arguments sur la relocalisation du marché voici pourquoi:1- le marché était magnifique l’été, mais l’hiver il semblait être à l’abandon et la fréquentation du site était très faible a ce moment de l’année, mais ou allait donc vos résidants du secteur? C’est ce qui m’amène au point 2- le cartier st-jean baptiste je vous l’accorde manque de magasin de proximité, mais le marché n’est pas la plus grosse perte. Vous semblez oublier l’intermarché ou encore le metro qui sont a quelques pas de votre pharmacie. 3- Limoilou, vanier, st-sauveur sont le vrai centre-ville qui mérite d’être reconstruit et maintenu pour garder nos écoles et vie familiale. Cela dit, les environs sont bien déservi par le réseau de transport en commun. Avez vous prit l’autobus récemment? La 802 qui est une métrobus vous dépose à la porte.
Votre article aurait du porter sur la défiguration du mesnil par la construction de condo a perte de vue qui est réellement un problème d’étalement urbain dépendant de l’automobile.
Merci
En fait, le quartier Saint-Jean-Baptiste ne fait pas partie de l’arrondissement historique. J’aurai dû préciser.
P.S.: Je n’ai pas de voiture alors, oui, j’ai pris l’autobus récemment.
Faut pas virer fous avec l’affaire de sols contaminés :
http://www.gensdebaignade.org/Pourtour_Bassin.pdf
En fait, Québec est banlieusardisé depuis les années 60, soit depuis le retrait du tramway (qui se rendait presque plus loin que les bus d’aujourd’hui et qui, diantre, roulait même l’hiver à -30!) et depuis la construction de ces foutus centres commerciaux à l’américaine, comme vous l’avez souligné, accompagnés de ces multiples autoroutes. L’ère de Jean-Paul L’Allier est la meilleure chose qui soit arrivée à Québec depuis. L’ère Boucher ne vaut même pas qu’on en parle et l’ère Labeaume est en train de détruire tout le travail accompli. On doit bien lui donner la redynamisation de la Ville et le nouveau souffle que ce maire a donné à la capitale, mais sur le plan de l’urbanisme et du développement urbain, c’est une véritable catastrophe.