L’École de lutherie: apprentis Stradivari
Il y a les violons assemblés par des robots en Chine et il y a ceux qui (Ô surprise!) sont fabriqués par des artisans passionnés. On est allés visiter le dernier endroit où les luthiers sont encore formés au Québec.
C’est un secret jalousement gardé, un bâtiment sobre qui se font dans le paysage urbain, à l’orée de Limoilou et trois coups de pédales du pont qui donne son nom à la rue. Le 299 3e avenue abrite pourtant l’un des établissements scolaires les plus fascinants, un espace comme figé dans le temps qui perpétue une tradition vieille d’au moins deux siècles. Non, tous les métiers ancestraux ne sont pas en voie d’extinction. Pas à Québec, du moins.
Ouverte en 1997, L’École nationale de lutherie compte actuellement une cinquantaine d’étudiants déjà prédisposés à un travail de précision, de finesse. La patience est essentielle au succès de l’apprenti – qu’il se spécialise en en guitare (un programme aussi offert par le Cégep du Vieux-Montréal) ou en violon.
Tout est fait à la main, tout est pensé pour optimiser la solidité et la résonance des instruments. Taillés dans du bois de qualité supérieure et vieilli pendant un an, le genre de matière première ultra noble qu’on ne peut trouver à la quincaillerie du coin, les morceaux sont ensuite assemblés avec lenteur. L’étape ultime, c’est finalement la pose de vernis.
Au terme de leurs trois années de formation, les élèves auront en moyenne complété quatre violons ou guitares. Ils sont amenés à découvrir, façonner leur signature artistique, mais aussi à apprendre le b.a.-ba du marketing en vue de la commercialisation de leur instrument – des notions très pratiques pour les nombreux diplômés qui choisissent de bosser à leur compte plutôt que dans les magasins de musique comme réparateur.
Acheter un instrument de conception artisanale c’est, comme musicien, pousser l’achat local à un autre niveau. C’est aussi une occasion, pour les pros, d’avoir un outil de travail optimisé pour ses besoins, son type de jeu.
D’ailleurs, les finissants sont aussi amenés à créer leurs propres plans sur-mesure pour leurs clients.
Rattaché au Cégep Limoilou, là où chaque inscrit doit compléter les cours de base, L’École de lutherie est aussi liée au Centre de formation et de consultation en métier d’art. Un regroupement d’écoles qui compte également celles de joaillerie (dans le même immeuble), de textile, de céramique, d’ébénisterie et de sculpture.
Moult expats Français fréquentent les salles de classe de la Vieille Capitale, idem pour quelques envoyés spéciaux comme l’énigmatique Damon Hankoff, ancien claviériste de Mauves et multi-instrumentiste derrière le projet Out of Sight of Land. Un type de New York qui avait abouti à Québec rien que pour apprendre les rudiments de cette profession d’antan encore bien vivante.
Plus d’infos concernant l’admission à ce programme encore méconnu via ecolenationaledelutherie.com