Les instruments rares et insolites des Ursulines
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Les instruments rares et insolites des Ursulines

La musique n’a pas tellement de secrets pour les religieuses de la rue Donnacona. À une certaine époque, la congrégation du Vieux Québec était même franchement avant-gardiste…

C’est un secret bien gardé, une genre de caverne d’Ali Baba pour n’importe quel musicien en quête de sonorités un peu surannées, presque inédites à notre époque. La collection d’instruments du Musée des Ursulines donnera sans doute bien des idées à des arrangeurs ou des réalisateurs d’albums.

Un corpus de 120 objets jalousement cachés derrière des portes closes mais dont certains items ont été libérés, puis confinés à des cellules de plexiglas pour qu’ils conservent leur beauté ancestrale et résistent aux flashs des caméras.

Des accordéons et des harpes, notamment, ornementées de fleurs ou d’éléments typographiques d’une élégance rare. Des objets d’art en soi.

(Crédit: C. Genest)
(Crédit: C. Genest)
(Crédit: C. Genest)
(Crédit: C. Genest)

Fondée en 1639, l’École des Ursulines sert d’abord à évangéliser les jeunes Amérindiennes. Dès lors, la musique est utilisée par l’équipe de Marie Guyard (alias Marie de l’Incarnation) comme arme de séduction pour les gamines, comme un outil pédagogique.

Puis, les Autochtones quittent massivement la ville, parce qu’ils réalisent que les colons ont transporté moult maladies contagieuses. Dès lors, l’institution s’adapte et les sœurs enseignent aux petites Françaises jusqu’à la Conquête. Forcément, un autre changement de clientèle s’opère en 1760.

Au XIXe siècle, l’établissement scolaire est presque devenu un passage obligé pour les filles de familles fortunées. Une école bilingue, presque laïque (la messe est obligatoire mais les petites dames ont la liberté de culte) où des cours de musique à la fine pointe sont dispensés. Les frais d’adhésion équivalent alors à 15 000$ en dollars canadiens d’aujourd’hui.

Un prix de base puisqu’il en coûtera quelques milliers de dollars supplémentaires aux parents qui inscrivent leurs enfants ou ados aux cours de harpe (le summum du prestige), de piano, de guitare ou d’accordéon.

(Crédit: C. Genest)
(Crédit: C. Genest)

La collection du musée compte par ailleurs une piano Chickering, le nec plus ultra avant l’avènement de la toujours très réputée compagnie Steinway. Conçus aux États-Unis, ces instruments-là étaient révolutionnaires parce qu’ils étaient les premiers à être dotés d’un plateau de fonte qui permettaient aux cordes d’être pas mal plus tendues.

Les apprenties pianistes de Québec s’exerçaient donc avec la technologie de pointe, le dernier cri en matière de clavier.

(Crédit: C. Genest)
(Crédit: C. Genest)

Le son de cet instrument reste, à ce qu’on raconte, extrêmement riche. D’une rare beauté, oui, mais extrêmement fragile puisque les accordeurs risquent un bris à chaque fois qu’ils se mettent à l’ouvrage. C’est, pour paraphraser Gaby Gravel, « un pensez-y bien ».

Musée des Ursulines
12 rue Donnacona
museedesursulines.com